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MessageSujet: IWC   IWC EmptyDim 23 Avr 2017, 17:31

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MessageSujet: La dynastie des calibres « 50 » d’IWC   IWC EmptyLun 24 Avr 2017, 10:05

La dynastie des calibres « 50 » d’IWC

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Le départ de Suisses pour gagner l’Amérique afin d’y fabriquer des montres ne fut pas exceptionnel au 19ième siècle de la part d’horlogers qui voulaient faire reconnaître leur talent plus vite que ne leur permettait l’industrie horlogère helvétique. Par contre, des horlogers américains qui quittent les Etats-Unis pour venir s’installer en Suisse est un fait beaucoup plus rare sans doute parce que la Suisse ne manquait pas de talents créatifs en ce domaine et que le foisonnement de manufactures horlogères et de marques ouvrait peu de perspectives favorables à la création de firmes nouvelles qui plus est, pilotées par des « étrangers ».  


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Florentine Ariosto Jones – Un pionnier américain à la conquête de la Suisse  


Le jeune ingénieur et horloger américain Florentine Ariosto Jones n’a que 27 ans lorsqu’il devient directeur adjoint de la firme E. Howard Watch and Clock Co. à Boston dans le Massachusetts. A l’époque, en 1868, Howard est l’une des plus grandes firmes horlogères américaines. Les manufactures d’outre Atlantique rivalisent de créativité et d’inventivité pour atteindre la précision ultime de leurs montres. Howard joue à jeu égal avec l’American Watch C° fondée en 1850 (Waltham) ou encore la NWC National Watch Compagny qui deviendra Elgin.  
Alors que les manufactures américaines visent une production exclusive sur le sol américain, c’est vers la Suisse que se tourne le jeune ingénieur pour développer son talent. Florentine Ariosto Jones a remarqué la qualité de la production suisse exportée vers les Etats-Unis et pense que la main d’œuvre helvète meilleur marché que ce qui se pratique en Amérique peut lui apporter une qualité artisanale qu’il veut conjuguer avec une organisation industrielle de la production telle que mise en œuvre sur le territoire nord-américain.
Son projet est ambitieux et lorsqu’il le présente à Genève, il se voit opposer une culture du travail qui lui est étrangère. Les Américains travaillent l’horlogerie sur d’immenses sites industriels vers lesquels les ouvriers qui habitent à proximité se déplacent quotidiennement alors qu’en Suisse la tradition du travail à domicile est encore très ancrée dans les modes de fabrication. Les quelques manufactures horlogères suisses existantes peinent à concentrer sur un même lieu toute leur production et Jones va être déçu de cet accueil. Pour autant, il ne renonce nullement à son projet qui vise essentiellement à produire pour le marché américain des montres de « qualité suisse » haut de gamme.
Le rêve de Jones va malgré tout se concrétiser après la rencontre avec un industriel, Heinrich Moser implanté à Schaffhausen et qui est prêt à ses côtés à investir dans la création d’une manufacture moderne à l’image de ce qu’il a déjà vu notamment dans le canton de Neuchâtel. Ainsi va naître la manufacture International Watch Company dont le nom anglophone est avant tout lié au marché auquel les pièces seront destinées. Ce nom de baptême vient en écho à l’American Watch Company qui connaît un énorme succès tant industriel que commercial aux Etats-Unis.

   
Montres américaines faites en Suisse ou Montres suisses faites par un Américain ?
 

L’architecture des premiers mouvements renferme déjà tout le savoir-faire de Jones et les pièces sont exportées majoritairement dans leurs différentes variantes de qualité vers les Etats-Unis. Peu de pièces sont distribuées en Europe. La production est d’un volume modeste. On estime à environ 26 000 pièces, la fabrication de mouvements dits « Jones » entre 1872 et 1876. En 1880, l’industriel schaffhousois Johannes Rauschenbach-Vogel (1815-1881) fait l’acquisition d’IWC. Son fils Johannes Rauschenbach-Schenk lui succède l’année suivante.  

