Bonjour à toutes et tous.
J’ai le plaisir de vous proposer un petite revue de ma dernière acquisition (qui date de janvier… 2018), à savoir la
Venturer Small Seconds XL Funky Blue de H. Moser & Cie:
Genèse du projetIl y a de cela quelques années, j’avais rédigé mon cahier des charges:
· Montre en or rose et cadran clair
· A porter au bureau ou lors de grandes occasions, pour alterner avec ma Portugaise 7 jours
· Mouvement à remontage manuel
· Montre élégante 2 ou 3 aiguilles, sans complication ni date
· Haute horlogerie (oui, je sais, en matière de HH, chacun voit midi à sa porte…)
· Envie d’exclusivité et donc, production limitée
· Gamme de prix: 20K (neuf)
Sur la base de ces critères, j’ai longtemps lorgné du côté de A. Lange & Söhne:
1. La 1815 Ab/Auf: une vraie tuerie avec ses aiguilles bleuies et son indicateur de réserve de marche (qui s’affranchissait de facto de mon cahier des charges avec 4 aiguilles visibles mais la montre n’en demeurait pas moins extrêmement élégante). Seul « souci »: elle aurait fait double emploi avec ma Portugaise 7 jours qui présente aussi un guichet pour indiquer la réserve de marche.
2. La Saxonia Thin: elle cochait toutes les cases également mais ses dimensions (soit en 37 mm qui m’apparaissaient trop petits, soit en 40 mm qui faisaient un peu large avec le cadran très, voire trop épuré) et le manque d’animation dû à l’absence d’une petite seconde ont fini, à regrets, de me dissuader.
Et puis, à la grâce de l’une ou l’autre revue sur la toile en général et sur FAM en particulier (merci entre autres à Benmarie, Guy, Sam2Mars, Seiko007 et Totolouga ainsi qu’à Tytil pour ses nombreux comptes-rendus à Baselworld et ses visites de la
manufacture et du
musée ), H. Moser & Cie a attiré mon attention, et plus spécifiquement, sa collection
Endeavour. De la simple 3 aiguilles à la phase de lune, ces montres à l’élégance discrète arboraient le fameux cadran fumé, véritable signature de la manufacture de Schaffhousen. De quoi susciter mon intérêt pour cette marque assez jeune au demeurant (fondée par Heinrich Moser en 1828, elle a été relancée par le groupe familial MELB Holding en 2012) et qui propose de très belles choses. Et puis, vous savez comment ça va, on passe des heures et des heures à se renseigner sur la marque, son histoire, ses valeurs, sa communication, on regarde des dizaines et des dizaines de photos, on lit les revues des heureux propriétaires, on définit le ou les modèles qui plaisent et, au final, le désir d’en tester un au poignet se fait de plus en plus pressant, histoire de voir si le ramage se rapporte au plumage !
Mais dans l’intervalle, ce n’étaient plus les
Endeavour qui tenaient la corde mais les
Venturer. En effet, au fil des photos que je visionnais, les
Endeavour m’apparaissaient plus massives du fait de leur lunette et cornes plus épaisses et de leurs aiguilles plus marquées alors que les
Venturer affichaient une silhouette plus fine et de facto plus élégante (mais ceci n’engage bien entendu que moi
). Vinrent par la suite les 3 principales interrogations:
. Grande date ou pas de grande date? C'est utile pour certains mais, d'une part je trouve la date trop grande et, d'autre part, autant laisser un maximum de place au cardan fumé;
· Diamètre de la boîte: entre les 39 mm standard de la version
Small Seconds (la collection
Venturer a vu le jour en 2014) et les 43 mm en version XL (lancée elle en 2016), il y a une sérieuse différence.
· Couleur du cadran et du métal: les nombreuses itérations offrent chacune un magnifique rendu mais fallait-il miser sur un classicisme de bon aloi ou sur une touche plus originale ?
