On est en 1993, une bonne partie du chiffre d'affaires de la manufacture se fait sur des montres à quartz dont les coûts de fabrication sont contenus. Depuis 1984, la manufacture soutenue par Rolex qui se fournit en El Primero adaptés à ses besoins mais entièrement fabriqués chez Zenith, a relancé la fabrication de son calibre à haute fréquence mais trébuche sur un succès trop fébrile de ses modèles. Parmi ceux-ci la De Luca. Les amateurs lui reprochent de trop ressembler à une Rolex et finalement cela dessert davantage la manufacture que ça n'accroit ses ventes.
L’équipe qui s’est constituée autour de François Manfredini s’est fixée pour mission de repositionner ZENITH sur le segment du haut de gamme. Les prix des montres sont très bien positionnés sur le marché au regard de la qualité des mouvements et de la finition des modèles. Les modèles à quartz sont encore nombreux dans le catalogue et les cadres du comité de Direction sont convaincus qu’il faut exploiter davantage l’image de la manufacture et abandonner rapidement les productions de montres à quartz d’autant qu’elles sont équipées de modules extérieurs notamment acheté chez ETA.
Comment faire comprendre au public que la manufacture qui fournit Rolex s'équipe chez ETA pour certaines de ses propres montres. Il faut rapidement retrouver une cohérence et sur un plan marketing l'option la plus évidente est de se repositionner sur des produits de qualité. La manufacture hésite. Réussira-t-elle à trouver une clientèle suffisante en volume pour compenser les ventes des montres à quartz qui marchent plutôt bien. François Manfredini se laisse convaincre et le choix de l'abandon du quartz est fait.
Les lignes de produits doivent évidemment s’adapter à la logique du haut de gamme et il faut donc opter pour des montres de qualité qui outre le mouvement fétiche de ZENITH doivent bénéficier d’un emboîtage de qualité supérieure avec des bracelets en acier massif. Il faut non seulement rompre avec le quartz mais aussi monter la qualité d'un cran et abandonner la De Luca qui en est à sa troisième version pour tenter de séduire le public. Son bracelet trop léger et sa boite un peu cheap desservent en fait Zenith qui admet que son produit ressemble trop à la Daytona et qui sans l'annoncer va arrêter la production et écouler ses stocks. Paradoxalement le modèle rencontrera un succès posthume auprès des collectionneurs essentiellement en raison de son prix et des volumes retrouvés sur le marché gris qui en ont fait baisser la valeur marchande.
La première collection présentée est celle de la Rainbow qui séduit immédiatement par la qualité de finition et la diversité des couples/aiguilles cadran. La ligne sportive de ce nouveau modèle le place dans le segment des Seamaster Omega de plongée, des Breitling et certains mêmes la comparent à la Daytona de Rolex équipée du El Primero.
Ce sont sans aucun doute les lignes de modèles Rainbow en 1993 puis Chronomaster en 1995 qui ont remis ZENITH dans le goût du public. De lignes originales, ces deux modèles ont fait de la relance de ZENITH un succés auprès du public en créant autour d’elles l’enthousiasme.
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).