Guy 67 Modérateur
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| Sujet: A. Lange & Söhne – l’histoire d’une réussite contemporaine 29/7/2008, 19:18 | |
| En 1994 l’un des plus glorieux noms de l’horlogerie de précision allemande fait son retour sur la scène du temps : A. Lange & Söhne. La renaissance de la marque met fin à 50 ans d’éclipse involontaire de magnifiques montres mécaniques saxonnes – et marque le début d’une formidable réussite contemporaine. Faisant de nouveau partie des montres les plus convoitées au monde, les produits fabriqués par les ateliers traditionnels des Monts métallifères ont retrouvé la place prédominante qu’ils occupaient dans le passé. Une légende renaît de ses cendres.
Depuis 1990, année de fondation de la société Lange Uhren GmbH par Walter Lange,
arrière-petit-fils du génial Ferdinand Adolph Lange, des horlogers de grand talent créent à Glashütte des montres-bracelets exclusives qui ne craignent pas la comparaison avec les plus prestigieuses marques suisses. Elles redonnent non seulement vie à un mythe du temps jadis mais se distinguent par des caractéristiques horlogères qui ont alors quasiment disparu. Ce sont les montres qu’aurait fabriquées Ferdinand Adolph Lange s’il était encore en vie.
Qui était Ferdinand Adolph Lange ?
Futur fondateur de l’industrie horlogère de précision allemande dans la ville saxonne de Glashütte, Ferdinand Adolph Lange naît à Dresde le 18 février 1815. Il réalise son apprentissage horloger auprès de Johann Christian Friedrich Gutkaes, célèbre fabricant d’horloges et gardien de l’horloge de la tour de la cour royale saxonne de Dresde. Au cours de ses années de formation, il suit des cours à l’école Polytechnique et passe ses soirées à apprendre par lui-même l’anglais et le français. En 1837, trois ans après la fin de son apprentissage, il se rend à Paris avec, en poche, une lettre de recommandation de son maître d’apprentissage Gutkaes. Il y est engagé par Josef Thaddäus Winnerl, célèbre fabricant de chronomètres. Quatre ans plus tard, ayant acquis la position de chef d’atelier, il quitte la France pour approfondir son expérience en Angleterre et en Suisse. C’est durant cette période qu’il remplit son désormais célèbre carnet de notes de nombreuses esquisses de mouvements et de savants calculs de rapports pour les roues et les pignons. Cette « magna charta » (grande charte) constituera l’un des plus précieux patrimoines de Walter Lange lorsqu’en 1990, il prendra un nouveau départ.
A son retour à Dresde Adolph Lange est réemployé par Gutkaes. Il en épouse la fille Antonia en 1842 et devient copropriétaire de l’affaire de son ancien patron. Lange n’est pas seulement un horloger talentueux, mais un homme érudit, profondément religieux et doté d’une conscience sociale très développée. Frappé par la pauvreté de la région déshéritée des Monts métallifères, il décide en 1843 de passer à l’action et, de lettres en pétitions et en négociations avec le ministre royal saxon de l’intérieur, il se bat pour la création d’une manufacture de montres à Glashütte. Il obtient finalement un prêt en l’échange duquel il est autorisé à former 15 jeunes de Glashütte au métier d’horloger. La petite ville pauvre a laissé depuis longtemps derrière elle les beaux jours de l’exploitation de la mine d’argent ; elle n’est plus désormais reliée au reste du monde que par une route poussiéreuse à peine carrossable et le passage hebdomadaire de la voiture postale. Lange établit son premier atelier, instruit ses élèves, démarre la production, construit des machines améliorées pour la fabrication de composants de précision, s’occupe de la correspondance et de la comptabilité.
Cette aventure courageuse est récompensée, car sa vision d’avenir commence bientôt à prendre forme. Et dans le sillage du succès de sa propre société, Glashütte – dont Adolph Lange améliore notablement l’infrastructure au cours de ses 18 ans de mandat de maire – se révèle un terrain fertile pour de nombreux petits ateliers spécialisés dans les rubis, les vis, les roues, les barillets, les ressorts-moteurs, les balanciers ou les aiguilles. Sa manufacture recourt aux services de fabricants de boîtiers, doreurs et graveurs et sous-traite les composants de trois autres manufactures, dont quelques- unes ont été fondées par certains de ses anciens apprentis. Des centaines d’emplois sûrs et bien payés transforment bientôt la pauvreté en une honorable prospérité. Grâce à la fondation, en 1878, de l’Ecole d’horlogerie allemande par le frère spirituel de Lange, Moritz Grossmann, Glashütte coupe finalement le cordon ombilical avec la France et la Suisse pour devenir la pierre angulaire de l’horlogerie allemande, offrant une formation à la fois pratique et technique aux aspirants horlogers.
