Waltham : Une manufacture hors du temps
The Watch Company
Waltham, aussi connue sous le nom de American
Waltham Watch Co est remarquable par son immense production évaluée à plus de 40 millions de montres de haute qualité, d'horloges, de compteurs de vitesse, boussoles et autres instruments de précision. La manufacture fondée en 1850 cessa son activité en 1957. Les installations de l'entreprise de fabrication historique à
Waltham, Massachusetts ont été conservées.
Waltham s'illustra en pionnier de la révolution industrielle, ceci en misant sur un process de fabrication en ligne. La parcellisation des tâches fut très rapidement un acquis de la manufacture ce qui lui permit de fabriquer des volumes qui inondèrent non seulement le marché américain mais aussi mondial.
La manufacture
Waltham remporta la médaille d'or du Concours International de Précision Horlogère en 1876 lors de l'exposition du centenaire des Etats Unis à Philadelphie.
L'aventure démarra en 1850 avec David Davis, Edward Howard et Aaron Lufkin Dennison qui possédaient chacun une manufacture horlogère. Les 3 hommes s'associèrent ensuite pour créer en 1859 une firme horlogère qui deviendra plus tard la Société des Montres
Waltham. Leur vision très moderne de la fabrication de montres les poussa à mettre en place un paramètre qui allait gagner toute l'horlogerie dans le monde : l'interchangeabilité des pièces des mouvements.
Des trois créateurs, Aaron Dennison est le principal inspirateur de ce mode de production qu'il a découvert au sein de la manufacture d'armes de Springfield dans le Massachusett. Le process industriel fonde la logique de manufacture en faisant tout fabriquer sous un même toit, en un même lieu et non en dispersant la production sur divers sites.
Waltham va très vite produire, en outre, ses outillages et fabriquer ses alliages. La mise au point du process industriel prendra plus de 12 ans de 1858 à 1870 avant que l'usine ne soit réorganisée et améliorée jusqu'en 1910 .
Waltham est devenu à la fin du 19ème siècle le principal fournisseur de chronomètres Railroad pour les chemins de fer en Amérique du Nord et dans la plupart des autres pays du monde. En 1876,
Waltham présenta le premier vissage automatique sur ses machines. Les machines mises au point permettent de fabriquer des pièces infiniment petites auxquelles la main d'oeuvre européenne ne peut accéder. Beaucoup de manufactures suisses se sont inspirées du modèle créé par
Waltham pour organiser les ateliers des grandes manufactures helvétiques.
Waltham voue un tel culte à la précision que bien avant les autres manufactures, y compris suisses, la marque s'équipe d'un observatoire astronomique interne d'une technologie très avancée et crée une norme chronométrique appliquée à ses montres, plus sévére que ce qui existe partout ailleurs.
Non seulement la manufacture spécialisée dans la production de Railroads conçut des chronomètres insensibles aux variations de température et de pression atmosphérique mais, en outre, avec des temps de services espacés. Le succès fut dès lors immense et ce sont trois générations de l'histoire des chemins de fer qui vont adopter les montres
Waltham. La marque finit par être si réputée pour sa fiabilité que les explorateurs finissent par s'en équiper. Ce sera le cas de Perry et Shackelton qui adoptérent la marque et la portèrent dans les évènements les plus marquants. Les gouvernements américain puis canadien et enfin ceux de plusieurs pays jusqu'en Europe en font des montres "officielles" pour leurs armées ou les services d'états majors.
La compagnie des montres
Waltham a fermé les portes des ses usines et a été mise en faillite en 1949. L'usine a rouvert brièvement à quelques reprises (principalement pour la finition et le cas des stocks existants de montres à vendre). Plusieurs plans différents furent mis au point pour relancer l'entreprise mais aucun n'aboutit . En 1958, la société a décidé de se recomposer autrement.
Waltham fit évidemment évoluer ses modèles qui n'avaient pas vocation, exclusivement, à équiper les sociétés de chemins de fers. La manufacture créa des calibres de toutes tailles pour les montres de dames et de grands diamètres jusqu'à 22 lignes pour les pièces de bord et de poche. La finition était fonction des souhaits des clients, mais ce sont les pièces de haut de gamme qui firent la réputation de la manufacture
Waltham. Cela était d'autant plus remarquable que les manufactures américaines se livraient une concurrence féroce sur l'empierrement et le damasquinage de leurs calibres. La plupart des publicités de montres jusqu'aux années 30 comportent des images des mouvements à cotés des représentations classiques des montres. Cette surenchère pas toujours utile a totalement conditionné l'horlogerie américaine et a entrainé les manufactures suisses à entrer dans le jeu pour s'assurer une place sur les marchés nord-américains. La récompense ultime de ce travail pour les Suisses étant de devenir fournisseur officiel des compagnies de chemins de fer.
Waltham, parmi les premières manufactures, se mit à empierrer les barillets et fut très inventive dans l'étude des modes de réduction des frictions, les recherches d'architecture nouvelle de ses calibres pour optimiser le positionnement, la taille des balanciers et la réduction du nombre de pièces constitutives des mouvements. Les progrès sur la durée furent spectaculaires quand on mesure les investissements consentis pour gagner parfois moins d'une seconde par jour dans le sens de la meilleure précision. Les recherches en matière d'isochronisme permirent de régler des montres en affichant des résultats significatifs dans les 5 positions. Les montres étaient de série, des chronomètres de haut niveau qui n'avaient rien à envier aux pièces suisses les plus élaborées.
C'est au début du 20 ème siécle que
Waltham propose un modèle de mouvement dit Vanguard qui, de perfectionnements en perfectionnements, deviendra le plus abouti de ses calibres. Dans sa version 23 rubis (et parfois 21), ce mouvement reçoit parfois un affichage de réserve de marche qui, compte tenu de la diffusion de
Waltham, généra la montre de poche la plus répandue dotée de ce dispositif. L'intérêt n'est pas neutre et permet de savoir où en est le barillet dans son remontage. Le calibre Vanguard de 19 lignes de
Waltham est une pièce recherchée dans le domaine des mouvements manufacturés de haute qualité au début des années 10 du 20 ème siècle. Décoration, anglages, chatonnages, empierrement généreux y compris du barillet, tout est fait pour que la précision soit privilégiée avec une recherche esthétique omniprésente. Sans aucun doute,
Waltham maîtrisait la question tant industrielle qu'horlogère et le résultat est bluffant. Le remontage est doux, net, le bruit du mouvement limpide et sans résonnance écho parasite. Testé sur un chronocomparateur, le mouvement, qualité rare pour une pièce de poche, est parfait dans toutes les positions. Il serait impossible à l'aveugle d'imaginer que ce mouvement a un siècle.
La pièce qui suit date de 1927. Elle est en plaqué or gris (pas très courante) et le réglage de l'heure se fait par une targette sous la lunette située à 11 heures. On remarque à 1 heure un autre emplacement pour une autre targette ici non utilisée mais qui servait pour les versions GMT puisque
Waltham proposait aussi ce type de variante à double fuseau (utile aux Etats-Unis). La raquette très inventive comporte une fléche ressort qui assure elle-même la contreforce lors du vissage de la vis micrométrique de réglage. Le réglage de la montre est fait dans 6 positions ce qui est exceptionnel (5 d'habitude). Le rubis central est sur chaton vissé, les autres rubis sont sur chatons sans vis, signe d'une maîtrise de l'enchassage des pierres (les autres marques américaines pour la plupart n'ont pas encore abandonné en 1910 les chatons vissés à cause de la casse lors de l'enchassage). La plaque de contrepivot à l'ancre est parfaitement positionnée.