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 Les montres de Pierre Leroy ( Long mais intéressant )

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ZEN
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Les montres de Pierre Leroy ( Long mais intéressant )  Empty
MessageSujet: Les montres de Pierre Leroy ( Long mais intéressant )    Les montres de Pierre Leroy ( Long mais intéressant )  EmptyMar 24 Juil 2012 - 14:22

http://www.antique-horology.org/_Editorial/PetiteRonde/Les_Montres_de_Pierre_Le_Roy.pdf




Les Montres de Pierre Le Roy
à l’usage des Astronomes et des Marins
Le principe de la construction des montres de poche de grande précision, à l’usage des
astronomes et des marins, a été exprimée pour la première fois par Pierre Le Roy, dans
un article séparé du Mémoire sur la meilleure manière de mesurer le temps en mer, publié
en 1770# .
Je crois devoir ajouter ici un mot sur les montres de poche qui pourraient accompagner la
Montre marine: elles ne peuvent jamais être aussi parfaites, vu leur peu de volume, qui ne
permettrait pas d’y employer toutes les ressources que nous avons mises en oeuvre dans notre
montre, pour la diminution du frottement etc.
Je crois cependant, qu’on pourrait les rendre plus exactes:
1) en donnant aux vibrations du balancier un isochronisme plus parfait par la méthode
expliquée (art. III, part.2).
2) en y compensant les effets de la chaleur et du froid par un expédient semblable à celui dont
Mr. Harrison a fait usage dans son garde-temps.
3) en y appliquant un échappement à repos où les frottements fussent beaucoup moindres
qu’ils ne le sont sur le cylindre, etc. Je ne propose point ici l’échappement à détente, parce
qu’une montre me parait trop petite pour pouvoir y employer facilement ce méchanisme. Celui
de M. Sully, dont la roue est perpendiculaire aux platines, étant perfectionné, me paraîtrait le
plus propre à procurer cette diminution de frottement.
J’ai exécuté plusieurs montres dans cette dernière vue. Pour cette effet, j’ai donné à la roue de
rencontre, une grandeur telle qu’elle va jusqu’au cadran d’une part,, et de l’autre près du
spiral. J’ai aussi donné à ses dents la forme de rayons pour que cette roue fut fort légère; et
moyennant quelques autres corrections, je crois qu’on pourrait démontrer, vu la diminution
du frottement qui résulte de ce que le repos de la roue peut se faire très près de l’axe du
balancier, que cet échappement est le plus parfait de tous.
La montre la plus ancienne, munie de cet échappement, semble être celle qui a été
vendue par Antiquorum#. Il s’agit certainement d’une pièce expérimentale, car son
mouvement squelette est le seul de l’oeuvre de Pierre Le Roy, qui ne soit pas
numéroté. Il a certainement été conçu spécialement pour pouvoir observer à loisir,
les fonctions de l’échappement à repos frottants, dérivé de celui de Sully et de
démontrer ses avantages par rapport à celui à cylindre. Il permet en particulier,
d’observer que la roue d’échappement à tendance à soulever le balancier, soulageant
ainsi d’une partie de son poids, le pivot inférieur, qui tourne sur sa pointe.
Si l’on excepte cette montre, qui était dépourvue de compensation des effets de la
température, c’est à la demande de Monseigneur le Duc de Penthièvre, Grand Amiral
de France, que la toute première montre de ce type, a été exécutée. C’est
apparemment la seule qui ait été soumise au jugement de l’Académie Royale des
Sciences.
Dans le texte: Objet du mémoire sur ma petite montre de marins#, Pierre Le Roy reprend
intégralement les arguments déjà avancés dès 1768, dans son Mémoire sur la meilleure
manière de mesurer le temps en mer, mais s’étend plus longuement sur les raisons qui
l’ont conduit à concevoir de telles montres.
C’est d’abord un objet d’économie considérable en ce qu’il ne faudra plus sur les grands
vaisseaux de montres marines, les montres de chaque officier en tenant lieu. La quantité des
ces montres sur ces vaisseaux se serviront de preuves réciproques, chaque possesseur d’une
semblable montre sera beaucoup plus à portée de s’assurer de son degré de justesse de sa
marche par les différentes températures. De plus,moyennant cette économie, elles deviendront
d’un usage général pour la marine marchande, puisque n’ayant guère de personnes à présent
qui ne possèdent une montre, les capitaines pilotes ou officiers des vaisseaux, pourront s’en
munir, d’autant plus qu’elles ne leur coûteront guère plus qu’un bonne montre à secondes
ordinaire. Elles serviront de Loc - on connait assez tous les avantages des montres à secondes,
mais la principale sans doute est de connaître bien plus vite leur marche, car par le moyen de
l’aiguilles des secondes, on peut connaître cette marche 60 fois plus vite que par celles qui
n’ont que les minutes. Elles seront d’un usage encore infiniment plus général par la facilité de
leur transport, non seulement des villes principales où elles seront exécutées, mais dans les
différents ports, puisqu’il ne s’agira que de les mettre dans la poche, sans crainte qu’il leur
arrive aucun accident, ce qu’on ne peut pas dire des autres, et du vaisseau, dans les différents
observatoires, dans les différentes relâches. J’avoue que je n’aurais pas volontiers sacrifié le
transport des montres marines qui m’ont mérité l’honneur d’être couronné par l’académie, à
d’autres qu’à moi, et c’est principalement pour cette raison, que je les ai accompagnées, tant
dans l’épreuve que Monsieur le Marquis de Courtenveaux m’a fait l’honneur d’en faire, que
dans celles qui ont été faites par ordre du Roi en Amérique, en Afrique, à Cadix etc. A l’égard
des nouvelles montres, il est clair que le soin de les transporter, pourrait être confié à toute
personne un peu soigneuse etc. - d’autant plus qu’il y a une infinité de cas où une montre à
secondes est des plus nécessaire aux marins, soit pour estimer la vitesse du sillage par le loc,
la distance d’un port d’où l’on tire le canon. J’en avais une de cette espèce qui nous a été fort
utile dans notre aterrage à Saint Pierre. D’ailleurs, en supposant que les instruments se
perfectionnent assez pour qu’on puisse tirer partie des tables de la lune pour les longitudes, il
parait qu’on ne le pourra guère sans une excellente montre à secondes, c’est à quoi servira
merveilleusement celles que nous avons l’honneur de présenter, moins volumineuse, par
conséquent moins embarrassante dans un vaisseau quelque petit qu’on le suppose.
C’est également dans ce texte, qu’il donne le plus de détails, sur les principes et la
construction de la première montre de ce type. Ces informations sont reprises et
surtout mises en ordre dans le Mémoire sur une Nouvelle montre à l’usage des
Astronomes et des Marins#, lu à l’Académie le 3 Juillet 1771.
Je la nomme montre de marins et non montre marine, parce qu’elle tient lieu de montre de
poche ordinaire.
Lorsqu’on voudra s’en servir en mer, on la mettra sur sa suspension, semblable à peu près à
celle dont je me sers pour les montres marines, comme alors elle gardera toujours sa même
position, elle conservera une justesse d’autant plus grande, que cette position est la plus
avantageuse.
En effet, quand la montre est à plat, le balancier porte sur l’extrémité des son pivot, où le
frottement est beaucoup moindre que quand il s’appuye le long de ces mêmes pivots, d’ailleurs
j’ai disposé l’échappement de manière, que dans cette position, l’effort de la roue de rencontre,
soulage le poids du balancier.
Cet arrangement, joint à l’isochronisme procuré aux vibrations du régulateur par la méthode
exposé dans mon mémoire, de plus une diminution considérable des frottements, dans le
mouvement des secondes, qui se fait sur une tige fort menue, et dans l’échappement, le même
dont je parle dans mon appendice, ne peuvent, sans doute, que contribuer à rendre la nouvelle
montre beaucoup plus régulière que les autres, mais une propriété nouvelle par laquelle elle
l’emporte de beaucoup, c’est sa compensation des effets de la chaleur et du froid.
J’ai indiqué dans mon appendice celle de M. Harrison; ce qui était facile à pratiquer dans le
garde-temps de l’artiste anglais, ne l’était point du tout dans une montre de poche; surtout si
l’on considère qu’il faut, dans ce qui détermine la longueur du ressort réglant, une solidité qui
ne paraissait pas pouvoir s’accorder avec des lames de métal mince et étroites, telles que le
volume d’une montre semblait permettre de les employer. D’ailleurs, ces lames ne pouvant
être que fort courtes, comment en rendre l’effet assez grand sur le ressort spiral. J’y suis
parvenu:
1) en faisant agir ces lames, non sur le ressort immédiatement, comme dans le garde temps,
mais au moyen d’un levier, qui en rend l’effet cinq fois plus sensible.
2) en disposant les roues de manière qu’elles laissent un espace suffisant pour loger le
thermomètre, c’est à dire ces lames. Par ce moyen, sa longueur est presque égale au diamètre
de la montre et il a pour hauteur, presque celle de la cage; il en résulte dans cette partie, une
solidité qu’elle n’eut jamais pu avoir, sans cette disposition.
Par cet arrangement, le thermomètre acquiert encore une propriété très importante et très
désirée dans celui de M. Harrison, c’est de fournir un moyen simple, d’en augmenter ou
diminuer les effets à volonté, propriété qui naît d’une vis, par laquelle on approche plus au
moins les lames métalliques du centre du levier.
Tels sont les avantages que je crois rassemblés dans la construction de la nouvelle montre.
Nous touchons au moment où les tables de la lune nous fourniront des moyens surs, pour la
détermination des longitudes en mer. De quelles utilité ne seront point alors, les montres de l’
espèce de celles que nous annonçons, pour conserver l’heure entre les observations. Surtout, si
l’on considère la facilité de leur transport, leur peu de volume, la quantité qui pourra s’en
trouver dans chaque vaisseau et qui se serviront de preuves réciproques, la facilité avec
laquelle chaque marin pourra s’en pourvoir et en faire de épreuves, enfin les usages sans
nombre d’une montre à secondes en mer.
Cette première montre, qui n’a malheureusement pas encore été retrouvée, est
relativement bien connue grâce aux très beaux dessins, qui accompagnent ce
mémoire.