Lorsque Adolph Lange meurt brusquement le 3 décembre 1875, à l’âge de presque 60 ans, il ne fait pas que transmettre une affaire florissante et une prestigieuse liste de récompenses internationales à ses fils et petits-fils, mais aussi un solide avenir économique à Glashütte, qui l’a depuis remercié en élevant un monument en son honneur. Premières à être dotées de composants scientifiquement calculés, d’une nouvelle configuration avec platines trois quarts, échappement à ancre de Glashütte, balancier compensateur, raquetteries de précision ou spiraux de balanciers avec spires terminales spéciales, ses constructions incarnent le summum de la qualité horlogère. Les montres de précision A. Lange & Söhne, dont certaines grandes complications atteignent aujourd’hui des prix records dans les ventes aux enchères, pérennisent dans le coeur des passionnés d’horlogerie les idéaux d’un homme qui écrivit un chapitre épique de l’histoire de l’horlogerie et de sa patrie saxonne.
Jusqu’à l’expropriation de la manufacture au lendemain de la Deuxième guerre mondiale, les montres A. Lange & Söhne figurent parmi les garde-temps les plus prestigieux et les plus convoités au monde. Lorsqu’en 1951 les sociétés saisies de Glashütte fusionnent pour former un grand combinat du nom de VEB Glashütter Uhrenbetriebe, la fière signature qui a orné tant de cadrans sombre dans l’oubli – et dans les cercles de collectionneurs, le nom de A. Lange & Söhne acquiert le statut d’un véritable mythe.
L’héritage d’une vénérable dynastie horlogère
Walter Lange, qui a déménagé à Pforzheim après l’expropriation, voit dans la réunification de l’Allemagne en 1990 une opportunité d’insuffler une vie nouvelle à sa riche tradition familiale. Dès 1976, il retourne régulièrement dans sa région natale de Saxe et maintient le contact avec des horlogers de Glashütte. Avec Günter Blümlein, alors directeur de IWC International Watch Co. AG à Schaffhouse (Suisse), l’entrepreneur de 66 ans fonde Lange Uhren GmbH le 7 décembre 1990, 145 ans jour pour jour après l’arrivée de son arrière-grand-père dans la ville saxonne de Glashütte. Si l’histoire ne se répète pas, elle établit de bien surprenants parallèles…
En premier lieu, Walter Lange recherche une sécurité financière pour sa société sous les ailes du groupe horloger LMH (Les Manufactures Horlogères). Au cours de l’été 2000, LMH est racheté par le groupe Richemont Suisse, propriétaire de quelques-unes des manufactures de montres de luxe les plus renommées au monde. Outre Lange, son portefeuille de marques comporte IWC, Jaeger-LeCoultre, Baume & Mercier, Piaget, Vacheron Constantin et Officine Panerai. Bien qu’elle soit la plus petite manufacture horlogère de cette communauté de sociétés au fonctionnement indépendant – concurrentes, certes, dans un marché férocement concurrentiel – Lange vise avec assurance le sommet de la pyramide avec ses chefs-d’oeuvre horlogers.
Des montres telles qu’Adolph Lange les aurait lui-même fabriquées
Aujourd’hui, 500 employés de Lange Uhren GmbH sont impliqués dans la création des mouvements exclusifs des nouvelles A. Lange & Söhne sur les sites de production haute technologie de Glashütte. Ce rare potentiel inscrit Lange dans le très petit cercle de manufactures n’utilisant pour leurs montres que des mouvements qu’elles ont elles- mêmes conçus et fabriqués.
Vu l’implication massive de méthodes artisanales très consommatrices de temps dans la fabrication de chaque montre, les garde-temps Lange sont produits en très petites séries. La production annuelle totale de la manufacture n’est que de quelques milliers de montres, distribuées très sélectivement à travers un réseau mondial de seulement 143 horlogers-joailliers pour un total de 207 points de vente.
Les montres Lange de la génération actuelle sont épurées et discrètes, élégantes et classiques, d’un style cohérent et homogène à travers toute la ligne de produits. La gamme de modèles, comprenant actuellement 25 calibres différents, est aisément identifiable, chacun reflétant sans erreur possible ses nobles origines.
Montre phare de la manufacture, la LANGE 1, s’impose comme une nouvelle référence non seulement sur le plan du design mais aussi sur celui de la technologie. Avec son cadran décentré, son visage asymétrique et son mouvement de manufacture original proposant un brillant éventail de raffinements techniques distinctifs, elle prend, lors de son lancement en octobre 1994, le monde horloger par surprise. Porte-drapeau du retour de la noble marque A. Lange & Söhne, elle incarne à tous égards la grande tradition Lange.
Lors du lancement de la LANGE 1 est également présentée la célèbre grande date de Lange. L’affichage, d’une taille environ quatre fois supérieure à celle des montres de même format, évoque l’époque Lange-Gutkaes. Elle rappelle l’horloge digitale à cinq minutes fabriquée en 1841 par Johann Christian Friedrich Gutkaes pour l’opéra Semper de Dresde.
