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 L'infinie complexité de la simplicité

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ZEN
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MessageSujet: L'infinie complexité de la simplicité   L'infinie complexité de la simplicité Empty2006-12-06, 07:31

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L'infinie complexité de la simplicité


Dans un monde où n'importe quelle marque peut lancer un tourbillon sur le marché, il est rassurant de revenir aux racines de l'art horloger. Aux montres qui savent dire l'essentiel en beauté et laissent à d'autres le bavardage inutile. Leçons d'épure.


Isabelle Cerboneschi

Mercredi 6 décembre 2006

Les montres à complications ont-elles encore un sens? A une époque où une marque, plus connue autrefois pour ses vaches gravées sur la lunette que pour son savoir-faire horloger, lance un tourbillon sur un marché qui n'en demandait pas tant, on peut se poser la question. Faire un tourbillon, assemblé de-ci de-là, semble à la portée de toutes les marques. Faire un beau mouvement manufacturé, en revanche...

L'extrême sophistication, l'essence de l'art horloger, voilà la leçon que semblent vouloir donner quelques grandes maisons et manufactures horlogères, en cette année 2006. Un message non concerté mais dans l'air du temps. Prôner le retour à l'essentiel, à la meilleure manière de dire l'heure, sans trop en rajouter. Une heure mue par un mouvement élégant, qui pourra toujours, plus tard, recevoir des modules additionnels et jouer dans la cour des complications. Si nécessaire.

La simplicité, en matière horlogère, ne signifie pas facilité. «Il est beaucoup plus compliqué de faire simple», confiait Marc A. Hayek, président de Blancpain, en octobre dernier lors du lancement de son nouveau calibre 13RO. Un mouvement au design épuré, avec des ponts très graphiques, comme un tableau abstrait. Cette recherche d'harmonie faisait partie des contraintes que s'était fixées Marc A. Hayek. «Je voulais qu'il ait la beauté d'un mouvement traditionnel, avec tous les avantages de la technologie: précis, qui se règle facilement, robuste mais sans être un tracteur. Tout en gardant la montre aussi simple que possible.» Sans parler du fait qu'avec ses trois barillets alignés (8 jours de réserve de marche), il s'agit d'une première chez Blancpain. Pour ce mouvement simple en apparence, il aura fallu trois ans et demi de recherche et développement.

A la simplicité du cœur répond celle du cadran. Là aussi, des années sont parfois nécessaires pour atteindre l'épure. La Grande Seconde Email Noir Absolu de Jaquet Droz, inspirée d'une montre de poche du XVIIIe siècle, est dénuée de tout artifice: heures, minutes, secondes, et cet océan de vide noir, dense, tout autour. Un léger reflet bleuté dit la profondeur de ce noir-là. «Nous avons mis un peu plus de deux ans pour mettre au point la technique», explique Manuel Emch, président de Jaquet Droz. L'émail grand feu est une technique ancestrale très complexe, malgré son apparente simplicité. Le cadran, recouvert de poudre d'émail, est passé plusieurs fois au feu. A chaque passage, il y a risque de casse. «La couleur blanche est beaucoup plus maîtrisable: on remarque moins les petites imperfections sur du blanc. Mais avec du noir, les dernières couches doivent être absolument parfaites: la moindre petite inclusion, la moindre tache, de la poudre d'émail qui ne fondrait pas, et on doit tout recommencer. L'an passé, nous avions lancé un gris ardoise car nous étions incapables alors d'obtenir ce noir», explique Emmanuel Emch.

«Le plus difficile à faire, en horlogerie, ce sont des montres à trois aiguilles, ajoute-t-il. Nous étions peut-être à contre-courant ces dernières années, mais le marché est en train de se tourner vers nous, vers les belles montres simples.» Mais pour choisir une montre qui ne dit que l'essentiel, il faut être sûr de soi, de ses choix, de ses goûts. Car dans ces montres-là, il y a beaucoup de vide, beaucoup d'espace. «A ce prix-là, le vide sert de lien, note Manuel Emch. Pas besoin de faire de la surenchère, de les remplir de fonctions pour remplir l'espace. Mon mot d'ordre c'est: Reduce to the maximum.

Slogan que Vacheron Constantin pourrait reprendre à son actif. Lors du dernier Salon international de la haute horlogerie, la manufacture genevoise avait présenté un modèle Patrimony doté d'un mouvement automatique. On le distinguait du modèle mécanique à son boîtier plus épais, à la date à 6 heures, ainsi qu'à l'inscription «automatic» sur le cadran. «Nous avons finalement décidé d'enlever cette indication ainsi que la date avant de la commercialiser, dévoile Juan Carlos Torres, président de Vacheron Constantin. Les personnes qui achètent ce genre de montres n'ont pas besoin que l'on sache ce qu'ils portent. Cela fait partie de ces petits secrets égoïstes qu'on préfère garder pour soi.» Mais cette quête de pureté est d'autant plus complexe que le garde-temps est dénué de tout artifice. «On atteint l'essentiel lorsqu'il ne reste plus rien à ôter. Mais pour qu'une telle montre, sans attribut spécifique, sorte du lot, il faut travailler les détails: un diamètre contemporain (40 mm), le cadran galbé, la minuterie perlée, des aiguilles dynamiques, des index minimalistes... Tout est alors une question d'équilibre.»

La simplicité sait paradoxalement se nicher au sein des montres à complications. La maison H. Moser & Cie en a donné un exemple avec sa Moser Perpetual 1, quantième perpétuel primé lors du dernier Grand Prix de l'horlogerie de Genève. Un garde-temps d'allure certes un peu germanique, dénué de toute futilité. «Vous n'allez peut-être pas me croire, mais j'ai choisi de distribuer cette marque après avoir vu cette montre en photo. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple? Quand j'achète une montre, je veux pouvoir lire l'heure tout de suite. Sur ce quantième, toutes les fonctions sont visibles immédiatement: la facilité de lecture est déconcertante», explique l'horloger Denis Asch, propriétaire de l'Heure Asch, à Genève. Puis il ajoute: «Je fais partie des gens qui aiment les montres pour ce qu'elles sont et ce qu'elles ont à l'intérieur. C'est une élégance de ne pas tout montrer: regardez la 10 Jours Tourbillon de Patek Philippe: le mécanisme n'est pas visible. Il est caché côté pile, contre le poignet. La distinction suprême! Mais pour comprendre une montre comme celle-ci, il faut posséder une certaine culture de l'art horloger. Or sur certains marchés, russe ou américain, les clients veulent du cher et que cela se voie.»

La surenchère de complications, ces dernières années, a en effet répondu à la demande de certains marchés où les fortunes se sont faites rapidement. Mais l'on apprend vite quand on a de l'argent: «Il y a dix ans, en Russie, les nouveaux riches voulaient que leur fortune se voie au premier regard. Dix ans plus tard – ce qui est quand même rapide! – leurs goûts ont beaucoup évolué, confie Alexei Pantykin, rédacteur en chef de la section mode et joaillerie du Vogue russe. Ils ont délaissé certaines maisons pour s'attacher à des marques historiques, élégantes. Ils veulent des diamants, toujours, mais en plus discret.»

Va-t-on pour autant assister à la chute du marché des complications? «C'est devenu de la folie!, note Marc A. Hayek. On ne sait même plus pourquoi on va ajouter telle fonction dans un mouvement. Mais il ne faut pas généraliser:

il restera toujours des amateurs de montres compliquées. Ce qui va chuter, ce sont les complications qui n'ont aucun sens...

Et le nombre de marques qui en fabriquent.»

http://www.letemps.ch/template/supplement.asp?page=19&article=195394

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