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Le calibre IWC 52


Il faut attendre 1888 pour que soit introduit un calibre plus abouti qui va constituer un véritable fer de lance pour la manufacture. Ce mouvement qui évoluera vers le calibre identifié sous la référence 52 à partir de 1893 en version Lépine, puis 53 en version savonnette va connaître une « vie commerciale » qui le portera jusque dans les années 1940 ! Plus de 300 000 pièces seront ainsi fabriquées par IWC, ce qui fera du mouvement 52, le plus répandu dans les montres de poche. D’une redoutable précision, il fut décliné dans des versions de 15 ou 16 rubis essentiellement. Le calibre 52 est à l’origine un mouvement de 19 lignes soit 43,15 mm, haut de 5,2, 6 ou 6,5 mm, doté d’une platine ¾ avec des rubis sur chatons vissés ou plus tardivement des rubis directement enchassés dans les ponts et platines. Sa raquette peut être dotée d’un col de cygne plus ou moins sophistiqué ou se présenter sans col de cygne. Son spiral de type Breguet et son balancier bimétallique à vis de compensation sont des gages de sa précision.

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Détails du calibre IWC 52

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Le calibre IWC 57


 
Un an après la présentation de son calibre 52, IWC propose en 1889, un calibre baptisé 56 en version savonnette puis 57 et 58 en versions Lépine à partir de 1890. De mêmes tailles que les 52, ces mouvements sont surnommés les « calibres américains ». Leur coût de fabrication est inférieur au calibre 52 sans doute grâce à une interchangeabilité des pièces plus poussée. De son aînée, cette nouvelle famille de références de mouvement a conservé le spiral Breguet et les systèmes de réglage. Leur production cessa en 1931 alors que près de 120 000 mouvements 57 furent fabriqués depuis 1890 et un peu plus de 19 000 pièces de la version 58.
C’est avec ces mouvements qu’IWC a abordé le 20ème siècle sous le signe d’une précision chronométrique dans une concurrence acharnée tant avec les autres manufactures suisses que Jones était venu affronter sur leur propre terrain, qu’avec les firmes américaines qui se partageaient le marché d’Amérique du Nord. IWC fut en 1899, l’une des premières manufactures à présenter des montres bracelet. La firme restera une référence en matière d’innovations technologiques.
Bien d’autres familles de mouvements suivront celle des « 50 », toujours avec des qualités fondées sur la précision et la fiabilité mais ces mouvement 52 et 57 sont représentatifs de l’aboutissement du savoir-faire de Florentine Ariosto Jones et du rêve qu’il portait en arrivant d’Amérique, de fabriquer en Suisse des mouvements de très haute qualité, capables de rivaliser avec les meilleurs calibres tant suisses qu’américains.

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Le calibre IWC 57 détails

Tant par leur architecture très empreinte des calibres américains du 19ème siècle que par leur finition totalement « suisse » avec des anglages des ponts et platines et une dorure caractéristiques des mouvements helvétiques, ces mouvements IWC allient deux cultures horlogères dans une véritable symbiose qui en fait un cas unique. Il restait à IWC à conquérir des marchés autres que ceux auxquels Jones prédestinait ses montres, ce qui fut fait dès le début du 20ème siècle. On retrouve alors IWC très présent sur les marchés d’Amérique du Sud puis d’Europe. La manufacture est alors réputée dans le monde entier et même si les volumes de sa production sont loin derrière ceux d’autres grandes firmes, la notoriété de la marque n’a rien à envier à ses concurrents.

IWC livrera en héritage aux possesseurs de montres dotées de ces mouvements, des pièces exceptionnelles dont la précision bluffante ne doit pas nous faire oublier qu’elles furent fabriquées à une époque où l’électronique ne pouvait apporter aucune forme d’aide à la fabrication des montres.


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MessageSujet: Ma dernière conquète ... IWC   IWC EmptyLun 24 Avr 2017, 14:09

Je m'enthousiasme parfois sur certaines montres parce qu'en connaître l'histoire excite mon appétit. C'est le cas sur les calibres 5x IWC. Ce n'est pas au point d'en acheter 50 mais je me disais il y a quelques jours que ce serait amusant d'en avoir une toute neuve dans l'état exact où on pouvait les acheter lorsqu'elles furent produites.
Il ne faut toutefois pas rêver, si on trouve ce genre de pièce neuve, c'est à un prix très souvent hors de portée. Neuf ne signifie pas en bon état, c'est encore mieux. Neuf signifie pas utilisé, invendu ou resté dans un tiroir, à la rigueur très peu porté mais alors sans trace d'usure. Bref, un rêve est un rêve et autant il y a 30 ans, 20 ans voire 10 ans on pouvait encore espérer se procurer ce type de pièce, autant aujourd'hui, c'est quasi inespéré.
Je me dis parfois, qu'un ange gardien veille sur moi. En regardant les photos de mon article,   https://forumamontres.forumactif.com/t199761-la-dynastie-des-calibres-50-diwc , je me suis dit que les calibres auraient bien besoin d'un grand nettoyage. Mais bon, c'est ce que j'avais trouvé de mieux dans mes réserves pour illustrer mon propos.

