Actu : Bernard Arnault et la spécificité économique des biens de luxe

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Zonebourse.com) - Bernard Arnault est un homme prudent. Si certains lui prêtent un appétit gargantuesque, il se contente depuis plusieurs années d'investissements discrets et très ciblés. Le luxe est un secteur particulier et sa gestion nécessite du doigté. Une délicatesse qui se marie mal avec le média de masse par excellence : Internet. La toile est incontournable pour trouver un réseau de distribution, mais le magnat du luxe avertit ses confrères : le Net représente aussi le plus grand des dangers pour le luxe.


BERNARD ARNAULT :
Né en 1949 à Roubaix, Bernard Arnault est issu d'une famille dont le père est propriétaire d'une entreprise de BTP. C'est peut-être ce qui...
Rester ferme, malgré la crise
Bernard Arnault a confié au Financial Times sa vision de l'industrie du luxe face à la crise. Le « luxe » n'est d'ailleurs pas un terme qu'affectionne l'homme d'affaires : il préfère parler de « qualité ».

Car selon lui, c'est bien sur la qualité des marchandises que tout va se jouer. La crise va accroitre la concurrence, mais pas à travers l'apparition de nouvelles marques. C'est le comportement des consommateurs, de plus en plus informés et sélectifs, qui sera déterminant.

Certes la crise est d'une ampleur inédite, admet-il, et l'offre de liquidités ne devrait pas se détendre avant au moins dix ans, avec d'ici là des croissances économiques limitées à 2 % dans les pays développés.

Mais l'expérience du passé peut tout de même être exploitée. Et lorsqu'il se penche sur les crises précédentes, Bernard Arnault en retire une conviction : la pire des stratégies serait de réduire les investissements, de baisser les prix et de brader ses produits.

Ce qui est rare doit rester cher
Car en cette période mouvementée, les acheteurs veulent miser sur le long terme. Donc, sur de la qualité... donc, sur des produits de valeurs... et donc, sur des marchandises chères. CQFD.

Lors d'une visite réalisée l'hiver dernier dans une de ses boutiques Vuitton aux États-Unis, Bernard Arnault a même vu des consommateurs venir le remercier de n'avoir pas bradé ses sacs de voyage, Vuitton ne pratiquant jamais de rabais ou de promotions sur ses marchandises.

Car pour le luxe, la stratégie de développement ne repose pas sur un plan triennal ou même quinquennal. Bernard Arnault l'assure : c'est à l'échelle d'une génération que se construit une stratégie dans l'industrie du luxe. Une génération, c'est le temps qu'il faut, selon le milliardaire, pour donner à une marque la légitimité nécessaire à son entrée dans le panthéon des produits de luxe.

Attendre et voir
Malgré les rumeurs qui courent constamment sur les ambitions conquérantes de Bernard Arnault, celui-ci entend confirmer sa prudence vis-à-vis des acquisitions.

L'homme se contente depuis une dizaine d'années de rachats modestes et très ciblés. Ses derniers mouvements ont été la reprise de Hublot, qui apporte une expertise qui manquait au groupe LMVH dans les montres, et une prise de participation dans la ligne de création de vêtements du chanteur de U2, Bono, et de sa femme, Ali Hewson.

Au passage, Bernard Arnault soigne son image en la colorant du « vert » des aspirations écologiques de la star du rock.

Aujourd'hui, c'est vers l'Amérique que l'homme d'affaires tourne les yeux. Ce sera selon lui la première région où la reprise se fera sentir, grâce au volontarisme gouvernemental et à la forte réactivité des entreprises.

Internet et la lame à double tranchant...
Pour profiter de cette croissance à venir, certains principes doivent être exploités dès maintenant : miser - encore et toujours - sur la valeur intrinsèque des biens commercialisés ; et refuser la vente de masse.

Évidement, contourner la grande distribution implique une stratégie reposant sur de lourds investissements et sur une utilisation judicieuse d'Internet. Aussi bien pour la gestion de ses magasins et filiales que pour son impact commercial, le Net apparaît à Bernard Arnault comme un outil fondamental et indispensable.

Mais pour autant l'homme garde les pieds sur terre et ajoute que la toile représente à la fois la plus grande opportunité et le plus grand danger pour l'industrie du luxe. Car le Web a également permis la prolifération d'une quantité inouïe de la contrefaçon, « ennemi public numéro 1 » du secteur.

C'est pour Bernard Arnault l'enjeu principal auquel l'industrie doit faire face : apporter une « éthique » de comportement sur le Net.

http://www.performancebourse.com/actualites/bernard-arnault-et-la-specificite-economique-des-biens-de-luxe,1179.html