Actu : «La priorité de Swatch Group? La croissance organique de ses 20 marques"

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Nayla Hayek, présidente de Swatch Group, revient sur les chiffres 2013 de son entreprise, s’explique sur le rachat de la marque Harry Winston, analyse pourquoi la haute joaillerie est en plein boom. Et, surtout, martèle que son groupe n’a pas forcément besoin de faire des acquisitionsUn feu d’artifice en 2013. Swatch Group a publié mercredi des résultats en tous points record. Le bénéfice opérationnel du numéro un mondial de l’horlogerie s’est accru l’an passé de 17% à 2,314 milliards de francs. Du côté des ventes, elles ont augmenté de 8,3% à 8,817 milliards. Bien mieux que les exportations horlogères. D’où de nouveaux gains de parts de marché. En parallèle, ses effectifs se sont étoffés de 3800 postes l’an dernier. Dont plus de 900 en Suisse. L’occasion était donc idéale pour faire le point avec Nayla Hayek, présidente du groupe biennois, qui s’attend à une croissance saine pour 2014.

Le Temps: Quelle analyse faites-vous des résultats 2013 que vous avez publiés jeudi, avec notamment une hausse du bénéfice de 20% à 1,928 milliard de francs?

Nayla Hayek: Nous sommes très satisfaits. C’était une année formidable. Mais nous sommes toujours confrontés à la même problématique des devises. La surévaluation persistante du franc suisse, notamment par rapport au dollar et au yen, a grevé le résultat du groupe par rapport à l’année 2012. Rien que durant le deuxième semestre, le chiffre d’affaires brut a été affecté négativement de plus de 100 millions de francs. Reste que les bonnes performances se poursuivent. Ainsi, janvier a été très positif, de même que les premiers jours de février.

– Dans moins de deux mois, il y aura Baselworld. Que faut-il en attendre?

– Le salon est important pour l’horlogerie suisse, même si l’aspect commercial pour les marques d’entrée et de moyen de gamme n’est pas si grand, car les commandes sur ces segments sont passées désormais tout au long de l’année. Pour toutes nos marques, cette manifestation demeure néanmoins importante. C’est l’occasion idéale pour voir tous nos détaillants. De manière générale, c’est le relationnel qui prime à Bâle.

– Comment se porte Harry Winston, racheté il y a une année et que vous dirigez personnellement?

– Là, l’effet dollar s’est évidemment ressenti. La marque se développe cependant selon nos attentes. Les premiers résultats au niveau horloger seront perceptibles cette année. Les premières montres estampillées Swatch Group seront présentées à Bâle cette année. L’an dernier, nous nous sommes davantage focalisés sur la fiabilisation des produits. Du coup, nous n’avons pas ouvert de nouveau point de vente auprès d’un détaillant horloger. Mais ce sera le cas cette année. Alors que les ventes horlogères de la marque ont connu une petite progression seulement l’an dernier, on s’attend vraiment à une croissance plus importante pour 2014. La joaillerie, elle, se porte très bien.

– Qu’en est-il au niveau des boutiques où les bijoux Harry Winston sont vendus en exclusivité?

– Lorsque nous avons repris la marque début 2013, elle disposait de 22 boutiques. Nous sommes aujourd’hui à 25, et quatre supplémentaires sont en construction. D’autres projets existent encore, à Cannes ou la rénovation de la boutique de Paris, par exemple. Mais l’objectif n’est pas d’ouvrir une pléthore d’emplacements. Seulement dans des points ultra-stratégiques.

– Comment voyez-vous le développement d’Harry Winston ces prochaines années?

– Comme nous l’avons déjà dit, cette marque a le potentiel d’atteindre 1 milliard de francs de ventes. Pas demain, ni l’année prochaine, mais dans un horizon pas si lointain que cela. Ce qui signifierait grosso modo un triplement du chiffre d’affaires.

– Rétrospectivement, le prix payé en janvier 2013 pour Harry Winston était-il approprié?

– Absolument. Le montant était correct au vu du potentiel de développement de la marque.

– Finalement, la querelle avec Tiffany s’est plutôt avérée positive pour vous, avec des dommages et intérêts décidés par la justice néerlandaise de 400 millions de francs…

– C’est une manière de voir les choses. Mais ce n’est pas la mienne. J’aurais préféré pouvoir développer le projet comme nous avions prévu de le faire, de relever le défi. Nous sommes toujours persuadés que ce partenariat aurait pu aboutir à un grand succès. Heureusement, la justice nous a donné raison, en obligeant Tiffany à verser 402 millions de francs.

