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 Récit : La montre IWC des chemins de fer serbes

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ZEN
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ZEN


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MessageSujet: Récit : La montre IWC des chemins de fer serbes    Récit : La montre IWC des chemins de fer serbes  EmptySam 11 Avr 2020 - 12:41

Chers amis

J'espère que ces récits vous plaisent. Ces reprises de sujets avec des mises à jour permettent d'explorer la richesse du patrimoine des débuts de l'ère industrielle de l'horlogerie. J'essaie de partager une vue d'ensemble inter-marques et qui mêle les montres de poche et les montres bracelets. A quelques exceptions près, j'essaie de cibler des montres accessibles même si certaines sont peu courantes. Il y a derrière chacune une histoire, celle des hommes qui les ont imaginées et celle de ceux qui les ont portées. Ces montres racontent l'histoire de nos anciens sans décoration marketing ni artifice.
Les contrôles faits et les recherches menées sont gérés avec rigueur mais la présentation se veut accessible et éloignée d'une approche scientifique, universitaire mais qui reste didactique.

Nous sommes ici forcément à la croisée des chemins et je refuse le terme de vulgarisation car j'essaie de ne surtout pas pratiquer cet exercice. Il n'est nul besoin de simplifier mais simplement de présenter et de transmettre la passion qui m'a animé dans la recherche et la découverte de ces objets. La source est inépuisable ou presque.

Le temps est à l'histoire comme celle-ci est au rendez-vous de chaque crise. C'est dans le passé qu'on tire les leçons du futur. Ca semble être une formule mais c'est bien plus, c'est une philosophie, une aptitude à tirer profit de ses expériences. Ces montres du passé nous enseignent deux choses : Les objets sont les témoins de nos vies et de notre temps, ils demeurent après nous et nous ne sommes que de passage. Ils ne sont pas nos essentiels et doivent leur éternité à nos bons soins comme la planète qui nous héberge. Protéger la planète c'est nous protéger, nous préserver et transmettre aux autres et à nos enfants la possibilité de profiter de la vie comme nous avons nous-même eu notre chance.

Finalement les montres nous donnent une idée de la relativité du temps et des caractéristiques éphémères de notre présence à sa surface. Tout cela est très et sans doute trop sérieux alors je vous propose de partager un nouveau récit avec cette IWC des chemins de fer serbes. IWC c'est la marque créée par un passionné venu des USA, un mécanisme qui est une sorte de fusion entre la vision américaine et suisse de ce que l'horlogerie doit être, la Serbie, une page d'histoire, de notre histoire récente… Il y a tant de choses derrière cette montre, un tel clin d'œil, une telle référence à nous …

Les montres de chemins de fer pullulent sur les sites d'enchères. Elles ont été déclassées par les compagnies de chemins de fer et vendues aux populations qui les ont bricolées pendant des générations et massacrées très souvent. On en trouve dans toutes les marques car ces compagnies ferroviaires étaient de bons clients porteurs d'image.        

Mais revenons à cette IWC des chemins de fer serbes. C'est une rareté dans cet état et une rareté tout court car IWC n'en a pas livré beaucoup. On en trouve bien plus facilement sous les marques Zenith, ou Omega et Longines. IWC a fait de petites livraisons car la manufacture était concentrée sur d'autres marchés et d'autres clients.
J'ai acquis celle-ci trouvée par hasard parce que son vendeur la vendait pour pièces, pour son mouvement sans avoir identifié son origine. Je l'ai acquise, convaincu qu'elle était en panne et après avoir revissé deux vis elle est repartie toute seule.

La recherche qui a suivi m'a permis d'en savoir plus sur ce modèle mais aussi sur le tracé de cette pièce depuis nombre d'années. Une chance, je n'étais pas tombé sur un vendeur qui ignorait tout mais sur quelqu'un qui vendait une montre dans sa famille depuis très longtemps et qui savait d'où elle venait précisément. Cela fera l'objet d'un autre récit.

Voyons déjà l'histoire de ce modèle …    


La montre IWC des chemins de fer serbes





La fin du 19ème siècle connut un développement considérable des transports. Qu'ils fussent maritimes, fluviaux ou par tramway et voies de chemins de fers, la modernisation des modes collectifs de déplacements s'accélère en cette fin de siècle, partout dans le monde. Leur développement s'accompagne de quelques accidents d'autant plus impressionnants que la presse s'en fait l'écho et qu'ils touchent à chaque fois des groupes de voyageurs qui donnaient toute leur confiance à ces modes de transport présentés comme fiables. Les Etats-Unis où les chemins de fers circulent dans les deux sens sur des voies uniques furent des pionniers en matière de recherche de mesures de sécurité après qu'un accident en 1891 fit plusieurs victimes à cause d'une mauvaise appréciation des horaires par les conducteurs des machines. Neuf personnes y laissèrent la vie ce qui suffit à pousser les compagnies de chemins de fer non pas à doubler les lignes mais à équiper le personnel de montres précises. Elles sollicitèrent, après un accord commun, un horloger de Cleveland, Webb C.Ball pour qu'il rédige un cahier des charges avec des normes très strictes en matière de montres de service.

