FOURNITURES - Technotime licencie 60 collaborateurs
Interview de Laurent Alaimo, CEO du fabricant de mouvements horlogers franco-suisse.
Bastien Buss
L’entreprise a dû prendre des mesures face à la crise. Un magazine affirme que l’entreprise Technotime est aux abois. Qu’en est-il? Quelle est votre réaction?
La surprise. Celle de voir une revue d’informations économiques réputée qui ne juge pas utile de vérifier ses informations en sollicitant notre conseil d’administration ou notre direction. Nous avons initié une opération de restructuration, et compte tenu des coûts et de la complexité de mise en oeuvre pour la partie française de nos activités, nous avons décidé de recourir à une procédure de redressement judiciaire pour notre usine de Valdahon, en France voisine. Cette information a été communiquée à nos clients et partenaires en date du 22 juin. L’horlogerie est un secteur qui se gargarise des difficultés des autres. Ceci permettant peut-être d’expliquer cela.
Etes-vous réellement au bord du gouffre?
Ce n’est pas du tout l’image que j’utiliserais. Il est certain que les temps s’avèrent très difficiles pour l’ensemble de l’industrie et, à ce titre, les fournisseurs tels que nous sont particulièrement impactés. Notre hypothèse de travail est que nous sommes en face d’une crise durable, qui se poursuivra au-delà de 2009, et sera très certainement suivie d’une reprise modeste, sans commune mesure avec les performances habituelles de l’horlogerie.
Le propriétaire, principal actionnaire, ne veut-il pas réinjecter des fonds?
Pas du tout. Nous avons pris le temps d’étudier différents scénarii pour répondre à deux objectifs: Limiter l’impact du fort ralentissement et trouver une configuration optimale qui permette au groupe de traverser cette crise, même si elle devait encore s’accentuer dans les prochains mois.
Plusieurs mesures de réduction des coûts ont été implémentées. Quoi d’autre?
Nous étudions également l’opportunité de partenariats dans différents domaines - production de composants, développement de nouveaux produits, élargissement de l’actionnariat - car il faut également penser à l’après-crise. Mais une chose est sûre, la société n’est pas à vendre et l’actionnaire de référence va continuer à soutenir l’entreprise. Les temps sont durs mais nous survivrons.
Qui est cet actionnaire?
Il s’agit d’un groupe hongkongais, Chung Nam. Il détient plus de 80% du capital-actions. Entré dans la société en 2004, il a ensuite graduellement augmenté ses parts.
Quelles ont été ces mesures?
Comme l’écrasante majorité du secteur horloger, nous avons dû revoir à la baisse nos charges. Ce qui s’est traduit malheureusement par des diminutions d’effectifs. Dans un premier temps, nous avons initié des réductions de l’horaire de travail. Mais cela n’a pas suffit et nous avons donc été contraints de licencier du personnel.
A quelle hauteur?
Au début de l’année, la société Technotime, fondée en 2001, comptait 150 employés, répartis sur ses sites des Brenets (NE), la Chaux-de-Fonds et Valdahon. Aujourd’hui, nous sommes 92 personnes. En résumé, 60 licenciements ont été prononcés, dont la moitié en Suisse. Ces mesures, drastiques, nous permettrons, comme déjà dit, d’être encore présents après la crise.
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).