Je lis chaque jour ici et là des recommandations plus ou moins loufoques sur l'achat de montres vintages. La difficulté des acheteurs est de ne pas se faire arnaquer avec des pièces bidouillées, contrefaites ou dans un état qui les rendra réparables à un coût trop élevé.
Au chapitre des grands classiques, il y a le matériau de la boite. Il est essentiel d'éviter le métal chromé ou les plaqués souvent usés et sur des bases métal constitués de nickel très allergisant. Attention, certains produits donnent un éclat peu durable qui induit en erreur.
L'état du cadran sera examiné soigneusement. Le cadran est ce que l'œil capte en premier. On se satisfera de cadrans avec de petites rayures mais jamais de cadran piqués jusqu'à la plaque de support. Le tritium réduit en poudre n'est pas très grave mais la peinture effacées par un malencontreux coup de chiffon est irréversible.
Les aiguilles devront être non oxydées et comporter leur matière lumineuse. Des aiguilles tirant sur le vert clair avec un cadran aux chiffres jaunâtres indique que les aiguilles ont été rechargées au Luminova. C'est souvent acceptable mais il faut le savoir.
L'état du mouvement va être fondamental. Il doit être fonctionnel, propre et peu usé. Un calibre délavé a subi soit une machine à laver d'un horloger maladroit, soit une inondation due à la baignade ou pire à la transpiration. Un mouvement sale n'est pas bon signe sur l'étanchéité de la montre. On se méfiera de la raquette réglée à fond sur avance ou retard qui indique un calibre réglé à la va vite mais qui comporte forcément un défaut.
A la loupe on regardera si le spiral est ou non oxydé. Son oxydation est annonciatrice de fin de vie. La couronne doit être cohérente avec la boite. Sa signature n'est pas vraiment un sujet sur lequel perdre du temps. Son étanchéité est bien plus sérieuse. Un remontoir qui croque au remontage signifie une roue de rochet usée jusqu'à la corde. Une tige de remontoir qui ne passe pas nettement en position de mise à l'heure alerte sur le mauvais état du frein de tirette... Ces pièces peuvent coûter très cher si les trouver est un problème. Remonter la montre, en vérifier l'heure et repasser une heure plus tard peut rassurer avant l'achat sur le réglage ou l'état d'un échappement.
Les bidouilles courent les rues chez Rolex ou Omega. La montre n'est pas 100% fausse mais pas 100% vraie car avec une vraie et des pièces récupérées ici et là des petits malins reconstituent deux ou trois montres à partir d'une. Fond de boite de SAV côtoie alors carrure ancienne et plus étanche, un cadran remplacé et des aiguilles oxydées dans une boite en état neuf relève de l'arnaque évidente. Il faut se méfier des polissages de boite faits au tampon Gex et annoncés comme venant du fabricant. La Speedmaster est réputée pour ses repolissages faits à l'arrache. Certains modèles sont presque inaccessibles en vintage correct. Tudor par exemple subit 3 à 4 faux sur 5. J'ai personnellement mis deux ans pour trouver une Tudor conforme.
Si on ne s'y connaît pas un peu, c'est à dire si on ne s'est pas renseigné avant, mieux vaut ignorer l'achat de vintage. On se fait moins arnaquer dans les PA d'un forum que sur EBay car le vendeur se ferait déchirer de vendre un fake mais tout arrive.
Un dernier mot sur le prix. Un bon produit a un prix. Un prix trop bas est signe d'un objet ou conflictuel ou délaissé, un prix élevé est signe de volonté pour le propriétaire de gagner de l'argent sur sa vente. Un vrai collectionneur revend à son prix, à la cote ... Il faut donc l'étudier et ne jamais oublier qu'une fois payé, un objet n'a plus de propriétaire antérieur ...
Bonne chance !!!
_________________
Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).