Les montres Lange de l’ère nouvelle témoignent également de la noble tradition dont elles procèdent par la construction et la qualité de leurs mouvements. Leur personnalité s’est constituée à partir d’une variété d’éléments empruntés aux montres de poche historiques de Lange, dont la platine trois quarts de Glashütte en maillechort laminé, le coq de balancier gravé à la main ou les chatons en or, sécurisés par des vis en acier bleui, qui portent les rubis du rouage.
Qualité, exclusivité, innovation
Chaque modèle de montre Lange abrite un mouvement de manufacture développé par le département interne de conception. La quasi-totalité des composants de ces mouvements exclusifs, se chiffrant à quelques milliers à travers la gamme entière de calibres, sont produits à la manufacture – platines, ponts, leviers, ressorts, roues et pignons, par exemple. Chaque composant individuel est minutieusement terminé à la main. Les maîtres horlogers de chez Lange en décorent même les surfaces qui ne seront plus visibles une fois le mouvement assemblé. Les outils et l’appareillage requis par ces procédures sont fabriqués en interne. Chaque coq de balancier est artistiquement gravé selon une technique manuelle qui transforme chaque montre Lange en un trésor unique. Les mouvements sont assemblés par les horlogers de chez Lange, méticuleusement réglés en cinq positions puis à nouveau démontés. C’est seulement à ce moment-là que sont données les dernières touches finales aux composants individuels, à nouveau nettoyés et enfin ré-assemblés pour constituer un mouvement parfait, doté d’authentiques vis en acier bleui. Aucune montre ne quittera la manufacture avant d’avoir été soumise, plusieurs semaines durant, à de rigoureux tests de contrôle.
Les objectifs majeurs des maîtres horlogers Lange sont la qualité, l’exclusivité et la plus grande valeur ajoutée fondées sur le déploiement de technologies avancées. Destiné à soutenir cet effort, le nouveau Centre de Technologie et de Développement, cinquième bâtiment dévolus aux opérations de la manufacture, a été inauguré en octobre 2003. Après une période de préparation de dix ans, il concrétise l’un des rêves des fondateurs de Lange Uhren GmbH : Walter Lange et le très regretté Günter Blümlein, décédé prématurément en 2001. Il y a plus de dix ans, en 1993, ces hommes visionnaires couvaient déjà les premières idées relatives à la production intégrée de spiraux de balancier, coeurs des montres mécaniques. Plusieurs spécialistes Lange ont depuis lors voué une attention de tous les instants aux fondements théoriques et aux procédures technologiques de la production de spiraux. Du laminage d’un fil de métal de 0,05 millimètres, à l’enroulement, au recuit et au relèvement de la spire terminale, toutes les étapes requises pour la fabrication des spiraux de très haute qualité à destination des mouvements de la manufacture sont aujourd’hui maîtrisées en interne chez Lange. Le DOUBLE SPLIT présenté en avril 2004 fut le premier modèle à être équipé d'un spiral maison de ce type, développé en interne chez Lange.
Cet événement marque également l’achèvement d’un cycle historique : en 1930, Richard Lange, fils du fondateur de la société Ferdinand Adolph Lange, avait rempli une demande de brevet pour un « alliage métal pour spiraux de balancier » (Brevet N°529945 daté du 19 février 1930). Il avait compris qu’ajouter du béryllium aux alliages nickel éliminerait les inconvénients majeurs des spiraux Elinvar qui, alors les plus courants, n’étaient pas suffisamment souples et solides pour répondre à ses exigences.
La croissance ultérieure de la manufacture dépendra du maintien de sa capacité à développer des innovations horlogères et de nouveaux mouvements sophistiqués. Aussi accorde-t-elle une attention toute particulière à la qualité de formation de ses horlogers. Le lancement, le 25 août 1997, des programmes d’apprentissage internes constitue un pas décisif pour cette transmission des savoir-faire. Cette création s’inspire, elle aussi, d’une vieille tradition de Glashütte oubliée : en 1878, Lange fut l’un des premiers promoteurs de l’école d’horlogerie allemande.
La tradition en mouvement
Aujourd'hui A. Lange & Söhne est de nouveau l'une des marques les plus prestigieuses et les plus renommées au niveau mondial de l'horlogerie internationale de précision. Jeune entreprise couronnée de succès, héritière d'une longue tradition, Lange se situe à la confluence de son origine et du futur, ce qui caractérise la philosophie de l'entreprise. Lange est une entreprise innovante, car elle se conforme à sa tradition, et elle est dans le même temps traditionnelle, car seules les valeurs héritées du passé, telles que la perfection, la passion et l’humanité permettent d’orienter une invention et de lui donner un sens. Pour tout nouveau modèle, les maîtres horlogers de Lange s’appliquent à fabriquer la montre du futur en se basant sur les valeurs du passé. Chez Lange, cela s'appelle « La tradition en mouvement ». _________________ La mode se démode, le style jamais. Membre AHA n°1 Amicalement Guy 67 |
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