Hamilton
La Hamilton Watch C° manufacture phare de l'horlogerie américaine
Le seconde moitié du 19ème siècle voit naître aux Etats-Unis comme en Suisse plusieurs manufactures qui vont profiter de l'élan de l'ére industrielle pour se faire une place de choix dans l'industrie horlogère. La création des industries de tous domaines de compétences et d'activités a regroupé sur un même lieu de travail des gens qui antérieurement travaillaient de manière isolée. L'interdépendance des activités au sein des entreprises a imposé que l'ensemble des personnels exerce leur métier avec des horaires communs et cette nouvelle organisation du travail génère une immense demande de pièces d'horlogerie précises et fiables.
La montre à ancre qui se fabrique en série au même moment, plus précise et fiable suscite un engouement qui la fait désirer dans tous les mieux socio-professionnels. Concrétement , ce sera la finition des montres, l'empierrement des mouvements, la décoration et les anglages ainsi que le type d'emboitages en métal commun ou précieux qui vont créer une différence. Mais de 7 à 26 rubis, la précision des montres permet à tous d'accéder à la détention individuelle de l'heure et pour la première fois de partager une heure précise et universelle...
C'est la conquète sociale de l'heure.
La firme Hamilton fait suite à la Lancaster Watch Company qui elle-même était issue de la "Adams and Perry Watch Company" du nom de deux associés "d'infortunes" qui échouérent dans la création d'une compagnie horlogère faute de capitaux. Leur projet installé à Lancaster en 1874 ne cessa d'aller de restructurations en refondations et c'est donc un modèle économique tout a fait différent qui va sortir la manufacture de l'ornière. Hamilton tient son nom de Andrew Hamilton, propriétaire du site de Lancaster sur laquelle l'usine est implantée. Hamilton Watch est né de la fusion de Lancaster Watch C° et de la société Keystone Aurora Watch (Illinois) diversifiée dans la fabrication notamment de machines. Parmi les fondateurs de la Hamilton Watch C°, on retrouve des investisseurs dans cette nouvelle firme et les dirigeants d'Aurora Watch C°.
Hamilton s'est d'abord spécialisée dans les Railroad watches qui représentaient un énorme marché en pleine expansion dès la fin du 19 ème siècle ( après 1892après l'accident de l'Ohio). En 1927, Hamilton rachète la Illinois watch C° en 1927 puis manufacture Howard watch C° en 1931.
La firme va lors de la seconde guerre mondiale se consacrer exclusivement à la fabrication de montres militaires pour les forces armées américaines en particulier. La demande est si importante qu'elle justifie que la manufacture ne produise plus de montres civiles. En février 1942, Hamilton fabrique 500 chronomètres par mois pour la marine américaine.
Hamilton s'est illustré par des calibres de haute précision dont le 992 B est sans doute le plus célèbre. La manufacture fut pionnière également dans le recours à l'Elinvar. Le spiral en Elinvar breveté en 1931 sear utilisé dans tous les mouvements de la firme par la suite. L'Elinvar est révolutionnaire par ses quallités d'élasticité et de résistance à la déformation quelle que soit la température. Les Suisses l'utilisent dès la fin des années 10 notamment pour des balanciers non coupés.
Superbe calibre Hamilton 940 de 1905- 21 rubis Hamilton exerce ses talents dans les années 50 dans la montre électrique puis se diversifie sans doute un peu trop au point de se perdre tout en produisant des montres intéressantes jusqiu'en 1969. La firme produit sous trois marques différentes, Hamilton, Vantage et Buren et ceci dans 6 usines dans le monde. La marque sera associée a Heuer et Breitling pour la fabrication d'un chrono automatique en 1969. Ensuite, la marque emboite des mouvements extérieurs et notamment asiatiques avant d'être finalement rachetée par Swatch Group.