Dès lors, les montres des chemins de fers américains furent encadrées par un règlement draconien qui imposait des calibres de 19 ou 20 lignes à échappement à ancre, à simple plateau comptant au moins 17 rubis et ayant au moins une précision de 30 secondes par semaine, c'est à dire une précision de chronomètre.

Récit : La montre IWC des chemins de fer serbes  Iwc_ch14
 
Les compagnies européennes connurent aussi quelques accidents et bâtirent les unes après les autres des cahiers des charges imposant aux fournisseurs de leurs montres, une obligation de résultat quant à la précision de celles-ci. La plupart des grandes firmes suisses décrochèrent ainsi des contrats pour fabriquer et livrer aux plus grandes compagnies des chronomètres. A la différence des exigences américaines, qui imposaient des normes de fabrications et des mesures de résultats, les Européens fixèrent aux manufactures horlogères des obligations de précision en laissant aux firmes le soin de rechercher leurs meilleurs mouvements pour y satisfaire.
Certaines maisons comme Longines, Zenith ou Omega livraient ainsi couramment des montres dotées de mouvements de 19 lignes à 20 lignes et plus, porteurs de 15 rubis dont la précision était tout à fait dans les normes des chronomètres de l'époque.

Récit : La montre IWC des chemins de fer serbes  Iwc_ch13

Lorsque les chemins de fer serbes passent commande, il le font auprès de plusieurs grandes maisons suisses dans le cadre d'un programme ambitieux d'équipement généralisé au personnel roulant et aux personnels des gares en charge du contrôle des déplacements des trains. Ce sont les manufactures qui déterminent le mouvement qu'elles livrent dans leurs montres et chacune s'attache au paramètre fondamental de la meilleure précision. L'équipement commence au début des années 1920 et s'étalera jusqu'aux années 1930. Au milieu des années 1920, IWC fournit dans ce contexte aux Chemins de fer Serbes, une montre avec un calibre H6. Ce mouvement qui évoluera vers le calibre identifié sous la référence 52 à partir de 1893 en version Lépine, puis 53 en version savonnette connaîtra un succès commercial qui le portera jusque dans les années 1940 ! Plus de 300 000 pièces seront ainsi fabriquées par IWC, ce qui fera du mouvement 52, le plus répandu dans les montres de poche. D’une redoutable précision, il fut décliné dans des versions de 15 ou 16 rubis essentiellement. Le calibre 52 est à l’origine un mouvement de 19 lignes soit 43,15 mm, haut de 5,2, 6 ou 6,5 mm, doté d’une platine ¾ avec des rubis sur chatons vissés ou plus tardivement des rubis directement enchassés dans les ponts et platines. Sa raquette peut être équipée d’un col de cygne plus ou moins sophistiqué ou se présenter sans col de cygne. Son spiral de type Breguet et son balancier bimétallique à vis de compensation sont des gages de sa précision.

La livraison s'opère soit directement par les filiales des manufactures, soit par des distributeurs locaux qui attachent une grande importance à la présence de leur nom sur le cadran. IWC livrera très peu de montres dont les cadrans soient signés. En revanche, les boites et le mouvement sont clairement identifiés. Ces chronomètres de chemins de fer restèrent en service assez tardivement puisqu'on en trouve encore en usage dans les années 1960.

Récit : La montre IWC des chemins de fer serbes  Iwc_ch11

Leur entretien était fait par les horlogers des compagnies en général mais pouvait aussi être une tâche confiée aux distributeurs ou filiales des manufactures. IWC ne livra pas un très grand nombre de pièces mais ce qui est frappant sur la montre ici présentée est son numéro de série atypique "817 000". Un chiffre si rond est évidemment rare et il est soit le fruit du hasard, soit renvoie à la première montre de la série livrée aux chemins de fer serbes dans le cadre d'une fabrication spéciale. Tout laisse à penser que c'est ce second cas de figure qui est la bonne hypothèse. La montre en métal blanc nickelé est en très bon état avec peu de traces d'usure. Le métal blanc est très résistant. La locomotive à vapeur témoigne d'une époque, la vapeur renvoyée vers l'arrière est signe de mouvement. Quant aux lettres monogrammées, elles sont la signature des chemins de fer serbes.

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En 1926, IWC mettait en avant son "Grand prix de Milan en 1906". La manufacture IWC était déjà une référence en matière de précision. Les Serbes ne s'y étaient pas trompés. Plus que les paysages serbes, la montre a traversé le temps et démontre l'attachement de la compagnie serbe des chemins de fer de sécuriser ses lignes. Quelle fantastique époque où l'horlogerie de qualité n'était pas encore un luxe et où l'on pouvait doter le personnel du meilleur en considérant que la montre était avant tout un instrument de précision.


Droits Réservés - Joël Duval- Juin 2017/ Avril 2020

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