Les résultats médiocres, obtenus par cette montre au cours des épreuves, qui ont ont
été conduites du 21 juillet au 1er août 1771, à la demande de l’Académie Royle des
Sciences, par Messieurs Le Monnier et de Montigny et dont ils ont rendu compte à
cette assemblée le 6 septembre 1771, on entraîné une vive réaction de Pierre Le Roy,
qui dans une lettre de protestation en date du 16 Novembre 1771#, conteste les
chiffres avancés par les deux commissaires, expliquant que l’erreur de 13 minute
qu’il ont constatée, alors que la différence réelle n’était que de 1 minute, provenait
de la confusion, de la part des commissaires, entre l’aiguille du temps moyen et celle
du temps vrai, sur le régulateur qui a servi au contrôle de sa montre. Il précise dans
cette lettre qu’il a montré à son frère (Jean-Baptiste Le Roy, membre de l’Académie
Royale des Sciences), que l’écart des deux aiguilles de son régulateur, était bien de 12
minutes, qui ajoutées à la minute constatée par lui même, faisaient bien les 13
minutes d’erreur, dont les commissaires font état dans leur rapport.


http://www.antique-horology.org/_Editorial/PetiteRonde/Les_Montres_de_Pierre_Le_Roy.pdf

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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).


Dernière édition par ZEN le Mar 24 Juil 2012 - 14:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les montres de Pierre Leroy ( Long mais intéressant )    Les montres de Pierre Leroy ( Long mais intéressant )  EmptyMar 24 Juil 2012 - 14:22

Selon un Extrait des Registres de l’Académie Royale des Sciences signé Defouchy, en date
du 10 mai 1773 et concernant le rapport des Commissaires, il ne semble pas que cette
lettre, ait été lue devant l’assemblée des académiciens, conformément aux voeux
exprimés par Pierre Le Roy.
Par ailleurs, cette montre a été éprouvée en mer avec les horloges marines “A” et
“S”, à bord de la Frégate La Flore, par le Chevalier de Borda de l’Académie Royale
des Sciences, Lieutenant des Vaisseaux du Roi et le Chanoine Pingré de l’Académie
Royale des Sciences et de celle de la Marine, Chancelier de Sainte Geneviève et de
l’Université de Paris, Astronome Géographe de la Marine, au cours du Voyage de
Verdun de la Crenne, en 1771-1772#. On peut lire à propos de cette montre, dans le
compte rendu de ce voyage:
Nous dirons peu de chose de la Montre de M. Le Roy, désignée sous le nom de “petite ronde”,
ce n’était qu’un essai sans conséquences, ainsi que M. Le Roy nous l’avait déclaré par écrit.
Depuis le 6 Octobre 1771, jusqu’au 12 Janvier 1772, le mouvement de cette montre s’est
toujours accéléré avec une espèce de régularité. Du 6 au 26 Octobre, cette montre retardait à
Brest de près d’une seconde par jour sur le temps moyen; à Cadix, du 21 au 30 Novembre, elle
avançait au contraire de 5 secondes; son avancement journalier à Sainte Croix de Ténériffe,
était de 10’’ 30’’’ vers la fin de Décembre. Par la comparaison que nous faisons tous les jours
de la marche de cette montre, avec celle de la montre No. 8#, il parait que la progression de
cette accélération était assez uniforme; nous n’y avons pas remarqué d’irrégularité bien
sensible. Nous aurions pu faire quelque usage de cette montre, mais les résultats auraient
toujours été susceptibles de quelque doute. Lorsque nous nous disposions à remonter cette
montre le 13 Janvier, nous la trouvâmes arrêtée; nous nous assurâmes qu’elle avait été
remontée la veille. Elle ne conserva que jusqu’au 20 du même mois, le mouvement que nous
lui restituâmes. Nous étions alors mouillés en rade de Gorée; ce ne fut donc point par les
mouvements violents et irréguliers des flots de la mer, qu’elle perdit son mouvement. Remise
en mouvement le 24, elle arrêta le 26; enfin elle ne conserva que durant quelques heures, le
mouvement que nous lui rendîmes le 28. Nous cessâmes pour lors de la remonter. Un mois
après, nous fîmes encore quelques tentatives infructueuses pour la remettre en mouvement;
nous n’y réussissions que pour quelques heures; le jour suivant, lorsque nous nous
présentions pour la remonter, nous la trouvions arrêtée.
C’est pour la distinguer des deux autres montres marines de Pierre Le Roy, que cette
montre, au cour de ce voyage, avait été baptisée: Petite Ronde par Borda et Pingré:
..... l’épithète de “petite ronde”, que nous donnâmes à la troisième, à cause de sa petitesse et de
la forme de la boîte qui la renfermait#.
Pendant ces épreuves, la montre s’étant arrêtée à plusieurs reprises, Pierre le Roy n’a
pas attendu que les résultats des épreuves soient publiés en 1778, pour modifier
sensiblement dès 1772, la construction de ses montres à l’usage des Astronomes et des
Marins.
Ces modifications ont fait l’objet de la Suite d’un mémoire sur une Nouvelle montre à
l’usage des Astronomes et des Marins#. Dans ce texte, Pierre Le Roy présente les
caractéristiques techniques de cette nouvelle montre, qu’il compare à celles de la
montre de 1771.
Premièrement la montres de 1771, n’avait point de fusée, celle-ci en a une, et j’y ai employé la
mécanique décrite dans le mémoire de Monsieur Harrison, pour que la montre aille en la
remontant.
En second lieu, je n’avait trouvé d’autre moyen en 1771, pour donner à la lame composée, ou
thermomètre de M. Harrison, la solidité et la largeur requise, que de mettre cette lame dans la
cage, et c’était ce qui m’avait porté à supprimer la fusée, pour pouvoir trouver dans cette cage,
une place suffisante, dans la présente montre, J’ai placé le thermomètre sur la platine du
balancier, parallellement à cette platine. Par cet arrangement, ce thermomètre devient aussi
fort, aussi solide qu’on peut le désirer, et l’on conserve la fusée.
Troisièmement, dans la montre de M. Harrison, et même dans toutes les montres de
l’Angleterre faites avec soin, les pivots du régulateur et des dernières roues, tournent dans des
rubis percés, nous n’avons point en France l’art d’exécuter de semblables rubis, les pivots
dans nos montres, tournent dans des trous de cuivre, où se forme du vert de gris, par l’huile
qu’on est obligé d’y mettre pour diminuer le frottement, d’où résulte une espèce de sédiment
tenace , qui augmente la résistance de ce frottement et en rend la quantité variable. J’ai
suppléé aux rubis percés par des trous percés dans des petites pièces d’acier fondu, trempées
de de toute leur dureté, et par une méthode particulière, je suis parvenu à donner à ces trous,
la solidité et la forme désirable.
Quatrièmement, l’inconvénient que je viens de remarquer dans les trous de cuivre, a aussi
lieu à l’égard du frottement de la roue de rencontre de cuivre sur les de l’échappement, j’y ai
obvié de même, en faisant la roue de rencontre d’acier fondu trempé, ce que M. Harrison avait
déjà pratiqué. La forme des dents de ma roue de rencontre, rend cet avantage très facile à
obtenir.
Enfin, j’ai disposé l’échappement de manière que la montre étant dans sa position horizontale,
l’effet de la roue de rencontre, soulage le poids du balancier sur l’extrémité de son pivot.
Une montre répondant exactement à cette description, est conservée en parfait état
au Musée Beyer de la Mesure du Temps, à Zurich. Un mouvement seul, par ailleurs,
signé: Julien Le Roy à Paris, Invenit et fecit, No. 4732, a été vendu par Antiquorum# .
Cette nouvelle construction ne semble pas avoir été soumise au jugement de
l’Académie, et les montres de ce type, n’ont apparemment jamais été éprouvées
officiellement, ni soumises à des épreuves en mer. Elles ne lui avaient sans doute pas
apporté toutes les satisfactions qu’il en attendait.
Une montre expérimentale cependant, construite sur les même plans, a été dotée par
Pierre Le Roy, d’un échappement à ancre. Cette montre, signée Julien Le Roy à Paris -
Invenit et Fecit, No. 4757, a été réalisée vers 1775. Considérée comme la première
montre à ancre produite en France, et la deuxième au monde après celle de Thomas
Mudge, son mouvement, vendu par Antiquorum#, a fait l’objet d’un grand nombre
de publications#. L’échappement, à ancre latérale est de construction massive, les
levées de l’ancre, constituées par de petits galets, sont équilibrées par un contre-poids
.
Pierre Le Roy semble avoir renoncé par la suite à réaliser des montres marines de
dimensions aussi réduites, et décidé de réserver exclusivement ses nouvelles montres
de poche, à des observations sur terre ou à bord des navires, en complément de
l’horloge marine proprement dite. Il reprend donc certaines des idées énoncées dans
le texte: Objet du mémoire sur ma petite montre de marins;
Monseigneur le Duc de Penthièvre ayant ajouté qu’il voulait que cette montre pu soutenir les
diverses secousses d’un carosse, d’une chaise de poste, etc. Je sentis bien que la montre
marine, telle qu’elle avait été soumise au concours, ne pouvait remplir entièrement ses vues et
que rien ne pouvait mieux y répondre, qu’une montre de poche perfectionnée, car dans un
carosse, une chaise, etc., le gousset d’un homme assis mollement et qui machinalement
prévient les plus grandes secousses, parait être la meilleure suspension, que puisse en ce cas
avoir une montre. Persuadé de cette vérité, je construisis celle que j’ai l’honneur de
présenter. Je la nomme montre de marin et non montre marine, parce qu’elle tient lieu de
montre de poche ordinaire.
Ces montres étant destinées à être portées exclusivement dans la poche en position
verticale, il renonce en conséquence, à les placer sur une suspension, même pour les
utiliser à bord des bâtiments:
Mettant au contraire à profit les avantages de l’échappement à repos frottants de type
Sully, dans lequel l’effort de la roue tend à soulever le poids du balancier et à diminuer le
frottement sur l’extrémité du pivot qui le porte, ce qui n’a pas lieu dans les autres montres,
ainsi qu’il l’explique à diverses reprises, il dispose cet échappement avec le balancier
perpendiculaire aux platines, donc en position horizontale lorsque la montre est
portée verticalement dans la poche. Le balancier est donc soulevé par la roue
d’échappement, ce qui soulage le pivot du bas, qui par ailleurs tourne sur sa pointe,
ce qui réduit considérablement les frottements.
