Le Spirograph Sport calibre 440 de Karsten Fräßdorf
Karsten Fräßdorf, le nom de cet horloger vous rappellera peut-être quelque chose. Les plus experts d'entre nous se souviennent sans doute des Montres Normandes. La qualité des mouvements conçus par Karsten Fräßdorf reste exemplaire et cet horloger continue à développer des calibres de haute volée. Son calibre 440 et son modèle Spirograph Sport apportent la démonstration de son talent. Cette fois, il apporte des fonctionnalités nouvelles à son mouvement.
On retrouve les caractéristiques essentielles du modèle d'origine et son tourbillon. Visible par une ouverture du cadran ouverture sur le cadran à 6 heures, ce tourbillon 1 minute est muni d’un échappement conçu et développé à 100 % par la marque KF à l'image du reste du mouvement. On est ici dans du 100% Swiss made, ce n'est pas la peine de rechercher ce qui ne serait pas suisse.
KF est un passionné de chronométrie, c'est donc en toute logique que le développement du mouvement s'est fait autour des éléments réglants. Il n'est pas allé rechercher la précision dans la haute fréquence mais s'est contenté de 18 000 alternances par heure comme les chronomètres lauréats des concours de chronométrie à la grande époque des concours de précision des observatoires de Genève et Neuchâtel. Ce choix s'expliquait à l'époque et s'explique encore aujourd'hui par la recherche d'une optimisation dans la distribution d'énergie. Si l'on reste sur une énergie fournie par un ressort de barillet classique, une fréquence moyenne est le meilleur moyen de réguler la distribution d'énergie dans le mouvement. KF s'appuie également sur la recherche d'une réduction de l'usure des composant grâce à cette fréquence. L'argument peut être entendu mais la nature des composant peut pondérer cette vision.
Ce qui singularise le mouvement au delà de son architecture est sans doute sa suspension élastique qui place le calibre dans une sorte d'apesanteur dans sa boite. Il peut ainsi, fait tout à fait exceptionnel pour un tourbillon, absorber des chocs allant jusqu’à 5’000 G. Sa réserve de marche est de 70 heures mais cette autonomie est abaissée grâce sa « Croix de Malte » qui réduit la plage de fonctionnement à 44 heures dans la phase de tension optimale du ressort de barillet. La précision est ainsi mieux garantie puisque les trains de rouages enregistrent une force quasi constante du début à la fin des 44 heures. La boîte en acier de 45 mm s'adresse aux poignets larges et le cadran est d'une esthétique originale de type « nid d’abeilles en références aux armoiries de La Chaux-de-Fonds où la montre est produite. KF a opté pour des couleurs vives adaptables à la demande.
Le balancier de Karsten Fräßdorf: Au cœur de la précision Le balancier mérite à lui seul une attention toute particulière. sa conception unique en fait un joyau en terme de recherche chronométrique. Il ne ressemble à aucun autre.
Ce balancier a une histoire que Karsten Fräßdorf raconte "Tout a commencé, il y a quelques années, par la réalisation d’un premier balancier sans serge muni de deux plots périphériques ronds supportés par un axe, référence à la chronométrie et à ses origines.
Sur la base du nouveau balancier, deux nouvelles innovations sont apportées. La première porte sur une problématique récurrente de l’horlogerie, à savoir le coefficient thermique qui entraîne la dilatation de certains composants lors de changements de température : enjeu majeur, surtout lorsque cela impacte des composants formant le cœur de la montre, en l’occurrence l’organe réglant. Dans les faits, une augmentation de quelques degrés de la température impacte le balancier qui va se dilater vers l’extérieur, engendrant ainsi parfois plusieurs secondes de retard. Ce phénomène est partiellement compensé par le biais du spiral qui va, lui, générer de l’avance. Depuis des décennies, l’horlogerie traditionnelle emploie donc ce que l’on appelle des balanciers dits « autocompensants », permettant ainsi de résoudre une grande partie des phénomènes liés à la dilatation. Cette nouvelle conception permet d’aller encore un peu plus loin en créant un balancier capable d’apporter une compensation qualifiée « d’auxiliaire », afin de réduire encore l’impact lié au coefficient thermique non résolu par un balancier autocompensant traditionnel.
Le nouveau balancier en acier amagnétique et pouvant supporter une inertie de 85 gr/mm2 affiche une résistance allant jusqu’à 600 de dureté Vickers. Il est donc plus résistant aux chocs. Dans les faits, le balancier est traversé en son centre par un axe (la planche du balancier) permettant une extension de la matière en cas d’augmentation de la température. Cette extension étant contenue par un deuxième axe (la barre), celle-ci demeurant invariable. Dès lors, en cas de dilatation de la matière, la force est redirigée sur les bras d’affixe. Chaque bras étant solidairement rattaché à l’axe invariable par un point de pivotement à vis permettant le mouvement vers l’intérieur du balancier. Les bras d’affixe peuvent ensuite accueillir, à différents endroits, un certain nombre de vis (de tailles et de matières différentes) permettant d’influer sur la masse effective, offrant ainsi à l’horloger la possibilité de travailler sur les variations d’inertie liées au coefficient thermique.
C’est le principe dit de la « compensation auxiliaire ». Situées à l’opposé des bras d’affixe, deux masses auxiliaires de classement permettent de jouer sur la masse variable du balancier. Elles ont pour vocation de compenser le poids des vis placées sur les deux bras d’affixe afin que le balancier ne soit ni trop lourd, ni trop léger. Et, comme chaque détail compte, leurs surfaces peuvent être personnalisées (gravure ou sertissage notamment). Finalement, un troisième axe, perpendiculaire au premier, est doté à ses extrémités de deux vis permettant d’une part les réglages fins et, d’autre part, le classement du balancier à 18’000 alternances par heure.
L’innovation de ce mécanisme est donc de pouvoir exercer une influence réelle sur le coefficient thermique, normalement donné, après l’union du balancier au spiral. Mais dans cette valse emmenée par ces deux composants, le spiral est toujours impérial. Fait à la main, il a sa nature propre et est, par définition, unique pour chaque montre. Ne supportant aucune altération ou transformation, c’est donc au balancier qu’incombe la charge de parer aux aléas du temps et donc de changements de température. Il n’en demeure pas moins que le spiral doit lui aussi résister aux champs magnétiques toujours plus présents dans la vie quotidienne. C’est pourquoi il est composé d’un alliage dit « Straumann » supportant les champs magnétiques allant jusqu’à 1’000 Gauss. Au niveau de son fonctionnement, le spiral qui doit idéalement s’ouvrir de manière concentrique afin d’éviter tout balourd (phénomène de retard ou d’avance de la montre dans les positions verticales), est muni d’une courbe extérieure « Phillips » et une courbe intérieure « Grossman ».
La fonctionnalité dite de « stop balancier » représente donc la deuxième nouveauté. Ce mécanisme permet au porteur de la montre d’arrêter la cage de tourbillon ainsi que son balancier à tout moment et donc de se caler sur une heure de référence."
Plus qu'un tourbillon classique, la montre Spirograph Sport de KF est une niche à technologies de pointe et concentre des recherches en matière de chronométrie qui sont particulièrement intéressantes. La recherche de la précision ultime n'a pas altéré les choix d'un design moderne et ce Tourbillon de pointe fait partie des pépites de l'horlogerie.
Droits réservés - Forumamontres - Joël Duval - Avril 2019