Le capitaine Henry Arkwright et quelques uns de ses amis sont réunis autour d'un de ces excellents whiky dont le capitaine a le secret. On est en juin 1866 et chacun fait part de ses envies d'aventure dans un monde où l'exploration nourrit la littérature et les feuilletons à trois sous. Et bien moi, explique le capitaine en caressant sa barbe rousse typiquement anglaise, après avoir entendu toute la tablée, je vais escalader le MontBlanc.
-Je passerai par un glacier que je connais bien.
-Vous n'irez pas seul capitaine ?
-Non, je vais solliciter des porteurs et un guide. On n'est jamais trop prudent.
Le capitaine laisse passer l'été et après avoir reporté son ascension pour cause de mauvais temps, c'est le 12 octobre 1866 qu'il s'engage dans cet exercice devenu une pratique touristique. Le glacier offre deux voies permettant l'ascension. Un passage récent plus sécurisé que l'ancien mais moins direct vers la cime et un passage ancien pratiqué depuis des générations. Cet ancien passage est en principe interdit mais plus d'un touriste en brave les difficultés.
Deux cordées sont rassemblées sur l'ancien plateau haut de 4000 mètres avant d'escalader la cime. Le capitaine Arkwright est dans la première équipe de Michel Simond, le guide et les deux porteurs, Joseph et François Tournier, deux frères qui connaissent bien les lieux. la seconde cordée est placée sous l'autorité du guide Sylvain Couttet et de l'allemand Winkart.
L'état du glacier habituellement emprunté pour pratiquer cette ascension est très mauvais. On est en octobre et l'été passé, il n'a pas encore neigé et la fonte a transformé les lieux en les rendant impratiquables. C'est donc par l'ancien passage que les deux cordées s'engagent, encouragées par les guides qui connaissent parfaitement le site. Ce passage est plus rapide mais aussi plus dangereux et constitué de neige dure.
Sylvain Couttet le second guide en cordée avec l'Allemand insiste pour prendre la tête. Il est expérimenté et Winkart, l'Allemand, est très athlétique. Couttet sait qu'il saura tailler et mieux accrocher la cordée. Michel Simond laisse son homologue faire. Très vite, la neige est remplacée par de la glace et directement par la roche.
-On va s'accrocher dans la glace ! crie Couttet, j'ai peur que la pierre ne s'effrite.
Couttet commence à taper dans le sérac mais la température des dernières semaines favorise l'éclatement des blocs en plusieurs morceaux de plusieurs kilos. Ces derniers en se détachant en entrainent d'autres plus gros et bien vite, c'est un éboulement qui tombe sur la tête des membres de la deuxième cordée.
Ce n'est donc pas la neige qui va alors poser problème mais les chutes de séracs par blocs de 2 à 15 ou 20 kilos. Couttet et Winkart sont épargnés car plus haut mais la cordée qui les suit est immédiatement emportée avec les blocs qui arrachent tout sur leur passage. Les blocs descendent jusque sur le grand plateau. Les corps très abimés sont retrouvés les uns après les autres en deux ou trois jours à l'exception de celui du capitaine. On l'imagine tombé dans une crevasse.
Pour ce dernier , il faudra atteindre 31 ans pour que le 21 août 1897 ses restes soient retrouvés au fond du glacier des Bossons. C'est dans la partie la plus basse du glacier que ses restes semblent avoir glissé au fil des ans et des saisons dans la langue du glacier. On retrouvera une partie de sa machoire avec sa barbe restée rousse, un mouchoir avec son nom, des écus et sa montre du poche, une pièce classique fabriquée par un horloger anglais et gravée à son nom.
http://www.dailymail.co.uk/news/article-1392070/Howzat-The-amazing-story-cricketer-killed-Alpine-avalanche-body-emerged-glacier-31-YEARS-later.html