Elgin
La petit histoire d'Elgin
La Elgin Watch Compagny fut créée en aout 1864 sous le nom de NWC National Watch Compagny . Ce n'est qu'en 1874 que la société prit son nom de "Elgin National Watch Company” puis de Elgin National Industries en 1960. Cette immense manufacture américaine, l'une des plus productives, fut imaginée par d'anciens associés de la Waltham Watch C° et un industriel horloger répondant au nom de JC Adams. Ce dernier prit contact avec Benjamin Wright Raymond ancien maire de Chicago pour investir dans la création de la société. C'est sur la ville d'Elgin que la manufacture fut implantée après que le maire ait fait accepter que la ville mette à disposition 142 000 m² de terrain pour cette installation. L'usine fut achevée et commença à tourner à plein régime en 1866.
En 1910, comme la plupart des autres manufactures américaines Elgin créa son propre observatoire le "Elgin National Watch Company Observatory" afin de disposer sur place des équipement permettant à l'entreprise de parfaire le réglage de ses montres. La seconde guerre mondiale emporte Elgin dans la fabrication de viseurs et instruments destinés à l'armement pour le ministère de la défense américain. L'entreprise sera ensuite perturbée comme toute l'industrie horlogère américaine et la manufacture fermera ses portes en 1964 après avoir produit plus de la moitié de toutes les montres fabriquées aux Etats-Unis.
Les volumes de montres produits par Elgin sont si imposants qu'il reste de quoi assurer des services sur les montres pendnats plusieurs siècles. Elgin sut puiser dans les modèles de ses concurrrents ce qu'ils avaient de meilleurs et le mit à profit pour elle-même. Ainsi la réserve de marche affichée en 1935 sur les montres de poche Elgin apparait 20 ans plus tôt chez Waltham.
Elgin fit des montres pour l'armée américaine, scella des accords avec des marques Suisses pour emboiter des mouvements suisses sur le rerritoire américain condition de leur vente sur ces territoires et explora le marché européen. la manufacture s'illustra aussi par ses calibres B W Raymond du nom d'un des associés et fabriqua un très grand nombre de Railroad watches pour les compagnies de chemins de fer nord-américaines. On lui doit aussi des pièces pour l'aéronavale américaine.
Au dela de cela, la manufacture Elgin produisit d'excellentes montres bracelet dont des automatiques fort appréciées et fiables. La manufacture pour ses montres de poche eut une inventivité sans limite notamment sur les raquette de réglages. La marque fit de nombreux modèles bon marché avec un empierrement réduit qui restent aujourd'hui très fiables.
Ici un calibre à 7 rubisModèle militaire de la seconde guerre mondiale Modèle militaire avec un cadran dit MontgomeryMontre de l'armée anglaise (GSTP) La marque s'est aujourd'hui égarée au sein d'un groupe Chinois qui produit des piècessans véritablement de liens avec la production historique de la marque.
Forumamontres- Décembre 2011
Illinois Watch C°
L'histoire de Illinois Watch C° à Springfield USA
JC Adams La manufacture Illinois Watch C° fut le fruit de l'envie de JC Adams de créer une nouvelle grande firme horlogère. Celui-ci avait déjà créé la société Elgin Watch C) en 1864. Il installa sa nouvelle création à Sprinfield dans l'Illinois en 1869. Les premiers directeurs de cette grande maison américaine furent notamment B Miller, JT Stuart et John W Bunn qui, entre autres, donnèrent leur nom à des mouvements. Nous sommes loin des noms superlatifs que les firmes suisses recherchaient et les initiateurs des mouvement trouvèrent ici la consécration de leur travail.
La manufacture Illinois Watc C° Dès 1879, la firme fut capable de créer un train de rouages spécial interchangeable et de créer en 1882 son propre spiral. La socité exploita plusieurs marques pour désigner ses mouvement et c'est donc par leur architecture qu'il est le plus aisé de les identifier. Burlington Watch Company, Santa Fe Watch Company, Plymouth Watch Company, SW C° ou TW C° Springfield III furent parmi ces noms. La manufacture se dota de son propre observatoire .