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Et puis, et puis... musardant sur le net après avoir fait une autre très belle acquisition dont nous reparlerons, je suis tombé sur cette très belle IWC. Tout y est parfait, la boite signée et pas usée du tout faite dans cet argent à 900 millième chaud et presque doré, la couronne parfaite, le cadran en émail signé et impeccable et le calibre signé dont la dorure semble sortir de l'atelier de dorure. 1910, c'est le millésime du mouvement, la boite est plus tardive ce qui était courant. Disons que la montre est sortie de chez IWC vers 1920. Elle est très plate, la bélière n'a aucun jeu, ni usure, le fond n'est pas usé et son guillochage est parfait. Le vendeur ne manifeste aucune gourmandise excessive. Achat immédiat !

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La montre n'en finit pas d'arriver. Annoncée pour le lundi par son tracking, elle n'est toujours pas là le mardi, ni le mercredi ... Je n'y crois plus. Tout était fait pour une livraison lundi et puis le facteur sonne le jeudi. "Bah c'est un paquet mais je vous l'ai amené moi-même, même si je ne fais que les lettres.  Bingo, c'est la montre... Sera-t-elle au déballage comme ce que j'ai intuitivement senti et que le vendeur ne décrit pas vraiment ... Oui ! Mieux encore que je n'imaginais. La montre n'a pas été portée. Belle, sobre, élégante, plate et propre, le calibre semble sortir des ateliers. Je la montre à un ami amateur très éclairé ..." Ben merde alors ! " En langage décodé cela veut dire que c'est une superbe pièce. Un pur produit de l'industrie horlogère appréhendée en manufacture. Une manufacture où tout est parfaitement maîtrisé ... IWC. La magie des calibres IWC, au moins des deux ou trois dynasties des premiers mouvements, c'est qu'ils combinent le meilleur des calibres américains et le meilleur des mouvements suisses. Une sorte de symbiose qu'il faut savoir regarder.

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J'ai toujours beaucoup apprécié ces mouvements industriels Omega, Zenith, Ulysse Nardin, Aegler, Audemars Frères, Lecoultre etc ... mais IWC, c'est comme une sorte d'avancée un peu plus complexe, un mariage d'architectures horlogères américaine et suisse. Ca se mérite !

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C'est un horloger qui m'a mis sur la piste et mes longues recherches sur l'horlogerie américaine m'ont conforté. IWC et en particulier avec ses calibres 52 et 57 offre une transition que la manufacture confortera ensuite avec d'autres mouvements davantage suisses qu'américains.

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MessageSujet: La montre IWC des chemins de fer serbes   IWC EmptySam 10 Juin 2017, 12:17

La montre IWC des chemins de fer serbes





La fin du 19ème siècle connut un développement considérable des transports. Qu'ils fussent maritimes, fluviaux ou par tramway et voies de chemins de fers, la modernisation des modes collectifs de déplacements s'accélère en cette fin de siècle, partout dans le monde. Leur développement s'accompagne de quelques accidents d'autant plus impressionnants que la presse s'en fait l'écho et qu'ils touchent à chaque fois des groupes de voyageurs qui donnaient toute leur confiance à ces modes de transport présentés comme fiables. Les Etats-Unis où les chemins de fers circulent dans les deux sens sur des voies uniques furent des pionniers en matière de recherche de mesures de sécurité après qu'un accident en 1891 fit plusieurs victimes à cause d'une mauvaise appréciation des horaires par les conducteurs des machines. Neuf personnes y laissèrent la vie ce qui suffit à pousser les compagnies de chemins de fer non pas à doubler les lignes mais à équiper le personnel de montres précises. Elles sollicitèrent, après un accord commun, un horloger de Cleveland, Webb C.Ball pour qu'il rédige un cahier des charges avec des normes très strictes en matière de montres de service.

