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 Une histoire banale ...Désolé !

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ZEN
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ZEN


Nombre de messages : 57505
Date d'inscription : 05/05/2005

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MessageSujet: Une histoire banale ...Désolé !   Une histoire banale ...Désolé ! EmptyVen 21 Oct 2005 - 19:39

La dernière fois que Paloma Adios a nettoyé la boutique, c'était en 1992, juste avant le mariage de la fille quand les cousins sont venus du sud pour la communion et qu'on avait mis la table des enfants dans la boutique parce que le séjour est trop petit. Même qu'Albert et Simone avaient dormi dans un sac de couchage derrière le comptoir et que la marque grasse des fesses de Simone sur la plaque de verre du comptoir laisse imaginer qu'elle avait du s'asseoir dessus sans remettre sa culotte.

La boutique était une bijouterie rachetée à Raymond Poulvot arraché à l'horlogerie par une presbytie irréversible et à la vie par les méfaits du tabac absorbé pendant 35 ans de labeur.

La boutique donc, avec son calendrier LIP de 1967 punaisé au mur, son plan de lubrification du 7750 postérisé, scotché à même la peinture, la photo de Jeanne Morot pas l'actrice mais la marchande de légumes rendue infirme par la marche arrière mal engagée du camion de lait étaient avec la photo du cosmonaute Neil Armstrong agrémentée du logo Omega , les seules fantaisies consenties à la décoration.

Paloma de son mètre soixante deux et 91 kilos, jambes bandée à droite et bas de contension à gauche avait le souffle bruyant de l'asthmatique allergique à la poussière, raison de son abandon impromptu du plumeau et du chiffon.

Le rideau naturel de crasse de la vitrine et l'éclairage de l'unique tube néon de plafond maintes fois auréolé par les fuites réduisaient la lumière au strict minimum qui fait d'un cadran au tritium une montre magique illuminant l'oeil averti du connaisseur.

Paul le mari de Paloma avait fini par achever d'user la couche de plastique du tabouret en formicat et c'est sur le bois aggloméré qu'il usait ses fonds de pantalon au point qu'on y voyait au travers si le slip était en début ou fin de semaine. Paloma expliquait que la machine à laver servant de panier à linge sâle, elle ne la faisait tourner qu'une fois la semaine et gagnait du temps par cette méthode qui n'imposait qu'un ajout de lessive Bonux dont Paul conservait les cadeaux et avait accumulé sur 20 ans pas moins de 11 clès à sardines, 3 ouvres boites et 17 jeux de 32 cartes.

L'odeur d'urine de chât au dela de la saleté du magasin eut été supportable si le chien atteint de tumeurs malignes des mammelles n'avait pas eu pour habitude de venir lécher la main des clients y déposant une salive malodorante.

La vitrine n'étant pas fermée à l'arrière ne voyait plus aucune marchandise ce qui selon Paloma évitait d'avoir à la rentrer le soir.

Lorsque le téléphone sonnait Paloma avait pour habitude de ne jamais répondre afin d'être prête à accueillir un improbable client.

Dans le magasin, le seul bruit audible était celui d'une comtoise remontée chaque semaine par Paul dont l'empreinte de la main grasse marquait le portillon.

Lorsque la pendule sonnait 11 heures, chaque matin malgré tout, une cliente, Ines Blouvier épouse de Pierre-Edouard Blouvier venait déposer un carton avec des montres de haute horlogerie à réviser, des bijoux à redresser, des piles de montres à changer et autres réparations ou prestations afin que les clients des 7 Joailleries Blouvier puissent bénéficier du légendaire SAV "Blouvier Horloger Joailler depuis cinq générations" .

Madame Blouvier venait elle-même secrétement dans cette boutique afin que son personnel ne puisse divulguer cet accord avec Paul et Paloma Adios.

Paul rendait alors le carton de la veille, et invariablement priait Ines Blouvier de saluer son ami d'enfance Pierre-Edouard avec lequel il était allé à l'école et dont il avait un jour sauvé la vie lorsque Pierre-Edouard était tombé dans le canal en jouant au ballon avec son camarade.

Paul ne nourrissait aucune espèce de jalousie à l'égard de Pierre-Edouard et pour cause. Chaque mardi et jeudi sous prétexte d'aller chercher des fournitures, il allait retrouver Ines dans un hôtel formule 1 sur le bord de l'autoroute et y passait deux heures montre en main à partager les plaisirs de l'alcôve.

Chaque mardi en rentrant, il expliquait à Paloma qu'il faudrait retourner jeudi chez ce fournisseur et Paloma répétait à Paul qu'il ferait mieux d'en changer.

Voilà comment un petit horloger discret dans une boutique minable contribue au plaisir des ses contemporains en en réparant les montres et les bijoux.

Pardon à ceux qui n'aiment pas ces histoires .

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discret
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Date d'inscription : 21/05/2005

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MessageSujet: Re: Une histoire banale ...Désolé !   Une histoire banale ...Désolé ! EmptyVen 21 Oct 2005 - 19:54

une histoire qui me touche avec un réalisme social emprunt de douceur à l'italienne Smile
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Pierre-Yves
Modérateur
Pierre-Yves


Nombre de messages : 16002
Localisation : Bretagne
Date d'inscription : 08/05/2005

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MessageSujet: Re: Une histoire banale ...Désolé !   Une histoire banale ...Désolé ! EmptySam 22 Oct 2005 - 10:15

Sad , mais bien écrit
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Une histoire banale ...Désolé !
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