1955 La sirène de Zenith passe au silence et JLC et Zenith collaborent...
On est en 1955, le président de ZENITH, Jean-Pierre de Montmollin, accepte mal que son entreprise ne soit pas dans la course à la création de pièces électroniques et imagine des accords avec quelques partenaires pour développer en commun des modules électroniques destinés à équiper les montres. Il imagine même que ZENITH pourrait être au cœur d’une sorte de consortium de firmes contribuant à développer ces nouvelles formes de technologies horlogères.
Edgar Bichsel et Charles Ziegler qui font partie de l'équipe de direction disparaissent en 1956 à quelques semaines d’intervalles. Il faut alors recomposer l’équipe de direction. Georges Nardin devient directeur commercial, Jean-Pierre Hainard est désigné directeur administratif puis comme directeur général après avoir été rappelé de Besançon où il assurait la direction de la succursale française et Henri Robert, qui est passé par Thommen à Waldenburg, Bulova à Bienne et Vulcain à La Chaux de Fonds est appelé comme directeur technique. L’entreprise compte alors 800 personnes.
La sirène de ZENITH ne résonne plus. On l’appelait autrefois le sifflet Georges Favre. La presse locale fait de l’arrêt de la sirène un évènement, en effet, toute la commune du Locle a vécu au rythme de ses retentissements qui s’entendaient des kilomètres à la ronde pour appeler les ouvriers à leur poste. La sirène a ses partisans et ses opposants mais son arrêt tourne une page de l’histoire de la manufacture et de toute la commune.
Jean-Pierre de Montmollin reste ancré dans l’idée qu’une alliance avec d’autres marques renforcerait sa manufacture et que des partenariats sont indispensables. Il consacre ces années de la cinquième décennie du vingtième siècle à rechercher des partenariats et à ainsi tenter de renforcer ZENITH qu’il perçoit comme trop isolé au milieu d’une concurrence qui se structure de plus en plus en holdings ou groupements. En 1956, sur les conseils d’un banquier Français, des contacts sont noués avec cette fois ci Jaeger LeCoultre. En juin 1957, l'assemblée générale des actionnaires entérine un échange d'administrateurs entre les deux firmes. Jules Savary et Georges Ketterer sont élus au conseil d’administration de la Manufacture pour représenter le groupe Jeager LeCoultre qui détient à cette époque Vacheron et Constantin et Audemars Piguet.
En contrepartie, Jean-Pierre De Montmollin et René Gugger accéderont aux postes d'administrateurs de Jaeger LeCoultre. Le lien porte sur la concentration de moyens techniques, industriels et commerciaux. Les résultats seront limités et même s’il se fabrique dans les ateliers du Locle quelques mouvements pour Jaeger LeCoultre et si la manufacture achète quelques ébauches à son partenaire, on ne peut en aucun cas parler de fusion.
ZENITH voudrait aller plus loin et créer un bureau commun de développement mais cela ne correspond pas aux attentes de Jaeger LeCoultre qui ne partage pas les visions stratégiques élaborées au Locle et pose comme condition de devenir majoritaire dans le capital de ZENITH pour poursuivre le partenariat. Le divorce à l’amiable sera finalement consommé en 1961 malgré des accords amiables et ponctuels de services réciproques tels que l’assemblage de calibres jusque dans les années 70.
Jean-Pierre de Montmollin tentera d’autres rapprochements avec Concord Watch par exemple mais sans résultats probants.... Les alliances de Zenith se feront bien plus tard autrement au sein du groupe LVMH qui rachéte la firme en 1999.
Droits réservés - Joël Jidet pour Forumamontres
_________________
Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).