Et c’est là qu’à nouveau un minimum de réflexion s’imposait: une montre élégante, oui, une montre classique, on est d’accord, une montre plutôt pour le boulot, toujours ok mais… hormis pour des meetings importants et lors des événements que j’organise, je ne suis jamais en costume, juste en casual (pantalon en toile, chemise et pull). Suite à cette constatation et fort des essais concluants chez ChronoPassion et Bucherer, j’ai rangé mon cahier des charges au fond d’un tiroir et mon choix, conforté par Madame de Gilead, s’est posé presque naturellement sur la Funky Blue en or blanc qui offrait l’élégance d’une montre 3 aiguilles en combinaison avec un cadran fumé bleu électrique et un strap beige en koudou qui s’accorde parfaitement avec mon style vestimentaire.
Assez parlé du cheminement, passons aux photos et à la revue proprement dite !
CoffretSobre et de belle facture,…
… il met bien la montre en évidence et renferme tous les documents et la lingette habituels:
BoîteEn 3 parties et en or blanc 18 carats, cette
Venturer Funky Blue est le résultat d’une combinaison réussie entre:
· Un design classique et sobre, inspiré des montres de poches historiques et des formes convexes typiques des années 60;
· Des dimensions contemporaines avec un diamètre de 43 mm pour 12,6 mm d’épaisseur;
· Une harmonie de couleurs contrastées avec le strap beige et le cadran fumé bleu électrique.
J’apprécie beaucoup le travail réalisé sur les flancs de la carrure, offrant d’une part une perspective carénée et, d’autre part, une alternance de parties satinées et polies:
La couronne frappée d’un « M » emblématique de la marque est assez imposante et… c’est tant mieux pour moi car j’ai une sainte horreur des couronnes trop petites, non seulement au niveau de la préhension mais aussi et surtout au niveau visuel:
Une des principales caractéristiques de la
Venturer a trait à son verre saphir bombé à l’extrême:
Pour être très honnête, cela m’avait sérieusement refroidi lorsque j’ai vu certaines photos sur la toile. Dans la réalité, ceci n’est absolument pas dérangeant. Et même si ce verre génère une hauteur de montre assez imposante (12,6 mm à son point culminant alors que la carrure et la lunette n’atteignent « que » 9 mm), aucun souci pour la faire passer sous une manche de chemise:
Ce verre saphir aussi bombé est d’ailleurs une source de problèmes pour tous ceux qui souhaitent prendre des photos de leur montre. Un des rares griefs qu’on peut formuler à H. Moser & Cie tient au fait que le verre saphir ne soit pas antireflet sur les 2 faces (seulement à l’intérieur), ce qui rend la prise de photos parfois compliquée pour capter la beauté du travail sur le cadran et... oblige à prendre l’environnement en compte
:
Aux dernières nouvelles, des tests sont toujours en cours afin de trouver une solution pérenne…
A l’intérieur des cornes, on retrouve 4 poinçons:
(
1)
Poinçon commun: dans le but d'uniformiser la législation sur le contrôle des métaux précieux et de faciliter le commerce international, le Danemark, l'Autriche, la Finlande, la Norvège, le Portugal, la Suède, le Royaume-Uni, l'Irlande, la République tchèque, les Pays-Bas, la Suisse et d'autres ont signé une convention connue sous le nom de Convention de Vienne portant sur le contrôle et le poinçonnement des ouvrages en métaux précieux. Les ouvrages qui ont été contrôlés et trouvés conformes par l'office compétent d'un pays contractant reçoivent un poinçon commun, attestant son titre. Ce poinçon – une balance avec le titre 750 – est reconnu dans tous les autres États contractants et la convention a l'effet de soulager les engagements d'importation parmi et entre les États membres.
(
2)
Poinçon collectif: il s’agit en fait du poinçon du fournisseur de boîtes. Les boîtes de montre suisses sont souvent munies d’un poinçon de maître collectif, c’est-à-dire une marque déposée par une association de fabricants. Chaque participant au poinçon collectif reçoit un numéro courant incorporé dans l’image du poinçon. Chaque ouvrage en métal précieux, ouvrage multi-métaux ou plaqué, mis dans le commerce en Suisse, doit être muni d’un poinçon de maître enregistré au Bureau central du contrôle des métaux précieux. Il en existe plus de 13 000, suisses et étrangers.
