ZEN Rang: Administrateur
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| Sujet: Actu : Le souci se trouve chez les sous-traitants Mer 25 Mar 2009, 07:08 | |
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- Le souci se trouve chez les sous-traitants»
ERIC THÉVENAZ Pour le secrétaire syndical, même si les entrées de commandes se maintiennent à Bâle, cela ne permettra pas de rattraper les mauvais résultats du SIHH, de Noël et du Nouvel An chinois. (CHRISTIAN GALLEY)Baselworld ouvre ses portes demain, mais les licenciements dans l'horlogerie font davantage l'actualité que les nouveaux modèles de garde-temps. Si les saignées ne sont pas encore terminées, le secrétaire régional d'Unia région Neuchâtel Eric Thévenaz estime que les maisons horlogères sont assez solides pour passer l'épaule. L'inquiétude se porte désormais sur leurs sous-traitants.
En tant que syndicaliste, êtes-vous intéressé par ce qui se passe à Bâle?
Oui, c'est un point fort de l'horlogerie, un passage obligé, comme le SIHH de Genève. C'est un événement qui concourt à dynamiser la branche, à donner un indicateur de sa santé, comme Noël ou le Nouvel An chinois. Je n'y mène pas d'action particulière, c'est plutôt de la relation publique. Mais je m'y rends également pour voir les modèles, les tendances. On montre ainsi aux gens que l'on rencontre à d'autres moments que l'on s'intéresse à ce qu'ils font.
L'horlogerie traverse-t-elle aujourd'hui une crise exceptionnelle ou s'agit-il plutôt d'un réajustement?
La crise est conjoncturelle et non structurelle. Lorsque l'économie repartira, je ne pense pas que l'on reviendra à la situation de 2005-2007, années où l'on a crevé le plafond, mais à un niveau inférieur. Il faut toutefois souligner qu'une des caractéristiques de l'horlogerie, c'est qu'elle a traversé de nombreuses crises. Elle s'est adaptée et a appris à être prudente. Aujourd'hui, il y a évidemment des répercussions sur l'emploi, mais les structures ne devraient pas être touchées. Ces dernières années, les marques, particulièrement les trois grands groupes horlogers, se sont solidifiés en se verticalisant pour assurer leurs livraisons de pièces. Peu d'économies d'échelle ont pu être réalisées, car il ne s'agissait pas de fusions. A l'exception peut-être de Richemont, qui a acheté HGT et Donzé-Baume, deux fabricants de boîtes. Et encore, leurs produits sont différents.
Est-on au creux de la vague ou n'a-t-on pas encore atteint le fond?
J'aimerais bien que l'on soit au creux de la vague! Mais il faudra encore faire le dos rond pendant un moment. Noël, le Nouvel An chinois et le SIHH ont été mauvais. Alors, même si Bâle se maintient ou si le recul est moindre, les stocks ne diminueront pas. Pendant un temps, des entreprises n'auront pas grand-chose à faire.
Quelle activité horlogère est-elle particulièrement touchée?
Toutes. Réaliser une montre, ce sont des dizaines et des dizaines de fournisseurs. Il est évident que les entreprises vont tout faire pour conserver ce qui fait le corps du métier. Les horlogers ont donc moins de souci à se faire, même si une entreprise a également besoin de bonnes opératrices. Mais il est vrai que plus on baisse dans la compétence et la polyvalence, plus les gens sont vulnérables. C'est valable dans l'horlogerie comme dans tous les métiers.
Les entreprises ne font-elles que réagir à la situation ou en profitent-elles pour dégraisser davantage?
Elles réagissent à la situation. Je ne pense pas qu'elles profitent, même si parmi les personnes dont elles se séparent, il y a parfois des problèmes de comportement et de caractère. Quelques entreprises ont anticipé, elles n'ont pas trop engagé, puis se sont séparées de leurs employés temporaires. Il faut également rappeler que le licenciement n'est que l'aboutissement d'un processus, lorsque les autres possibilités d'aménagement de l'horaire de travail ont été épuisées.
Il fut un temps où l'on exportait le chômage, qu'en est-il aujourd'hui?
Actuellement, la proportion des frontaliers licenciés est équivalente à celle de leur importance en entreprise. A l'exception des Brenets, chez HGT, où 85% à 90% des effectifs sont composés de frontaliers.
Les marques licencient, mais qu'en est-il de leurs sous-traitants?
Le souci se trouve là. Les sous-traitants ont encore travaillé ces derniers mois, ces dernières semaines. Mais si la marque à qui ils sont liés a procédé à des licenciements, ils sont désormais à l'affût. Même si l'on trouve ici et là des paradoxes. Ainsi, une entreprise a dû récemment travailler le dimanche afin de livrer des prototypes pour Bâle. Il n'empêche. Les sous-traitants sont moins solides financièrement qu'une marque, ils risquent donc d'être confrontés à un manque de liquidités, à une limitation de leur ligne de crédit bancaire. Ils risquent aussi de subir de nouvelles pressions afin qu'ils produisent à un coût inférieur. Sans oublier que les marques n'ont pas toujours des attitudes responsables. Si elles peuvent rapatrier du travail, elles le font au détriment de leurs sous-traitants.
L'issue se trouverait-elle pour eux dans une diversification?
La quasi totalité des sous-traitants sont dépendants de l'industrie horlogère. Vers qui pourraient-ils se retourner? L'automobile? On l'oublie. La microtechnique? La micromécanique? Quand on est spécialisé, qu'on ne fait que des boîtes de montre ou des cadrans, il est difficile de se diversifier.
En temps de crise, l'horlogerie se distingue-t-elle des autres industries dans ses relations avec le syndicat?
Il y a un type de relation particulier. C'est notamment dû à l'histoire, à la tradition syndicale des Montagnes neuchâteloises. La CCT de l'horlogerie est aussi la première des conventions collectives industrielles. Elle oblige les entreprises à signaler tout licenciement pour raison économique. Mais ce n'est pas venu tout seul, c'est lié aux grandes crises horlogères, lors desquelles les syndicats ont obtenu des plans sociaux assez révolutionnaires pour l'époque, car cette branche était absolument sinistrée. Depuis, on essaie de collaborer. C'est un syndicalisme à tendance germanique. Tant qu'on discute, on n'est pas dans la rue avec les drapeaux. L'horlogerie est une industrie particulière, technique mais traditionnelle. Il y a une tradition aussi dans les rapports entre patronat et syndicat. Mais elle va peut-être se perdre, parce qu'il y a de moins en moins de patrons, de même que de syndicalistes de cette école-là. /DJY DAVID JOLY - Citation :
- Emplois horlogers
14 000 Soit le nombre de personnes travaillant dans l'horlogerie dans le canton de Neuchâtel. Au total, l'industrie neuchâteloise occupe 30 000 personnes.
25% Le pourcentage de personnes syndiquées dans l'horlogerie. Un taux élevé en comparaison de branche, note Eric Thévenaz. Bien inférieur toutefois au record de 80 à 85% de personnes syndiquées dans la construction. Mais bien supérieur aux 1 à 2% d'employés syndiqués dans la vente. /djy http://www.arcinfo.ch/journal/horlogerie/article/149109/le_souci_se_trouve_chez_les_sous_traitants.html _________________ Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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