On se bat pour ses Rolex



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Edmund Hillary

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Les enfants du vainqueur de l’Everest ont fait annuler la vente de ses montres par une maison genevoise. La justice doit maintenant décider à qui elles reviennent.

Renaud Malik - Le Matin





300 000 à 500 000 francs: c’est la somme que la maison d’enchères genevoise Antiquorum espérait retirer de la vente des Rolex de Sir Edmund Hillary, premier homme à avoir foulé la pointe de l’Everest en 1953. La justice néo-zélandaise en a décidé autrement. Et les montres, qui devaient passer sous le marteau samedi, ont été retirées in extremis. A l’origine de ce couac: la colère des enfants de l’illustre alpiniste disparu en 2008, qui ont estimé que la vente était illégale.
Elle s’annonçait pourtant historique. Les médias horlogers avaient abondamment parlé de ces six Rolex fournies par Lady June Hillary, seconde épouse de Sir Edmund. Les collectionneurs lorgnaient en particulier une splendide Explorer 1953, que le Néo-Zélandais avait reçue en cadeau à sa descente de l’Himalaya et qu’il portait au poignet lors de ses expéditions en Antarctique et au pôle Sud.
Retour au pays
Problème: Lady Hillary n’avait pas le droit de vendre ces montres, selon les deux enfants de Sir Edmund. A peine avertis de la vente, ils ont saisi la justice en arguant que ces objets appartenaient au patrimoine de la famille et à celui de la Nouvelle-Zélande tout entière. Un argument repris par le gouvernement néo-zélandais, qui a exprimé son souhait de voir revenir au pays les Rolex de Sir Hillary.
Pour la maison Antiquorum, le couperet est tombé quelques jours seulement avant la vente du 14 novembre: «Nous avons reçu une injonction de la Nouvelle-Zélande qui nous demandait de retirer les montres de la vente, raconte le commissaire-priseur Julien Schaerer. En revanche, nous avons obtenu le droit de garder les pièces en notre possession, d’ici à ce que la justice tranche définitivement en faveur de la veuve ou des enfants.»
Aucune base légale
Contrainte à la dernière minute de renoncer à une vente qui s’annonçait fructueuse, Antiquorum entend bien demander des dommages et intérêts à la famille Hillary. Sans perdre pour autant l’espoir que la vente ait finalement lieu: «J’espère sincèrement que la famille parviendra à un compromis et sera d’accord de remettre en vente les pièces», observe Julien Schaerer. Et tant pis pour tous ceux qui, en Nouvelle-Zélande, estiment que les biens du principal héros national ne doivent pas quitter le pays: «Je comprends que la vente des biens d’une figure aussi célèbre blesse certaines susceptibilités. Cela dit, l’argument selon lequel les montres ne peuvent pas quitter la Nouvelle-Zélande parce qu’elles appartiennent au patrimoine du pays n’a aucune base légale.»
Vendre les biens d’un personnage historique fait toujours jaser certains, ajoute le commissaire-priseur. Qui rappelle qu’en mars 2009, la vente par Antiquorum de cinq objets ayant appartenu à Gandhi avait suscité un tollé en Inde: le Ministère de la culture et l’arrière-petit-fils du Mahatma avaient exercé des pressions pour que ce patrimoine ne s’éparpille pas. «Cela avait généré une pub énorme pour la vente», note Julien Schaerer. A tel point que la montre Zénith de Gandhi, qui était estimée à 20 000 francs, avait été vendue pour 2,1 millions. Moralité: Rien ne vaut un scandale pour faire monter des enchères en flèche.