Il y a quelques années (une quinzaine) l'un de mes amis se rendait à Genève en train. Il portait au poignet une Rolex avec un bracelet en acier porté serré, une montre qu'il avait achetée neuve. Avant de prendre son train qui partait de Paris, il s'inquiétait de l'heure mais ne remarqua rien de suspect autour de lui si ce n'est un individu avec un blouson en cuir qui discutait avec un autre et souriait en le regardant.
Dans le train, il crût au hasard quand il retrouva l'individu en face de lui. Le type était souriant et plutôt sympathique. Par deux fois, il demanda l'heure en prétextant craindre d'arriver en retard. A la descente du train, il y avait pas mal de monde sur le quai et l'individu trébucha feignant de se rattraper au poignet de l'ami pourvu de sa Rolex. Réexpliquant sa crainte d'être en retard, l'homme pressa le pas et disparut dans la foule.
Ce n'est que plus d'une demi-heure plus tard que fut fait le constat de la disparition de la montre. L'ami dépouillé fit l'acquisition d'une nouvelle montre. La sienne lui fut assez bien remboursée par l'assurance associée à sa carte Gold (enfin je crois que c'était une Gold). Il la fit régler de la même manière et tenta de comprendre comment on avait pu lui retirer la première ce qui supposait de la passer autour de la main. Il n'y comprit rien car même les yeux fermés il sentait bien qu'on lui retirait sa montre. Rencontrant à l'issue d'un spectacle un magicien connu, il lui fit part de ses doutes sur la faculté de lui voler sa montre et lui raconta son aventure. Le magicien en question regarda son poignet et lui dit, c'est assez facile mais impossible si vous vous y attendez.
On détourne votre attention et on vous fait subir une douleur légère sur le bras, le nerf transmet à votre cerveau cette douleur mais se trouve de fait simultanément endormi face au frottement de la montre que l'on vous retire. Votre type a du vous tenir le haut du bras avec sa main gauche en serrant et vous piquer la montre en même temps.
Les bracelets furent améliorés pour s'ouvrir moins facilement de sorte qu'il est devenu très difficile à un pickpocket de voler la montre sans douleur. Le porteur de la montre se fait maintenant ou menacer ou agresser physiquement. S'il résiste c'est le corps à corps et la probabilité d'être blessé, dans le meilleur des cas. Tant que la montre ne sera pas strictement rattachable à son seul vrai propriétaire par un numéro visible ou un fichier obligatoire avant toute transaction, l'amateur de belle montre n'a plus d'autre solution que de dissimuler sa montre sous la chemise. On finirait par regretter l'époque des pickpockets non violents...
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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