L'Observatoire de la firme Illinois La firme fut l'une des rares à surenchérir dans l'empierrement en allant jusqu'à 26 rubis pour des calibres de poche notamment dans son mouvement baptisé Benjamin Franklin. Il faut considérer que les plus grandes firmes de l'époque ne dépassaient que très exceptionnellement les 23 rubis et que Illinois Watch poussait le luxe jusqu'à empierrer le barillet et à placer des contre-pivots autant qu'il fut possible de le faire.
Un niveau de finition élevé et une bonne maitrise de la mécanique horlogère font que dès la fin du 19ème la manufacture produit des chronomètres qui encore au 21 ème siècle demeurent dans les normes fixées par le COSC.
La firme fermera en 1927 et cédera ses calibres à Hamilton qui les commercialisera dans ses modèles.
Parmi les productions les plus remarquables de la manufacture, les railroads figurent en très bonne place et la firme bâtit une bonne partie de sa communication sur son calibre Bunn Special du nom de l'un des directeurs de la marque .
Cette Railroad Illinois Watch C° fut vendue sous un private label en 1902 date de la fabrication de son mouvement, ce qui tend à démontrer une livraison en flux tendu et l'absence de surstock qui asphyxiait parfois l'industrie suisse dans la même période.
Comme pour la plupart des montres américaines, la mise à l'heure se fait par une targette placée sous la lunette .
Dueber Hampden
Dueber Hampden , la manufacture de l'excellence
Voici une vraie Railroad, une perle de 1917 ! Hampden est un peu moins connu en Europe que Elgin, Hamilton ou Waltham.
La marque fut créée en 1877 après avoir balbutié depuis 1864 après la création en 1864 par Donald J Mozart d'une première maison horlogère et l'association en 1866 avec Samuel Rice pour créer la New-York Watches C°. la maison fut rachetée en 1888 par John C Dueber, un fabricant de boite sacrifié par la loi anti-trust américaine.
John C Dueber La firme exactement contemporaine de Zenith dans sa création fabriquait en 1890, 600 montres par an avec 1000 employés. Elle se mit alors à produire l'un des calibres réputés les plus "beaux" de l'industrie américaine, un mouvement de 19 lignes doté de 23 rubis.
Dueber qui était un industriel qui voulait tout contrôler de son entreprise et était réputé pour être sur le dos de ses employés, revendit la compagnie en 1925 à Walter Vrettman qui deux ans plus tard céda la société et ses outillages et machines à Amtorg, société d'investissement russe. L'entreprise migra en Russie en 1930.
Il est probable que le matériel ait servi Poljot entre autres équipements pour fabriquer les fameuses montres russes mais le plus étonnant est que ces machines tournaient encore en 1986 à en croire Henry Fried, professeur d'horlogerie à l'université de New-York qui indiqua avoir vu les matériels Dueber-Hampden fonctionner dans des usines chinoises.
Mais revenons à la période antérieure à 1925 qui relève de la période réellement historique de cette entreprise au passé torturé qui fabriqua ces calibres de haut grade qui font le bonheur des collectionneurs. Peu de marques ont fait du 23 rubis de vraie qualité. Souvent hélas au démontage, les mouvements de 23 rubis sont décevants ici parce que les anglages sont un peu baclés, là parce que le montage est un peu rustique, etc...
Ce calibre Hamden est un vrai chronomètre soigné par le "jusqu'au boutiste" que fut Dueber. La firme qui fabriqua aussi des 17 rubis avait la réputation de soigner à l'extrême ses mouvements sans être dans une logique industrielle de production de masse. Cela lui fut fatal. 600 mouvements avec 1000 personnes, c'est très peu au regard de ce que la concurrence faisait. Bien moins qu'Hamilton ou Elgin en tous les cas. Et moins qu'Omega ou Zenith en Suisse.
Voici donc une Hampden de cette époque qui a traversé les continents pour témoigner du savoir faire de l'horlogerie Américaine ...