Les avantages de cette construction pour les montres de poche, avaient déjà été mis
en évidence par Sully lui même, dans son ouvrage: Règle artificielle du temps# et mis
en application par Verlinden avec un échappement à repos frottants du type Sully,
dans une montre, produite vers 1770-1775#.
Ces nouvelles montres étaient dotées par Pierre Le Roy, d’un cadran sur chaque
face, l’un pour les heures et les minutes, l’autre pour les secondes. Cette construction
avait déjà été envisagée dans le texte: Objet du mémoire sur ma petite montre de marins;
A l’égard du frottement, je l’ai fort diminué dans les secondes par ma méthode différente des
autres. On pourra par occasion faire l’énumération des moyens de marquer les secondes et
citer mon mémoire lu à l’académie en 1764 et sur une nouvelle manière de faire marquer les
secondes, et sur mes montres à double cadran.
Seule une montre de cette construction a été retrouvée. Il s’agit d’un mouvement,
remis à neuf par H. Laresche en 1804. Il a été doté d’une nouvelle boîte et de deux
cadrans neufs, l’un, pour les heures et les minutes, portant l’inscription: H. Laresche
Renovavit, Paris 1804, l’autre, pour les secondes, avec la signature: Julien Le Roy
invenit, Paris 1772, information sans doute recopiées par Laresche sur la bâte de
métal doré supportant l’un des cadrans d’origine.
Avec la fusée dotée d’un ressort auxiliaire pour le remontage, l’échappement disposé
de manière à ce que le balancier soit en position horizontale, lorsque la montre est
portée verticalement dans la poche, les trous de pivots et la roue d’échappement en
acier trenpé, les contre-pivots du balancier en rubis, et le dispositif de compensation
des effets de la température, réglable et disposé sur la platine arrière, cette montre est
représentative de l’ultime développement des montres à usage des astronomes et de
marins.

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MessageSujet: Re: Les montres de Pierre Leroy ( Long mais intéressant )    Les montres de Pierre Leroy ( Long mais intéressant )  EmptyMar 24 Juil 2012 - 14:22

Ce mouvement comporte en effet l’ensemble des dispositifs prévus par Pierre Le Roy
pour ses montres de poche de précision. Moyens définis, dans l’Objet du mémoire sur
ma petite montre de marins, texte mis en ordre pour la rédaction duMémoire sur une
Nouvelle montre à l’usage des Astronomes et des Marins, lu devant l’assemblée de
l’Académie Royale des Sciences, lors de la présentation de la première montre de ce
type. Tenant compte par ailleurs des observations de Messieurs Le Monnier et De
Montigny, dans leur Rapport de la montre marine présentée à l’Académie par M. Le Roy,
des perfectionnements apportés à ces montres, tels qu’ils ont été définis dans la Suite
d’un mémoire sur une Nouvelle montre à l’usage des Astronomes et des Marins, ont
également été mis en oeuvre pour la construction de cette nouvelle montre. Enfin,
c’est la seule connue avec deux cadrans, l’un pour les heures et les minutes, l’autre
pour les secondes, et dont l’échappement est disposé de manière à mettre à profit les
propriétés spécifiques de l’échappement utilisé, lorsque la montre et portée
verticalement dans la poche; la roue a tendance à soulever le balancier, soulageant
ainsi d’une partie du poids qu’il doit supporter, le pivot inférieur, qui tourne sur sa
pointe. C’est enfin la seule montre à l’usage des Astronomes et des Marins, que Pierre Le
Roy à renoncé à mettre en position horizontale dans une suspension, pour être
utilisée en mer comme montre à longitude, réservant son usage aux multiples
observations nécessaires à la navigation, telles que les opérations du loch, pour
déterminer la vitesse du bâtiment, le transport de l’heure à bord et en particulier,
depuis l’horloge marine jusqu’à la passerelle de l’officier responsable de faire le
point. C’est en fait l’ancêtre des montres de pont, dites montres de torpilleur, utilisée
d’une manière courante dans la navigation moderne.
Deux montres plus tardives, sont également dotées de l’échappement de Pierre Le
Roy, dérivé de celui de Sully, mais elles ne comportent aucune compensation des
effets de la température, et ne peuvent donc en aucun cas être considérées comme
montres de précision. L’une d’elles, vendue par Antiquorum#, est signée Julien Le
Roy No. 4934, vers 1777, avec le coq monogrammé “J.L.R.”, adopté par Pierre en
1759, pour toutes les montres produites après la mort de son père, l’autre, presque
identique, est signée Louis Morin à Paris, No. 246. le chef d’atelier de Pierre Le Roy,
ainsi qu’il le précise lui même, au moment de son voyage avec Courtanveau, Pingré
et Messier, à bord de la frégatte L’ Aurore, il écrivait en effet à son sujet en 1778 dans
son Exposé succinct des travaux de MM. Harrison et Le Roy..., page 13:
Le Havre, était le port assigné pour l’embarquement. Je partis pour cette ville avec deux
montres marines le 5 mai 1767, laissant le soin de mon laboratoire et de mes affaires à M.
Morin qui, par une habileté rare, par des sentiments qui ne se trouvent guère plus
communément et par vingt années d’assiduité, tant sous mon père, que sous mois, s’est acquis
de ma part, la confiance la plus entière et la mieux méritée.
A l’exception de cette dernière, toutes les montres décrites ci-dessus sont signées:
Julien Le Roy à Paris, comme d’ailleurs, toutes les oeuvres connues de Pierre Le Roy,
qui semble n’avoir jamais signé de son propre nom. De même, dans le rapport à
l’académie de 1771, Messieurs Le Monier et De Montigny, parlent:d’une nouvelle
montre, proposée pour l’usage des astronomes et de la marine et exécutée par M. Julien Le
Roy. Cette erreur d’attribution est corrigée dans l’Extrait des Registres de l’Académie
Royales des Sciences, signé par par Monsieur Defouchy le 10 Mai 1773, où il est bien
question de la montre de M. Le Roy l’Aîné, horloger de Sa Majesté, dénomination
adoptée par l’Académie Royale des Sciences, afin de distinguer Pierre le Roy, de son
plus jeune frère Jean Baptiste Le Roy, qui était membre de l’académie et de son oncle
Pierre Le Roy, frère de son père.
En effet, Pierre Le Roy, ayant fait son apprentissage et effectué toute sa carrière dans
l'atelier familial, en prit la direction à la mort de son père, en 1759. Non seulement il
conserva la même signature, mais il semble qu'il fut surtout connu dans les affaires
sous le nom de son père: Julien le Roy. Ainsi le 14 Octobre 1775, pendant son séjour à
Paris, un anglais, le Docteur Johnson, écrivait dans son journal: Then we went to Julien
Le Roy, the King's watchmaker, a man of character in his business, who showed a small clock
to find the longitude - A decent man. A cette époque, Julien Le Roy, était mort depuis
seize ans, il ne pouvait donc s'agir que de Pierre. Une fois encore, cette confusion
révèle bien que Pierre dans ses affaires, utilisait le nom de son père# .
Il est intéressant de mentionner, en conclusion de cette étude sur les montres de
Pierre Le Roy, une grosse montre d’argent tout à fait exceptionnelle, conservée au
Musée National des Techniques (C.N.A.M.) à Paris. La boîte de cette montre, signée:
Les Frères Goyffon à Paris No. 837, porte les poinçons de Paris pour l’année 1775-1776,
elle a donc été produite alors que Pierre Le Roy était encore en activité. C’est la seule
oeuvre connue, dont le mouvement comporte non seulement, une compensation
thermique, presque identique à celles des montres de poche de précision de Pierre Le
Roy, mais encore un échappement tout à fait semblable à celui de son horloge
marine, conservée au Musée National des Techniques du Conservatoire National des
Arts et Métiers. Rien ne permet encore aujourd’hui, de connaître la nature des
relations entre les Frères Goyffon et Pierre Le Roy, mais il est certain que les Frères
Goyffon, qui dirigèrent l’Ecole d’Horlogerie de Bourg en Bresse, on travaillé avec le
célèbre horloger. Une montres, récemment retrouvée, portant leur signature, est
dotée de la fusée renversée, invention de Jean-Baptiste Le Roy, l’académicien, que
Pierre Le Roy a pratiquement été le seul à employer, et un coq monogrammé à la
manière de celles de son atelier, produites après la disparition du célèbre Julien Le
Roy. Une prochaine découverte, permettra peut-être d’éclaircir ce mystère.
En marge de cette étude il est important d’examiner ici et de répondre aux arguments
avancés récemment par deux éminents spécialistes de Pierre Le Roy, pour contester
l’authenticité de l’ échappement à ancre de la montre No. 4757.
Depuis sa découverte, il y a près de 40 ans, au Marché aux Puces de Paris, où il a été
acheté pour quelques Francs seulement, ce mouvement n’a subit d’autres
transformations que la compensation thermique “à gril” de type Harrison, réalisée
par George Daniels pour le compte de Cecil Clutton. La “Petite Ronde” n’ayant pas
encore été découverte, George Daniels n’avait pu prendre pour modèle le dispositif
de compensation, tel qu’il avait été inventé par Pierre Le Roy.
Leur raisonnement s’appuie essentiellement sur la mauvaise qualité de la main
d’oeuvre et surtout sur la chronologie des différents mouvements de type “petite
ronde” retrouvés depuis cette époque et dont la date de production a pu être établie
grâce aux écrits de Pierre Le Roy, aux poinçons de contrôle relevés sur les boîtes ou
au numéro de mouvement.
