La Douch' Watch, revue de l'EBEL Brasilia Chronograph
Attention, ce qui suit peut parait-il faire penser a une Lotus. Pas a 4 roues. Alors...
Vous, ames sensibles et timorees
Loin de ce vilain post courrez, fuiez
Car quand bien meme l'amene serait potable
Le reste vous f'ra rendre sur la table
Au commencement etaient deux amoureux, Eugene Blum et Alice Levy. Eugene Blum Et alice Levy. EBEL.
Fondee en 1911 a la Chaux-de-Fonds, la compagnie est vendue en 1999 au groupe LVMH, puis en 2004 au groupe Movado.
EBEL a toujours ete percue comme une marque accordant une belle part au design. Leur modele "Sport Classic" sorti en 1977 avec son bracelet integre "vagues" et son boitier particulier a la lunette flanquee de 5 vis dont le design est quasiment inchange depuis est indubitablement associe avec la marque du couple.
Le modele Sport Classic sorti en 1977, design de reference de la marque EBELEn 1982, EBEL est l'une des premieres marques a envisager le retour en grace des montres mecaniques, alors que la "crise du quartz" bat encore son plein. Ils sont parmi les premiers a reintroduire le calibre El Primero, alors que Zenith s'etait presque debarasse des machines servant a la fabrication de ce dernier.
La famille "Sport Classic" s'enrichit donc d'un modele equipe du fameux calibre de Zenith.
Le chronographe EBEL equipe du calibre Zenith El PrimeroCe n'est qu'en 1995 lorsqu'EBEL commence a produire son propre calibre chronographe, le calibre 137, que l'EP quitte cette montre au design si particulier.
Si la "Sport Classic" est le modele emblematique de la marque, la ligne Brasilia en est sa derniere nee, bien que les premiers projets d'une telle montre semblent dater des annees 60.
La vsibilite de cette nouvelle ligne est cependant eclipsee par l'introduction simultanee de la 1911 BTR proposee en chronographe et en chronographe a calendrier perpetuel.
La ligne 1911 BTR---
Alors donc, me voici l'heureux possesseur d'un chronographe Brasilia.
La mecanique est eprouvee, il s'agit du mouvement ETA 2894-2, chronographe modulaire a commande a came, de dimension raisonnables: 28mm de diametre, 6.1mm d'epaisseur.
Un chronographe equipe de ce calibre est aisement reconnaissable par le positionnement legerement decale des poussoirs qui ne sont pas dans le meme plan que la couronne.
Ici, tout se joue dans le design. la fluidite, les courbes, l'equilibre et la lumiere.
Note: Des photos qui suivent, aucun post-traitement de lumiere/contraste n'a ete applique. Les photos sont brutes de capteur, uniquement croppees. J'ai choisi de mettre des vignettes du fait du nombre de photos. Vous pouvez les voir en resolution originale en cliquant deux fois dessus (une fois pour ouvrir la galerie, une autre fois pour la resolution originale)
LE CADRAN
Resolument sportif, le cadran presente un aspect lisse legerement satine sur son exterieur, et un guillochage de type "clous de Paris" sur la partie centrale.
S'il parait superflu, ce guillochage prend tout son interet dans les jeux de lumiere de la montre, a voir plus bas. Il "repond" egalement avantageusement au motif du bracelet en caoutchouc.
Charge mais parfaitement lisible en toute circonstance, il est parmi les plus aises a lire en un coup d'oeil qu'il m'ait ete donne de voir.
Les indexs sont appliques sur l'exterieur satine, de type baton a l'exception de l'index 12, propose en chiffre romain.
Un choix judicieux qui equilibre joliment le cadran sans rompre le rythme des indexs batons.
Le chemin de fer est ici purement decoratif: D'une part il est interrompu par les registres du chronographe, d'autre part il est trop proche du centre pour permettre une grande precision. Il en resulte que la fonction chronographe doit ici est consideree comme d'une precision de l'ordre de 1-2 secondes, soit l'estimation raisonnablement faisable entre deux index. Mais franchement, qui utilise un chronographe pour chronometrer autre chose que les nouilles et l'amelioration de ses performances sexuelles?
Le chemin de fer, donc, n'a ici pour seule utilite que de marque le tour de la partie guillochee, et de creer un rappel visuel de la forme de la lunette, en tonneau vertical.
Les registres sont tres bien finis. Sans pretention ils sont peints, mais quelques elements temoignent de l'effort porte au design et a l'equilibre. Les nombres situes "sur" le chemin de fer des registres 3 et 9 sont legerement plus gros, creant une continuite visuelle des plus agreables. Les autres nombres sont quand a eux peints a l'interieur des registres, donnant une visibilite claire sur les indexs.
Autre subtilite qui ne se remarque pas au premier coup d'oeil, les trois registres sont coupes de maniere quasi-identique. Les registres 3 et 9 par le bord du cadran, le registre 6 par la mention "automatic". Choix? Contrainte? Hasard? Je pencherai pour le premier tant de nombreux details donnent l'impression que chaque millimetre carre a ete soigneusement reflechi.
Les indexs sont impeccablement alignes sur le rebord des registres, et le fait qu'ils soient rognes n'a absolument aucune importance pour des indexs batons, d'autant plus que la symetrie est parfaite.
