HORLOGERIE : RETOUR À LA RAISON



[ 11/06/10 - Série Limitée N° 087 ]


Voici, autour des thèmes forts de l'année, quelques-unes des révélations les plus marquantes de la bulle horlogère.

DE HAUT EN BAS : OMEGA, ETERNA, VACHERON CONSTANTIN, TISSOT, PANERAI, PORSCHE DESIGN, BREGUET, LONGINES.


Contrairement à ce qu'annonçaient certains prévisionnistes alarmistes, la débâcle financière a eu moins d'incidence sur les sociétés horlogères qu'ils ne le prévoyaient. Les petites marques indépendantes ont survécu. Elles ont même profité, à l'instar d'Hautlence, des tensions du marché pour présenter au consommateur une offre plus rationnelle et s'appuyer sur un réseau de distribution bien établi. Pour résister, ces entreprises se sont également organisées pour faire front. Cela leur a plutôt réussi car elles n'ont jamais été aussi visibles. L'autre conséquence de la crise sur l'horlogerie est d'avoir gelé, chez la plupart des grands noms, les velléités de chasser sur les terres de ces petites structures très créatives. Comme un électrochoc sur une machinerie s'étant emballée, les résultats en baisse ont fait revenir vers l'horlogerie traditionnelle les marques de prestige tentées, durant les années d'euphorie, par une aventure futuriste .

Des manufactures établies comme Tudor avec l'Heritage Chrono (3 015 euros), Cartier avec la Calibre or rose (14 800 euros), Omega avec la Speedmaster Soyouz (6 200 euros), Vacheron Constantin avec le Chrono Patrimony (35 900 euros), Jaeger-LeCoultre avec la Master Memovox (14 800 euros), Zenith avec le El Primero Striking (8 000 euros) ou Breguet avec la Tradition Tourbillon Fusée (20 600 euros) n'ont aucun intérêt stratégique à picorer dans le pré carré de maisons connues des seuls initiés comme Urwerk ou Cabestan. Elles ont adopté le parti pris, judicieux, de répondre à la demande véritable des consommateurs : disposer de montres de tailles raisonnables, dotées de mécanismes de qualité et toutes capables de passer les années sans perdre de leur charme.

Le résultat ne s'est pas fait attendre. Comme à chaque coup de frein du marché, les horlogers comme Porsche Design (4 390 euros), Panerai (Radiomir 42 mm : 5 400 euros), Tissot (Visodate : 450 euros), Longines (Flagship or rose : 3 510 euros) ou Eterna (Kontiki : 2 700 euros) ont présenté des garde-temps contemporains à l'esthétique des années 1930 à 1970. Plébiscités par le public, ces modèles emblématiques ont, une nouvelle fois, fait la démonstration que la meilleure défense de l'horlogerie contre la crise restait de toute évidence, l'immobilisme... La seule et vraie garantie de durée pour l'horlogerie institutionnelle est ainsi de tendre vers le futur le plus lentement possible, laissant aux jeunes marques le soin d'ouvrir le terrain, de flairer les tendances, de se montrer innovantes et créatives...