Ils partent de l’hypothèse, que l’inscription “Invenit et Fecit”, gravée sur la platine
arrière ou la bâte en métal doré du mouvement des montres No. 4732 et 4757, de la
“Petite Ronde” et de la montre à deux cadrans, concerne tout à la fois l’échappement
à repos frottants, dérivé de celui de Sully et la compensation des effets de la
température, alors que trois autres montres de Pierre Le Roy, deux avec
l’échappement à repos frottant dérivé de celui de Sully (la montre squelette sans
numéro et la montre No. 4934), et la montre, No. 3449 avec échappement à double
roue, toutes trois dépourvues de la compensation thermique, ne sont pas non plus
gravées de l’inscription “Invenit et Fecit”. alors que sans exception, toutes les
montres de Julien Le Roy, dotées, soit de l’invention de 1740, soit des inventions de
1740 et 1755, sont gravées des inscriptions correspondantes. Il est donc légitime de
penser, que de la même manière, l’inscription sur les montres de Pierre Le Roy, ne
concerne que la compensation thermique, ce qui est confirmé par le fait que la date
de 1772, recopiée sur le cadran de la montre rétablie par Lareche, correspond bien à
l’introduction de la compensation thermique disposée sur la platine arrière. La
compensation de la “Petite Ronde” en effet, telle qu’elle est décrite et illustrée par
Pierre Le Roy dans son Mémoire sur une Nouvelle montre à l’usage des Astronomes et des
Marins#, lu à l’Académie le 3 Juillet 1771, était logée entre les deux platines.
L’inscription “Invenit et Fecit”, ne concerne donc pas l’échappement à ancre de la
montre No. 4757, mais son dispositif de compensation.
L’autre argument avancé à l’encontre de l’échappement à ancre de la montre No.
4757, est sa qualité d’exécution jugée indignes de l’éminent horloger. Sur ce dernier
point, il est important de souligner que d’une manière générale, Pierre Le Roy
attachait plus d’importance aux principes de fonctionnement qu’à la qualité
d’exécution. Même sa célèbre horloge marine, conservée an Musée National des
Techniques (C.N.A.M. - Paris), pourtant dotée, d’un échappement libre, d’un spiral
isochrone et d’un balancier compensé, principes, universellement reconnus
aujourd’hui comme les bases de la chronométrie moderne, lors du voyage de
Monsieur Verdun de la Crenne, n’a pas donné de résultats très supérieurs à ceux des
Horloges Marines No. 6 et 8 de Ferdinand Berthoud, pourtant toutes deux
dépourvues de ces mêmes principes essentiels, mais d’une qualité d’exécution
irréprochable. Par ailleurs, l’échappement à double roue de la montres No. 3449 est
loin d’avoir été exécuté avec le plus grand soin.
Pour revenir à l’échappement contesté, il semble exclu qu’il puisse avoir été monté à
la place d’un échappement à repos frottant du type Sully, la disposition respective du
balancier, de l’ancre et de la roue d’échappement, ne permettent manifestement pas
d’utiliser les même trous de pivotement. Par ailleurs, l’échappement de Sully, avait
été doté par Pierre Le Roy d’une roue d’échappement d’un si grand diamètre, qu’il
avait du entailler les deux platines du mouvement afin de permettre le passage de
l’extrémité de ses dents en forme de rayons, qui selon ses propres termes, devaient
aller jusqu’au cadran d’une part, et de l’autre près du spiral. Les platines de la montre
No. 4757, ne présentent aucune trace de fentes ni de trous rebouchés. Il semble donc
exclu, que l’échappement à ancre, ait pu être construit postérieurement en
remplacement d’un échappement du type Sully/Le Roy. Il n’a en conséquence pu
être monté, que sur un blanc roulant de “Petite Ronde”, encore vierge de tout
échappement, soit par Pierre Le Roy lui même, soit par un autre horloger, sur une
ébauche retrouvée après la fermeture de l’atelier, ce qui est peu probable. Il est
permis au contraire de penser Pierre Le Roy, compte tenu de sa position et de ses
relations, ait pu entendre parler de l’échappement à ancre de Mudge, sans pour
autant avoir eu l’occasion de l’étudier, et qu’il se soit déterminé à en expérimenter un
du même type. Il semble que cet échappement, pas plus que celui à double roue de la
montre No. 3449, ne lui ai apporté la moindre satisfaction. Ils sont tous deux en effet
restés à un stade purement expérimental, et ne sont mentionnés par Pierre Le Roy ni
dans les différent ouvrages qu’il a publiés, ni même dans ses manuscrits inédits, qui
ont été retrouvés.
Notes
1 - Mémoire sur la meilleure manière de mesurer le temps en mer, Appendice, pp. 59-60.
2 - Vente “L’Art de l’Horlogerie en France”, Genève 14 Novembre 1993, Lot No.74 du
catalogue.
3 - Manuscrit de Pierre Le Roy, conservé au Musée International d’Horlogerie - La
Chaux-de-Fonds, manuscrit No.623, p.147
4 - Archives de l’Académie des Sciences, Paris.
5 - Lettre conservée dans les archives de l’Académie des Sciences.
6 - Voyage fait par ordre du Roi en 1771 et 1772 en diverses parties de l’Europe de l’Afrique
et de l’Amérique, Paris 1778, p. 369.
7 - Horloge Marine de Ferdinand Berthoud, éprouvée en mer au cours du même
voyage.
8 - Voyage fait par ordre du Roi en 1771 et 1772 en diverses parties de l’Europe de l’Afrique
et de l’Amérique, Paris 1778, p. 366.
9 - Archives de l’Académie des Sciences.
10 - Vente “L’Art de l’Horlogerie en France”, Genève 14 Novembre 1993, Lot No.75
du catalogue.
11 - Vente “L’Art de l’Horlogerie en France”, Genève 14 Novembre 1993, Lot No.79
du catalogue.
12 - La première par Robert H. A. Miles, publiée par The Antiquarian Horological
society dans Pioneers of precision timekeeping, donne une description compète du train
de roues et analyse les fonctions de l’échappement, cependant, cette montre est
attribuée à Julien et de ce fait, l’auteur estime l’époque de sa construction, avant la
mort de Julien Le Roy, survenue en 1759. Cette erreure a été corrigée par Cecil
Clutton dans son ouvrage: Collector’s Collection, à la suite des études réalisées par
Charles Allix et Giuseppe Brusa, publiée dans Antiquarian Horology en Juin 1970 et
Juin 1972. Ce mmouvement a été décrit plus récemment par Norbert Eders dans son
article sur Pierre Le Roy, publié dans Uhren, No. 1 - 1986, Callwey Editions, and by
A. Chapiro in Histoire de l’échappement à ancre sur le continent européen (A.N.C.A.H.A.
Bulletin No. 45).
13 - Paris 1717, seconde édition par Julien Le Roy, Paris 1737.
14 - Article de Charles Allix, Sully, Verlinden et les autres...π, Bulletin de
l’A.N.C.A..H.A. No. 32, Automne-Hiver 1981.
15 - Vente “L’Art de l’Horlogerie en France”, Genève 14 Novembre 1993, Lot No..76
du catalogue.
16 - Informations mises en évidence par Charles Allix et Giuseppe Brusa, dans leurs
articles publiés par Antiquarian Horology en Juin 1970 et Juin 1972.
17 - Archives de l’Académie des Sciences, Paris.
Annexes
Montres à l’usage
des Astronomes et des Marins
Objet du mémoire sur ma petite montre de marins
Manuscrit de Pierre Le Roy
Musée International d’Horlogerie
La Chaux-de-Fonds - No. 623 p.147
C’est d’abord un objet d’économie considérable en ce qu’il ne faudra plus sur les
grands vaisseaux de montres marines, les montres de chaque officier en tenant lieu.
La quantité des ces montres sur ces vaisseaux se serviront des preuves réciproques,
chaque possesseur d’une semblable montre sera beaucoup plus à portée de s’assurer
de son degré de justesse de sa marche par les différentes températures. De
plus,moyennant cette économie, elles deviendront d’un usage général pour la marine
marchande, puisque n’ayant guère de personnes à présent qui ne possèdent une
montre, les capitaines pilotes ou officiers des vaisseaux, pourront s’en munir,
d’autant plus qu’elles ne leur coûteront guère plus qu’un bonne montre à secondes
ordinaire. Elles serviront de Loc - on connait assez tous les avantages des montres à
secondes, mais la principale sans doute est de connaître bien plus vite leur marche,
car par le moyen de l’aiguilles des secondes, on peut connaître cette marche 60 fois
plus vite que par celles qui n’ont que les minutes. Elles seront d’un usage encore
infiniment plus général par la facilité de leur transport, non seulement des villes
principales où elles seront exécutées, mais dans les différents ports, puisqu’il ne
s’agira que de les mettre dans la poche, sans crainte qu’il leur arrive aucun accident,
ce qu’on ne peut pas dire des autres, et du vaisseau, dans les différents observatoires,
dans les différentes relâches. J’avoue que je n’aurais pas volontiers sacrifié le
transport des montres marines qui m’ont mérité l’honneur d’être couronné par
l’académie, à d’autres qu’à moi, et c’est principalement pour cette raison, que je les ai
accompagnées, tant dans l’épreuve que Monsieur le Marquis de Courtenveaux m’a
fait l’honneur d’en faire, que dans celles qui ont été faites par ordre du Roi en
Amérique, en Afrique, à Cadix etc. A l’égard des nouvelles montres, il est clair que le
soin de les transporter, pourrait être confié à toute personne un peu soigneuse etc. -
d’autant plus qu’il y a une infinité de cas où une montre à secondes est des plus
nécessaire aux marins, soit pour estimer la vitesse du sillage par le loc, la distance
d’un port d’où l’on tire le canon. J’en avais une de cette espèce qui nous a été fort
utile dans notre aterrage à Saint Pierre. D’ailleurs, en supposant que les instruments
se perfectionnent assez pour qu’on puisse tirer partie des tables de la lune pour les
longitudes, il parait qu’on ne le pourra guère sans une excellente montre à secondes,
c’est à quoi servira merveilleusement celles que nous avons l’honneur de présenter,
moins volumineuse, par conséquent moins embarrassante dans un vaisseau quelque
petit qu’on le suppose.
