Petermann Bédat, c'est dur d'inventer une montre?

...oui, c'est dur, très dur!!!

Bonjour,

Rares me sont les occasions d'ouvrir un sujet sur le sous forum HH, et pour le coup, l'occasion est belle!

Revenons-en au tout début: en septembre dernier, nous avons eu l’occasion avec Matt de visiter un petit atelier d’horlogerie a Renens (CH).

Gaël Petermann (ex Lange & Shöne) et Florian Bédat (ex Harry Winston) nous ont donc accueilli avec un petit groupe d’amateurs pour nous montrer leur métier et leur atelier.

Leur activité est celle de la plupart des ateliers horlogers indépendants et concerne donc particulièrement la révision, l’entretien, voir la reconstruction partielle de montres de collection, souvent destinées aux enchères.

On parle la de montres de valeur voir de très grande valeur.







...et encore, je ne peux pas vous montrer une des bêtes sur laquelle ils travaillaient lors de notre visite.

Nous découvrons donc l’outillage, les machines, et ce qu’ils en font…










Et a propos de faire, nous avons eu droit a la découverte de leur autre activité : créer une montre !

Et pas n’importe quelle montre. Une montre de haute horlogerie a seconde morte selon un principe de fonctionnement inédit (me semble t il…).

On se demande souvent pourquoi si peu de marques procèdent leurs propres calibres.

La raison en est très compliquée, très très compliquée: créer un calibre est un véritable chemin de croix !
Faire fonctionner un nouveau calibre, entièrement original, demande un véritable acharnement !
Le rendement ne tient qu’a un fil et tout doit être parfait pour fonctionner correctement.

De longues heures de mise au point, de montages, de démontages, de rectifications, de décorations a refaire, etc, etc…
Des mois, voir des années, pour des professionnels expérimentés.
On comprends alors plus aisément combien l’opération est risquée, et d’autant plus pour un petit atelier qui doit par ailleurs maintenir ces autres activités… a deux !

Ces garçons n’ont pas ménagé leurs heures, leurs sueurs, même froides…


Un prix de vente de 50000chf.

De gros chiffres ? Pas tant que cela !
Le calibre est entièrement original. Florian et Gaël se sont fait aidé par un atelier voisin pour la conception et ont assuré tout le reste eux mêmes.

Boitier en or, seconde morte a double ancrage, de la profondeur, des anglages, et des pièces superbes a tomber a genoux sous un allo lumineux venu du ciel sur fond de chorale religieuse !!!

Ce qu’ils ont réussi... est tout simplement extraordinaire!








Ce sont les toutes première photos du calibre fini, prise a l'atelier.

Quand a la montre…  





L'endroit vaut selon moi l'envers. Le cadran a fait l'objet du même soin que le calibre.
Je n'ai malheureusement pas eu l'occasion d'avoir la bête en main a l'époque, mais l'idée n'est pas pour me déplaire…  

Leur instagram: https://www.instagram.com/petermann_bedat/?hl=fr
Ou il y a de très belles choses a voir.

Merci a eux deux de nous avoir accueilli, et un grand bravo pour avoir mené a bout ce projet on ne peut plus ambitieux.
Voila ce que la majorité de la haute horlogerie suisse n'aurait jamais du cessé d'être...

C'est vraiment magnifique, belle finitions et j'aime beaucoup le design du cadran.
Une chose me dérange, la police de caractères du logo… On dirait la police basique sur word (Colibri ou Corbel Edit: ou plutôt Tahoma)  Ça détonne avec le reste qui est vraiment de la belle horlogerie

Merci pour le CR de ce petit atelier  

Belle réalisation sans aucun doute

Alors je viens d'avoir des précisions dont je ne me souvenait plus, désolé:

Citation :

Juste quelques précision concernant le mécanisme de seconde morte il n’est pas inédit on l’a repris sur une pièce qu’on a vu dans un livre

Enfin entre le lire et le faire, je ne pense pas que cela leur retire du crédit. 

Bonjour Manivel,

merci pour le partage et la découverte.

Suite à un de tes posts sur la Morse où tu évoquais leur capacité à faire de la gravure additionnelle, je me suis penché sur leur instagram... Et effectivement, on est vraiment sur de la montre de créateur. Ca m'évoque tout à fait Asaoka ou Rexhep Rexhapi en solo. Des montres de "haute couture", l'expression de la très grande classe horlogère. Inaccessible mais superbe. 

Ils ont également adapté le concept en mode "black minimaliste", ça rent très très bien sur leur page. 