Lecture recommandée :
http://dueber-hampden.blogspot.com/2010/04/toasting-his-new-town-dueber-accepts.html
Waltham
Waltham : Une manufacture hors du temps
The Watch Company Waltham, aussi connue sous le nom de American Waltham Watch Co est remarquable par son immense production évaluée à plus de 40 millions de montres de haute qualité, d'horloges, de compteurs de vitesse, boussoles et autres instruments de précision. La manufacture fondée en 1850 cessa son activité en 1957. Les installations de l'entreprise de fabrication historique à Waltham, Massachusetts ont été conservées.
Waltham s'illustra en pionnier de la révolution industrielle, ceci en misant sur un process de fabrication en ligne. La parcellisation des tâches fut très rapidement un acquis de la manufacture ce qui lui permit de fabriquer des volumes qui inondèrent non seulement le marché américain mais aussi mondial.
La manufacture Waltham remporta la médaille d'or du Concours International de Précision Horlogère en 1876 lors de l'exposition du centenaire des Etats Unis à Philadelphie.
L'aventure démarra en 1850 avec David Davis, Edward Howard et Aaron Lufkin Dennison qui possédaient chacun une manufacture horlogère. Les 3 hommes s'associèrent ensuite pour créer en 1859 une firme horlogère qui deviendra plus tard la Société des Montres Waltham. Leur vision très moderne de la fabrication de montres les poussa à mettre en place un paramètre qui allait gagner toute l'horlogerie dans le monde : l'interchangeabilité des pièces des mouvements.
Des trois créateurs, Aaron Dennison est le principal inspirateur de ce mode de production qu'il a découvert au sein de la manufacture d'armes de Springfield dans le Massachusett. Le process industriel fonde la logique de manufacture en faisant tout fabriquer sous un même toit, en un même lieu et non en dispersant la production sur divers sites. Waltham va très vite produire, en outre, ses outillages et fabriquer ses alliages. La mise au point du process industriel prendra plus de 12 ans de 1858 à 1870 avant que l'usine ne soit réorganisée et améliorée jusqu'en 1910 .
Waltham est devenu à la fin du 19ème siècle le principal fournisseur de chronomètres Railroad pour les chemins de fer en Amérique du Nord et dans la plupart des autres pays du monde. En 1876, Waltham présenta le premier vissage automatique sur ses machines. Les machines mises au point permettent de fabriquer des pièces infiniment petites auxquelles la main d'oeuvre européenne ne peut accéder. Beaucoup de manufactures suisses se sont inspirées du modèle créé par Waltham pour organiser les ateliers des grandes manufactures helvétiques.
Waltham voue un tel culte à la précision que bien avant les autres manufactures, y compris suisses, la marque s'équipe d'un observatoire astronomique interne d'une technologie très avancée et crée une norme chronométrique appliquée à ses montres, plus sévére que ce qui existe partout ailleurs.
Non seulement la manufacture spécialisée dans la production de Railroads conçut des chronomètres insensibles aux variations de température et de pression atmosphérique mais, en outre, avec des temps de services espacés. Le succès fut dès lors immense et ce sont trois générations de l'histoire des chemins de fer qui vont adopter les montres Waltham. La marque finit par être si réputée pour sa fiabilité que les explorateurs finissent par s'en équiper. Ce sera le cas de Perry et Shackelton qui adoptérent la marque et la portèrent dans les évènements les plus marquants. Les gouvernements américain puis canadien et enfin ceux de plusieurs pays jusqu'en Europe en font des montres "officielles" pour leurs armées ou les services d'états majors.
La compagnie des montres Waltham a fermé les portes des ses usines et a été mise en faillite en 1949. L'usine a rouvert brièvement à quelques reprises (principalement pour la finition et le cas des stocks existants de montres à vendre). Plusieurs plans différents furent mis au point pour relancer l'entreprise mais aucun n'aboutit . En 1958, la société a décidé de se recomposer autrement.
