Voici ma revue de cette Sinn EZM4, récemment arrivée depuis l’autre bout du monde.
Je ne vais pas retracer l’histoire de cette lignée de modèles nommés EZM, mais vous pouvez en apercevoir les différentes itérations ici (merci Grinhu) : http://grinhu.free.fr/wordpress/?p=54
Voici la courte description tirée du site web de Sinn :
« Mission Timers (Einsatzzeitmesser or EZM) are watches which have been specially developed for a particular purpose. They always offer excellent readability. This means: the form is always dictated by the function and handling requirements.”
C’est une montre au look un peu vintage, très 70’s, utilisant un boitier déjà vu sur des Heuer et proche de ceux que l’on trouve sur les Speedmaster Mark II ou Mark IV.
Ce boitier n’est pas particulièrement élégant. Il est d’un seul bloc, massif. Mais son épaisseur est finalement assez contenue avec 15mm quand la plupart des chronographes Sinn flirtent avec les 17mm.
Sur mon exemplaire, parmi les dernières produites, je dispose d’un boitier prêt à recevoir la capsule d’argon mais en lieu et place de celle-ci, une vis.
Le bracelet est bien intégré et très confortable. Je n’ai aucune envie de la porter sur autre chose pour l’instant. La boucle déployant dispose de quelques trous pour un parfait ajustement.
Pour avoir toutes les caractéristiques de cette montre, le mieux est encore d’aller sur leur site :
http://www.sinn.de/en/Modell/EZM_4_-_ACHILLES.htm
Elle embarque ce qui est considéré comme l’un des meilleurs calibres chronographes, le Lemania 5100. Il a pour particularité d’avoir un compteur des minutes central extrêmement pratique. Il est aussi par sa conception très résistant aux chocs et se prête donc bien à une utilisation sans ménage.
Dans la plupart de ses autres utilisations, on retrouve également un compteur des heures, un compteur 24h non indépendant et le jour et la date. Mais sur l’EZM4, Sinn a choisi de ne garder que l’essentiel pour sa fonction première.
J’ai déjà eu l’occasion de m’en servir avec une 142 et j’ai complètement adhéré à cette lecture immédiate du temps chronométré. C’est un bonheur et je ne comprends pas pourquoi le Swatch Group a arrêté sa production. Peut-être qu’aujourd’hui l’heure est aux beaux mouvements que l’on peut admirer derrière un fond vitré et que les montres outils n’ont plus vraiment lieu d’être.
L’EZM 4 est donc une montre destinée à l’usage des pompiers et autres secouristes.
On retrouve quelques caractéristiques des EZM comme le positionnement de la couronne et des boutons poussoirs sur la gauche (pour un port main gauche) pour un plus grand confort de mouvement de la main, des aiguilles blanches sur un fond noir pour plus de lisibilité et des inscriptions non utiles en rouge sang. Cependant à la différence de l’EZM 1 ou d’autres modèles ultérieurs, la date est en blanc.
Cette montre n’est pas destinée à une unité d’élite comme l’EZM 1 et n’a donc pas besoin d’être tout aussi discrète. Et ça tombe bien car Sinn va utiliser astucieusement le cadran pour venir en aide aux utilisateurs d’ARI, principalement les pompiers.
Les ARI (Appareil Respiratoire Isolant) sont généralement équipés d’une bouteille d’un volume de 6 litres gonflés à une pression d'utilisation de 300 bars. De la même façon que les bouteilles de plongées, il s’agît d’air comprimé (78% d'oxygène et 21% d'azote) et non d’oxygène car celui-ci est extrêmement inflammable.
La compression du gaz permet d'obtenir une fois détendu à la pression atmosphérique, qui est d'environ 1 bar, et selon la loi de Boyle-Mariotte V2 = P1xV1/P2, 1800 litres d’air.
Sachant qu'un homme en plein effort consomme au grand maximum 100 litres d'air par minute on obtient ainsi une autonomie de 18 minutes qui amputée d'une marge de sécurité de 10% donne environ 15 minutes d'autonomie au porteur.
On comprend mieux l’échelle de couleurs jaune et rouge sur le cadran de l’EZM 4.
L’utilisateur de l’ARI pendant les 15 premières minutes est donc en sécurité. En revanche, passé cette période, il s’expose au risque d’être à court d’air et donc de devoir s’exposer à une atmosphère dangereuse (vapeurs, gaz, poussières, fumées toxiques).
Un deuxième outil vient s’ajouter sous la forme d’une échelle pulsométrique sur une base 15. Une fonction bien pratique mais devenue assez rare sur nos chronographes qui permet de mesurer le rythme cardiaque.
Pour finir, à la manière d’une montre de plongée, celle-ci dispose d’une rallonge sur le bracelet permettant d’ajuster la montre au-dessus de la combinaison.
Alors qu’il a été produit environ 3300 EZM 1 toutes séries confondues, Sinn ne veut pas communiquer sur le nombre de EZM 4. Vu la relative rareté sur les forums, sa moindre popularité et une production plus courte, je pense qu’il en existe moins de 1000. Peut-être même moins de 500.
Ce modèle est sorti du catalogue en 2004. Mon exemplaire a été vendu en Mai 2005, confirmé par les archives du service client de la marque.
Son état est tout bonnement incroyable. Pas un seul choc, quelques micro rayures mais finalement peu visibles avec sa finition micro-billée. Et son fonctionnement sans faille. Autant dire que j’étais aux anges quand je l’ai reçue !
Ce n’est qu’après quelques minutes qu’une chose m’a parue étrange… elle est drôlement légère. Serait-ce une réplique bien imitée ?
Un rapide coup d’œil au fond plein me rassure et en même temps attise ma curiosité.
« Reintitan » ?
Il me semblait que ce modèle n’existait qu’en acier. C’est d’ailleurs comme ça qu’elle est décrite sur le lien d’archive ci-dessus. Un retour sur la revue de notre cher ami Grinhu et je découvre qu’il en aurait existé un petit batch en titane !
J’ai donc contacté la marque pour m’assurer que d’une ce n’était pas une 157 Ty reconvertie en EZM4 et pour confirmer l’existence de cette série. Il y a donc bien eu, à la demande d’un client, une série spéciale de 25 unités en titane (référence 157.063, 157Ti EZM4) et celle-ci en fait partie.
Je suis joie !
Le titane lui donne un toucher et une couleur bien différents d’un modèle acier. La couleur, proche de l’acier en pleine lumière, peut aller jusqu’à une teinte charbon dans un environnement sombre. C’est beau.
Pour ce qui est du poids, ajustée à mon poignet, elle pèse tout juste 100 grammes quand la tête seule en acier pèse 86 grammes.