Suite de mes petites tranches horlogères de vie
Nous sommes en 1977.
Ecole, collège plutôt, jésuite, Mai, joli mois pour tout le monde sauf pour les étudiants, fin de ce que l'on appelle en France : le premier grâle , le bac ! En Belgique c'était tout simplement la fin des Humanités, de la "Rhéto"...
L'élève A.... Haw.... était arrivé, assez péniblement puisqu'à 20 ans, à la fin de son parcours d'humanités latines. Autant dire tout de suite que les sciences et moi cela a toujours fait deux et même trois, mais les mathématiques n'étaient pas, non plus, mon fort.
J'étais un élève non pas imbécile ou fainéant mais, comme je me plais encore à l'évoquer, sélectif. Il me fallait en effet pour réussir dans une branche une conjugaison de conditions importantes : matière intéressante, formative, cours intéressant et surtout professeur passionnant.
Le Latin, le Français, l'Histoire...oui , les mathématiques, la chimie, la physique, non ! Même si cela était probablement à tort , il faut juste avoir conscience de ce que l'on est et de ce que l'on aime.
Tout ceci pour vous dire que c'est donc un miracle que, dans ce collège catalogué scientifique, j'arriva à ce jour de mai 1977, en ayant redoublé une année. Eh oui, mes jeunes amis, à l'époque une année ratée était perdue, pas de voies d'évitement, de sections "plus simples" qui font, en fait, que l'enseignement d'aujourd'hui n'est plus celui d'hier ! Tant mieux ou dommage est un autre débat sur lequel je ne m'étendrai pas ici.
Il est peut être temps que je vous narre aussi quelques "exploits" comme les appelaient le Père Directeur quand il s'adressait à mes parents afin de poser le personnage que j'étais à l'époque.
Du frotteur en feutre fourré de purée d'anchois à la partie de cartes au fond de la classe, en passant par le seau d'eau au dessus de la porte pour arroser les "chouchous" qui ouvraient la porte à leur professeur chéri il y en a eu, et l'esprit maléfique qui les concoctait était, plus souvent qu'à sont tour, le même que celui vous narre cette histoire.
Je me souviens d'un plus marquant que les autres ....Un jour la marque "Bic" a eu l'excellente idée de nous fournir un " kit premier rasage". J'ai eu pour ma part la brillante idée de fourrer l'éponge de tableau du local de Sciences avec ....mais non pas la lame du rasoir, je ne suis pas méchant, mais plutôt le contenu de la mini bombe de mousse à raser. Une éponge cela se presse et la jeune prof qui s'en servit sans regarder a évidemment pressé l'éponge en hauteur...je vous laisse imaginer la suite et l'éclat de rire général de la classe. Furieuse, Mademoiselle "X" à la chevelure abondante de petit mouton se retourna , vous en conviendrez en imaginant la scène, assez ridicule...
" Qui a fait cela ?"
"Moi, comique n'est ce pas" je ne suis en effet pas un lâche et ne tenais pas à la punition collective, je dois dire que cela me valait une certaine aura dans la classe qui était, j'avais omis de vous le dire une des premières classes mixtes de l'époque.
"Evidemment qui d'autre que vous M Haw.... ? Je pense qu'il y a quelqu'un de trop dans cette classe"
La perche ,magnifique, venait d'être tendue et ...à quelqu'un comme moi " Mais nous ne vous retenons pas Mademoiselle"
Et la pauvre de sortir en larmes.... Il faut vous dire que je n'étais pas fier de moi à ce moment là, j'avais réellement de la peine pour cette jeune prof qui n'arrivait pas à s'imposer.
Revenons cependant , après ces digressions nécessaires qui vous feront comprendre la suite, à cette fin mai.
Le décor est la salle de cinéma du Collège, tentures de velours rouges, podium, parents dans la salle et appel un par un de tous les élèves sauf, évidemment de ceux ayant échoués. Humiliation suprême, ils sont cités comme ajournés (examens de passage) ou comme refusés... Inutile de vous dire que, conscient de la récompense incertaine de mes efforts, je n'étais pas trop fier dans mon costume bleu marine obligatoire, ,nous étions 25 par classe.
Arrivé à la Rhéto B, je ne suis pas cité dans les 5 premiers : rien de catastrophique, les miracles n'existent pas...les 10...assez normal encore, les 15 ... rien d'inquiétant,
les 20.. ah oui quand même... 21.... aie, aie, aie ... 22eme M A.... Haw.... ...ouf..... et , et ... et puis, si, les miracles existent : "Prix d'expression écrite en Français"... Je grimpe les 6 marches vers le podium, me retrouve nez à nez avec le Père directeur, mon titulaire, les professeurs de ma classe et quelques autres personnes des surveillants au jury externe. "Bla...bla... bla", félicitations, remise d'un prix, un petit carton allongé.
J'ose à un surveillant : "Mais alors, j'ai réussi...." Sa réponse fusa : "Oui, on se demande d'ailleurs comment, mais je crois surtout qu'on ne veut plus voir ici....filez..." Il n'y eu pas de 23eme ....
Je n'ai pas manqué de suivre, pour une fois, son conseil et de descendre rapidement de cette estrade qui ressemblait plus à un tribunal qu'autre chose... Après la cérémonie, je rentre chez moi avec mes parents soulagés : je n'étais pas un cancre .
Dans ma chambre, la tête encore un peu étourdie par les évènements ou peut être par le petit mousseux de la réception, j'ouvre la petite boite et y découvre une montre. Elle restera longtemps dans ma table de nuit car me rappelant une période que nous aimons à 20 ans détester pour mieux adorer ensuite.
La petite UWW a refait surface lors de mon passage à la vie d'adulte, elle est aujourd'hui en bonne place parmi ma collection et toujours fonctionnant parfaitement...la preuve ce texte m'est revenu d'un seul jet : Souvenirs attention danger.....
Des infos sur cette marque ? Remarquez au dos "electronicaly timed "quid ???
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