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 L'histoire tumultueuse de l'industrie horlogère régionale

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ZEN
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MessageSujet: L'histoire tumultueuse de l'industrie horlogère régionale   L'histoire tumultueuse de l'industrie horlogère régionale EmptyJeu 30 Nov - 23:22

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L'histoire tumultueuse de l'industrie horlogère régionale


le 30 Novembre 2006

Pour marquer son 90e anniversaire, l'Association cantonale bernoise des fabricants d'horlogerie (ACBFH), devenue Association patronale de l'horlogerie et de la microtechnique (APHM) en 2001, a renoncé au gueuleton de circonstance, a déclaré hier son président, Walter von Kaenel, directeur de Longines. Et c'est tout bénéfice pour qui s'intéresse à l'histoire horlogère de Bienne et du Jura, puisque le banquet a été remplacé par la publication d'un livre, Histoire d'un syndicat patronal horloger, dû à l'historien Pierre-Yves Donzé et paru aux Editions Alphil, de Neuchâtel.

L'ouvrage a été présenté hier à Bienne en présence d'un parterre d'industriels, de responsables d'associations et de groupes horlogers, de représentants de syndicats et de responsables de la formation professionnelle. L'auteur était là aussi, mais par la voix: c'est de Kyoto, où il poursuit des recherches à l'Université sur l'industrie horlogère japonaise, que Pierre-Yves Donzé, historien et docteur en sciences humaines, s'est adressé par téléphone à l'assemblée.

Grèves à répétition

En une centaine de pages, Pierre-Yves Donzé retrace l'histoire mouvementée de l'industrie horlogère biennoise et jurassienne, à travers la vie de l'ACBFH, qui voit le jour le 20 juin 1916 à Bienne, dans un contexte particulièrement agité.

Au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, Bienne et le Jura deviennent le principal foyer horloger du pays. Sous l'impulsion de ses trois principales manufactures - Omega, à Bienne, Longines, à Saint-Imier, et Tavannes Watch - les moyens de production se mécanisent un peu partout, calqués sur le modèle américain. Considérés jusque-là comme artisans, les horlogers deviennent des ouvriers, et cette prolétarisation fait réagir les syndicats, encore embryonnaires, qui luttent contre le tassement des salaires. Entre ouvriers et patrons, les conflits sont nombreux et les grèves se succèdent: à titre d'exemple, les Franches-Montagnes en connaîtront 26 entre 1886 et 1915, et Longines deux, particulièrement dures, en 1906 et 1910. L'engagement massif de femmes dans les ateliers (54% de l'ensemble du personnel en 1914 chez Omega) est une autre source de conflit, toujours en raison de la pression exercée sur les salaires. Le monde ouvrier en bave, d'autant que les prix des biens de consommation prennent l'ascenseur: entre 1914 et 1918, le pain augmente de 198,6%, le sucre de 195,7%, le beurre de 163% et la viande de bœuf de 122%. En plus des conflits qui les opposent aux ouvriers, regroupés dès 1911 dans le syndicat FOIH, et quatre ans plus tard au sein de la FOMH, bien organisée, les patrons luttent contre la cartellisation des fabriques d'assortiments, qui imposent leurs prix.

La réponse des patrons

C'est dans ce contexte que naît en 1916 l'Association cantonale bernoise des fabricants d'horlogerie, à l'instigation d'Omega, Longines et Tavannes Watch, qui imposent leurs vues aux plus petits fabricants. Ainsi soudés, les patrons durcissent le ton: ils refusent l'introduction de la «semaine anglaise» (congé le samedi après-midi), tentent de dissuader les chefs d'atelier de se syndiquer, et l'un d'eux voudrait même, sans succès, interdire la perception des cotisations syndicales dans les ateliers. Cette position hautaine n'empêche pas de nouveaux conflits sociaux, auxquels s'ajoute la difficulté d'accéder aux marchés internationaux en raison du protectionnisme ambiant. D'où la mise au point de la stratégie du «chablonnage», consistant à exporter les montres en pièces détachées, moins chères au dédouanement.

La discorde entre ouvriers et patrons se calmera à partir de 1934, avec l'introduction de la convention horlogère, et surtout depuis la paix du travail de 1937. L'horlogerie vivra alors des années d'euphorie jusque vers 1970 (les Trente glorieuses) et l'ACBFH pourra se consacrer à d'autres tâches, cherchant en particulier à renforcer sa main-d'œuvre par l'engagement de travailleurs étrangers. En 1944, l'association soulève pour la première fois la question de la relève horlogère, en s'investissant dans la formation professionnelle, notamment par un soutien aux écoles de Porrentruy, Tramelan et Bienne.

De 1975 à 1985, le secteur horloger entre en crise, et dans l'ensemble du pays le nombre d'emplois passe de 90'000 en 1970 à 33'000 en 1985 (de 6328 à 3867 dans le seul canton du Jura entre 1975 et 1985). C'est l'époque des grandes mutations économiques et technologiques. Dans la région, les branches de la microtechnique permettent une diversification réussie, et l'ACBFM suit le mouvement en accueillant dans ses rangs des industriels non horlogers, pour devenir en 2001 l'Association patronale de l'horlogerie et de la microtechnique.



Une plongée captivante dans le passé régional
Une somme d'informations Publiée chez Alphil, maison d'édition fondée à Neuchâtel en 1996 par un jeune Jurassien, Alain Cortat, Histoire d'un syndicat patronal horloger est d'une lecture captivante en raison de la somme de renseignements qu'elle contient, toujours efficacement présentés. Au fil des pages, on remarque à quel point le paysage industriel jurassien et biennois a changé, à quel point aussi l'équilibre social était précaire avant l'introduction de la paix du travail de 1937. On a peine à imaginer à quel rythme se succédaient grèves et conflits, qui incitèrent même des patrons et notables à organiser des «gardes civiques» dans les villages après la première guerre. De même, il est difficile de se représenter les 1200 ouvriers passant chaque matin la porte de Tavannes Watch, disparue en 1966. Le livre est tiré à 2000 exemplaires. Distribué aux membres de l'APHM, il est disponible auprès de l'association, rue de la gare 7, à Bienne (tél 032 322 47 34).

Témoignages Parallèlement à la parution de l'ouvrage, l'APHM publie une brochure contenant des témoignages et interviewes de personnalités du monde horloger et syndical. L'opuscule a été réalisé grâce à la contribution de Jacqueline Henry Bédat, coprésidente de la Chambre d'économie publique du Jura bernois, qui connaît bien ce secteur industriel pour avoir notamment consacré, il y a quelques années, un livre à Longines.


Le Quotidien Jurassien

Jean-Pierre Girod

www.lqj.ch

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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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