Waltham fit évidemment évoluer ses modèles qui n'avaient pas vocation, exclusivement, à équiper les sociétés de chemins de fers. La manufacture créa des calibres de toutes tailles pour les montres de dames et de grands diamètres jusqu'à 22 lignes pour les pièces de bord et de poche. La finition était fonction des souhaits des clients, mais ce sont les pièces de haut de gamme qui firent la réputation de la manufacture Waltham. Cela était d'autant plus remarquable que les manufactures américaines se livraient une concurrence féroce sur l'empierrement et le damasquinage de leurs calibres. La plupart des publicités de montres jusqu'aux années 30 comportent des images des mouvements à cotés des représentations classiques des montres. Cette surenchère pas toujours utile a totalement conditionné l'horlogerie américaine et a entrainé les manufactures suisses à entrer dans le jeu pour s'assurer une place sur les marchés nord-américains. La récompense ultime de ce travail pour les Suisses étant de devenir fournisseur officiel des compagnies de chemins de fer.
Waltham, parmi les premières manufactures, se mit à empierrer les barillets et fut très inventive dans l'étude des modes de réduction des frictions, les recherches d'architecture nouvelle de ses calibres pour optimiser le positionnement, la taille des balanciers et la réduction du nombre de pièces constitutives des mouvements. Les progrès sur la durée furent spectaculaires quand on mesure les investissements consentis pour gagner parfois moins d'une seconde par jour dans le sens de la meilleure précision. Les recherches en matière d'isochronisme permirent de régler des montres en affichant des résultats significatifs dans les 5 positions. Les montres étaient de série, des chronomètres de haut niveau qui n'avaient rien à envier aux pièces suisses les plus élaborées.
C'est au début du 20 ème siécle que Waltham propose un modèle de mouvement dit Vanguard qui, de perfectionnements en perfectionnements, deviendra le plus abouti de ses calibres. Dans sa version 23 rubis (et parfois 21), ce mouvement reçoit parfois un affichage de réserve de marche qui, compte tenu de la diffusion de Waltham, généra la montre de poche la plus répandue dotée de ce dispositif. L'intérêt n'est pas neutre et permet de savoir où en est le barillet dans son remontage. Le calibre Vanguard de 19 lignes de Waltham est une pièce recherchée dans le domaine des mouvements manufacturés de haute qualité au début des années 10 du 20 ème siècle. Décoration, anglages, chatonnages, empierrement généreux y compris du barillet, tout est fait pour que la précision soit privilégiée avec une recherche esthétique omniprésente. Sans aucun doute, Waltham maîtrisait la question tant industrielle qu'horlogère et le résultat est bluffant. Le remontage est doux, net, le bruit du mouvement limpide et sans résonnance écho parasite. Testé sur un chronocomparateur, le mouvement, qualité rare pour une pièce de poche, est parfait dans toutes les positions. Il serait impossible à l'aveugle d'imaginer que ce mouvement a un siècle.
La pièce qui suit date de 1927. Elle est en plaqué or gris (pas très courante) et le réglage de l'heure se fait par une targette sous la lunette située à 11 heures. On remarque à 1 heure un autre emplacement pour une autre targette ici non utilisée mais qui servait pour les versions GMT puisque Waltham proposait aussi ce type de variante à double fuseau (utile aux Etats-Unis). La raquette très inventive comporte une fléche ressort qui assure elle-même la contreforce lors du vissage de la vis micrométrique de réglage. Le réglage de la montre est fait dans 6 positions ce qui est exceptionnel (5 d'habitude). Le rubis central est sur chaton vissé, les autres rubis sont sur chatons sans vis, signe d'une maîtrise de l'enchassage des pierres (les autres marques américaines pour la plupart n'ont pas encore abandonné en 1910 les chatons vissés à cause de la casse lors de l'enchassage). La plaque de contrepivot à l'ancre est parfaitement positionnée.