Dès lors, les montres des chemins de fers américains furent encadrées par un règlement draconien qui imposait des calibres de 19 ou 20 lignes à échappement à ancre, à simple plateau comptant au moins 17 rubis et ayant au moins une précision de 30 secondes par semaine, c'est à dire une précision de chronomètre.

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Les compagnies européennes connurent aussi quelques accidents et bâtirent les unes après les autres des cahiers des charges imposant aux fournisseurs de leurs montres, une obligation de résultat quant à la précision de celles-ci. La plupart des grandes firmes suisses décrochèrent ainsi des contrats pour fabriquer et livrer aux plus grandes compagnies des chronomètres. A la différence des exigences américaines, qui imposaient des normes de fabrications et des mesures de résultats, les Européens fixèrent aux manufactures horlogères des obligations de précision en laissant aux firmes le soin de rechercher leurs meilleurs mouvements pour y satisfaire.
Certaines maisons comme Longines, Zenith ou Omega livraient ainsi couramment des montres dotées de mouvements de 19 lignes à 20 lignes et plus, porteurs de 15 rubis dont la précision était tout à fait dans les normes des chronomètres de l'époque.

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Lorsque les chemins de fer serbes passent commande, il le font auprès de plusieurs grandes maisons suisses dans le cadre d'un programme ambitieux d'équipement généralisé au personnel roulant et aux personnels des gares en charge du contrôle des déplacements des trains. Ce sont les manufactures qui déterminent le mouvement qu'elles livrent dans leurs montres et chacune s'attache au paramètre fondamental de la meilleure précision. L'équipement commence au début des années 1920 et s'étalera jusqu'aux années 1930. Au milieu des années 1920, IWC fournit dans ce contexte aux Chemins de fer Serbes, une montre avec un calibre H6. Ce mouvement qui évoluera vers le calibre identifié sous la référence 52 à partir de 1893 en version Lépine, puis 53 en version savonnette connaîtra un succès commercial qui le portera jusque dans les années 1940 ! Plus de 300 000 pièces seront ainsi fabriquées par IWC, ce qui fera du mouvement 52, le plus répandu dans les montres de poche. D’une redoutable précision, il fut décliné dans des versions de 15 ou 16 rubis essentiellement. Le calibre 52 est à l’origine un mouvement de 19 lignes soit 43,15 mm, haut de 5,2, 6 ou 6,5 mm, doté d’une platine ¾ avec des rubis sur chatons vissés ou plus tardivement des rubis directement enchassés dans les ponts et platines. Sa raquette peut être équipée d’un col de cygne plus ou moins sophistiqué ou se présenter sans col de cygne. Son spiral de type Breguet et son balancier bimétallique à vis de compensation sont des gages de sa précision.

La livraison s'opère soit directement par les filiales des manufactures, soit par des distributeurs locaux qui attachent une grande importance à la présence de leur nom sur le cadran. IWC livrera très peu de montres dont les cadrans soient signés. En revanche, les boites et le mouvement sont clairement identifiés. Ces chronomètres de chemins de fer restèrent en service assez tardivement puisqu'on en trouve encore en usage dans les années 1960.

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Leur entretien était fait par les horlogers des compagnies en général mais pouvait aussi être une tâche confiée aux distributeurs ou filiales des manufactures. IWC ne livra pas un très grand nombre de pièces mais ce qui est frappant sur la montre ici présentée est son numéro de série atypique "817 000" . Un chiffre si rond est évidemment rare et il est soit le fruit du hasard, soit renvoie à la première montre de la série livrée aux chemins de fer serbes dans le cadre d'une fabrication spéciale. Tout laisse à penser que c'est ce second cas de figure qui est la bonne hypothèse. La montre en métal blanc nickelé est en très bon état avec peu de traces d'usure. Le métal blanc est très résistant. La locomotive à vapeur témoigne d'une époque, la vapeur renvoyée vers l'arrière est signe de mouvement. Quant aux lettres monogrammées, elles sont la signature des chemins de fer serbes.

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En 1926, IWC mettait en avant son "Grand prix de Milan en 1906". La manufacture IWC était déjà une référence en matière de précision. Les Serbes ne s'y étaient pas trompés. Plus que les paysages serbes, la montre a traversé le temps et démontre l'attachement de la compagnie serbe des chemins de fer de sécuriser ses lignes. Quelle fantastique époque où l'horlogerie de qualité n'était pas encore un luxe et où l'on pouvait doter le personnel du meilleur en considérant que la montre était avant tout un instrument de précision.


