PhJ Membre très actif
Nombre de messages : 298 Localisation : Ici-bas Date d'inscription : 07/02/2007
| Sujet: Un article du Monde à lire Ven 22 Nov 2013, 12:15 pm | |
| Bonjour à tous, Ci-joint le texte d'un article du Monde http://www.lemonde.fr/style/article/2013/11/21/mecanique-high-tech_3517683_1575563.html - Citation :
Mécanique high-tech
LE MONDE | 21.11.2013 à 11h27 • Mis à jour le 21.11.2013 à 14h59 |
L’horlogerie contemporaine est régie par une constante : les montres d’excellence relèvent d’une culture artisanale des plus nobles. Tel un ébéniste, un marqueteur ou une plumassière, l’horloger est le dépositaire d’un savoir-faire manuel d’excellence et ancestral. De même que le scientifique se réjouit en regardant dans un microscope révélant un univers entier dans une goutte d’eau de mer, il s’épanouit dans un paradigme fait de rouages, vis et aiguilles dont il ne cesse de repousser les frontières. Sans oublier d’intégrer les modes de consommation modernes. Cette culture mécanique de haut vol est d’autant plus importante que le style horloger propre aux années 2010 est tiraillé entre diverses tentations stylistiques. Seule une règle demeure quasi intouchable : la montre prestigieuse n’est ni électronique ni à pile. Au-delà, tout est possible, d’autant que les frontières entre les genres et les registres sont devenues floues. Les goûts sont poreux et changeants, les conventions volent en éclats. On peut ainsi posséder à la fois une Tissot abordable et une luxueuse Patek Philippe à complication, désirer un modèle Dior très mode comme une Vacheron Constantin au comble du classicisme. Et détourner la montre de son conjoint est un sport que les dames pratiquent au quotidien.
Le désordre, auquel est volontiers allergique ce secteur de précision, n’est cependant pas complet : les styles du moment suivent plusieurs lignes distinctes qui ont chacune leur public. La tendance vintage y est omniprésente et a été propulsée par l’insatiable demande de produits de luxe provenant de l’Asie, de Singapour à Pékin, en passant par Hongkong. La clientèle y est friande d’images d’Epinal, et leur vision de la montre suisse s’incarne dans un style épuré et sobre, qui regroupe des codes esthétiques empruntés aux années 1930, 1940 et 1950. Les spécialistes de Vulcain ou Panerai ont ancré dans cet univers l’essentiel de leurs collections afin de séduire une clientèle du Vieux Monde également séduite par ces images classiques.
En parallèle, une tendance de fond née au début des années 2000 ne s’est jamais essoufflée. Les montres larges, viriles et aux détails mécanistes d’Audemars Piguet ou Roger Dubuis avaient envahi les salons horlogers. Cette fuite en avant vers une esthétique macho était d’autant plus forte que ces messieurs tenaient, sans doute plus ou moins consciemment, à garder l’avantage du sexe dit « fort ». En effet, les femmes s’étaient emparées depuis longtemps de leurs montres. Pour satisfaire les plus originaux et audacieux d’entre eux, d’irréductibles Helvètes résistent encore et toujours à l’envahisseur nostalgique et s’inspirent carrément d’une culture de science-fiction. Ces petites marques sont de vrais laboratoires à peine connus du public, comme MB & F ou Urwerk. Elles n’hésitent pas à citer comme références les héros geek des années 1980 comme Goldorak ou ceux de Star Wars, stars improbables de l’horlogerie. Fait singulier, ces marques continuent d’utiliser des aiguilles, et les principes sur lesquels elles s’appuient remontent aux XVIIIe et XIXe siècles.
L’horlogerie mécanique est un magnifique archaïsme technique dont le fonctionnement n’a été qu’amélioré et miniaturisé en deux cents ans. A observer une montre de 1810, on retrouve l’architecture, les matériaux et les organes d’un modèle contemporain.
