ZEN
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 | | Sujet: Actu: Les dialogues de l'horlogerie et de l'automobile Mer 10 Oct 2007 - 7:34 | |
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Les dialogues de l'horlogerie et de l'automobile
Les points communs entre les véhicules et les garde-temps sont aussi nombreux qu'anciens. Mais pas encore assez exploités. Le point avec un spécialiste.
Bastien Buss
Mercredi 10 octobre 2007
Roland Gollmer a récemment donné une conférence sur les relations entre l'automobile et l'horlogerie lors du dernier Congrès de la Société suisse de chronométrie qui a eu lieu à Colombier (NE). Il travaille au Creative Resources Development du Centre Style de Peugeot. Dès début 2008, il rejoindra la société genevoise Magma Concept.
Le Temps: Qu'est-ce qui lie l'horlogerie à l'automobile?
Roland Gollmer: Les personnes aimant l'automobile se sentent naturellement attirées par l'horlogerie. Un lien important uni les deux mondes et on voit de plus en plus de partenariats entre constructeurs automobiles et marques de montres. Ce sont des objets de désir qui font rêver, inabordables pour certains... Le client automobile passionné tombe sous le charme de l'horlogerie pour des raisons similaires: la beauté de l'objet, la prouesse de la mécanique, tellement avancée qu'on a du mal à comprendre toutes ses fonctions en sachant bien que ça reste dans le domaine appréhendable du physique, contrairement aux objets symboliques de notre ère numérique... Pour les créateurs de ces objets de désir, montres ou véhicules, la fascination est la même. Mais il y a un décalage important entre les sources d'inspiration et leurs interprétations, les applications et la méthodologie de travail.
- Quelles sont les similitudes entre le deux univers?
- D'abord un regard vers le passé. Même si c'était moins évident il y a soixante-dix ou quatre-vingts ans, quand l'automobile était encore jeune, on retrouve quelques parallèles entre ces deux univers. A cette époque, le côté esthétique de la partie mécanique était particulièrement soigné - c'était la fierté des concepteurs pour leur travail! On remarque tout de même que, dans le domaine de l'horlogerie, le mouvement était quasi caché pour l'œil du propriétaire. Il est beaucoup plus visible aujourd'hui. Le soin et la sensibilité apportés à la réalisation des pièces horlogères dépassent encore ceux de l'automobile.
- Et maintenant?
- Depuis la renaissance de la montre mécanique et de l'art horloger au début des années 1990, le mouvement est devenu l'objet de tous les désirs et il ne se cache plus. Curieusement, à la même époque, on a commencé chez les constructeurs d'automobiles à soigner d'avantage le côté visuel des sous-capots en faisant appel à des graphismes, des logos bien placés ou des caches en plastique. Tout ceci pour faire oublier la standardisation de pièces d'accessoires des moteurs, comme des sondes Lambda pour l'émission des gaz, des systèmes électroniques qui règlent et surveillent de nombreux paramètres du moteur ou bien des modules de l'ABS, la réduction du bruit et j'en oublie... De toute manière, on est très loin de l'esprit de pureté de la belle mécanique cultivé dans la haute horlogerie aujourd'hui ou la mécanique des automobiles d'antan.
- Comment ces deux mondes s'inspirent-ils?
- Commençons par l'automobile. Une source d'inspiration vient des dessins de compteurs ou affichages, en sachant que le résultat même dans les automobiles les plus chères par son niveau de finition n'est qu'au niveau des montres dites bas de gamme. C'est là où le soin du détail et la recherche d'un résultat impeccable des horlogers peut encore servir d'exemple... Aussi, la diversité des aspects de finition de la haute horlogerie représente un grand nombre d'applications possibles pour l'automobile; on peut imaginer de mettre à l'échelle (agrandir) ces finitions, peut-être avec des palettes d'ouverture de portes traitées comme un pont de mouvement avec ses anglages et une face brossée ou avec des côtes.
- Et l'horlogerie, que retire-t-elle de l'automobile?
- Dans un récent passé, les horlogers se sont inspirés des cadrans trouvés sur les voitures de prestige, anciennes ou récentes. Un parallèle entre ces deux univers est alors tracé sur cette mécanique sophistiquée. Cela s'applique aux côtés mécaniques des montres ou surtout aux éléments moteurs des voitures de course, souvent source d'inspiration. Fondamentalement, on peut supposer qu'il y a peut-être encore des possibilités non explorées de mimétisme.
- Que penser des collaborations entre les horlogers et les fabricants de voiture?
- Cela a un impact fort et voulu sur l'image que l'on veut donner à une montre et les connaisseurs d'automobiles de prestige sont sensibles au fait de porter une montre dont le style se veut volontairement associée avec leur voiture. Les moins fortunés peuvent également se satisfaire en portant une montre qui arbore le nom, et transmet l'image, de leur marque fétiche, à défaut de pouvoir acheter la voiture.
- Peut-on franchir une étape supplémentaire dans ces partenariats?
- Bien sûr. Ce qui n'est pas exploité actuellement par les créateurs de montres est le côté stylistique de la carrosserie. On ne trouve pas (encore?) des boîtiers qui ont le modelé et la sensualité des voitures de rêve... Or, aujourd'hui, avec l'aide de logiciels de construction de surfaces et des fraiseuses de plus en plus précises, il est possible de bien dessiner chaque reflet de manière parfaite comme sur une petite miniature de voiture. La tendance actuelle est de traiter le boîtier comme un objet tridimensionnel qu'on peut regarder et apprécier sous tous les angles.
- Au niveau stylistique, les similitudes semblent également évidentes?
- En effet. Pour l'extérieur et l'intérieur des voitures, on s'intéressera a l'aspect purement esthétique de l'horlogerie traditionnelle. Dans l'automobile, la carrosserie est traitée dans le même esprit que les mouvements de la haute horlogerie. Des lignes conditionnées par certains aspects techniques, comme l'aérodynamisme, l'habitabilité ou la visibilité, pour donner à la fin un ensemble harmonieusement dessiné et plein de caractère.
- Qu'y a-t-il au-delà de ces deux objets?
- Une belle montre est une mécanique incroyablement détaillée, miniature, que l'on peut manipuler et une automobile est une mécanique aujourd'hui incroyablement compliquée que l'on peut maîtriser. On voit qu'il reste encore un potentiel fort dans l'inspiration mutuelle des ces deux mondes inévitablement liés, qui va, j'espère, encore nous donner beaucoup d'objets de désirs dans ces deux univers si éloignés et si proche en même temps, qui vont tous nous faire rêver: ceux qui peuvent les acquérir comme ceux qui n'en ont pas les moyens. L'important, c'est le rêve... http://www.letemps.ch/template/supplement.asp?page=19&article=216603
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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