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MessageSujet: La famille des calibres 73 et 74 d'IWC   IWC EmptyLun 03 Juil 2017, 21:22

Les calibres 73 et 74 d'IWC



Les mouvements conçus par IWC présentent la particularité d’une grande diversité d’architectures. Cela est d’autant plus vrai qu’on remonte le temps jusqu’au plein succès des montres de poche. Le dessin des ponts, le recours à des demi-platines, des empierrements généreux et des raquetteries à col de cygne témoignent de cette inventivité propre à la manufacture IWC. Ces mouvements démontrent encore un siècle après leur fabrication leur exceptionnelle aptitude à se déjouer des affres du temps.        


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Un mouvement de référence

16 3/4- 17- 4,2 -18000 : Les mensurations de l'un des calibres les mieux proportionnés d'IWC tiennent essentiellement dans ces 4 nombres. 
16 3/4 lignes (38 mm), 17 rubis, 4,2 cm d'épaisseur et 18 000 alternances par heure. C'est en 1913 qu'IWC présenta son mouvement Lépine 73 dit également H4 (74 pour la version savonnette). Celui-ci eut une carrière commerciale relativement courte puisqu'il ne fut fabriqué que jusqu'en 1931 et ce en moins de 15 000 exemplaires. Il reste pourtant l'un des mouvements les plus emblématiques de la manufacture. Avec son spiral Bréguet et ses 30 heures de réserve de marche, ce calibre chronomètre, fait partie des meilleurs mouvements fabriqués initialement pour des montres de poche puis intégrés à des montres bracelet. Les premières Portugaises d'IWC portaient en elles ce mouvement fiable et précis à la dorure flamboyante.

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Les montres de poche Calibre 73 et 74 sont assez faciles à identifier en particulier à partir du cadran et du boitier. Les montres furent en effet produites en pleine période Art Déco, notamment dans les années 1920 et le marquage des cadrans se singularisait par des chiffres caractéristiques stylisés et les boites possédaient un font gravé aux formes géométriques et une tranche souvent imprégnée d'art grec ou égyptien ou de dessins en rapport avec la mode de l'époque. Selon les marchés destinataires des montres, IWC employait pour ses boites de l'or 18 carats, de l'acier ou de l'argent à haut titre essentiellement. Il ressort de ces boites une haute qualité digne des mouvements qu'elles renferment. La période de production entraina un choix d'aiguilles dites "Pommes" très en vogue à cette époque et surtout dans les années 1920. Les bélières étaient quant à elles souvent travaillées avec des motifs reprenant ceux de la carrure.  

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La caractéristique la plus marquante des mouvements 73 et 74 est sans doute leur faible épaisseur. Le calibre ne dépasse pas les 4,2 mm et c'est sans doute ce qui lui donna sa polyvalence. Cette finesse exploitée par IWC dans les montres de poche conduisit la manufacture à multiplier les idées pour en tirer profit et réduire l'épaisseur des emboitages notamment en supprimant le double fond plus couramment dénommé "cache poussières" généralement incontournable à l'époque. IWC fut si satisfait de ce mouvement que la firme emboita dans son modèle Portugaise vendu sous la référence 325, trois cent quatre mouvements dans des montres- Bracelets entre 1939 et 1952. Ces montres furent ainsi les premières IWC bracelets à bénéficier de mouvements de montres de poche.

Une conception « Finger Bridge » toute en finesse

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Le calibre 73 est le descendant direct du mouvement "Finger Bridge" que l'on pourrait traduire par "Pont en forme de doigt" qui était produit par IWC sous la référence 65 à partir de 1893 et qui connut quelques variantes. Contrairement aux calibres les plus répandus à l'époque, cette famille de mouvements exploitait des ponts fins pour installer les trains de rouages et réduire ainsi l'épaisseur globale des mécanismes. Cette finesse donnait aux pièces une grande élégance qui contribuait à la réputation qu'avait déjà IWC de faire de jolies montres. Afin de d'offrir un diamètre plus large au regard de la mode pour les montres d'hommes qui était orientée en faveur de pièces d'environ 50 mm, les mouvements 73 et 74 étaient souvent fixés sur un cercle d'emboitage en laiton doré et non brut comme cela existait chez beaucoup de fabricants. Cette dorure de la même nuance que les ponts et platines du mouvement se fondait visuellement avec celui-ci et donnait aux pièces un regain de poids qui participait à la perception qualitative des montres.

