Actu: La Chaux-de-Fonds, ville construite pour l'horlogerie

Citation :

Lorsque l’on évoque La Chaux-de-Fonds, des images surgissent dans l’esprit des Genevois: comme la figure de Le Corbusier, par exemple, né dans cette cité nichée sur le haut-plateau neuchâtelois, un personnage qui signera des créations architecturales et artistiques dans l’Europe entière, parmi lesquels l’immeuble «Clarté» à Genève. Or celui qui fut le premier à théoriser l’habitat collectif et est considéré comme le père de l’architecture moderne était fils d’horloger. Ce qui nous ramène donc à la principale passion commune entre le bout du Léman et l’arc jurassien: l'horlogerie.

Si cet art est né à Genève au XVIe siècle, c’est véritablement dans les montagnes neuchâteloises qu’il s’est développé. Ironie de l’histoire, les positions dogmatiques de Calvin qui interdisait à ses fidèles de porter des objets ornementaux, comme des montres, a sans doute contribué à l’exportation de ce savoir-faire du côté de La Chaux-de-Fonds. Dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, l’horlogerie y a pris un essor quasi industriel.


Une ville futuriste

L’arrivée de commerçants étrangers, au XVIIIe siècle, favorise encore la production de masse et ce développement provoque l’érection des premiers «immeubles», encore recouvert de toits de bardeaux. Mais, dans la nuit du 4 au 5 mai 1794, le village est victime d’un énorme incendie: bien que le sinistre n’ait pas fait de victimes, 52 maisons sont détruites, et 175 familles sont à la rue. C’est probablement ce fait divers qui a permis à La Chaux-de-Fonds de prendre le visage qu’elle présente encore aujourd’hui, et qui lui a valu récemment d’être inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco en tant qu’exemple d’architecture horlogère. Un graveur, Moïse Perret-Gentil, dessine le nouveau village: des rues qui se croisent à angle droit, et des construction qui tiennent compte de l’orientation du soleil pour que tous les immeubles puissent en bénéficier. «Une Ville construite par les horlogers pour l’horlogerie, détaille Nathalie Schallenberger, conseillère communale (Exécutif) à La Chaux-de-Fonds. Des horlogers qui forment alors une sorte d’aristocratie prolétarienne. Leur plan d’urbanisme est clair, pragmatique, à dimension humaine. C’est un système de développement plus qu’une ville utopique.»

A cette époque également, le grand voisin français est agité par des luttes révolutionnaires. Et les idées libérales développées notamment par Voltaire et Rousseau gagnent la ville neuchâteloise du haut, provoquant quelques tensions. Car la principauté de Neuchâtel, dans un premier temps cédée à Napoléon, revient à nouveau au roi de Prusse. La Chaux-de-Fonds, qui dépasse la barre des 10'000 habitants en cette première moitié du XIXe siècle, devient un fief des Républicains, tandis que le pouvoir reste à Neuchâtel, la ville du bas.

La Genève internationale profite à la Suisse entière

Et ce sont ces mêmes Républicains basés à La Chaux-de-Fonds qui , le 1er mars 1848, descendent au chef-lieu, s’emparent du château siège du pouvoir abandonné par les royalistes, et confèrent au canton de Neuchâtel le statut de République, un nouveau point commun avec Genève. «Entre nos deux cantons, il y a plus qu’un simple lien confédéral », confirme d’ailleurs Monika Maire-Hefti, présidente du Conseil d’Etat neuchâtelois. Et la ministre d’énumérer les points de convergence entre le canton du bout du lac «de Genève» et celui traversé par l’arc jurasssien : la «Genève internationale», symbolisant l’ouverture au monde, trouve un écho du côté de l’arc jurassien, ce qui se révèle par la xénophilie des deux cantons lors des votations où il est question d’Europe. «Notre culture a été marquée profondément et durablement par cette ouverture au monde et aux idées», souligne Nathalie Schallenberger, membre de l’Exécutif Chaux-de-Fonnier.

On le voit, les convergences genevo-chaux-de-fonnières sont nombreuses, comme lorsqu’il s’est agi, au XVIIe siècle, d’accueillir les huguenots chassés de France par les persécutions religieuses. «Nous devons plus que jamais mettre en avant les valeurs que nous défendons », poursuit Monika Maire-Hefti. Nous ne pouvons pas rester les yeux fermés face aux drames du monde. La Suisse doit rester une terre d’accueil.» Or, cette mission que poursuivent nombre d’organisations regroupées sous le terme de Genève internationale, est parfois contestée par certains milieux en Suisse, notamment lorsqu’il s’agit de débloquer des crédits . «Ce sont des investissements pour la Suisse », souligne Luc Barthassat, conseiller d’Etat genevois. Les retombées économiques et politiques profitent à l’ensemble du pays. Ne parlons plus de Genève internationale mais de Suisse internationale.»

(TDG

)
http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/chauxdefonds-ville-construite-horlogerie/story/14276351