La description de la montre, précédée des défauts qu’il fallait parer, savoir les
différentes positions, si les épreuves faites sur la montres de Monsieur Harrison et
ses variations, suffiraient pour montrer combien il est essentiel d’obvier à cet
inconvénient dans un vaisseau - il y avait un homme occupé à remettre la montre de
Monsieur Harrison dans sa position quand le vaisseau allait de la bande.
Les frottements, comme je les ai réduits, surtout dans l’échappement, la suspension
toujours pour l’exactitude etc., le non isochronisme. J’ai profité de la découverte que
j’ai faite sur les lames élastiques et j’ai par ce moyen rendu toutes les vibrations de
mon régulateur isochrones. A l’égard du frottement, je l’ai fort diminué dans les
secondes par ma méthode différente des autres. On pourra par occasion faire
l’énumération des moyens de marquer les secondes et citer mon mémoire lu à
l’académie en 1764 et sur une nouvelle manière de faire marquer les secondes, et sur
mes montres à double cadran. J’ai donc cru devoir choisir une méthode toute
différente.
Note qui ne doit point entrer dans le mémoire lu à l’académie: il n’est aucune
personne qui se soit occupé de quelque recherche qui ne sache combien de travaux
celle ci a du entraîner et quel sacrifice il a fallu lui faire. Je ne puis que m’en
applaudir cependant, puisqu’elle m’a valu l’honneur d’être couronné par l’académie
et celui de voyager avec Monsieur le Marquis de Courtenveau etc.
La compensation des effets de la chaleur et du froid: pour y parvenir, je me suis servi
de la méthode de Monsieur Harrison.
On a pu remarquer dans ce mémoire, que beaucoup d’expédients que j’y expose,
avaient déjà été annoncés dans celui qui contient la description de ma montre marine
et qui a été couronné par l’académie, mais voici ce que j’ai dit etc.
J’ai l’honneur de parler devant des personnes qui connaissent toute la distance qu’il y
a d’une machine projetée à une machine exécutée. En effet, la méthode de Monsieur
Harrison, telle qu’il l’a mise en oeuvre dans sa montre marine, n’est point du tout
applicable aux montres de poche. Outre que le volume de cette dernière ne
permettrait pas d’y adapter un thermomètre, il aurait été 5 ou 6 fois trop court etc. Ce
thermomètre, posé comme l’a fait Monsieur Harrison, eut nécessairement une
hauteur considérable dans la montre, sans quoi il n’eut jamais été assez solide.
J’ai donc pris une route toute différente. J’ai disposé les roues de manière qu’elles me
laissent un espace suffisant pour y placer le thermomètre, qui par ce moyen à pour
longueur presque tout le diamètre de la montre et pour hauteur, une grande partie
de celle de la cage, ce qui donne une fermeté suffisante qu’il n’aurait jamais pu avoir
sans cette disposition. Ce thermomètre fait se mouvoir le râteau, par une fourchette
formant levier. Donc par cet effet, celui du thermomètre se trouve multiplié de 5 fois
environ et j’ai donné à ce thermomètre une propriété très importante, très désirée
dans celui d’Harrison, c’est qu’on peut, au moyen d’une vis, en augmenter ou en
diminuer l’effet à volonté.
Ne pas oublier d’entrer dans le détail des propriétés de l’échappement et des motifs
qui doivent porter à croire par l’analyse des deux montres, que la mienne, bien
exécutée, doit aller aussi bien ou mieux que celle d’Harrison, qui cependant à
considérer les tables, allait très bien, dans la même position, si l’on excepte le très
grand froid, don il serait très facile de la parer.
Conclure par un compliment et ne pas oublier de dire que l’encouragement que m’a
donné le prix de l’académie m’a engagé dans ce nouveau labeur.
On peut aussi rapporter que c’est au désire de satisfaire Monsieur le Duc de
Penthièvre qui m’avait demandé un montre marine qui put supporter le carrosse.
Si la pression de la roue de rencontre contribue à l’usure de l’extrémité du pivot ou
de son appui, c’est sûrement par la chute sur les repos, parce qu’alors l’effort
résultant du mouvement acquis de la roue et menée de tout le rouage, il est
infiniment plus grand que quand cette roue n’a qu’une force morte sur les cylindres,
cet effet est nul ici parce que l’effort de la roue, ne tend dans cette chute qu’à soulever
le poids du balancier, ce qui ne peut s’observer dans les autres.
A entendre certains artistes, il semblerait qu’il y aurait quelque talisman attaché à
certaines constructions, surtout à certains échappements qui les rendrait supérieurs
aux autres. On les voit préconiser telle ou telle méthodes, sans jamais articuler, sans
même se mettre en peine de démêler ce qui la rend supérieure aux autres, c’est ainsi
qu’ils se gouvernent surtout à l’égard de quelques échappements. Pour ne point
imiter une conduite aussi peu sensée, posons d’abord les principes sur lesquels on
doit se fonder dans la recherche du degré de perfection de tel ou tel échappement. Le
meilleur selon nous, est celui au moyen duquel, la force motrice imprime la plus
grande puissance au balancier avec le moindre frottement. Ceci revient à peu près à
ce qu’a déjà avancé Monsieur Mudge dans des remarques sur la montre de Monsieur
Harrison. Le grand principe de la montre est-il dit, est de donner le plus grand
mouvement au balancier avec une force donnée. On en vient dit-il à bout par
l’échappement et par la quantité de l’arc qu’on lui fait décrire. Je conviens de ce
qu’avance Monsieur Mudge, mais je soutiens en même temps, que les meilleurs
moyens de donner au balancier ce plus grand mouvement, consiste surtout à
amoindrir les frottements dans l’échappement et à diminuer la masse et la résistance
de la roue de rencontre. En effet d’un côté, la force que le balancier consume à
vaincre les frottements qu’il éprouve est autant de retranché sur celle que le moteur
lui imprime, de l’autre, plus la roue de rencontre a de masse, moins le moteur
imprime, toute chose d’ailleurs égale, de mouvement par son moyen, car le
mouvement que la masse de cette roue conserve dans son action sur le balancier et
qu’elle ne lui transmet pas, est autant de perdu pour ce régulateur.
Cela posé, l’échappement de Debaufre ou de Sully, tel que je l’ai disposé dans la
présente montre, me parait l’emporter de beaucoup sur celui de Graham. En effet,
l’inspection suffit pour faire connaître, à exécution égale, que la roue dans le premier,
qui est plate et construite en rayons, peut être beaucoup plus légère que celle de
Graham, qui consiste en des courbes élevées sur deux plans. En second lieu, on voit
que dans l’échappement de ma montre, le frottement du repos, fort diminué, se
passant fort près de l’axe du balancier et la proximité dont on fait approcher la roue à
volonté, au lieu que dans l’échappement de Graham, la distance du centre ù la roue
appui, est beaucoup plus considérable et ne peut varier comme dans celui de ma
montre. En troisième lieu, le frottement se trouve encore diminué dans le régulateur
de ma montre tenant lieu de montre marine, en ce que l’effort de la roue tend à
soulever le poids du balancier et à diminuer le frottement sur l’extrémité du pivot
qui le porte, ce qui n’ a pas lieu dans les autres montres.
S’il pouvait naître le moindre doute sur ce que j’avance et au sujet de la plus grande
puissance de mon régulateur, l’expérience suivante suffirait pour nous en
convaincre: j’ai pris une montre de Grahan, le balancier a vibré 4”, le mien 21”.
Enfin, tout annonce que nous touchons au moment où les tables de la lune nous
fourniront des moyens pour la détermination des longitudes en mer. Cela posé, il n’y
a personne qui ne sente combien les montres de l’espèce de celles que nous
annonçons, pourront être utiles outre les observations.
Telles sont les attentions que j’ai prises dans la construction de la montre que j’ai
l’honneur de présenter à l’académie.
Je crois pour l’effet du mémoire, qu’il sera bon après un préambule convenable sur
les causes, les raisons, les encouragements etc. qui m’ont engagé dans mon travail, de
procéder à la description de ma montre et des expédients employés pour la faire
atteindre à une plus grande justesse et de terminer par tous les avantages qu’elle
aura en qualité de montre marine et astronomique.
Marche du mémoire
Préambule consistant en action de grâce, éloge etc. de l’académie, de Monseigneur le
Duc de Penthièvre, grand amiral. Monseigneur le Duc de Penthièvre m’ayant fait
l’honneur de me demander, dans le dessin de m’encourager dans un travail et des
recherches qui demandent de pareilles encouragements etc. me fit l’honneur de me
demander une montre marine qui put soutenir les mouvements du carrosse etc., je
me livrais etc.
Rapporter ensuite ce qu’on en avait annoncé dans l’appendice du mémoire; mais je
parle devant une compagnie où l’on connaît assez toute la distance qui règne entre
une machine pensée et une machine exécutée etc.
Transition qui nous mène à l’exposé des inconvénients et autres qu’il fallait parer
dans celle-ci - exposé des moyens par lesquels on y est parvenu et description de la
machine.
Conclusion servant de récapitulation par laquelle on montre toutes les causes qui
doivent rendre cette montre supérieure aux autres, puis on terminera par exposer
comment on se gouvernera quand on voudra s’en servir en qualité de montre marine
ou astronomique.
On entre dans le détail des avantages qu’elle aura sur les autres montres marines
dans le transport, dans les épreuves à terre qu’on en pourra faire. l’économie qui en
résultera, la quantité qui en pourra exister sur tous les vaisseaux etc. Surtout la
théorie de la lune pouvant fournir des observations par lesquelles on s’assurera de la
régularité de la machine. On pourra terminer par la facilité qui naîtra dans la suit
dans l’exécution et la perfection de ces montres. On rapportera pour exemple ce qui
est arrivé au sujet du ressort spiral des outils à fendre, à tailler les fusées, à arrondir
etc.
On terminera par dire que tout annonce que dans quelques années chaque marin
pourra avoir dans la poche un instrument par lequel il aura les longitudes en mer, ce
qui me paraît prouvé dirai-je, par la justesse de la montre présentée, quoi qu’on ne
s’y soit pas servi de quelques méthodes qui ne pouvaient que contribuer à la rendre
encore plus complète comme les trous percés dans des rubis, mais qu’on exécute
qu’en Angleterre, la roue d’acier, etc. Puis on exposera comment on prétend y
suppléer et on terminera pour prouver la bonté des nouveaux trous, on s’autorisera
de l’expérience des coquerets d’acier, des paliers etc. On fera une sortie à cette
occasion sur les préjugés qui retardent le progrès des arts, comme ceux de nos
connaissances.
