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 Actu: Régime sans huile

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ZEN
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MessageSujet: Actu: Régime sans huile   Actu: Régime sans huile EmptyMer 5 Déc 2007 - 7:48

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Régime sans huile




Actu: Régime sans huile 7976



Le lancement par plusieurs grandes manufactures de montres étonnantes sans lubrifiant a nourri les discussions du monde horloger pendant l'année 2007. Mais la quête du mouvement le plus fiable possible, qui fonctionne longtemps sans entretien, ne date pas de 2007. Retour sur une histoire perpétuelle.


Vincent Daveau

5 décembre 2007

Cette année, lors des salons horlogers, les passionnés de technologies pouvaient s'en donner à cœur joie. Carbone, titane, tantale et autres métaux occultaient un peu le grand retour des recherches visant à se passer de lubrification, une lubie horlogère récurrente. La maison Ulysse Nardin, en chantre de cette doctrine, présentait la Freak DiamonSil. Son échappement Dual Ulysse au noyau de silicium, sur lequel les ingénieurs sont parvenus à faire croître une couche de diamant synthétique monocristallin, a été développé en partenariat avec les sociétés Sigatec SA et GFD d'Ulm. Ce travail d'équipe a permis de rendre pratiquement inusable cet échappement dont l'une des caractéristiques est de pouvoir fonctionner sans lubrification.

Si cette entreprise est longtemps restée seule dans sa quête, la voilà rejointe par Audemars Piguet. Effectivement, la manufacture du Brassus proposait, dans la Millenary avec Seconde Morte, son échappement Audemars Piguet (présenté en 2006) inspiré de celui mis au point par l'horloger français Robert Robin (1742-1799) à la fin du XVIIIe siècle. Dans cette construction associant les hauts rendements d'un échappement à impulsion directe à la sécurité d'une ancre suisse, les ingénieurs sont parvenus à se passer de lubrification sur les levées sans avoir recours aux nouvelles technologies. Cette belle performance sera toutefois condition de la durabilité des huiles contenues dans l'huilier du pivot de balancier, pour sa part soumis conjointement à de fortes contraintes (impulsion directe) et à la lumière du jour (composant visible par le cadran).

Une fiabilité accrue

Dans cette course visant à réduire l'incidence des huiles dans le fonctionnement d'un mouvement mécanique, la messe n'était pas encore dite puisque deux surprises de taille restaient à découvrir. La première fut celle de Jaeger-LeCoultre qui, cette année, a joué le rôle d'outsider. La découverte de la Master Compressor Extreme LAB et de son calibre automatique JLC 988 C n'a pas étonné les amateurs éclairés, car ils savent que les horlogers de cette maison ont une expérience dans ce secteur. En effet, la pendule Atmos a longtemps détenu le record des instruments généralistes fonctionnant pratiquement sans lubrification (la nomenclature préconise un très faible huilage au barillet et une très légère lubrification aux pivots de grande moyenne).

Dans un contexte concurrentiel tenté par le futurisme, il était donc logique de voir l'entreprise se pencher sur la réalisation d'une montre à l'avant-garde de la technologie, exploitant pour son calibre mécanique à remontage automatique de nouveaux composants lui permettant de se passer des lubrifiants classiques. Dans sa quête, elle n'a pas fait table rase de tous les schémas classiques et a choisi de remplacer ce qui devait l'être pour répondre à sa problématique horlogère: fonctionner sans encombre par forte ou faible température. Pour obéir à cet étonnant cahier des charges qui n'est pas loin de ressembler aux conditions rencontrées par la Speedmaster Omega sur la lune, la marque a remplacé les pierres en saphir synthétique par des paliers taillés dans du carbonitrure Easium™. Cela a permis aux horlogers de se passer des précieuses huiles, sans toutefois les dispenser de recouvrir les pivots en acier roulé d'un traitement de surface, et d'enfermer de la poudre de graphite dans la ruche de barillet. Mais il n'y suffisait pas et, par souci de durabilité face à une roue en silicium extra-dure, comme pour avoir les matières les plus «nanométriquement» lisses, les classiques palettes en rubis ont été remplacées par des diamants noirs de synthèse présentant un arrangement moléculaire parfait. On l'aura compris, avec cette pièce, dont les composants sont travaillés à l'échelle de l'angström, l'horlogerie déjà précise vise à accroître encore la fiabilité. On notera que cette fiabilité gagnée à coup de minutie s'inscrit dans une logique historique puisque Antoine LeCoultre, le fondateur de la société, était aussi l'inventeur du millionomètre, l'un des outils dont l'existence a permis de faire grandement progresser l'horlogerie au tournant du XIXesiècle.