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Les pièces fines dans les années 1920 n'étaient pas les plus courantes car les manufactures produisaient des mouvements assez épais dans les plus grands volumes possibles afin de se positionner simultanément sur tous les marchés du monde et ainsi concurrencer les firmes américaines qui par leurs volumes de production et un niveau d'industrialisation élevé pouvaient profiter d'une large distribution internationale. Beaucoup d'hommes qui n'étaient pas encore conquis par les montres bracelets dont le commerce était balbutiant trouvaient intérêt aux montres de gousset les plus fines possible afin de ne pas déformer les poches des gilets de leurs costumes. Avec ses savonnettes dotées du calibre 74 ou ses montres Lépine équipées du calibre 73, IWC répondait aux attentes d'une clientèle exigeante qui entendait ne pas sacrifier la précision à son besoin de montres plates et discrètes.

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Au tournant des années 30, IWC crée des calibres spécifiques aux montres bracelets qui sonnent le glas de ce mouvement polyvalent qui demeure une référence dans la dynastie des mouvements de montres de poche de la manufacture. Les calibres "Finger Bridge" auront alors vécu leurs heures de gloire et leur production disparaît progressivement également des firmes concurrentes et ceci d'autant plus rapidement que les exigences des montres bracelets vont apporter une série d'innovations techniques dans la conception et l'architecture des calibres.

Le tout premier mouvement des Portugaise

IWC Iwc_pu10

Ce mouvement reste aujourd'hui celui qui a équipé les toutes premières Portugaise devenues les icônes d'IWC faisant oublier sa vocation première qui était d'être embarqué dans des montres de poche. Cela pose d'ailleurs la question de savoir pourquoi avec un tel objectif, IWC a fait un calibre de relativement petit diamètre pour une pièce destinée à la poche. Sans doute l'idée initiale était-elle de pouvoir proposer des montres de poche extra-fines de type montres de smoking mais la période de conception du mouvement peut faire douter de cette hypothèse. Toujours est-il que lorsque ce mouvement fut exploité à plein, dans les années 1920, la mode était aux montres d'un bon diamètre et il fallut user d'un cercle d'emboitage pour intégrer le calibre dans les carrures de bon diamètre. Cela donne le plaisir d’avoir un mouvement fin et de haute qualité dans de jolies montres de poche bien proportionnées.

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MessageSujet: L'humilité horlogère d'IWC   IWC EmptyDim 05 Nov 2017, 15:09

J'ai toujours été frappé par l'humilité dont pouvaient faire preuve les grandes maisons horlogères qui souvent jusque dans les années 1920 ne signaient pas leurs cadrans et n'apposaient pas de manière lisible leur nom sur les mouvements. Si les cadrans étaient laissés "vierges" afin de permettre aux détaillants d'y placer leur nom, les mouvements en revanche étaient parfois gravés au nom de la marque dans un espace caché, derrière le cadran ou sous un pont.
C'est le cas souvent pour IWC qui signait discrètement certaines de ses montres laissant au revendeur la liberté de s'approprier la fabrication entière de la montre.

C'est ainsi qu'aujourd'hui, on trouve avec un peu de chance des montres dont le fabricant n'apparait pas mais qui sont bien des montres fabriquées par de grandes marques. Cette IWC fait partie de ces montres partiellement anonymisées  mais dont le fabricant est mentionné de manière cachée.

Le calibre ancêtre en 19 lignes du 74 est une merveille avec ses chatons vissés ... Un chronomètre de grande classe qui malgré ses 100 ans est resté prodigieusement précis.

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Forumamontres - Droits réservés - Novembre 2017

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MessageSujet: IWC : Des racines américaines et un tronc suisse !   IWC EmptyDim 15 Déc 2019, 12:32

IWC pour International Watch Company …

Une maison chargée d'histoire.

