Les montres de
poilus La première guerre mondiale voit passer les montres de la poche au poignet et quelles montres ! La plupart du temps, les premières montres des
poilus sont des bricolages avec des bracelets extensibles comportant une griffe qui permet d'adapter des montres de col faites pour les dames aux poignet des hommes. Au début du siècle porter un bracelet avec une montre est regardé comme plutôt féminin et beaucoup d'hommes répugnent à porter leur montre au poignet surtout s'il s'agit d'une adaptation de pièce féminine.
Il s'avère que dans les tranchées et avec l'uniforme militaire, il est peu aisé de porter une montre de poche car soit elle se trouve dans le manteau et est peu accessible avec un risque de perte, soit il faut la porter sous le manteau et là , elle est inaccessible. Le poignet s'impose donc et
Zenith produira dès 1912, juste avant la guerre les premières pièces pour hommes de poignet. Il 'sagit de boites de montres de dames auxquelles la manufacture a adapté des cornes fixes.
Le système se perfectionne ensuite. Une marque française "Crétier" imagine même un cadran angulaire qui ne comporte plus de pieds et peut s'adapter au besoin quel que soit le sens d'utilisation de la montre. Les marques innovent toutes en la matière car la demande croît à une vitesse exponentielle.
Zenith présente parmi les premières manufactures une vraie montre d'hommes caractéristique par le XII en rouge pour faciliter la lecture de l'heure. Il faut en effet imaginer qu'à cette époque l'oeil est très peu habitué à une lecture rapide de l'heure sur une montre qui n'est pas tenue en main.
Zenith maîtrisant la fabrication de ses cadrans a pu s'offrir cet atout de lisibilité qui était très apprécié. Cette affichage est parfois rencontré sur des montres de poche et plus rarement sur des montres bracelets. Le calibre, le premier imaginé pour des montres bracelet mais il servira aussi sur des montres de dames, est un 13 lignes.
La manufacture semble avoir dupliqué avec un pantographe son calibre de poche tant son architecture est calquée sur le mouvement 18 lignes qui a rendu la manufacture célébre.
Rare modèle avec le XII en rouge L'idée est si judicieuse que les forces américaines de transmission, les signal corps commanderont entre autres à
Zenith des montres bracelets pour les hommes de terrain.
Ces montres seront portées par les
poilus les plus privilégiés, car s'il avaient bien des montres au poignet soit en argent soit en métal blanc ou acier noirci (moins fréquentes), celles-ci n’avaient pas encore de caractéristiques réglementaires et leur appartenaient donc en propre. Les paquetages militaires ne s’enrichiront de montres distribuées par l'armée que plus tard. On accorde pourtant à ces montres une valeur militaire tant le poids du courage de leurs propriétaires a marqué l’histoire.
ZENITH mit dans son catalogue ce type de pièces aux alentours de 1912 ce qui explique qu’on les retrouve dès le début de la guerre aux poignets de certains militaires. Généralement assemblées avec des calibres de 13 mais aussi des 15 lignes de 15 rubis et dotées de cadrans blancs en émail avec trotteuse à six heures très proches des montres de col, ces vraies montres bracelets possédaient 2 attaches fermées et mobiles, accrochées à la carrure par deux pièces soudées sur la carrure à midi et six heures faisant office de charnières.
Extrait de catalogue du tout début des années 10 Elles conserveront un système de double fond assez longtemps, au moins jusqu'au milieu des années 20 car ce système offrait une meilleure étanchéité. Les modèles des marques qui pour réduire l'épaisseur on conservé un seul fond et supprimé le cache poussière ont souvent rencontré des problèmes dus à la pénétration de l'eau et de la poussière.
A défaut d’être militaires, les circonstances de la guerre en ont fait de ces pièces des « montres pour militaires » tant elles furent prisées par les combattants pour leurs caractéristiques solides et pratiques.
Droits réservés - Joël Jidet - Forumamontres septembre 2011