L'année aurait pu lentement glisser jusqu'à son terme avec ce modèle comme point d'orgue d'une horlogerie en plein renouveau. Seulement, cette montre visionnaire a été rejointe par l'InnoVision, la dernière folie horlogère proposée par Ulysse Nardin.

Au-delà des sacro-saintes huiles

Cet instrument, à la différence des autres, n'a pas pour but d'être commercialisé. Il présente les solutions techniques permettant la fabrication de montres dont les mécanismes, dans un proche avenir, n'auront plus besoin d'être entretenu pendant les dix ou vingt ans suivant l'achat. Dans le cas de cette plateforme mécanique, les ingénieurs et les horlogers ont rassemblé toutes les technologies prometteuses maîtrisées par la maison, depuis la présentation de la première Freak en 2001. Six ans après, avec InnoVision, la manufacture Ulysse Nardin démontre combien, tout en étant indépendante, sa capacité à aller de l'avant et à innover sans cesse lui donne clairement une longueur d'avance dans bien des domaines. L'InnoVision n'est pas seulement une montre sans lubrification, elle est aussi une sorte de pavé jeté dans la mare. Une mare que certains visualisent comme étant le lac de Joux. Les progrès en horlogerie procèdent aussi par petites compétitions...

Ce prototype, qui fait table rase des conceptions horlogères du passé, va donc bien au-delà de la simple quête du fonctionnement à sec. La manufacture cherche à tirer la quintessence des matériaux d'avenir comme le silicium et travaille énormément certains processus de fabrication prometteurs qui exploitent conjointement les technologies DRIE (micro-usinage par gravure ionique profonde) et LIGA (contraction des mots lithographie, galvanoplastie, formage). Le résultat est sans appel et force l'admiration, car cette pièce unique, dont on devine la totale reproductibilité, intègre de folles innovations. Avec l'InnoVision et ses paliers antichocs élastiques travaillant à sec, ses ponts en silicium intégrant un exosquelette de nickel obtenu par croissance moléculaire et permettant un positionnement des roues cinq fois plus précis que sur un calibre normal, ou ses composants parfaits obtenus par attaque double face, mise au point par Sigatec, l'âge de l'avant-garde finit où commence l'ère de la science-fiction.

En se tournant résolument vers l'avenir, Ulysse Nardin et Jaeger-Lecoultre donnent le ton d'une horlogerie d'un genre nouveau. Leurs études ont au moins un but: celui de diminuer les interventions en service après-vente, dont on sait le nombre augmenter en raison de l'accroissement des ventes et dont les marques semblent vouloir aujourd'hui sérieusement s'occuper.







Histoire d'une quête de l'impossible
V. D.
Cette course à la montre fonctionnant sans lubrifiant est loin d'être une invention de l'année. Déjà, dans les années 1720, cette question était au goût du jour. John Harrison, ébéniste de son état et connu comme l'inventeur du calcul de la longitude à bord d'un navire par l'emploi des horloges, créait vers 1720 (soit avant même de s'intéresser à la découverte du moyen de faire le point en mer) une pendule dans laquelle les pivots des roues tournaient dans des paliers façonnés dans du padouk (Pterocarpus soyauxii Taub), une essence d'arbre exotique dont le bois exsude naturellement une huile fine. L'homme mettait à profit sa parfaite connaissance de son métier d'origine pour résoudre de façon efficace un problème qui, près de trois siècles après cette invention, reste plus que jamais d'actualité. Cette pendule toujours installée dans la cour des écuries des Lords Yarborough à Brockesby Park dans le Lincolnshire, marque le point de départ d'une recherche ayant trouvé un développement dans la première pendule marine du même auteur (H1). Puis un tour nouveau fut pris dans les années 70 avec l'Astrolon développée par Tissot.

