Ah ! La Nautilus, le mythe, le graal, le must de l’understatement, la démonstration ultime du bon goût horloger, celle que tout Fameur féru de HH se doit d’arborer fièrement au poignet et, s’il est téméraire, la belle aura même droit à une petite trempette.
Ainsi donc, la 5711, la 5712 et la 5980 vous font chavirer ! Comme je vous comprends. Il y a une petite 5712/1A qui me fait de l’œil depuis de longs mois…
Le nouveau quantième annuel 5726A vous laisse indifférent ? Je vous propose de vous lâcher et de considérer qu’il vous faut un petit peu d’extravagance dans ce bas monde.
Connaissez-vous les références 5713, 5722, 5724 ainsi que la 5719/1 ?
Non ? Ne me dites pas que les pages 100 à 103 du superbe catalogue Patek Philippe « Collection 2009-2010 » vous sont inconnues ? Allez ! Quelques petites photos s’imposent.
La 5713 en or gris et diamants:
La 5722 en or gris et diamants :
La 5724 en or gris ou rose et un peu plus de diamants que la précédente :
Et enfin pour reprendre les termes employés par Patek : « la palme de la splendeur », la référence ultime, celle qui vaut son pesant de cacahuètes, la 5719/1 en full diamants et un petit peu d’or gris :
Mais nous n’allons pas nous arrêter en si bon chemin. La production contemporaine vous paraît un petit peu « fade » et terne. Il vous faut de la couleur ! Je vous propose une petite remontée dans le temps.
Au début, en 1976, il y eut la 3700, la mère de toutes les Nautilus, la « Jumbo » équipée du calibre 28-255C. La sobriété incarnée mon bon Monsieur ! Vous pouvez la porter avec un smoking ou une tenue de plongée qu’ils disaient dans la publicité. Mais nous avions aussi une version acier/or type « Rolesor » ainsi que la « Full gold » en or jaune et cadran bleu (j’ai connu une sous-marine avec la même robe). Elle fut également disponible en platine et en or gris et avec des variations de cadran que même les experts s’y perdent.
Bon rien de très percutant, juste un tout petit peu ostentatoire et un reflet des années disco me diriez-vous.
Le début des années ’80 (Fluck of Seagulls, Duran Duran, Soft Cell, Heaven 17, Human League, Split Enz, …. et Joy Division) voit naître la petite sœur, la référence 3800 qu’on appelait la « Classique ». D’un diamètre plus petit que la 3700, elle est dotée du calibre 335 SC et ensuite du 330 SC (des variations spécifiques du 310 SC et 315 SC respectivement). Outre la version classique en acier, cette petite s’est permis quelques extravagances qui méritent de figurer dans ce fil.
Nous avons, pour commencer, une « full gold » somme toute assez sobre :
Pas de quoi faire une plat me direz-vous. Et de plus, sa frangine en en or gris et lunette sertie de brillants (attention que du Top Wesselton) est franchement pâlotte :
Trop chère mais vous voulez conserver les diams ? Je vous propose la version en « Rolesor » et diamants :
Pas assez aguicheuse ? Je vous recommande une version full gold sertie de diamants et rubis :
Pas assez lourde ? Alors une version en platine et diamants s’impose :
Pas assez exclusive ? Que diriez-vous d’une version en or rose et index diamants que ne fut produite qu’à 10 exemplaires pour le marché italien :
Et en sus mon Bon Monsieur, ils ont osé équiper la Nautilus avec du quartz ! Nous disons donc quartz, or et diamants et cela donne la référence 3900 avec un diamètre de 33 mm. Elle était également disponible en platine. Ah ! J’entends déjà votre réaction : ce n’est plus une montre d’homme ! Mais nous sommes dans les années ’80 et 33 mm, à cette époque, ce n’est pas une taille de gonzesse. Il s’agit bien d’une « Men’s Watch » ou plutôt d’une « Boy Size » et sachez que les derniers exemplaires produits à la fin des années ’90 furent livrés aux membres de l’équipe de France de Rugby !!! Allez dire à ces gars qu’ils sont des gonzesses… A cette époque, Les gonzesses, les vraies, portaient du 25 mm et pas des poêles à frire.
J’ai aussi un petit florilège de quelques variations full gold et sertissages dignes des bagouzes de Monsieur Amédée. Bon, je vous le concède que certains modèles présentés sont destinés à nos tendres moitiés. Huber et Banbery n’ont pas mentionné les différentes références figurant sur la photo. Sans trop de difficultés, on reconnaîtra qu’il s'agit d’un mélange de 3800 « Classique », 3900 « Boy Size » et de 4700 « Ladies’ size ». Je suis certain que vous aurez apprécié la montre figurant à droite dans la rangée du milieu : une superbe 3800 entièrement sertie de diamants et rubis :
Et pour finir en beauté, je vous propose un mutant. Il est dommage que le vocable « Frankenwatch » soit réservé à d’autres montages, parce que, franchement, la fusion entre la Nautilus et l’Ellipse d’or mériterait de le porter. Vous voulez connaître son petit nom de baptême? Et bien chez Patek Philippe, ils l’ont baptisée … L’Exception ! Cette montre apparut à la fin des années ’70 et disparut après quelques années. Je vous laisse admirer ce mélange subtil, cette parfaite symbiose des styles. Sachez apprécier les différentes variations : acier/cuir, or/cuir, full acier, full gold, full gold et diams. Remarquez aussi la superbe police de caractère indiquant fièrement que cette montre est dotée d’un somptueux calibre à … quartz :
Et puis, la fin des années ’90 voit le retour de la « Jumbo » avec la référence 3710/1A. La montre à Pépé Guy. Celle-là, mon bon Monsieur, avec son boîtier en acier, sa petite seconde, ses chiffres romains et sa réserve de marche en forme de comète, c’est de la bombe (calibre 330 SC IZR). Sans oublier la fabuleuse 3711/1 en or gris (aucun diams…) et dotée d’un dos saphir (calibre 315 SC) ainsi que la 3712 Phase de lune et dos saphir permettant d’admirer le somptueux calibre 240 à micro-rotor. Ces deux références connurent une existence éphémère mais font la joie des spéculateurs et autres « flippers » comme disent nos amis anglo-saxons. Après, vous connaissez l’histoire…
Je me suis fait plaisir en rédigeant ce post un petit peu décalé. Je suis conscient que ces montres de joaillerie répondent à une demande de certains marchés et qu’il est dès lors normal que Patek Philippe, tout comme d’autres manufactures, se positionne commercialement.
Je dédie ce post à tous les amateurs de Nautilus qui ont largement contribué, par leur enthousiasme, à faire connaître une manufacture que j’apprécie tout particulièrement mais qu’il ne faut pas toujours sanctifier.
La qualité des illustrations laisse à désirer. Des photos de ces beautés sont quasi introuvables sur la toile. Malheureusement, le matériau de base dont je dispose n’est pas toujours à la hauteur quant à la qualité des images. J’ai dû me résoudre à scanner des photos de piètre qualité et de la taille d’un timbre poste.
Mes sources :
Catalogues Patek Philippe de 2002 à 2009/2010 et website de Patek Philippe
Patek Philippe 1976-2006: Nautilus, the legend lives on
Huber & Banbery – Patek Philippe – Montres bracelets
Patrizzi – Collecting Patek Philippe Wristwatches
Reardon – Patek Philippe in America Reference Guide Volume I Men’s Watches
Vox 2005 – Nautilus par Dominique Bernaz