A la fin des année 40, Ephrem Jobin a mis au point pour Zenith son premier mouvement à remontage automatique. C'est un calibre à butées, le 133. Beaucoup de maisons ont expérimenté ce type de mouvements (Jaeger LeCoultre, Omega, Tissot, etc.). Le mouvement est excellent mais le succès en demi-teinte pour Zenith qui a pris trop de retard pour présenter ce mouvement déjà dépassé par les calibres à rotor intégral.
Jobin a permis à la manufacture de remporter 5 premiers prix de chronométrie au concours de l'observatoire de Neuchâtel d'affilée de 1950 à 55 mais il n'est même pas invité à la cérémonie de remise du prix. Fâché, il claque la porte et deviendra conservateur du musée du château des monts au Locle. Il ne veut alors plus entendre parler de Zenith.
On est en 1956 et Zenith doit trouver une solution pour disposer de mouvements automatiques. La manufacture autrefois riche d'horlogers créatifs est en panne de création... Ses mouvements de chronographe Excelsior Park un peu fragiles ne sont plus adaptés à ses besoins et surtout les garanties de livraisons s'étiolent.
La direction de Zenith regarde du côté de Martel Watch C° qui fournit Universal Genève en mouvements et dispose d'un bureau d'étude performants mais d'une qualité de gestion déplorable. Universal a d'excellents contrats comme celui avec Cairelli qui lui fait vendre des chronos à l'armée italienne. Le Tipo CP II est un must pour les pilotes de chasse italiens de Starfighter.
Absorber Martel Watch signifierait d'aspirer les clients d'Universal Genève et de disposer d'une manufacture de mouvements avec des calibres modernes que Zenith ne sait alors plus créer. Le rachat se fait en deux temps d'abord par une prise de participation puis par une absorption en 1959. Zenith remet de l'ordre dans la gestion de la manufacture et l'ordonnancement des ateliers. Martel produira comme chez Zenith. La manufacture du Locle hérite ainsi d'une famille de calibres modernes les 25xx et quelques 20xx. Martel a aussi dans ses cartons un projet de calibre de chrono à remontage automatique, le premier du genre, l'El Primero... Son étude approfondie démarrera en 1962 après une commande de la Direction visant à avoir pour les 100 ans de Zenith en 1965, un chrono à remontage automatique. Les atermoiements de la direction retardent le projet qui en 1967 se voit insuffler la roue dite Clinergic qui permet de passer les calibres en haute fréquence. Movado, Longines, Ulysse Nardin...tout le monde tente le 36 000 avec cette roue mais personne n'en est totalement satisfait. Zenith y voit un intérêt marketing qui se traduit par du chronométrage au 10ème de seconde ... L'El Primero moderne est né ainsi.
Pourquoi des pub communes avec Universal et Zenith ? Car Zenith a voulu conserver la clientèle d'Universal et a donc affiché sa parenté lorsque Zenith a substitué son nom à celui d'Universal sur les cadrans. Les nom Compur et autres étaient des noms de modèles d'Universal Genève. La Tipo CP II est devenu un modèle Zenith. Voilà ...
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).