Bonjour
-Vous savez Berthier, je connais la souffrance humaine. Tenez quand j'ai licencié Fienza, vous vous souvenez cette jeune roumaine qui n'avait pas de domicile et que je laissais faire le ménage en échange d'une place de parking. Et bien j'ai beaucoup souffert qu'elle ne me remercie pas en partant et j'ai eu mauvaise conscience sur le moment de garer mon Aston Martin sur le carton qui lui servait de lit. Si, si, Berthier, j'y ai été très sensible. Les gens ne disent jamais merci et pour rien...
-Je vous comprends monsieur Mosbilo. On aurait dû la laisser dormir dans notre cours, ça aurait évité que les chiens ne viennent y pisser.
-C'est vrai Berthier. On est toujours meilleur après qu'avant. Et cette Hongroise, vous vous souvenez ? Cette brune à forte poitrine qui rangeait nos archives quand il y avait 48 degrés dans notre grenier...
-Non, je ne me souviens plus ...
-Mais si elle se mettait en string et à la fin elle a fini à poil dans le grenier. Même que Paquot avait du la réanimer. Vousvous souvenez qu'on l'avait retrouvé sur elle ?
-Ah oui Thérésa ? Mais pourquoi l'aviez vous virée ?
-C'était à cause de cette histoire de banc comparatif sur la taille des sexes des cadres de la société...
-Ah oui, je me souviens ! J'étais deuxième et vous quatrième !
-Oui, une menteuse ... Et bien quand je l'ai licenciée j'ai eu un pincement. Je lui donnais tellement de plaisir que la voir partir sur un malentendu fut une épreuve. Tenez, c'est comme ce SDF devant la porte ... Regardez par la fenêtre. Vous voyez la température qu'il fait dehors ?
-Oui, moins 21 degrés .
-Vous vous rendez compte que pour le chien de ce type, rester dehors doit être terrible.
-Un chiot monsieur Mosbilo.
-Ce chiot démarre mal dans sa vie. Je me demande si on ne devrait pas le faire abattre. Si nous étions humains, nous le ferions abattre. Cela donnerait une leçon au maître !
-Vous êtes comme moi, monsieur Mosbilo, je ne supporte pas la souffrance animale.
-C'est vrai Berthier. Si je m'écoutais je refuserais de porter des bracelets montres en alligator.
-Ah bon ?
-Oui, ces bètes sont dépecées vivantes !
-Ca doit puer !
-Arrêtez ! Ca me dégoute. L'idée de cette odeur m'est insupportable. Je suis allé dimanche dans la maison de retraite où ma mère est enfermée. Il y avait cette odeur de mort. Même ma mère la sentait.
-Quelle tristesse !
-Et mélangée à l'urine c'était infecte.
-Et qu'avez-vous fait ?
-J'ai préféré repartir avant d'entrer. Ca nous a fait une part en moins au restaurant et on a pris un plus gros menu.
-Et votre mère ?
-Elle est malade de l'Alzheimer, elle se souvient autant de la tranche de jambon du self de la maison de retraite que d'un repas dans un 3 étoiles.
-Vous avez sans doute raison.
-Et je suis sensible vous savez. pas plus tard que cette nuit j'ai mal dormi.
-Et pourquoi donc ?
-Je me suis aperçu que ma montre n'affichait pas la bonne date.
-Non ! pas possible !
-Si ...Heureusement, c'est juste une erreur de ma part. J'ai crû que nous avions 31 jours le mois dernier.
-Quel soulagement !
-Vous voyez Berthier, on se pourrit la vie en étant trop bons.