– L’objectif de Swatch Group est-il de se développer encore davantage dans la joaillerie? Pensez-vous aussi que ce segment va croître plus vite ces prochaines années que l’horlogerie, comme le supputent nombre de spécialistes?

– C’est en effet ce que l’on entend. Pour ma part, je remarque que les grandes pierres, rares, de très grande qualité, sont devenues de plus en plus un investissement de la part d’acteurs privés. Il suffit d’observer les ventes aux enchères chez Sotheby’s ou Christie’s pour constater leur attrait. Un phénomène particulièrement marqué en Asie, alors qu’auparavant, les investisseurs privilégiaient plutôt l’or. La haute joaillerie touche donc désormais un public plus large, au-delà du simple objet.

– Visez-vous de nouvelles acquisitions dans ce domaine?

– Non, pour le moment pas du tout. Avec Harry Winston, nous avons déjà trouvé le joyau de notre couronne. Cela dit, nous disposons de suffisamment de cash, 1,8 milliard de francs, pour nous assurer un maximum de flexibilité. Il faut qu’une acquisition fasse sens. Mon père Nicolas nous a appris que tout à un prix, mais il doit être raisonnable. Ce n’est pas la politique du groupe de jeter l’argent par les fenêtres. La première priorité de Swatch Group? Se concentrer sur la croissance organique de ses vingt marques.

– Et dans l’horlogerie?

– Je ne verrai pas vraiment quelle entreprise pourrait compléter notre portefeuille, déjà riche de vingt marques qui couvrent tous les segments de prix.

– Recevez-vous encore régulièrement des propositions?

– Tout à fait. Plusieurs dossiers nous parviennent chaque année.

– Et dans un monde idéal, en guise de pure hypothèse, quelle marque aimeriez-vous encore au sein du groupe?

– Sérieusement, je ne vois rien. Dans l’entrée de gamme, nous disposons de Flik-Flak et Swatch. Là, les concurrents font essentiellement du «made in China». Ce qui ne nous intéresse bien évidemment pas. Dans le milieu de gamme, je ne vois pas davantage qui pourrait concurrencer Longines, Rado ou Tissot dans leur domaine respectif. Là aussi, leurs concurrents directs ne sont pas tous purement des acteurs du «Swiss made». Dans le haut de gamme, il existe, en revanche, davantage de marques intéressantes. Mais aucune n’est à vendre et aucune ne viendrait combler un quelconque trou ou carence chez nous. De plus, il faudrait encore s’assurer qu’aucun problème n’intervienne avec la Commission de la concurrence (Comco) en cas d’acquisition.

– Qu’allez-vous faire de vos 1,8 milliard de liquidités?

– De très nombreux investissement sont en cours en ce moment au niveau manufacturier. Notamment pour notre fabricant de mouvements ETA. A Boncourt, à côté de l’usine que nous venons de terminer, nous sommes en train d’en construire trois autres. Un jour, l’immeuble quelque peu vieillissant de Mido devra être rénové, et il existe encore de la place supplémentaire pour la production chez Harry Winston à Plan-les-Ouates. Pour tous ces projets, il est donc nécessaire de disposer de liquidités suffisantes.

– Vous avez énormément investi, ces dix dernières années, dans votre appareil de production. Combien au juste?

– Swatch Group a investi durant la dernière décennie plus de 3 milliards de francs.

– L’an dernier, votre groupe a créé environ 1000 emplois en Suisse. Qu’en sera-t-il cette année?

– Il s’agit de données qui évolueront ces prochains mois.

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/8964ed9e-9038-11e3-aca3-ee89ec75d04c/La_priorit%C3%A9_de_Swatch_Group_La_croissance_organique_de_ses_vingt_marques

Impressionnant quand même la réussite de Swatch group.
  

Citation :

[...] En parallèle, ses effectifs se sont étoffés de 3800 postes l’an dernier. [...]

Rien que pour ça, respect.
Chapeau également pour perpétuer les marques accessibles.

très très belle entreprise , ça fait rêver  

presque 4000 créations de postes   

En tous les cas, cela met fin aux rumeurs de rachat de certaines marques par Swatch Group.