Ne pas oublier de dire qu’après bien des recherches et des épreuves sur le montres,
qui m’ont valu la couronne académique, je n’ai rien trouvé à y changer, que
seulement j’ai eu recours à divers expédients qui m’ont paru devoir rendre le ressort
réglant plus constant, comme celui de Monsieur Harrison, de tremper le ressort dans
un mélange de 14 parties et faire aller par la glace dans un bain Marie et par
différents degrés de chaleur et de froid etc. Mais si celle-ci l’emportent par leur
précision, voici les avantages qui naîtront des dernières, premièrement dans le
transport, etc.
Mémoire sur une Nouvelle montre
à l’usage des Astronomes et des Marins
Par M. Le Roy L’aîné
3 Juillet 1771
Archives de l’Académie des Sciences
Le mémoire auquel l’académie a adjugé le prix en 1769, est terminé par un appendice
sur les montres portatives, contenant à peu près ce qui suit:
Les montres de poche qui pourraient accompagner la Montre marine, ne pourraient jamais
être aussi parfaites que ces dernières, vu leur peu de volume qui ne permet pas d’y employer
toutes les ressources que j’ai mise en oeuvre dans ma montre pour la diminution du
frottement etc. Je crois cependant, continuais-je qu’on pourrait les rendre plus exactes:
1) en donnant aux vibrations du balancier un isochronisme plus parfait par la méthode
expliquée (art.3 de la seconde partie du Mémoire).
2) en y compensant les effets de la chaleur et du froid par un expédient semblable à celui dont
Mr. Harrison a fait usage dans son garde-temps.
3) en y appliquant un échappement à repos où les frottements soient beaucoup moindres
qu’ils ne le sont sur le cylindre de Graham et tel, par exemple que celui de Sully, dont la roue
est perpendiculaire aux platines
J’ai exécuté plusieurs montres dans cette dernière vue. Pour cette effet, j’ai donné à la roue de
rencontre, une grandeur telle qu’elle va jusqu’au cadran d’une part,, et de l’autre près du
spiral. J’ai aussi donné à ces dents la forme de rayons pour que cette roue fut fort légère; et
moyennant quelques autres corrections, je crois qu’on pourrait démontrer, vu la diminution
du frottement qui résulte, de ce que le repos de la roue peut se faire très près de l’axe du
balancier, que cet échappement est le plus parfait de tous.
L’exposé qui précède, contenant à peu près la description de la nouvelle montre,
j’hésiterais à en parler de nouveau, si l’on ne savait combien il y a souvent loin, d’une
machine pensée à une machine exécutée. J’oserai donc mettre celle-ci sous les yeux
de l’académie, après avoir dit deux mots du dessin qui me l’a fait entreprendre.
So Altesse Sérénissime le Grand Amiral, me fit l’honneur de me demander, il y a
environ 18 mois, une montre marine, moins peut-être pour sa propre utilité, que
pour m’encourager dans un travail et des recherches, qu’elle ne voyait point avec
indifférence, surtout depuis qu’ils avaient été couronnés par l’académie.
Monseigneur le Duc de Penthièvre ayant ajouté qu’il voulait que cette montre pu
soutenir les diverses secousses d’un carosse, d’une chaise de poste, etc.
Je sentis bien que la montre marine, telle qu’elle avait été soumise au concours, ne
pouvait remplir entièrement ses vues et que rien ne pouvait mieux y répondre,
qu’une montre de poche perfectionnée, car dans un carosse, une chaise, etc., le
gousset d’un homme assis mollement et qui machinalement prévient les plus
grandes secousses, parait être la meilleure suspension, que puisse en ce cas avoir une
montre.
Persuadé de cette vérité, je construisis celle que j’ai l’honneur de présenter. Je la
nomme montre de marin et non montre marine, parce qu’elle tient lieu de montre de
poche ordinaire.
Lorsqu’on voudra s’en servir en mer, on la mettra sur sa suspension, semblable à peu
près à celle dont je me sers pour les montres marines, comme alors elle gardera
toujours sa même position, elle conservera une justesse d’autant plus grande, que
cette position est la plus avantageuse.
En effet, quand la montre est à plat, le balancier porte sur l’extrémité des son pivot,
où le frottement est beaucoup moindre que quand il s’appuye le long de ces mêmes
pivots, d’ailleurs j’ai disposé l’échappement de manière, que dans cette position,
l’effort de la roue de rencontre, soulage le poids du balancier.
Cet arrangement, joint à l’isochronisme procuré aux vibrations du régulateur, par la
méthode exposé dans mon mémoire, de plus une diminution considérable des
frottements, dans le mouvement des secondes, qui se fait sur une tige fort menue, et
dans l’échappement, le même dont je parle dans mon appendice, ne peuvent, sans
doute, que contribuer à rendre la nouvelle montre beaucoup plus régulière que les
autres, mais une propriété nouvelle par laquelle elle l’emporte de beaucoup, c’est sa
compensation des effets de la chaleur et du froid.
J’ai indiqué dans mon appendice celle de M. Harrison; ce qui était facile à pratiquer
dans le garde-temps de l’artiste anglais, ne l’était point du tout dans une montre de
poche; surtout si l’on considère qu’il faut, dans ce qui détermine la longueur du
ressort réglant, une solidité qui ne paraissait pas pouvoir s’accorder avec des lames
de métal mince et étroites, telles que le volume d’une montre semblait permettre de
les employer. D’ailleurs, ces lames ne pouvant être que fort courtes, comment en
rendre l’effet assez grand sur le ressort spiral. J’y suis parvenu:
1) en faisant agir ces lames, non sur le ressort immédiatement, comme dans le garde
temps, mais au moyen d’un levier, qui en rend l’effet cinq fois plus sensible.
2) en disposant les roues de manière qu’elles laissent un espace suffisant pour loger
le thermomètre, c’est à dire ces lames. Par ce moyen, sa longueur est presque égale
au diamètre de la montre et il a pour hauteur, presque celle de la cage; il en résulte
dans cette partie, une solidité qu’elle n’eut jamais pu avoir, sans cette disposition.
Par cet arrangement, le thermomètre acquiert encore une propriété très importante et
très désirée dans celui de M. Harrison, c’est de fournir un moyen simple, d’en
augmenter ou diminuer les effets à volonté, propriété qui naît d’une vis, par laquelle
on approche plus au moins les lames métalliques du centre du levier.
Tels sont les avantages que je crois rassemblés dans la construction de la nouvelle
montre. Nous touchons au moment où les tables de la lune nous fourniront des
moyens surs, pour la détermination des longitudes en mer. De quelles utilité ne
seront point alors, les montres de l’ espèce de celles que nous annonçons, pour
conserver l’heure entre les observations. Surtout, si l’on considère la facilité de leur
transport, leur peu de volume, la quantité qui pourra s’en trouver dans chaque
vaisseau et qui se serviront de preuves réciproques, la facilité avec laquelle chaque
marin pourra s’en pourvoir et en faire de épreuves, enfin les usages sans nombre
d’une montre à secondes en mer.
Ces considérations, Messieurs, m’ont porté à soumettre à votre tribunal, cet ouvrage,
fruit des encouragements dont son A.S. Monseigneur le Duc de Penthièvre a bien
voulu m’honorer ainsi que l’Académie.
Rapport de la montre marine
présentée à l’Académie par M. Le Roy
6 Septembre 1771
Archives de l’Académie des Sciences
Nous avons été chargés par l’Académie, M. Le Monnier et moy, d’examiner une
nouvelle montre, proposée pour l’usage des astronomes et de la marine et exécutée
par M. Julien Le Roy.
Le projet de cette montre avait été indiqué par l’auteur, dans son mémoire qui avait
remporté le prix de l’Académie en 1769. Il annonçait qu’on pouvait perfectionner les
montres de poche en approchant de l’isochronisme les vibrations du balancier, en
employant un échappement à repos où les frottements sont moindres que dans
l’échappement à cylindre de Graham, enfin en appliquant aux montres une espèce de
thermomètre ou de régulateur, pour compenser les effets du chaud et du froid,
comme M. Harrison l’a fait dans son garde-temps.
S. A. Monseigneur le Duc de Penthièvre, ayant désiré que le projet fut exécuté,
l’auteur en soumettra l’exécution au jugement de l’académie.
La pièce la plus remarquable dans cette nouvelle montre, est celle qui doit compenser
les effets de la chaleur et du froid, sur le ressort spiral. C’est une espèce de règle
composée de deux lames de métal, l’une de cuivre et l’autre d’acier, chevillées
ensemble. Sa longueur est presque égale au diamètre de la montre, elle est fixée par
une de ses extrémités, l’autre peut s’éloigner ou se rapprocher du point où cette règle
est fixée, mais les lames de métal qui la composent sont d’une dimension
nécessairement réduite et d’une constitution si délicate, étant très minces et très
étroites, leurs dilatations et leurs contractions, feraient peu d’effet sur le ressort spiral
qu’elles doivent allonger ou raccourcir, si elles agissaient immédiatement sur ce
ressort, comme dans le garde temps de M. Harrison.
Monsieur Le Roy a eu l’adresse de multiplier ces effets, en faisant agir les lames sur
la queue d’un levier, qui tient au ressort spiral par son extrémité opposée, et qui rend
cinq fois plus grande, l’action de la règle sur ce ressort. L’auteur s’est ménagé par
cette construction, un second avantage, que laissait à désirer le thermomètre de M.
Harrison; il consiste à modifier la force de ce compensateur, par le moyen d’une vis,
qui donne la liberté d’approcher plus ou moins les lames de métal du centre, ou
point d’appui du levier. Les roues sont disposées de façon qu’elles laissent un espace
suffisant, pour loger le compensateur, et que cette construction devient très solide.