Inaccessible, non, par rapport au marché j'entends.
On est plus très loin du travail d'un Dufour ou d'un Ferrier, même si ils restent très modestes sur la comparaison.

Ils travaillent de la même façon: montage / ajustage, démontage, décoration, remontage.
Les décos sont faites main puis les côtes de Genève et autres motifs nécessitant de la grosse artillerie sont sous traitées localement.

Le boitier en or est fait par un ancien spécialiste qui fait cela a l'ancienne. J'avais pu l'avoir en main, le travail est juste somptueux!

Ah, j'ai enfin remis la main sur le reste des photos... bon, la qualité n'en est malheureusement pas terrible.

La première montre faite par Gaël, cadran soleillé, emmaillé: 

L'atelier, ils nous ont vraiment tout déballé  :

...petit plaisir personnel.   

Du gros calibre…   

La boiboite… encore désolé pour la qualité des photos, j'èspère qu'ils ne m'en voudront pas trop… 

On a pas affaire a des gamins...

Manivel a écrit:

Inaccessible, non, par rapport au marché j'entends.

J'entends également. Et je disais bien "inaccessible" par rapport à mes moyens. 

Comparé à une David Candaux 1740 ou à une Ferdinand Berthoud, on est au moins sur du 5 chiffres, et je ne conteste d'ailleurs pas le pricing : la conception du mouvement a un coût qui doit être amorti, on sent le luxe dans chaque pièce choisie, et tout travail mérite salaire, encore plus quand il est très bien effectué. 

Ce type de pièce reste juste fantasmatique à mes yeux, car elle correspond à un seuil qui m'est inaccessible... Et sans amertume, car aujourd'hui nous avons malgré tout à disposition moultes possibilités de les admirer, à défaut de pouvoir les posséder. 

Ils viennent de sortir une très belle montre, photos de Monochrome-watches https://monochrome-watches.com/petermann-bedat-1967-deadbeat-seconds-hands-on-price/

Super reportage, l'outillage de l'atelier fait rêver...

La seconde morte, c'est vraiment le concept le plus ironique de l'horlogerie : créer un mouvement de haute-technicité pour reproduire le rythme de la trotteuse d'une quartz!

QuentinL a écrit:

La seconde morte, c'est vraiment le concept le plus ironique de l'horlogerie : créer un mouvement de haute-technicité pour reproduire le rythme de la trotteuse d'une quartz!

ceci dit si tu t'intéresses à l'histoire de l'horlogerie tu constateras que la seconde n'a pas attendu l'ère du quartz pour voir le jour, elle date du XVIIIème siècle et a ses lettres de noblesse technique.

Xaipe a écrit:

ceci dit si tu t'intéresses à l'histoire de l'horlogerie tu constateras que la seconde n'a pas attendu l'ère du quartz pour voir le jour, elle date du XVIIIème siècle et a ses lettres de noblesse technique.

J'en suis tout à fait conscient, je notais simplement l'ironie de la chose au XXIème siècle. C'était donc un clin d'oeil humoristique. 

Merci pour le partage! 

Toujours un régal de découvrir un tel enthousiasme et un tel niveau de professionnalisme!
Chapeau bas! 

Je découvre seulement ce post, leur boulot a vraiment l'air qualitatif, vraiment une belle réussite ce calibre. 

Par contre ça doit être sympa l'achevage la dessus 

Sacré boulot oui sur ces ancres si originaux !

Impressionnant travail pour le mouvement.
Côté cadran ça me rappelle du Moritz Grossmann ou du Gronefeld. Plutot du tout bon du coup...

Manivel a écrit:

...oui, c'est dur, très dur!!!

[...]

On se demande souvent pourquoi si peu de marques procèdent leurs propres calibres.

La raison en est très compliquée, très très compliquée: créer un calibre est un véritable chemin de croix !
Faire fonctionner un nouveau calibre, entièrement original, demande un véritable acharnement !
Le rendement ne tient qu’a un fil et tout doit être parfait pour fonctionner correctement.

Ben justement... pourrait-on m’expliquer car je me dis qu’on ne pars pas totalement de rien. En gros, le mécanisme est connu. L’organisation générale d’un calibre est connue.
J’ai du mal à percevoir (logique aussi car je ne suis pas du métier) en quoi c’est difficile car selon moi, on ne part pas totalement de rien.

La premiere à fond bleue et chiffres romains me fait penser a une Moser.
C'est propre et intemporel, superbe!

Très belles pièces, et le prix n'est pas déconnant vu le travail, les finitions et l'exclusivité.