Le paysage horloger au patrimoine mondial de l'humanité ?

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Citation :: Le paysage horloger bientôt au patrimoine mondial de l'humanité?

19 Juin 2007

En phase d'élaboration, le dossier de candidature des villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle à l'UNESCO sera déposé à la fin de l'année. Inscription envisagée en été 2009.
Si tout va bien, dès l'été 2009, les villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle pourraient faire partie du patrimoine mondial de l'UNESCO... aux côtés de Versailles, du Taj Mahal ou du Machu Picchu, entre autres. Sélectionnées en tant que témoin exceptionnel du patrimoine horloger, ces deux villes forment un ensemble urbain et architectural unique au monde: la fabrication horlogère faite ville. Cette reconnaissance internationale arriverait de plus à point nommé pour redorer le blason d'une région située en dehors des principaux axes de développement et qui, malgré l'extraordinaire relance de l'industrie horlogère, peine à se débarrasser des stigmates laissés par une crise industrielle vieille de trenteans...
A priori, 2009 peut paraître un horizon bien lointain. Mais au vu de la complexité et de l'enjeu du dossier, il n'en est rien. La première grande étape du processus remonte à 2004, lorsque le Conseil fédéral décide d'inclure La Chaux-de-Fonds et Le Locle sur la liste indicative nationale pour l'inscription au patrimoine mondial. L'héritage de ces deux villes comprend des biens immobiliers, des objets horlogers, ainsi que toutes les traces culturelles et sociales de l'héritage de Daniel JeanRichard[1] dans la région.

Consensus nécessaire

Actuellement dans la longue phase de réalisation administrative du dossier, peu démonstrative pour le public, la candidature devrait être déposée à la fin de l'année. D'ici-là, l'équipe de projet dirigée par l'architecte du patrimoine de la Ville de La Chaux-de-Fonds Jean-Daniel Jeanneret (et pilotée par un comité directeur et un comité de pilotage composés de représentants des autorités communales, cantonales et fédérales) travaille de pied ferme. Dans l'ombre, certes, mais pas en vase clos. De nombreux partenaires sont associés au processus: milieux horlogers et immobiliers directement concernés ainsi que des spécialistes de la conservation du patrimoine et du développement urbain. Et, autant que faire se peut, la population dans son ensemble.
«Il est fondamental qu'il y ait un consensus général sur la protection de ces biens, explique Jean-Daniel Jeanneret. Cela fait une vingtaine d'années que nous sensibilisons le public sur la question du patrimoine. Même s'il est plutôt sobre et austère, les gens prennent peu à peu conscience de sa richesse.» Conséquence heureuse: la candidature à l'UNESCO jouit d'une large adhésion de tous les milieux.

Exigences remplies

Mais rien n'est encore acquis. Les critères de sélection de l'UNESCO sont nombreux. En premier lieu, «un bien doit être d'une valeur exceptionnelle et universelle» et ainsi faire la preuve de son sens, de son intégrité et de son authenticité. Il doit aussi «profiter d'une protection légale et d'une gestion pouvant assurer sa conservation durable». Si les critères de l'UNESCO ne sont pas contraignants, l'Etat doit cependant s'engager à mettre en place les instruments juridiques, financiers et techniques nécessaires à la préservation du bien. Dans le cas contraire, l'UNESCO peut procéder à une exclusion (à ce jour, cela ne s'est jamais produit). En Suisse, le système légal et administratif est suffisamment étoffé et ne pose donc pas de problème particulier. En outre, les candidatures doivent s'inscrire dans la stratégie globale de l'UNESCO. Celle-ci vise à établir une liste représentative, équilibrée et évitant les doublons. Les sites de La Chaux-de-Fonds et du Locle étant de nature industrielle et remontant à l'époque moderne, catégories sous-représentées de la liste, la candidature remplirait donc ces exigences.

Stratégie globale

L'inscription au patrimoine mondial constitue ainsi une opportunité à ne pas manquer dans une vision de développement à moyen et long terme des Montagnes neuchâteloises. Pour Jean-Daniel Jeanneret, la candidature fait cependant partie d'une stratégie globale. «Il s'agit d'un moyen, pas d'une fin en soi», insiste-t-il, avant d'ajouter: «Il est fondamental de donner un sens proactif au patrimoine. Nous ne voulons pas mettre nos villes sous cloche et développer une industrie du tourisme. Notre souhaitons ancrer autrement l'histoire de l'horlogerie dans la région et mettre l'accent sur une meilleure qualité de la vie et sur la convivialité.»
Une façon de démentir certains clichés qui ont la vie dure... à l'instar de ce classement réalisé par Bilanz en juillet 2006 et qui plaçait Le Locle au dernier rang des villes où il fait bon vivre, suivi de près par La Chaux-de-Fonds. Indubitablement, si l'on dépasse les seuls critères d'une vision économique étriquée, les Montagnes neuchâteloises ont de nombreux atouts à faire valoir. Le riche patrimoine lié à leur histoire horlogère en est la preuve plus que vivante. I
Note :
[1]Célèbre horloger neuchâtelois de la fin du XVII-début du XVIIIe siècle.

Le Courrier

CLAUDE GRIMM

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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).

Certaines demeures et lieux sont splendides pour des zones industrielles