(
3)
Poinçon d'indication de titre: il certifie la qualité de l’alliage qui compose chaque ouvrage en métaux précieux. En l’occurrence, le chiffre 750 indique que 750 millièmes de la quantité de l’alliage en question sont en or, soit les trois quarts, ce qui correspond aussi à 18 carats (contre 24 pour l’or fin).
(
4)
Poinçon de garantie: les boîtes de montres en or, argent, platine et palladium mises dans le commerce en Suisse sont soumises au contrôle obligatoire de leur composition par le contrôle des métaux précieux. Si leur composition est conforme au titre effectif, cet organisme le confirme par l’insculpation du poinçon officiel représentant la tête d’un Saint-Bernard.
(
Source: Administration fédérale des douanes / Contrôle fédéral des métaux précieux)
CadranAvec ses index bâton appliqués et ses aiguilles effilées en forme de feuille, il épouse la forme du verre saphir…
… et change de teinte en fonction de la luminosité ambiante, que ce soit à l’extérieur…
… ou à l’intérieur…
Je ne suis pas le seul à apprécier, on dirait…
Mentions spéciales à la graphie de la marque qui ressort particulièrement bien et à la décoration « soleillée »:
Personnellement, je n’étais pas encore prêt à franchir le pas du cadran vierge de toute littérature et amputé de ses index (hormis ceux à 3, 6, 9 et 12 heures) de la version "Purity".
Pour ma
Venturer, on retrouve des index pour chaque heure et les incrémentations de 5 secondes pour la petite seconde excentrée. Certes, cela peut rendre la lecture de l’heure parfois approximative mais en contrepartie, j’aime vraiment l’aspect épuré.
Quant à la lunette particulièrement fine, elle garantit une belle ouverture:
Strap et boucleSi, chez IWC, l'orange est à l'honneur sur la doublure des straps Santoni, chez H. Moser & Cie, c'est le vert pomme qui a été privilégié sur la face interne des straps en koudou beige:
Côté externe, le koudou tranche résolument avec le style général de la montre et l’ensemble est particulièrement original. A noter la boucle ardillon en or blanc 18 carats, avec le logo Moser gravé et les poinçons d’usage:
MouvementTout comme ses cousines en 39 mm, la
Venturer XL embarque le calibre maison HMC 327 à remontage manuel dont voici les caractéristiques principales:
· Diamètre: 32,0 mm (14 ¼ lignes)
· Hauteur: 4,5 mm
· Fréquence: 18’000 a/h ǀ 2,5 Hz
· 29 rubis
· Réserve de marche: minimum 3 jours
· Stop seconde qui permet de régler la montre avec précision et à la seconde près
· Denture Moser pour la totalité des roues et pignons
· Spiral Straumann
original avec courbure terminale de Breguet pour améliorer l’isochronisme
· Ancre et roue d’échappement en silicium pour réduire les frottements et l’usure du mécanisme
On peut admirer les anglages à la main, le guillochage des ponts et des platines, les doubles côtes Moser ainsi que la présence du blason de la marque, gravé sur tous les mouvements de la manufacture depuis 1828. Tous les mouvements qui équipent les montres H. Moser & Cie sont conçus, développés et manufacturés en interne, en collaboration étroite avec sa société sœur Precision Engineering qui est spécialisée dans le développement, la production et l’assemblage de tous les composants destinés aux modules d’échappement.
Concernant la réserve de marche, elle est annoncée supérieure à 3 jours. En réalité, elle dépasse largement cette durée et culmine même à 5 jours et une dizaine d’heures, soit +/- 130 heures. Parfait pour tenir toute la semaine de boulot ! Pour ce qui est de l’indicateur, il n’est visible que côté mouvement. Une discrétion bienvenue et qui ne « défigure » pas le magnifique cadran fumé. Quant au remontage, il est particulièrement soft.
Last but not least: quid de la précision de ce HMC 327 ? Voici le tableau que j’avais posté il y a quelque temps:
On ne va pas se mentir: suite à ces déviations complètement irrégulières par moment (surtout les premier et 5
e jours), je m’attendais vraiment à mieux pour une montre de ce niveau et de cette catégorie de prix. Une avance de 20 secondes ou plus sur une journée ou une dérive moyenne journalière de plus de 10 secondes (cfr les chiffres en rouge), c’est franchement beaucoup…
Certes, les tolérances chez H. Moser & Cie sont décalées par rapport aux autre montres, dans la mesure où elles prévoient:
· un écart de -1 à +9 secondes par jour sur 6 positions. Dans l’absolu, on reste dans les limites du COSC (-4 à +6 secondes par jour, soit une variation globale de 10 secondes) et une prime semble alors accordée à une montre qui avance.