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Le départ de Suisses pour gagner l’Amérique afin d’y fabriquer des montres ne fut pas exceptionnel au 19ième siècle de la part d’horlogers qui voulaient faire reconnaître leur talent plus vite que ne leur permettait l’industrie horlogère helvétique. Par contre, des horlogers américains qui quittent les Etats-Unis pour venir s’installer en Suisse est un fait beaucoup plus rare sans doute parce que la Suisse ne manquait pas de talents créatifs en ce domaine et que le foisonnement de manufactures horlogères et de marques ouvrait peu de perspectives favorables à la création de firmes nouvelles qui plus est, pilotées par des « étrangers ».  

Florentine Ariosto Jones – Un pionnier américain à la conquête de la Suisse  

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Florentine Ariosto Jones (1841-1916), un horloger de Boston, Massachusetts, fondateur de International Watch Company à Schaffhausen.


Le jeune ingénieur et horloger américain Florentine Ariosto Jones n’a que 27 ans lorsqu’il devient directeur adjoint de la firme E. Howard Watch and Clock Co. à Boston dans le Massachusetts. A l’époque, en 1868, Howard est l’une des plus grandes firmes horlogères américaines. Les manufactures d’outre Atlantique rivalisent de créativité et d’inventivité pour atteindre la précision ultime de leurs montres. Howard joue à jeu égal avec l’American Watch C° fondée en 1850 (Waltham) ou encore la NWC National Watch Compagny qui deviendra Elgin.


IWC C1920_10


Alors que les manufactures américaines visent une production exclusive sur le sol américain, c’est vers la Suisse que se tourne le jeune ingénieur pour développer son talent. Florentine Ariosto Jones a remarqué la qualité de la production suisse exportée vers les Etats-Unis et pense que la main d’œuvre helvète meilleur marché que ce qui se pratique en Amérique peut lui apporter une qualité artisanale qu’il veut conjuguer avec une organisation industrielle de la production telle que mise en œuvre sur le territoire nord-américain.


IWC Iwc-sc10



Son projet est ambitieux et lorsqu’il le présente à Genève, il se voit opposer une culture du travail qui lui est étrangère. Les Américains travaillent l’horlogerie sur d’immenses sites industriels vers lesquels les ouvriers qui habitent à proximité se déplacent quotidiennement alors qu’en Suisse la tradition du travail à domicile est encore très ancrée dans les modes de fabrication. Les quelques manufactures horlogères suisses existantes peinent à concentrer sur un même lieu toute leur production et Jones va être déçu de cet accueil. Pour autant, il ne renonce nullement à son projet qui vise essentiellement à produire pour le marché américain des montres de « qualité suisse » haut de gamme.

IWC Articl10


Le rêve de Jones va malgré tout se concrétiser après la rencontre avec un industriel, Heinrich Moser implanté à Schaffhausen et qui est prêt à ses côtés à investir dans la création d’une manufacture moderne à l’image de ce qu’il a déjà vu notamment dans le canton de Neuchâtel. Ainsi va naître la manufacture International Watch Company dont le nom anglophone est avant tout lié au marché auquel les pièces seront destinées. Ce nom de baptême vient en écho à l’American Watch Company qui connaît un énorme succès tant industriel que commercial aux Etats-Unis.

 
Montres américaines faites en Suisse ou Montres suisses faites par un Américain ?

L’architecture des premiers mouvements renferme déjà tout le savoir-faire de Jones et les pièces sont exportées majoritairement dans leurs différentes variantes de qualité vers les Etats-Unis. Peu de pièces sont distribuées en Europe. La production est d’un volume modeste. On estime à environ 26 000 pièces, la fabrication de mouvements dits « Jones » entre 1872 et 1876. En 1880, l’industriel schaffhousois Johannes Rauschenbach-Vogel (1815-1881) fait l’acquisition d’IWC. Son fils Johannes Rauschenbach-Schenk lui succède l’année suivante.

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Il faut attendre 1888 pour que soit introduit un calibre plus abouti qui va constituer un véritable fer de lance pour la manufacture. Ce mouvement qui évoluera vers le calibre identifié sous la référence 52 à partir de 1893 en version Lépine, puis 53 en version savonnette va connaître une « vie commerciale » qui le portera jusque dans les années 1940 ! Plus de 300 000 pièces seront ainsi fabriquées par IWC, ce qui fera du mouvement 52, le plus répandu dans les montres de poche. D’une redoutable précision, il fut décliné dans des versions de 15 ou 16 rubis essentiellement. Le calibre 52 est à l’origine un mouvement de 19 lignes soit 43,15 mm, haut de 5,2, 6 ou 6,5 mm, doté d’une platine ¾ avec des rubis sur chatons vissés ou plus tardivement des rubis directement enchassés dans les ponts et platines. Sa raquette peut être dotée d’un col de cygne plus ou moins sophistiqué ou se présenter sans col de cygne. Son spiral de type Breguet et son balancier bimétallique à vis de compensation sont des gages de sa précision.

