Des montres pour les armées de terre Anglaise et Allemande
Au détour de la Seconde Guerre Mondiale, les armées de tous les pays s’équipèrent en quantités importantes auprès des fabricants de montres pour des modèles qui, répondant à un cahier des charges, ont une esthétique constante et commune. Bulla, Cronos, Doxa, Felsing, Glycine, Grana, Hanhardt, Helios, Heuer, Huber, IWC, Junghans, Laco, Lancet, A. Lange & Söhne, Revue, Schätzle & Tschudin, Schieron, Siegerin, Stowa, Tutima, Wagner, Wempe et Zentra ont notamment fait partie des fournisseurs des deux camps, parfois simultanément.
Ce fut en outre le cas de Buren, Cyma, Eterna, Invicta, Jaeger-LeCoultre, Lemania, Longines, Omega, Record, Rolex, Rotary, Ulysse Nardin, Vacheron et Constantin, Vertex et Zenith.
Pour Zenith, les modèles livrés à l'armée anglaise comportent la plupart du temps la broad arrow sur le cadran blanc ou noir et parfois en rappel ce même repère sur le fond de la montre. Les montres livrées par Zenith à la différence de la plupart des autres marques furent rarement emboitées dans des boites en laiton chromé mais plus souvent dans des boites en nickel ou en métal blanc. Zenith indiquait en outre le millésime de ses montres sur les cadrans. Certaines livraisons notamment pour les colonies anglaises furent opérées avec des pièces de 7 rubis.
L’armée Anglaise fut particulièrement consommatrice d’instruments de mesure et de montres dont elle multiplia les fournisseurs.
Quelles que fussent les armées clientes, ces montres étaient toujours d’assez belle facture et d’une exécution soignée avec des mouvements fiables, de qualité et des boîtes pour lesquelles des efforts d’étanchéité avaient été consentis.
Dans les livraisons faites à la Wehrmacht de montres bracelets ou de montres de poche, on retrouve des caractéristiques communes conformes au cahier des charges allemand.
Pour ce qui concerne la version de poche, la montre est remarquable pour son cadran noir marqué de chiffres arabes inscrits comme les aiguilles, au radium puissamment luminescent à chaque quart. Le mouvement précis est protégé dans une robuste boîte en acier Staybright faite par ZENITH, à lunette dessinée dans la carrure mais faisant corps avec le boîtier. L’épais fond vissé à trois encoches s’ouvre sur un antipoussière qui enferme le mouvement par ailleurs garanti par un fin joint en plomb écrasé lors du vissage du fond. Le cadran donne à lire en lettres dorées le nom de ZENITH que l’on retrouve avec le logo rond étoilé dans le fond intérieur de la boite, fond qui sur la face externe est gravé des lettres D. pour Dienst (uhr) suivi de 7 chiffres et de la lettre H pour Heer correspondant au recensement militaire allemand des montres de service en dotation de l’armée de terre (Wehrmacht). Le calibre de 15 rubis, un 193-P-6 de 19 lignes (41,3 mm x 6,45mm) à petite seconde est doté d’un antichoc à griffe pour protéger l’axe de balancier ce qui est rare dans les montres de poche en 1942/1943 période de production des mouvements.
Lourdes et massives, ces montres semblent insensibles aux éléments extérieurs et leur étanchéité réelle les a garanties des affres du temps.
Zenith répondit à des cahiers des charges proche de celui élaboré par la Wermarcht pour d'autres armées. Les modèles sont différents par les cadrans dont tous les chiffres sont peints au radium à la différence du modèle de l'armée de terre et dont le boitier plus épais encore est différent notamment au niveau de la bélière.
Ici tous les chiffres sont recouverts de radium Pièces de choix des collectionneurs, elles symbolisent pour la marque une production de masse dont la qualité rivalise avec celle des montres américaines servies aux soldats américains et anglais. L’évaluation des volumes en reste complexe mais 5000 à 6000 exemplaires par année de 1938 au début des années 50, semble correspondre à la réalité des commandes de l’époque.
A coté de la version de poche, de nombreuses marques ont livré une version bracelet, construite avec la même rigueur. Il s’agit de la Military Heeres DH - II WK. D’un diamètre de 34,5 mm. Pour Zenith, la boite en inox signée ZENITH brevetée est tout aussi massive. Le fond en est vissé et marqué aux références de la Wermacht (D 7chiffres H). Une fois ce fond enlevé, un cache poussière en acier léger protège encore le mouvement. La lunette épaisse dégage une impression de solidité. Le mouvement embarqué est un 12-4-6 à ancre de 12 lignes à remontage manuel, produit de 1944 à 1947 en 3600 exemplaires, évoluant à 18 000 alternances par heure, à petite seconde et pare-chocs. Le cadran noir est peint de chiffres arabes au radium. Il comporte une petite seconde à 6 heures. Très lisible, la montre est équipée d’aiguilles heures et minutes également recouvertes d’une peinture au radium. La trotteuse blanche est sans contrepoids.
Ici tous les chiffres sont peints au radium
La montre bracelet est un peu plus rare que la version de poche car produite en plus faible quantité et dans un cadre plus concurrentiel que la version de poche déjà en voie de production restreinte dans beaucoup de manufactures au milieu des années 40.
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