La date, quand a elle, est parfaitement executee. Le guichet ne souffre d'aucune bavure mais est bien net, sa taille ideale pour une lecture aisee malgre sa discretion.
Les nombreuses touches de rouge, reservees aux fonctions du chronographe, egayent joliment le cadran, et leur contraste moins important que le metal/luminova des aiguilles heure/minute/seconde permet de focaliser la lecture rapide de l'heure. La peinture est tres bien realisee, sans degouliner sur l'axe.
Les aiguilles glaives sont propres, ici photographiees sous un eclairage le moins avantageux possible, et l'on distingue a peine un leger manque de polissage de la tranche
Cote litterature, elle est reduite a sa (presque) plus simple expression: Le nom d'EBEL, la mention "automatic" et evidemment le "Swiss made".
Les mauvaises langues diront que de toutes facons il n'y avait pas de place pour plus. Elles n'auront sans doute pas remarque la grande purete de l'exterieur du cadran satine.
LA BOITE, LA COURONNE ET LES POUSSOIRS
Fluidite, chaleur, purete.
Trois mots qui resument l'esprit du design du boitier.
La fluidite dans les courbes qui n'en finissent plus, ne s'arretent jamais grace a un verre saphir bombe impeccablement ajuste, un fond incurve qui epouse merveilleusement le poignet, alors que l'epaisseur de la montre se fait oublier dans son etreinte enveloppante (c'est beau, hein)
Notez la remarquable efficacite de la combinaison saphir bombe/anti-reflet, la montre est lisible meme vue a quasi-horizontale.
Cote finition, le boitier est irreprochable dans cette gamme de montre. Le poli et le brosse alternent sans exagerations. Fond poli, flancs et chamfreins brosses, cotes de la face polis, haut et bas de la face brosses. Pas de chichis, chaque type de surface est large, genereux, s'associe parfaitement dans l'ensemble, renforcant les courbes chaleureuses.
Cote couronne et poussoirs, le choix est toujours dans les courbes, mais ici avec un touche inattendue sous la forme d'un protege couronne/poussoirs en plastique noir. Dubitatif au regard des rares photos pourries trouvables sur le net, j'ai ete conquis a l'arrivee. Loin de faire cheap, ce petit bourrelet avec ses rondeurs dans lesquelles se pelotonnent une couronnes et des poussoirs tres arrondis eux aussi, apporte une chaleur sans laquelle la montre aurait paru chirurgicale.
BRACELET ET BOUCLE
Le bracelet en coutchouc est relativement fin, sa souplesse contribuant a un porte tres agreable, tres enveloppant. La montre ne tourne pas, aussi bien du fait de la friction important de la matiere du bracelet que de son positionnement parfait sur le poignet.
La boucle deployante simple, elle aussi d'une finesse tres appreciable, propose une courbure parfaite pour mon poignet. On ne la sent absolument pas.
Elle se clippe franchement, et le brin libre fait pour passer sous le bracelet agrippe ce dernier et rassure sur la totale impossibilite d'ouvrir le bracelet par megarde.
La boucle est relativement simple, frappee du nom de la marque en relief poli sur fond sable.
L'ajustement du bracelet est une question de secondes, et du fait de son principe permet un ajustement ultra-fin. Parfait pour une montre prevue pour etre portee "pres du corps".
Sur la photo ci-dessous, le brin libre n'est pas dans la position de portage.
Gros bemol sur le bracelet: Il est proprietaire. Pour un remplacement, pas le choix: EBEL ou sur mesure. Aie.
JEUX DE LUMIERE
Une certaine magie. Sans pretendre etre au niveau du cadran d'une DJ, ou d'une Nautilus evidemment, cette montre sait jouer de ses formes et de son cadran dans la lumiere.
Cote cadran, les clous de Paris surgissent dans la lumiere, alors que les indexs rayonnent sur un champ de clair-obscur
Cote boitier, les courbes se subliment dans des contrastes chatoyants
CONCLUSION
Proposee a $4800 en boutique, c'est trop a mon gout pour un 2894-2.
Trouvable a moins de $2000 sur internet, je la racheterais sans hesiter.
Sportive mais appropriee a des tenues "business", presente mais beneficiant d'un effet de gant ajuste, accompagne par le caoutchouc qui empeche absolument la montre de tourner, ses courbes font oublier sa taille non negligeable.
D'une lisibilite irreprochable, son cadran quoi que charge est parfaitement equilibre.
Un design qui plait ou rebute, c'est evident des que l'on sort des standards.
La comparer a une Lotus ou une Festina? Au premier abord, peut-etre. Un peu comme quelqu'un qui dirait en voyant une Aston Martin de face : "Tiens, on dirait ma Punto Evo"
Mais des qu'on s'approche un peu, la comparaison n'a plus lieu d'etre et la magie opere.
Non que EBEL soit l'Aston Martin de l'horlogerie, mais l'Audi sans conteste, alors que Lotus serait la Punto tunee par un plouc sans thunes.
En esperant vous avoir fait decouvrir un modele peu vu d'une marque moins commune que les non moins remarquables Tag, Omega et autres Seiko