LÉGÈRETÉ ET FINESSE
Dans les années 1960 et 1970, la technologie du cristal de quartz fut l’incarnation du progrès. Les plus grandes marques s’en étaient approprié les avancées. Le mouvement à quartz est précis, fiable, et se prête si bien à la fabrication en très grande série qu’il a failli avoir raison de son ancêtre à rouages. Mais, au tournant des années 1990, la mécanique a repris le dessus en cultivant la légitimité de son histoire et de son artisanat. Sa force première : elle est faite pour donner bien plus que l’heure, de même qu’un vêtement a une mission tout autre que celle de fournir une couche isolante. Son design mais aussi et surtout ses prouesses mécaniques excitent tout autant les amateurs de belles montres. Non, la montre mécanique ne s’est jamais aussi bien portée qu’aujourd’hui, mais les horlogers poussent les logiques high-tech toujours plus loin.
Une des voies explorées se trouve du côté des matériaux. Longtemps, le mouvement a été en laiton et en acier, les boîtiers de montre en acier, en or, et plus rarement en titane ou platine. Depuis dix ans, une vague de solutions importées de l’automobile ou de l’aérospatiale a bouleversé cette liste. Les laitons techniques cohabitent avec l’aluminium, la fibre de carbone et des « sandwichs » composites. L’acier a emprunté aux outils de forage minier des revêtements qui en bouleversent la résistance. Le revêtement DLC, pour « Diamond-like Carbon », exploite la capacité des atomes de carbone à s’agencer, d’une manière similaire, au cristal de diamant. Déposé à la surface de n’importe quel métal, il en décuple la résistance à l’abrasion et l’immunise presque contre cet ennemi banal du quotidien qu’est la rayure.
Plus inusable encore, la céramique de Rado ou Hublot est polyvalente, car moulable, légère et quasi insensible à l’abrasion. Enfin, l’utilisation du silicium révolutionne le cœur de la montre. Il est paré de tant de vertus qu’il fait office de martingale. Une frange de l’horlogerie se consacre à la légèreté et à la finesse. Les montres de moins de 5 mm d’épaisseur, comme chez Jaeger-LeCoultre ou Piaget, sont le comble du raffinement. Miniaturisation de l’extrême obligatoire. Une Zenith El Primero Lightweight, 75 grammes pour 45 mm de diamètre, est aussi agréable à porter que prestigieuse, alors qu’elle est en carbone.
Ainsi, la technicité des matières a redéfini le concept même d’exclusivité en horlogerie. Dans un chronographe à tourbillon de Richard Mille, qui nécessite 800 heures de travail cumulé, le coût de quelques grammes d’or est négligeable. Le temps de développement, la qualité et la complexité du processus de fabrication sont déterminants. Certains clients sont prêts à payer plusieurs centaines de milliers d’euros pour une montre superlative, détentrice d’un record de finesse ou de poids. Ce nom est parfois donné à des polyamides high-tech qui entrent dans la composition d’avions long-courriers. La montre contemporaine est donc un objet éminemment synthétique, même si elle ressemble à ses ancêtres. Elle est faite de contradictions, de survivances et d’avancées qui la rapprochent de l’humain.
David Chokron
Bonne lecture Salutations |
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ftikai Puits de connaissances
Nombre de messages : 4763 Date d'inscription : 31/07/2006
| Sujet: Re: Un article du Monde à lire Ven 22 Nov 2013, 8:21 pm | |
| - Citation :
- ...ce secteur de précision.
... et cette puissance de calcul: |
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cedric79 Permanent passionné
Nombre de messages : 2011 Age : 44 Localisation : Montpellier Date d'inscription : 16/11/2009
| Sujet: Re: Un article du Monde à lire Sam 23 Nov 2013, 11:01 pm | |
| Très bon article, un concentré de ce qu'on lit sur ce forum pour certains passages. Merci |
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Tire-Comédon Permanent passionné
Nombre de messages : 2095 Age : 58 Localisation : Paris Date d'inscription : 29/06/2007
| Sujet: Re: Un article du Monde à lire Dim 24 Nov 2013, 12:40 am | |
| "...La tendance vintage y est omniprésente et a été propulsée par l’insatiable demande de produits de luxe provenant de l’Asie, de Singapour à Pékin, en passant par Hongkong. La clientèle y est friande d’images d’Epinal, et leur vision de la montre suisse s’incarne dans un style épuré et sobre..."
On n'a pas du rencontrer les mêmes. |
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