Zenith a eu l'excellente idée de rééditer son chronomètre de l'armée de l'air italienne Tipo CP 2 improprement appelé Cairelli du nom de son distributeur, instrument qui a servi dans les années 1960 et jusqu'aux années 1980 entre les mains des pilotes de chasse italiens. La réédition est très réussie et mérite d'être saluée. Fidèle à l'original, le chrono s'en distingue par sa modernité intérieure. Le prix sur le marché de la version vintage est sensiblement le même que celui des 1000 pièces qui constituent la réédition et je vous propose de peser le pour et le contre qui va à tarif équivalent nous faire choisir la version "Vintage" ou la version moderne.
Je ferai ici abstraction des ventes à des prix faramineux qui ont eu lieu ces dernières semaines d'abord parce que nul n'en connait l'origine (l'acheteur à plus de 65 000 francs suisses est-il un spéculateur qui a d'autres modèles à vendre et va asseoir ses tarifs sur le score de la vente ?) et ensuite parce que ces prix ne correspondent nullement à la valeur de l'objet.
Je n'ai à l'heure où j'écris ces lignes (26 décembre 2016)
aucune idée de ce vers quoi va pencher mon comparatif. Par goût personnel, je suis plutôt porté sur le vintage et aussi par la volonté d'avoir au poignet des montres très fiables et précises.
Je précise ici que j'ai eu de nombreuses fois la version originale militaire ou pas entre les mains tout comme la version moderne. Mes "impressions" n'engagent que moi et libre à chacun de les partager ou non.
Esthétique cadran : (sur 2 points)
Version originale: Les cadrans ont un demi-siècle et la présence de tritium ultra corrosif d'où au moins à la loupe, à chaque fois des petites dégradations, tâches parfois indétectables à l'œil nu mais inévitables. Les chiffres eux aussi présentent quelques défauts inhérents à l'âge.
1 point
Réédition: Si d'aucun pourrait considérer que les compteurs ont tendance à loucher un peu, c'est ici à mon sens assez faux au regard du diamètre de la montre. Les designers ont habilement joué pour effacer cette impression. La finition du cadran réédité est meilleure que la première version. Sans doute la matière luminescente a-t-elle un rôle sur la préservation des vernis qui à l'époque recouvraient les cadrans.
2 Points La boite: Sur 2 points
Exæquo ou presque ! Les boites sont très proches et le fond des deux versions n'est pas beaucoup plus travaillé sur la version nouvelle que sur l'ancienne. Un léger avantage à la nouvelle est compensé par le système de vissage rassurant de la première version très classique.
Ceci étant la fermeture de la version moderne est plus facile et préserve le joint. Je donnerai donc un avantage de
0,5 point à la version moderne. 1,5 ancienne, 2 points à la version moderne.
L'étanchéité : Sur 2 points
Avantage à la réédition puisque la version originale pas prévue pour une immersion prend l'eau. Son cache poussière hérité des montres pour l'armée allemande en 1939 est intéressant mais dépassé. La version 2016 avec son étanchéité à 100 mètres permet de ne pas se départir de sa montre lors d'une activité aquatique même si ce n'est en aucun cas une montre de plongée.
Ancienne 1,5 points et moderne 2 points.
Mouvement : Sur 3 points
Le calibre est un élément essentiel. Le calibre 146 était un bon calibre à remontage manuel un peu fragile dans sa remise à zéro et nécessitant un réglage régulier car il a une tendance naturelle à la dérive positive et à l'avance. Peu sensible aux chocs, il a l'inconvénient de son ancienneté c'est à dire un temps de main d'œuvre élevé en cas d'intervention et surtout la raréfaction des pièces neuves de remplacement. Ces chronos ont souvent beaucoup tourné et sont donc fragilisés. J'ai pris toutefois le parti de ne comparer que des pièces en parfait état. J'attribue donc
2 points à la version 146.
La version moderne du El Primero est, surtout en 2 compteurs, très fiable, à remontage automatique et les pièces sont disponibles pour au moins 50 ans. L'El Primero est un calibre plat donc sans surépaisseur notable par rapport à la version 146. Ce calibre est une formule 1 et sans nul doute aurait équipé les montres militaires italiennes s'il avait existé. Mon ardeur est toutefois pondérée par le temps nécessaire pour une intervention sur le barillet par exemple et l'absence de Stop seconde qui aurait conduit le mouvement à la note parfaite.
2,5 à la version moderne.
Mon gout pour le vintage est donc surpassé par la sérénité d'utilisation qu'apporte l'El Primero.
Le verre Sur 2 points
Je comprends la nostalgie du verre acrylique mais le verre saphir bombé ne boxe pas dans la même catégorie. Il est parfait dans la réédition.
1,5 point version ancienne. 2 point version moderneL'histoire Sur 3 points
Crédit : Révolution
L'avantage est évidemment à la version vintage mais pas tant que ça car la toute première version de la Cairelli était signée Universal Genève. Mais le marquage militaire "authentique" reste un plus pour celui qui veut une montre qui a du vécu.
3 points version ancienne et 1,5 point version moderne.
Les aiguilles Sur 2 points
Chapeau aux designers qui ont su les reproduire au détail près. La matière luminescente ne pose aucun problème pour la version moderne et sa tenue dans le temps permet de porter la montre en toutes circonstances. Celui qui a porté des aiguilles à tritium en plein soleil sait les risques que la chaleur fait peser sur la tenue du revêtement et la poussière produite. Les versions vintage supposent un peu de ménagement. Toutefois, la couleur des aiguilles aurait pu être mieux travaillée en retenant une couleur moins verte.
Version ancienne 1,75 et moderne 1,5
L'exclusivité Sur 2
1000 pièces c'est très peu et la rareté se comparera une fois le stock écoulé (elles partent vite). Cette pièce deviendra vite aussi collector que la vintage. Il n'y a ici pas de sujet.
La version ancienne mérite 2 points et la moderne 1,25 points. Confort au porté Sur 2 points
Exaequo. Je n'ai pas senti de vraie différence sinon que l'automatique est plus "intuitive" car on n'oublie pas de la remonter. 2 points partout
Mon appréciation subjective. A près de 8000, j'ai tendance à me méfier des vintage dont la cote repose sur le fait qu'un produit soit à la croisée des collections (Horlogerie, militaria, etc.). Sur une vintage, on est au seuil où l'on se demande si l'on peut la porter ou si c'est un sacrilège. Je me porte donc à prix équivalent plutôt sur la version moderne au regard de ses qualités précédemment décrites pour une version portée et Vintage pour une montre destinée à la vitrine. La version vintage est à mon avis trop chère pour ce qu'est cette montre et la version moderne a été présentée au bon prix par Zenith. Elle deviendra collector autant que la Flyback color.
Le totale des points sur 20 est de 16,25 pour la vintage et de 16,75 pour la version moderne. J'ai manifestement été assez sévère sur ma notation (on n'atteint pas 17 points ) mais je pense avoir été juste et honnête en plaçant les deux versions à très peu d'écart. Cette montre est dans les deux cas un régal à porter. Elle est recherchée pour la vintage mais l'effet réédition lui profite et les spéculateurs en jouent, la version moderne éditée à seulement 1000 exemplaires est à se procurer d'urgence et sera recherchée dans quelques mois.
Nota : Je n'ai volontairement utilisé aucune de mes photos pour ce sujet car forcément les images plus ou moins réussies peuvent influencer la lecture .