LONGINES
Longines : L'épopée américaine de la manufacture suisse de Saint Imier
Le calibre Express Monarch de Longines
Dès la fin du 19ème siècle, Longines créé à Saint-Imier en 1832 par Ernest Francillon, s'invite sur le marché nord-américain en y exportant ses montres. Les premières exportations vers les Etats-unis et le Canada ont lieu aux alentours de 1884. Lois protectionnistes obligent, Longines comme ses concurrents, doit faire finaliser la montre sur le territoire américain.
Les premiers mouvements sont livrés à "Fit Standard American-Sized Cases". Jusqu'en 1890, J. Eugène Robert & Co., 30 Maiden Lane, New York, NY sera l'importateur officiel des montres Longines entre autres.
C'est A. Wittnauer Co qui traite les importations jusqu'en 1895. Son nom apparaît sur de nombreuses pièces de l'époque.
La qualité des montres Longines, par leur finition, leur empierrement, leur précision et qualités les fait déclarer "bonnes pour les services ferroviaires". la manufacture Longines va donc très vite être appelée à fournir des mouvements pour la production des très fameuses railroads américaines. Ce sera le cas jusqu'en 1890. La manufacture va aller jusqu'à désigner une catégorie de ses mouvements spécifiquement pour ce type de pièce. Ce sont les Monarch Express qui vont séduire les marchés. Les noms de Railway Leader et de Railway Monarch sont marqués sur certains calibres, pas tous car Longines livre des calibres non marqués et des mouvement avec des marques privées qui sont celles des distributeurs.
A la fin des années 1890, les numéros de série en sont encore à 900 000. Le nom Railway disparaît ensuite car Dueber-Hampden le dépose et en devient seul exploitant. Longines va donc opter pour un autre nom qui sera Express Monarch et Express Leader grade. Dès lors ce nom va être largement utilisé pour désigner des calibres parmi les plus beaux de Longines. Réalisés en 19 et 20,5 lignes, les mouvements Express Monarch étaient diffusés en 21 et 23 rubis et constituent des pièces de très grande qualité qui rivalisaient avec les calibres américains les plus réputés et notamment ceux de Hampden et ceux de Howard ou Elgin. Par contre les calibres Express Leader étaient livrés en 17 et 19 rubis. Les calibres de 20,5 lignes sont plus anciens a priori, ils furent fabriqués de 1893 à 1908 alors que les 19 lignes furent diffusés entre 1902 et 1928. La destination première de ces mouvement étaient évidemment d'équiper les Railroad watch. Après 1920, la manufacture Longines exploita d'autres mouvements à destination des pièces de chemins de fer.
Sans nécessairement le dire, nombre de compagnies de chemins de fer ont utilisé des mouvements suisses dans leur montres, qu'il s'agisse d'Omega, Longines ou Zenith essentiellement.
Voici donc un exemplaire de montre anonyme faite par Longines avec son calibre Express Monarch ici en version 21 rubis pour 20,5 lignes en savonnette 3 ans avant l'accident de l'Ohio qui va déboucher sur un cahier des charges drastique en matière de montres de chemins de fer. La raquette caractéristique à vis excentrique permet un réglage fin qui assure à la montre, dès 1892, une qualité dans les normes de chronomètre d'aujourd'hui. La présentation du calibre en 3/4 pleine platine n'est pas la présentation la plus courante pour des pièces suisses. Longines avait cette aptitude rare à multiplier les mouvements en les rendant très différents dans leurs architectures. La manufacture de Saint Imier reste l'une des plus inventives en la matière. Il reste impressionnant 120 ans après la fabrication de ce mouvement de constater qu'il dévie de moins de trois secondes par jour.