L'importance d'une simple goutte d'huile

L'histoire rapporte que l'illustre Abraham Louis Breguet aurait un jour dit: «Donnez-moi la meilleure des huiles, je vous ferai la meilleure des montres.» Ces mots résumaient toute la problématique des maîtres spécialisés dans la fabrication de garde-temps de grande précision. Pour limiter les frictions, ils employaient des huiles de baleine ou de pied de bœuf, plusieurs fois purifiées et raffinées. Plus tard, comme le mentionne l'ouvrage de Paul Ditisheim datant de 1938* traitant des huiles horlogères, de nouveaux lubrifiants de synthèse très performants sont apparus à cette date. La nécessité de garantir un fonctionnement de qualité sur la longue durée, sans entretien, durant la Seconde Guerre mondiale, devait pousser les chercheurs à améliorer leur viscosité, leur tenue dans le temps et leur stabilité aux températures extrêmes. Des études en laboratoires et des expérimentations nombreuses devaient naître les huiles contemporaines issues du groupe insaponifiable d'éther et d'alcool (alkyle-aryle-oxidibutylène-glycols).

De toutes celles présentes sur le marché, la plus connue des horlogers rhabilleurs est sans doute la Moebius 9010. Ce précieux liquide, vendu en petits conditionnements au prix de l'or ou presque, et destiné aux huilages des pivots exerçant sur les pierres une pression modérée, répond aujourd'hui aux attentes normales des spécialistes de l'entretien des montres.

On comprend dès lors l'importance cruciale d'une simple goutte d'huile qui, pour un mécanisme entier et les 40 ou 90 points de lubrification selon sa complexité, ne dépasse pas la taille d'une tête d'épingle. Et on se demande pourquoi les horlogers ont attendu aussi longtemps pour tenter de se débarrasser d'un si petit composant ayant tant de responsabilité dans le bon fonctionnement d'un mouvement.

Faire son possible pour s'en passer

Après avoir tenté d'en améliorer les qualités sans véritable succès, quelques marques horlogères se sont posé la question de son élimination pure et simple. Déjà, il y a presque quarante ans, la manufacture Zenith avait pris l'option d'employer un nouveau type de lubrifiant sec (bisulfure de molybdène) pour le groupe de régulation du El Primero. La raison invoquée: le nombre d'alternances poussées à 36000 par heure. Ce que seuls ceux l'ayant démonté savent, c'est que l'arbre de barillet attaché au ressort autolubrifié tourne dans deux bagues en bronze au béryllium ne nécessitant pas de graissage. Bref, s'il reste encore plus de 65 points d'huilage et de graissage à effectuer, les principaux organes, mis à rude épreuve en ce qui concerne les huilages, sont traités de façon à résister longtemps, pour peu qu'ils soient démontés avant nettoyage lors de l'entretien à réaliser environ tous les cinq ans.

Quelques années après, au début des années 70, l'Astrolon de Tissot faisait une petite incursion chez les pétrochimistes pour tenter l'aventure du fonctionnement sans huile. Pour intéressante que soit l'expérience, la déferlante du quartz à lecture digitale devait mettre un terme aux pièces en mouvement dans les montres et régler le problème des lubrifications.

Dans le courant des années 1990, avec le retour en grâce des instruments mécaniques, le maître anglais George Daniels, en horloger visionnaire, devait proposer à Omega l'échappement Coaxial, un groupe de régulation devant, théoriquement, fonctionner sans huile. S'il doit finalement être huilé, il conserve toutefois un excellent rendement permettant d'espacer les révisions.

La tentative suivante a été commise en 2005 par deux autres visionnaires de génies: Ludwig Oechslin et Lucas Humair, pour le compte d'Ulysse Nardin, lorsqu'ils développaient l'échappement Dual Ulysse. On retiendra cette date comme ayant ouvert le bal des instruments horlogers tournés vers le futur: ceux dont le cahier des charges indique explicitement que leur fonctionnement doit être le plus long possible sans intervention extérieure.



http://www.letemps.ch/template/supplement.asp?page=19&article=220772

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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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