Un an après la présentation de son calibre 52, IWC propose en 1889, un calibre baptisé 56 en version savonnette puis 57 et 58 en versions Lépine à partir de 1890. De mêmes tailles que les 52, ces mouvements sont surnommés les « calibres américains ». Leur coût de fabrication est inférieur au calibre 52 sans doute grâce à une interchangeabilité des pièces plus poussée. De son aînée, cette nouvelle famille de références de mouvement a conservé le spiral Breguet et les systèmes de réglage. Leur production cessa en 1931 alors que près de 120 000 mouvements 57 furent fabriqués depuis 1890 et un peu plus de 19 000 pièces de la version 58.
C’est avec ces mouvements qu’IWC a abordé le 20ème siècle sous le signe d’une précision chronométrique dans une concurrence acharnée tant avec les autres manufactures suisses que Jones était venu affronter sur leur propre terrain, qu’avec les firmes américaines qui se partageaient le marché d’Amérique du Nord.

IWC fut en 1899, l’une des premières manufactures à présenter des montres bracelet. La firme restera une référence en matière d’innovations technologiques.
Bien d’autres familles de mouvements suivront celle des « 50 », toujours avec des qualités fondées sur la précision et la fiabilité mais ces mouvement 52 et 57 sont représentatifs de l’aboutissement du savoir-faire de Florentine Ariosto Jones et du rêve qu’il portait en arrivant d’Amérique, de fabriquer en Suisse des mouvements de très haute qualité, capables de rivaliser avec les meilleurs calibres tant suisses qu’américains.

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James Pellaton l'un des grands ingénieurs d'IWC concepteur de calibres vers 1954



Si la notion d'héritage en matière d'horlogerie a du sens c'est sans nul doute dans ces générations de calibres qui ont éclairé le début du 20ième siècle. On pourrait passer des heures à les regarder tant ils sont dans les détails des nids d'innovations et d'astuces pour être fiables et précis. La plupart étaient servis avec des bulletins de marche, l'équivalent des chronomètres d'aujourd'hui mais avec des conditions de production qui étaient celles de l'époque.


Ce mouvement par exemple date de 1910, il fut emboité un peu plus tard pour une sortie en montre vers 1920, cet écart est somme toute assez courant. la boite est faite de cet argent "chaud" presque pur à 900 millièmes d'argent. IWC tenait déjà ce design très plat, chargé de modernité, son fond guilloché a été préservé de l'usure. Les montres IWC sont intéressantes au moins pour les 3 premières générations de mouvements anciens et en particulier ceux des séries "50" car leur esprit fusionne le meilleur de l'horlogerie américaine et l'excellence du savoir faire suisse.

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La magie des calibres IWC, au moins des deux ou trois dynasties des premiers mouvements, c'est qu'ils combinent le meilleur des calibres américains et le meilleur des mouvements suisses. Une sorte de symbiose qu'il faut savoir regarder.

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La raquette sur le pont de balancier fleure bon la perfection, celle de l'accès au réglage fin et celle de la solidité. IWC a réalisé plusieurs types de raquettes, des plus simples aux plus élaborées mais avec une efficacité certaines. Pas de raquetterie spectaculaire, cela fait une vraie différence avec les montres américaines …

Quelques mouvements ...


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Le calibre 52 IWC

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Le calibre 57 IWC

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Calibre 74 IWC

Un mouvement américain Howard de la fin du 19ième siècle, une sorte de cousin éloigné issu d'une conception de l'horlogerie qui n'était pas si éloignée de la vision suisse...

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Il faut pour bien comprendre d'où vient IWC se pencher autant sur l'histoire de l'horlogerie américaine que sur celle de l'horlogerie suisse et comprendre combien Jones ne fut pas forcément le bienvenu lors de son arrivée en Suisse.


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