ZENITH
Les montres Zenith très spéciales des chemins de fers canadiens
L'histoire des railroads watches canadiennes est très proche de celle de leurs homologues américaines. Ce sont, en effet, toutes les compagnies de chemin de fers de l'Amérique du Nord qui se mirent au diapason de l'heure juste contrôlée par des montres répondant au rigide cahier des charges mis au point par Webb C.Ball. Celui-ci créait une montre de chemins de fers standard dite "Official RR Standard Watch" (RR pour Rail Road) répondant aux critères suivants : Calibres de 19 ou 20 lignes à échappement à ancre, à simple plateau comptant au moins 17 rubis et ayant au moins une précision de 30 secondes par semaine, ce qui correspond à une précision de chronomètre. S'ajoutaient à cela un réglage aux 5 positions et aux températures de 30 à 95 ° farenheit (soit -1 à +35°), une raquette de réglage fin, un double plateau, un cadran bien lisible avec heures arabes et fortes aiguilles, un remontoir au pendant à 12 heures et donc calibre Lépine, un nombre de 3 chiffres correspondant au grade gravé sur le mouvement avec obligation faite aux cheminots de faire contrôler leurs montres tous les 6 mois.
Les canadiens emboîtèrent le pas de leurs voisins américains et se fournirent aussi bien en montres importées des Etats-unis qu'en montres emboitées au Canada mais avec des mouvements américains ou suisses. Les fournisseurs suisses les plus représentés sont Omega et Zenith. Omega livre des calibres de qualité dite C ou D en 17, 19, 21 et 23 rubis et Zenith des mouvement de 17 à 23 rubis. Les livraisons les plus anciennes sont datables entre 1904 et 1908.
Zenith fournit des mouvements caractéristiques par leur décoration et leur empierrement, il n'est pas rare de retrouver des emboîtages de chez Elgin avant les années 40, ce qui pourrait laisser supposer un accord entre Zenith et Elgin.
Dans le milieu des années 50, Zenith va être sollicité pour fournir des mouvements de montres de poche modernisés. Une première commande de 500 pièces sera passée à Zenith via l'agent canadien de la manufacture ... Zenith y répond en fournissant le réputé calibre 69 rebaptisé RR 56 (Railroad 1956) . La compagnie nationale de chemins de fer est séduite par la qualité exceptionnelle de ce mouvement et en fait une seconde commande de 500 unités en 1957. Rapidement, tout le personnel roulant demande à bénéficier d'une Zenith dont l'esthétique exceptionnelle crée un véritable statut social à ses détenteurs. La compagnie de transport décide donc de procéder à une troisième commande, cette fois pour des mouvements un peu moins sophistiqués et non plus dotés de 21 rubis mais de 17.
Le cadran est on ne peut plus simple avec des chiffres arabes mais la version Montgmery est abandonnée comme elle le fut d'ailleurs pour la seconde série de RR56. Le calibre sans cote de Genève comporte le nom de l'agent distributeur Daoust et Fils Ltee Montréal. Le mouvement rhodié ne comporte pas de décoration de type cotes de Genève. Qu'à cela ne tienne, une quatrième commande est passée auprès de Zenith qui livre une nouvelle série de calibres et de cadrans cette fois marqués des 24 heures.
Les emboîtages des trois versions des années 50 sont canadiens et faits sur le territoire du Canada. Les boites sont plaquées or jaune ou gris selon les cas et garanties 20 ans. Si la RR 56 est indiscutablement la plus belle pièce, les autres railroads sont malgré tout remarquables par leur précision et la qualité des finitions. On observe que sur 3 commandes différentes, il y a eu trois tyoe de cadrans différents avec comme suel point commun les chiffres arabes peints sur l'émail. Ces montres réelles pièces de service des chemins de fers canadiens furent utilisées jusqu'à la fin des années 60. Elles représentent ce que Zenith a fait de meilleur dans les calibres de poche et ce qui a porté la réputation de la manufacture outre Atlantique. Pièces historiques et mythiques, elles sont recherchées des amateurs de chemins de fers comme des montres ce qui en fait des objets très convoités.
A visiter : http://yourrailwaypictures.com/CPRsteamengines/
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