Il y a une petite dizaine d'années Swatch proposait un chronographe automatique dans sa collection. Le calibre hérité du Lémania mais simplifié n'a pas vraiment convaincu la clientèle qui n'a pas accepté de mettre 450 euros dans une Swatch fut-elle chronographe.
Le produit fut retiré discrètement du catalogue, il faut dire qu'il avait été lancé avec beaucoup de discrétion, presque à titre expérimental. Le produit décliné dans une dizaine de versions avait pourtant d'indéniables qualités mais aussi un énorme défaut, il n'était pas précis. La dérive pouvait même être handicapante avec 5 à 7 minutes par jour. Swatch a du gérer un nombre de retours qui a vite alerté la marque et généré une décision défavorable au maintien de sa commercialisation.
Peut-on imaginer un chrono automatique Swatch à nouveau. C'est peu probable à court terme. Les Chinois sont capables aujourd'hui de livrer des chronos automatiques fiabilisés avec des clones de 7750 pour 250 euros sur le marché. Swatch ne pourrait pas tomber à ce niveau de prix sauf à concevoir un mouvement spécifique à partir du Sistem 51 par exemple. Mais l'investissement est lourd et sa rentabilité non assurée. Pourtant ETA travaille sur des calibres de chronographes à bas coût et Swiss Made. Tissot, Hamilton ou Swatch lui assurent un débouché mais comment faire mieux qu'un 7750 véritable tracteur increvable et à 70 chf ?
On ne reverra pas de chrono automatique Swatch avant un certain temps. En outre, le Swatch Group tend à réhabiliter le quartz. On le propose désormais en version haut de gamme thermo-compensé, insensible aux chocs et précis à 4 à 5 secondes par an. Seiko et ETA ont là un défi industriel qui va directement leur ouvrir des marchés où les montres mécaniques ne peuvent faire l'objet d'une grande diffusion d'une part parce qu'il faudrait des volumes considérables immobilisés pour assurer une présence dans toutes les boutiques et d'autre part parce que les prix sont trop élevés pour la clientèle. Le marché le plus prometteur est l'Inde.
Là c'est avec du quartz que les Suisses pourront s'installer face à Seiko qui est capable de faire de belles montres mécaniques à moins de 100 euros et d'offrir du bon quartz pour moins de la moitié. Les Suisses ont ici une urgence à gérer. SwatchGroup a donc autre chose en tête que de régénérer un chrono automatique pour ses swatch dont les nombreux invendus se retrouvent bradés par des Italiens car l'Italie est un des pays qui a le plus adhéré à ce produit.
ETA qui amortit le Sistem 51 sur Tissot, Hamilton et Swatch réfléchit à en enrichir les développements mais son 2824 atteint un niveau de performance pour un très faible coût de revient qui n'incite pas à investir alors que les marchés se contentent de l'offre actuelle. Si l'on essaie d'avoir des infos sur les chiffres réels du calibre auto Chrono des Swatch, inutile de préciser que c'est le black out le plus total car il parait que des surprises se préparent pour 2019 voire 2020.
A suivre donc mais avec des Swatch chrono à quartz au poignet.
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).