Il n'est pas si simple de planter un évènement au point de devenir la risée d'une industrie et de faire pleurer tous ceux qui attachés à l'évènement, aimaient y participer en qualité d'exposants ou de visiteurs. Les organisateurs de Baselworld viennent de donner une extraordinaire leçon de "non management", un modèle du genre qui démontre que saborder une affaire qui marche est possible mais qu'il faut y mettre un peu de méthode !
Nous allons reprendre en 10 leçons toutes les étapes du plantage.
Préambule : Considérer que l'on a atteint la perfection et partir du postulat que tout est parfait et qu'on n'améliore pas la perfection.
1- Laisser s'échapper une partie des exposants pour monter un autre salon sans leur proposer d'alternative. Pour cela il faut concéder davantage à un groupe plutôt qu'à un autre et surtout ne reculer sur rien, ne jamais céder et n'écouter personne. Une fois la scission opérée, il est important sur un ton méprisant de laisser entendre que ça ne marchera pas et que la fin de la récréation fera rentrer au bercail les infidèles. Mépris et ignorance sont une technique d'échec sans équivalent. 1er point marqué par les organisateurs de Baselworld !
2 - Ne surtout pas chercher à contenir l'hémorragie. Si les marques d'un autre groupe comme par exemple Kering se mettent à aussi abandonner le navire bâlois, ne surtout pas les retenir et mépriser les motifs de leur départ. Il est alors important de rester bien droit dans ses bottes surtout si une proposition alternative pourrait être de nature à enclencher une hésitation.
3- Ne tenir aucun compte des départs isolés de marchands de foulards. Là encore, un savoir faire de haut niveau s'impose ! Hermès part avec ses peaux de chèvres mais la manifestation est bien plus solide !
4 - Faire une démonstration de musculature financière et investir dans la reconstruction des bâtiments. Démontrer qu'on peut dépenser des capitaux pour refaire des bâtiments neufs alors que les anciens pouvaient encore fonctionner est un effet d'éclat qui affiche une bonne santé apparente comme une crème de bronzage teintée sur une endive parisienne au mois de juin. Bien bomber le torse pour attirer des commentaires admiratifs.
5 - Réorganiser l'évènement à l'identique "d'avant" lors de la réouverture des nouveaux bâtiments. Reprendre sans vergogne les recettes de 1957 et 1960 et organiser une grande manifestation "anniversaire" qui enterre un peu plus la manifestation dans son passé et permet d'argumenter sur sa vision passéiste. Ne pas hésiter à en faire des tonnes en diffusant de vieilles images bien nostalgiques qui vont conforter tout le monde dans la vision d'un vieil événement totalement dépassé.
6 - Ne tenir aucun compte des micro-départs et ne consentir aucune remise aux petits afin d'éviter l'hémorragie. Bien au contraire les foutre dehors. Surtout meubler les espaces vides des halls avec des expositions que personne n'ira voir et installer de grands paravents qui donneront l'impression que la terre est plate et qu'il n'y a rien au delà de la limite indiquée.
7 - Ignorer le monde du web. Surtout ne pas se laisser ennuyer par ces internautes et ces technologies trop "cheap" pour un événement dont la qualité ne doit pas être remise en cause. Ne pas hésiter à donner des interviews avec la plus grande mauvaise foi en s'étalant sur le succès de l'évènement. La communication est essentielle et doit être à l'image de l'évènement.
8- Comme chaque année depuis la naissance de la première foire, faire venir les officiels avec tambours et trompettes. Ils seront la caution de la suissitude de l'évènement. La RTS en attestera en faisant 5 minutes au JT comme chaque année, la preuve que c'est ancré si profond, qu'il faudrait un évènement atomique pour changer quoi que ce soit. De toutes façons, on a montré à l'entrée que l'évènement était international puisqu'on a ressorti les drapeaux de l'année d'avant.
9- Consentir au groupe phare de l'évènement pratiquement tout ce qu'il exige au point de ne plus lui laisser d'envies inassouvies. Bien se placer en situation de dépendance à son égard afin de fragiliser l'évènement qu'il finira par tenir d'une seule main. Nick Hayek a la main tendue et il suffit de placer la joue dans l'axe pour prendre la gifle. Là encore, cela demande de la dextérité et les organisateurs se sont montrés performants.
10 - Si le principal exposant s'en va, simuler la bonne santé et ne pas démontrer que l'on vacille. Au contraire, virer le patron de l'évènement qui partira mener un projet personnel et annoncer que la continuité sera assurée par le président du conseil d'administration. Il n'y connait rien et semble bien être le plus adéquat pour continuer l'aventure !
Voilà comment réussir parfaitement un sabordage ! Un seul mot : Bravo !!! L'opération est réussie et nous allons maintenant assister à la deuxième étape qui fera l'objet d'un autre exposé : Comment ne pas démontrer qu'on est complètement dépassé !
A bon entendeur !
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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