«Une montre à 500 000 fr.? Excellent!»

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«Une montre à 500 000 fr.? Excellent!»

SIHH - GENÈVE Le Salon de la haute horlogerie, réservé aux professionnels, a lieu jusqu'à samedi à Palexpo. Patron de la marque schaffhousoise IWC, Georges Kern mise sur l'image. Il a rendez-vous avec Zidane!

FABIANO CITRONI
16 avril 2007

Georges Kern, le patron de la marque IWC n'a pas peur de la concurrence chinoise. «Connaissez-vous un seul produit de luxe chinois qui a su s'imposer?» Photo © Michel Perret

Ils n'ont pas une minute de répit les patrons des grandes manufactures. Ils jouent presque leur année sur une semaine. Celle du Salon international de la haute horlogerie, 17e du nom, qui a lieu jusqu'à samedi à Palexpo (GE). IWC figure parmi les seize exposants. Patron de la marque schaffhousoise, Georges Kern se confie au «Matin».

Georges Kern, que représente le SIHH pour vous?
Nous réalisons plus de 50% de notre chiffre d'affaires lors du Salon. Nous rencontrons la presse, les détaillants, les partenaires. C'est pour ça que nous soignons autant notre image.

Justement, IWC invite 1400 personnes ce soir à Palexpo. Combien coûte cette fête?
Ce n'est pas important de le savoir. Ce qui compte, c'est l'image et la visibilité. Raison pour laquelle nous attendons, par exemple, les acteurs Cate Blanchett ( «L'Aviateur») et Kevin Spacey ( «Usual suspects»), et le footballeur Zinedine Zidane. Je ne sais pas s'il y a une soirée aussi prestigieuse en Europe.

Quel est le budget de IWC pour le SIHH?
J'ai oublié, je ne maîtrise pas très bien les chiffres (sourire)...

Pourquoi des montres sont-elles vendues plusieurs centaines de milliers de francs?
Le produit de luxe, par définition, personne n'en a besoin, mais tout le monde le veut. On est dans le domaine de l'émotionnel. Heureusement que des gens déboursent près de 500 000 fr. pour une pièce. C'est excellent. Mais impossible d'expliquer de manière rationnelle pourquoi ils dépensent un tel montant. Les gens ne comprennent pas forcément nos produits, mais ils sont excités par le fait de les avoir.

La Chine est de plus en plus présente sur le marché de l'industrie horlogère. Peut-on parler de menace chinoise?
Welcome to the party (Bienvenue à la fête). Je ne connais aucune industrie aussi segmentée que celle horlogère. Savoir que des nouvelles marques arrivent sur le marché ne m'empêche pas une seule seconde de bien dormir. Est-ce que vous connaissez un seul produit de luxe chinois qui a su s'imposer?

La Fédération horlogère veut renforcer les exigences du label Swiss made. Qu'en pensez-vous?
Les très grandes marques (Patek, Rolex, Omega, IWC...) n'ont pas besoin de ce label. Elles sont déjà synonymes de Swiss made. Mais si on évoque l'image de l'industrie horlogère suisse en général, alors il faut renforcer ce label. C'est une question de crédibilité.

Il y a beaucoup d'imitations des cadrans de vos montres. Comment lutter contre cela?
Je me suis rendu à Bâle et j'ai aperçu une multitude de cadrans marron. C'est nous qui les avons lancés l'an dernier. Etant imités, nous devons innover d'année en année. C'est une de mes règles d'or: être le premier!


Audemars Piguet

La menace chinoise «Leur copie est de meilleure qualité chaque jour, c'est gênant. Elle peut faire perdre quelques emplois en Suisse, mais c'est la rançon du succès. Je comprends que certains ont envie de copier ce que nous faisons.»

Le label Swiss Made «Il faut qu'il soit fort, on ne peut pas galvauder ce label. Mais si on se montre trop exigeant, cela pourrait porter préjudice aux petites et moyennes marques. Trouvons le juste milieu.»

Les prix élevés «On vend du rêve, une histoire, une passion. Une montre, c'est une oeuvre d'art finalement. Nos produits se transmettent de générations en générations et représentent des mois et des mois de travail.»


Piaget

La menace chinoise «Nous travaillons avec la Chine depuis 15 ans, son marché se développe de façon incroyable. La contrefaçon est un problème que nous combattons en collaboration avec le gouvernement chinois. Mais la Chine est un grand pays, nous ne pouvons pas être présents sur tous les fronts en même temps.»

Le label Swiss Made «Il ne suffit pas de dire qu'il faut renforcer ce label, il faut passer à l'action. Pour Piaget, le problème ne se pose pas, nous fabriquons tout en Suisse.»

Les prix élevés «Il y a une inflation des prix qui pourrait porter préjudice à l'industrie. Il doit y avoir un rapport raisonnable entre le coût du produit et son prix.»


Girard-Perregaux

La menace chinoise «Pour le moment, je parlerais plus d'opportunité. La Chine représente un marché immense. Et il ne faut pas oublier que derrière la machine, il y a la culture.»

Le label Swiss Made «Aujourd'hui, c'est un concept obsolète. Il faut renforcer les exigences de ce label. Reste que pour nous, ce n'est pas un problème. Nous sommes déjà Swiss Made!»

Les prix élevés «Une montre peut nous demander trois ou quatre années de travail. On peut parler de prix excessif si une marque achète des technologies. Nous, on fait tout.»

Le Matin Online

http://www.lematin.ch/nwmatinhome/nwmatinheadactu/actu_suisse/_une_montre_a_500.html