A l’égard de l’échappement, M. Le Roy l’a décrit dans le mémoire cité ci dessus; la
roue de rencontre est plus grande que dans les montres ordinaires, son diamètre
s’étend depuis le cadran, jusqu’au près du ressort spiral, ses dents sont taillées en
forme de rayons, ce qui la rend plus légère, sa tige est très menue et son repos se fait
près de l’axe du balancier, ce qui diminue beaucoup le frottement, dans le
mouvement qui marque les secondes.
M. Le Roy pense que cette montre, établie à plat dans un carrosse ou posée dans un
vaisseau sur une suspension de cardan, pourra donner l’heure, avec une précision
presque égale à celle d’une bonne pendule à secondes, établie sur terre.
Pour la juger sur ses effets, nous l’avons mise et tenue en comparaison depuis le 21
juillet, jusqu’au 1er août, avec une excellente pendule à secondes, dans l’observatoire
de M. Le Monnier.
Les résultats de cette comparaison, sont détaillés dans la table ci jointe, où l’on voit:
- Que du 21 au 22 juillet, la montre a retardé de 11 1/2 secondes, sur le mouvement
des étoiles fixes.
- Que du 22 au 23, est a retardé de 25 1/2 secondes.
- Que du 23 au 24, elle a retardé de 18 1/2 secondes.
- Que du 24 au 25, par un grand chaud, elle a retardé de 6 1/2 secondes, sur le
mouvement des étoiles.
Cette montre ayant été portée au Louvre dans la poche le 1er août, et rapportée chez
M. Le Monnier, a donné en 24 heures, 1 minute 25 secondes de différence en retard,
et le jour suivant, elle n’a retardé que de 27 secondes.
Il suit des observations précédentes:
1) - Que cette montre ne donne pas, à beaucoup près, la même précision qu’une
bonne pendule.
2) - Qu’elle est de plus très inférieure aux horloges marines, qui ont été jusqu’à
présent éprouvées.
3) - Qu’elle est sujette à se déranger dans le transport, quand on la porte comme une
montre ordinaire.
4) - Qu’elle est fort sensible aux variations qui arrivent dans l’air par l’humidité, et
qu’elle l’est beaucoup plus que les pendules à secondes ordinaires.
Pour connaître les effets du chaud et du froid sur cette même montre et constater les
avantages de son thermomètre ou compensateur, nous l’avons exposée
successivement pendant 24 heures au froid de la glace et à la chaleur d’une étuve.
Le 3 août, le thermomètre de Réaumur marquant à l’air 16° à 5h. 50 du soir, la
montre, bien enfermée dans une boîte de fer blanc, a été mise dans un sceau où elle
était entourée de glace pillée. Le lendemain, à 5h.20 du soir, la montre a été tirée de la
glace, qu’on avait eu soin e renouveler, elle s’est trouvée avancer de 13’ 11”, sur la
pendule de M. Le Roy, à laquelle nous l’avons comparée. Toutes ses parties
paraissaient chargées d’une humidité semblable à celle qu’on voit sur les murs et sur
les rampes, dans les dégels.
Le 4 août, nous avons mis cette montre, toujours établie sur une suspension de
cardan, dans une étuve chauffée par un feu de lampe, il était 5h. 22” du soir. Le
lendemain à 5h. 36’ du soir, le thermomètre marquant à l’air libre 18 1/2 degrés et
celui de l’étuve, 34 1/2 degrés, nous avons retiré la montre, elle s’est trouvée retarder
de 20” seulement.
On voit par ces expériences que le mouvement de la montre a été très peu dérangé
par une augmentation de 16 degrés de chaleur, mais qu’il l’a été considérablement,
par un changement de 16 degrés du chaud au froid ou plutôt par la grande humidité,
dont le froid était accompagné. Cette cause de dérangement mérite beaucoup
d’attention, car il ne parait pas que ceux qui ont travaillé jusqu’ici à la perfection de
l’horlogerie, en ont été suffisamment occupé. Elle doit influer aussi sur les pendules,
mais les parties des montres étant plus délicates et plus légères, les effets de
l’humidité y deviennent beaucoup plus sensibles. Les montres marines doivent s’en
ressentir dans les temps de brume et dans les parages humides. Cette cause de
variations, produites comme on le voit dans les observations, sont beaucoup plus
considérables que celles qui résultent des dilatations et contractions, causées dans les
parties des montres par le chaud et le froid.
L’Académie doit savoir gré à M. Le Roy de lui avoir fourni les moyens de s’en
assurer par nos expériences, et de reconnaître en même temps, qu’il est difficile de
diminuer beaucoup le volume des montres marines, sans qu’elle perdent de leur
précision. On ne saurait trop inviter M. Le Roy à continuer ses tentatives pour
approcher de plus en plus de la perfection dans la mesure du temps.
Fait au Louvre le 6 septembre 1771
Le Monnier De Montigny.
Réplique de Pierre Le Roy
au rapport du 6 Septembre 1771
Archives de l’Académie des Sciences
Monsieur,
Sur ce que mon frère, votre confrère, m’a dit du rapport fait à l’Académie de ma
petite montre, que je nomme montre de marins etc. je sens que j’ai mille graces à
rendre à Messieurs Le Monnier et de Montigny, nommés commissaires pour
l’examen de cet ouvrage, mais en même temps je suis désespéré, Monsieur, d’un
mésentendu auquel j’ai donné lieu et dont je ne puis me prendre qu’à moi même.
Selon ce rapport, ma montre a avancé de 13 minutes onze secondes en 24 heures, par
son séjour dans la glace, je puis vous assurer, Monsieur, avec toute la candeur dont je
me pique, que je n’ai réellement vu alors, qu’une minute 11 secondes
d’avancement.Comment se fait-il donc que Messieurs les Commissaires y ayant
trouvé dans cette circonstance une accélération de 13’ 11”, c’est ce que je vais avoir
l’honneur de vous expliquer.
La pendule qui me sert de régulateur et qui en servit à mon père, a deux aiguilles des
minutes mobiles à la main, l’une bleue, l’autre dorée, à laquelle on fait suivre
manuellement l’équation, sans que la précédente tourne. Mon père dit quelque part,
qu’il a imaginé ces sortes d’équation en 1737, les horlogers les nomment équations à la
main.
Quoi qu’il en soit, avant de mettre la montre dans la glace, je l’ai remontée et mise à
l’heure en présence de Messieurs les Commissaires, choisissant, selon ma coutume,
l’aiguille dorée. Mais Messieurs les Commissaires, en nottant l’instant où je l’avais
mise à l’heure et dans la glace, n’eurent égard qu’à l’aiguille bleue, aiguille que l’on
doit en effet prendre, dans les pendules d’équation ordinaires, c’est à dire qui la
suivent en vertu de leur construction, parce que comme vous le savez Monsieur,
l’aiguille jaune ou d’équation, a alors une marche différente du moyen mouvement.
Le lendemain, la montre sortie de la glace, Messieurs les Commissaires, la comparant
à l’aiguille bleue, y trouvent 13’ 11” d’avancement.
Mon frère m’eut à peine annoncé cette différence, si considérable eut égard à celle
que j’y avais observé, que je conçus bientôt d’où était venu le mésentendu, allant tout
de suite à la pendule, je lui montrais l’aiguille bleue, à laquelle je n’avais pas touché
et qui était en retard de 12 sur la dorée. Ces 12, jointes à 1 d’avancement, reconnue
par moi dans la montre, font bien les 13 minutes, observées par Messieurs les
Commissaires. Mon frère, qui jusqu’alors avait combattu mes raisons, fut forcé de s’y
rendre.
Mais une preuve encore plus forte, que je n’ai point vu une telle erreur dans ma
montre, c’est que je n’ai point prié Messieurs les Commissaires, d’en suspendre ou
même d’en supprimer le rapport, ce que je n’eusse certainement pas manqué de faire,
si j’avais eu le soupçon d’une erreur de 13 minutes.
Au reste, j’aurai cru manquer de discrétion en cherchant à connaître les remarques et
les notes que Messieurs les Commissaires avaient la bonté de faire sur la marche de
ma montre, voila ce qui a produit le quiproquo, dont je prends la liberté de vous
informer et de vous prier d’instruire l’Académie.
J’ai l’honneur d’être très parfaitement Monsieur, et avec tous les sentiments que je
vous dois, votre très humble et très obéissant serviteur.
Ce 9 Septembre 1771
Le Roy l’Aîné.
Extrait des Registres
de l’Académie Royale des Sciences
du 6 septembre 1771
Archives de l’Académie des Sciences
Messieurs Le Monnier et De Montigny, qui avaient été nommés pour examiner une
nouvelle montre proposée pour l’usage des astronomes de la marine, par M. Le Roy
l’Aîné, horloger de Sa Majesté, en ayant fait le rapport, l’Académie a jugé qu’elle ne
pouvait que savoir gré à M. Le Roy de lui avoir fourni les moyens de s’assurer du
dérangement des montres, causé par l’humidité, , dérangements qu’on ne connaissait
point jusqu’ici, de reconnaître en même temps, qu’il est difficile de diminuer
beaucoup le volume des montres marines, sans qu’elles perdent de leur précision, et
qu’on ne pourrai trop inviter M. Le Roy à continuer ses tentatives pour approcher de
plus en plus de la perfection dans la mesure du temps. En foy de quoy j’ai signe le
présent certificat
à Paris, le 10 May 1773.
Pour minute: Defouchy
Suite d’un mémoire
sur une Nouvelle montre
à l’usage des Astronomes et des Marins
Par M. Le Roy L’aîné
Archives de l’Académie des Sciences
Si l’on pouvait amener les montres de poches à un degré de justesse approchant de
celui des Montres Marines, indépendamment du plus grand avantage dont elles
seraient alors pour les usages de la vie civile, elles deviendraient de la plus grande
utilité pour les astronomes en nombre de cas, et pourraient donner des
déterminations exactes des longitudes terrestres, propriété que n’ont pas les montres
purement marines. De plus, comme elles seraient moins coûteuses que ces dernières,
il en résulterait encore, , vu surtout leur peu de volume, la facilité de leur transport,
et le besoin presque indispensable, dont elles sont à chaque particulier, qu’elles
deviendraient d’un usage beaucoup plus général, et beaucoup plus commode pour la
marine, et qu’il s’en trouverait toujours un grand nombre sur chaque vaisseau, dont
chaque marin aurait pu faire des expériences suivies en son particulier, et qui se
serviraient réciproquement de preuves.