· une précision de -6 à +18 secondes par jour pour chaque position
Ceci étant, ma tolérance aussi a des limites et j’ai envisagé différentes options:
1. Avec le temps, je deviens moins regardant au niveau de la précision, donc je laisse aller car après tout, on n’est pas à quelques secondes/minutes près…
2. Je renvoie la montre pour un réglage plus précis mais bon, je suis un peu réfractaire au fait de renvoyer une montre pour un souci « non vital », avec le risque qu’elle revienne avec un coup ou une poussière dans le cadran…
3. J’ai testé pendant quelques semaines la montre dans différentes positions la nuit (couronne vers le haut, cadran vers le bas, etc.) pour essayer de contrebalancer les écarts… ouais… bon… on ne peut pas dire que mes tentatives furent couronnées de succès et… j’ai un peu autre chose à faire, hein…
4. Je maintiens le niveau de réserve de marche à la moitié de l’indicateur car c’est apparemment dans cette zone (après 2 jours de fonctionnement) que les écarts se stabilisent et que les variations sont les moins élevées.
Et c’est finalement cette dernière solution que j’ai privilégiée. Je tourne à l’heure actuelle aux alentours de +/- 9 secondes par jour, ce qui me convient. Ce n’est pas exceptionnel, loin s’en faut, mais je m’en satisfais. De plus, j’ai ainsi introduit un petit rituel chaque matin pour le remontage d’une quinzaine de tours de couronne. Ceci étant, d’un point de vue strictement technique, est-ce vraiment une bonne idée de ne maintenir le ressort qu’à la moitié de sa puissance ? Si des connaisseurs en la matière ont la réponse, je suis preneur !
CommunicationDepuis le lancement de la marque, on peut dire que l’approche communicationnelle a fait couler beaucoup d’encre avec le slogan « Make Swiss Great Again », le lancement des « Cheese Watch », « Swiss Alp watch » et « Frankenwatch », les faux pitches de leur agence de comm,...
Du très bon et du moins bon, chacun voit midi à sa porte mais au moins, on est loin de la communication traditionnelle du secteur et on ne peut que se réjouir des grands coups de pied mis dans la fourmilière horlogère. Pour ceux que cela intéresse, ils peuvent d’ailleurs retrouver une interview d’E. Meylan sur CNN lors de Baselworld ! De plus, en tant que CEO de H. Moser & Cie (et fils de l’ex-CEO d’Audemars Piguet Georges-Henri Meylan), il endosse son rôle avec enthousiasme et passion, ce qui l’amène à intervenir de temps en temps sur FAM. Un profil atypique qui n’est pas sans rappeler celui d’un grand monsieur de l’horlogerie, un certain Jean-Claude Biver…
ConclusionMême si je ne peux m’empêcher de regretter quelque peu le manque de précision de cette montre, je ne peux m’empêcher également, à l’instar des autres heureux propriétaires d’une H. Moser & Cie, d’afficher un sourire de contentement à chaque fois que je regarde ce cadran somptueux. Autre fait particulièrement agréable: parmi les 4 montres que je possède, c’est celle qui recueille le plus de commentaires… et des commentaires positifs.
Par rapport à mon cahier des charges initial, les deux principales entorses sont l’absence d’or rose et de cadran clair mais au fil du temps, je me dis que mon phototype (peau claire) n’est peut-être pas approprié pour de l’or rose et un cadran clair. Mais bon, en matière de montres, il ne faut jamais dire jamais, c’est bien connu…
Merci de m’avoir lu et bonne journée/soirée !
Roland
PS: Merci également à Mr Hofmann, Directeur des ventes chez H. Moser & Cie pour les infos reçues.
PS²: Allez, je remets encore quelques photos pour la route, c’est pour moi, ça me fait plaisir !