Suisse : l'horlogerie de luxe résiste grâce à l'Asie
Mots clés : horlogerie, luxe, bijoux, SUISSE, Jean-Daniel Pasche, Hublot, bréguet, tag heuer, CORès, MONTblanc
Par Marie Maurisse
11/02/2011 | Mise à jour : 20:16 Réagir
En 2010, les exportations de la branche se montaient à près de 12,3 milliards d'euros, soit 22,1% de plus qu'en 2009.
Malgré la hausse du franc, l'industrie horlogère suisse renoue avec la croissance. En 2010, les exportations de la branche se montaient à près de 12,3 milliards d'euros, soit 22,1% de plus qu'en 2009 -des résultats qui retrouvent leur niveau d'avant crise, du fait de la vivacité du marché asiatique.
Après une année de ralentissement, comment les marques ont-elles fait face à la reprise? Certaines avaient anticipé la hausse des ventes. «Fin 2009, nos résultats étaient déjà excellents, affirme Jean-Claude Biver, patron des montres Hublot. Nous avons donc acheté plus de matières premières et embauché 60 personnes!» D'autres enseignes ont également relancé le recrutement comme Bréguet, Tag Heuer et Corès. Certaines, enfin, obligent les clients à attendre. «Pour une montre Panerai ou une Montblanc, cela peut aller jusqu'à un an, explique Roderich H. Hess, ancien directeur général de Montblanc Suisse. Les clients savent que l'horlogerie de luxe requiert un savoir-faire exceptionnel et ils patientent.»
L'optimisme des industriels est cependant entravé par la hausse du franc. Dans une interview au magazine Bilanz, le directeur de Swatch, Nick Hayek, évalue à 380 millions d'euros la perte de chiffre d'affaires 2010 causée par dépréciation de l'euro. La compétitivité de l'horlogerie suisse a baissé.
Afin de corriger un taux de change à leur désavantage, les producteurs ont augmenté les prix de leurs montres: +5% en 2010 pour Audemars Piguet et Cartier, qui pensent à recommencer, comme Jean-Claude Biver. «Même en assurant la valeur de nos devises sur des marchés à terme, nous avons ajusté quatre fois nos prix en 2010, soit une augmentation d'environ 20%», remarque-t-il.
Les sous-traitants touchés
La hausse du franc n'a pas que des inconvénients. Elle a permis aux horlogers d'acheter à meilleur prix des matières premières et des composants à l'étranger. Une stratégie qui a ses limites: pour obtenir le label «Swiss Made», ces entreprises doivent réaliser en Suisse au moins 80% des coûts de fabrication pour les montres mécaniques.
Si les grands groupes s'en sortent bien, ce n'est pas le cas de leurs sous-traitants, les quelque 600 entreprises suisses qui accusent encore les effets de la crise. «Ils sont les premiers touchés et les derniers à renouer avec la croissance, car les marques écoulent leurs stocks avant de commander de nouveau», dit Jean-Daniel Pasche, président de la Fédération de l'industrie horlogère suisse. Après avoir perdu 20% de son chiffre d'affaires, le directeur de Pac Team, Alain Borle, «entrevoit une lueur au bout du tunnel. Les horlogers n'ont pas encore vraiment lancé de nouveaux programmes, mais c'est, je pense, imminent».