Ces considérations m’avaient porté à traiter, dans un article séparé du Mémoire sur
la meilleure manière de mesurer le temps en mer, des moyens qu’on pouvait mettre
en oeuvre, pour porter les montres de poche à une plus grande perfection. Et dans
l’année 1771, j’eu l’honneur de présenter à l’académie, une montre construite d’après
les vues exposées dans cet article.
Dans cette montre:
1) J’avais procuré plus de liberté aux vibrations du balancier, au moyen d’un
échappement à repos, celui de Sully perfectionné, où le frottement était
considérablement réduit.
2) Ces vibrations avaient été rendues plus isochrones par une longueur convenable
du ressort spiral,selon la méthode expliquée dans le Mémoire que j’ai cité.
3) J’étais parvenu à y compenser, à très peu près, les effets de la chaleur et du froid,
en y adaptant le thermomètre d’Harrison, et en le faisant agir sur le ressort spiral au
moyen d’un levier, disposé convenablement pour cet effet.
4) J’avais disposé un étui pour recevoir cette montre, lorsqu’on voulait s’en servir
comme montre marine, de manière que se trouvant alors enfermée dans une boîte,
sur une suspension de cardan, elle conserva sa même position, c’est à dire celle où le
balancier étant horizontal, le régulateur porte sur l’extrémité de son pivot, sur un
rubis, ce qui diminuant de beaucoup la quantité de frottement, occasionné par le
poids du régulateur, la rend en même temps beaucoup plus constante.
C’est cette même construction, considérablement perfectionnée, que j’ai l’honneur de
soumettre de nouveau au jugement de l’académie.
Premièrement la montres de 1771, n’avait point de fusée, celle ci en a une, et j’y ai
employé la mécanique décrite dans le mémoire de Monsieur Harrison, pour que la
montre aille en la remontant.
En second lieu, je n’avait trouvé d’autre moyen en 1771, pour donner à la lame
composée, ou thermomètre de M. Harrison, la solidité et la largeur requise, que de
mettre cette lame dans la cage, et c’était ce qui m’avait porté à supprimer la fusée,
pour pouvoir trouver dans cette cage, une place suffisante, dans la présente montre,
J’ai placé le thermomètre sur la platine du balancier, parallellement à cette platine.
Par cet arrangement, ce thermomètre devient aussi fort, aussi solide qu’on peut le
désirer, et l’on conserve la fusée.
Troisièmement, dans la montre de M. Harrison, et même dans toutes les montres de
Angleterre faites avec soin, les pivots du régulateur et des dernières roues, tournent
dans des rubis percés, nous n’avons point en France l’art d’exécuter de semblables
rubis, les pivots dans nos montres, tournent dans des trous de cuivre, où se forme du
vert de gris, par l’huile qu’on est obligé d’y mettre pour diminuer le frottement, d’où
résulte une espèce de sédiment tenace , qui augmente la résistance de ce frottement et
en rend la quantité variable. J’ai suppléé aux rubis percés par des trous percés dans
des petites pièces d’acier fondu, trempées de de toute leur dureté, et par une
méthode particulière, je suis parvenu à donner à ces trous, la solidité et la forme
désirable.
Quatrièmement, l’inconvénient que je viens de remarquer dans les trous de cuivre, a
aussi lieu à l’égard du frottement de la roue de rencontre de cuivre sur les parties de
l’échappement, j’y ai obvié de même, en faisant la roue de rencontre d’acier fondu
trempé, ce que M. Harrison avait déjà pratiqué. La forme des dents de ma roue de
rencontre, rend cet avantage très facile à obtenir.
Enfin, j’ai disposé l’échappement de manière que la montre étant dans sa position
horizontale, l’effet de la roue de rencontre, soulage le poids du balancier sur
l’extrémité de son pivot.
Par toutes ces attentions, je crois qu’on portera les montres de poche, sinon au degré
de justesse des Montres Marines, du moins à une régularité qui les rendra d’une
grande utilité aux astronomes et aux marins, et d’un usage infiniment plus sûr et
plus satisfaisant dans leur service ordinaire.
Dans un article précédent, consacré aux montres de Pierre Le Roy à l’usage des
astronomes et des marins, l’une de ces montres, signée: Julien Le Roy invenit, Paris 1772
— H. Laresche Renovavit, Paris 1804, était présentée comme l’aboutissement des
travaux de Pierre Le Roy dans ce domaine. Il s’agissait d’une grosse montre en
argent double face, les heures et les minutes sur l’un des cadrans, les secondes sur
l”autre. Parmi les manuscrits concernant Pierre Le Roy, conservés au Centre de
Documentation de l’Histoire des Techniques (C.D.H.T.), du Conservatoire National
des Arts et Métiers (C.N.A.M.) un extrait du procés verbal de la séance du 2 Mars
1763 de l’Académie des Sciences, concernant les montres à secondes à deux cadrans.
Dans ce mémoire, Pierre Le Roy explique les avantages des montres à secondes à
deux cadrans, sur les montres à secondes traditionnelles. Cette montre comporte
donc deux cadrans, l’un pour les heures et les minutes, l’autre pour les secondes, la
quatrième roue de cette montre, c’est à dire la roue de champ ou celle qui en tient lieu, porte
sur son axe une autre roue hors de la platine du coq qui conduit immédiatement la roue des
secondes placée au centre du cadran. Cette disposition est la plus favorable qu’on ait encore a
proposée pour l’exactitude et la simplicité d’une montre à secondes, puisqu’elle de suppose
aucun renvoi, les secondes y sont portées par une roue sans canon et dont l’axe est très mince;
l’engrenage de la petite roue moyenne dans le pignon de roue de champs se fait dans le milieu
de la tige et non vers le pivot comme dans toutes les autres montres, les montres à secondes où
l’on fait conduire les secondes par le pignon de roue de rencontre ont moins de force; celles où
l’on place la petite roue moyenne sous le cadran causent une très grande usure à l’un des
pivots de la roue de champs auprès du quel se fait toute l’action. Celles où l’on fait servir la
roue de champ ont une roue de plus, si l’on veut que les secondes tournent vers la droite.
Outre cet inconvénient dans les méthodes ordinaires, on evite dans la méthode de Monsieur
Le Roy le frottement de la chaussée des secondes qui est fort grand à cause de sa vitesse et de
son diamètre. Les aiguilles ne s’accrochent point, le cadran des secondes ne s’ouvre jamais
pour remonter la montre et dès lors l’aiguille des secondes est moins sujette à se salir, il y a
moins de jeu dans les secondes, ainsi c’est une méthode de plus pour les montres à secondes,
pourvu qu’on veuille s’assujettir à voir les minutes sur un cadran et les secondes sur l’autre.
Mars 1763
Nous avons examiné par ordre de l’Académie un mémoire lu par Monsieur Le Roy, Horloger
du Roy, à l’occasion de deux montres qu’il a présenté à l’Académie. La première est une
montre à secondes où se trouvent deux cadrans, l’un pour les heures et les minutes, l’autre
pour les secondes, la quatrième roue de cette montre, c’est à dire la roue de champ ou celle qui
en tient lieu, porte sur son axe une autre roue hors de la platine du coq qui conduit
immédiatement la roue des secondes placée au centre du cadran. Cette disposition est la plus
favorable qu’on ait encore a proposée pour l’exactitude et la simplicité d’une montre à
secondes, puisqu’elle de suppose aucun renvoi, les secondes y sont portées par une roue sans
canon et dont l’axe est très mince; l’engrenage de la petite roue moyenne dans le pignon de
roue de champs se fait dans le milieu de la tige et non vers le pivot comme dans toutes les
autres montres, les montres à secondes où l’on fait conduire les secondes par le pignon de roue
de rencontre ont moins de force; celles où l’on place la petite roue moyenne sous le cadran
causent une très grande usure à l’un des pivots de la roue de champs auprès du quel se fait
toute l’action. Celles où l’on fait servir la roue de champ ont une roue de plus, si l’on veut que
les secondes tournent vers la droite. Outre cet inconvénient dans les méthodes ordinaires, on
evite dans la méthode de Monsieur Le Roy le frottement de la chaussée des secondes qui est
fort grand à cause de sa vitesse et de son diamètre. Les aiguilles ne s’accrochent point, le
cadran des secondes ne s’ouvre jamais pour remonter la montre et dès lors l’aiguille des
secondes est moins sujette à se salir, il y a moins de jeu dans les secondes, ainsi c’est une
méthode de plus pour les montres à secondes, pourvu qu’on veuille s’assujettir à voir les
minutes sur un cadran et les secondes sur l’autre.
La seconde pièce présentée à l’Académie par Monsieur Le Roy est une cadrature de répétition
dans laquelle on supprime le marteau des quarts en faisant sonner des coups doubles par trois
doubles dents portées immédiatement sur le rochet de la répétition; ces quarts ont plus de
force et sont moins sujets à manquer; il est vrais que la suppression du marteau des quarts
doit être regardée comme une espèce de retour à la plus ancienne et à la plus simple des
cadratures de répétition, mais on n’avait point alors de coups doubles et dans les répétition à
timbre on ne pouvait guère en avoir, ainsi nous croyons que ce mémoire prouve de plus en
plus le goût et le talent de Monsieur Le Roy pour la perfection de l’horlogerie, et qu’on doit
faire mention de sa montre à secondes dans l’histoire de l’Académie.
Fait à Paris dans l’Académie des Sciences le 2 Mars 1763.
Certifie l’extrait cy dessus conforme à l’original et au jugement de l’Académie
à Paris le 16 Mars 1763
Grandjean Defouchy
Secrétaire Perpétuel de l’Académie des Sciences.


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MessageSujet: Re: Les montres de Pierre Leroy ( Long mais intéressant )    Les montres de Pierre Leroy ( Long mais intéressant )  EmptyMer 25 Juil 2012 - 9:34

Merci Zen pour ce documents historique que je vais lire avec attention un grand intérêt.
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