FORUMAMONTRES
AccueilAccueil  PortailPortail  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
| |
 

 Les confinés d'il y a un siècle et leur lien avec le monde

Aller en bas 
AuteurMessage
ZEN
Rang: Administrateur
ZEN


Nombre de messages : 57505
Date d'inscription : 05/05/2005

Les confinés d'il y a un siècle et leur lien avec le monde  Empty
MessageSujet: Les confinés d'il y a un siècle et leur lien avec le monde    Les confinés d'il y a un siècle et leur lien avec le monde  EmptyJeu 30 Avr 2020 - 13:24

Le sujet est à la limite du ressenti humain, de la technique et de la philosophie. Je vous rassure, je ne suis pas déprimé. Je discutais hier, enfin cette nuit, quoique c'était au très petit matin, disons vers 2 h 30, avec un journaliste américain qui confond systématiquement les heures décalées et est convaincu qu'il est 14 h 30 quand il m'appelle Mr. Green . Réveillé en sursaut par ma sonnerie de téléphone que j'avais oublié de placer en mode silence, j'ai donc gouté aux joies d'une conversation en anglais, au téléphone et avec l'esprit brouillé mais pas tant que ça…

La question abordée était de savoir comment il y a 100 ans les gens auraient vécu le confinement.

Il y a un siècle, la Grippe espagnole s'est vécue sans confinement en France ou vraiment très peu, davantage comme un enfermement des contaminés et de leurs proches que comme une mesure protectrice de masse. Conséquence, 150 000 morts sur 39 millions d'habitants. Si l'on suit le ratio, aujourd'hui cela donnerait 280 000 morts. Comme il y aura au final à peu près 60 000 morts, soit 28 000 pour la même jauge de population, on peut estimer qu'on se protège entre 4 et 5 fois mieux aujourd'hui qu'à l'époque. Tout cela est théorique sans doute mais dans une gestion de crise statistique où l'on annonce les victimes futures par jauges, finalement la gestion sanitaire finit par ressembler à une gestion de stock.

Les confinés de 1920, les vrais sont les prisonniers, les malades et les marins à bord des navires et des sous-marins.

Nous allons laisser avec bonheur les malades et les prisonniers et nous intéresser à la psychologie des marins. Des ouvrages témoignent notamment pendant la première guerre mondiale de la vie des confinés militaires à bord des sous-marins et des bateaux de guerre. Les Allemands ont beaucoup écrit sur le sujet  pendant les deux guerres d'ailleurs. Les Américains et les Anglais ont aussi produit des témoignages intéressants et un peu moins les Français car l'armée française n'est pas la grande muette pour rien.

Il ressort des témoignages, une grande solitude des marins et un isolement parfois mal supporté faute de nouvelles de la famille et de la vie à terre. Aucune information ne circulait entre les familles à terre et les marins de sorte qu'ils devaient se construire une rationalité de la vie de leurs familles, leur conjointe ou fiancée lesquelles devaient vivre sans nouvelle de leur bien aimé.

Pour construire cet univers virtuel, les marins devaient garder le rythme de la vie à terre. Se lever au petit matin sauf à être de quart, déjeuner, diner aux heures de la vie courante. La radio transmettait du morse, plus rarement et tardivement des messages, ne parlons pas du courrier en pleine mer. La relation avec la terre, par la pensée, s'opérait grâce à la connaissance de l'heure du port d'attache.

On parle toujours de l'heure comme moyen d'orientation pour calculer les longitudes. On valorise  l'heure pour coordonner les actions mais on oublie trop souvent que l'heure était aussi un lien avec la terre, avec la vie normale. Ces pauvres marins confinés tenaient l'heure du chronomètre de marine, en général dans la cabine du capitaine ou de l'officier chargé des heures et ...du remontage de l'instrument.

La certitude de détenir l'heure et la bonne, la plus précise, était ainsi une sécurité, une condition d'efficacité et un réconfort psychologique d'une population dont on ne s'intéressait pas à la condition d'anxiété. Les marins étaient en quête de l'heure à bord et n'avaient que très rarement une montre personnelle de peur qu'elles ne supportent pas l'humidité ambiante, le taux d'humidité de l'air était très élevé dans les sous-marins notamment et la salinité de l'air. Il fallait donc s'en remettre à l'heure distillée par le commandement et présumer de ce que faisaient les proches restés à terre.

L'exfiltration de l'esprit du confiné passait par la montre de bord et/ou le chronomètre de marine. Ces instruments étaient donc choyés, protégés et surveillés, c'était une question de survie bien au delà de la seule vocation militaire des instruments. Le confinement chez soi, avec Netflix est très loin de cela heureusement ! Pourtant, l'heure reste un élément essentiel qui rythme nos vies et grâce auquel demain, il sera facile de reprendre la vie "commune" . C'est grâce à la mesure du temps que nous saurons si les transports en commun sont en fréquentation de pointe, si nous devons ou non nous lancer dans le métro, s'il est l'heure de travailler ou de déjeuner. L'heure à bord de nos vies est notre chronomètre de marine permanent…   violon

_________________
Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
Revenir en haut Aller en bas
https://sites.google.com/site/hourconquest/
 
Les confinés d'il y a un siècle et leur lien avec le monde
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Messieurs Botta, Brassler et leur lien avec Botta Design et Meistersinger
» Le néant horloger, le degré zéro absolu
» IDENTIFIER UNE OMEGA
» Offre réservée aux lecteurs de Forumamontres
» Montblanc ...Un lien avec des montres anciennes ?

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
FORUMAMONTRES :: Forum général de discussions horlogères-
Sauter vers: