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 Une montre mobile d'un meurtre qui n'a pas eu lieu. Histoire des années 1920

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ZEN
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ZEN


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MessageSujet: Une montre mobile d'un meurtre qui n'a pas eu lieu. Histoire des années 1920   Une montre mobile d'un meurtre qui n'a pas eu lieu. Histoire des années 1920 EmptyDim 12 Mai 2019, 10:22

J'aurais voulu retrouver l'article du journal qui à la fin des années 1920 racontait ce fait divers. Malheureusement, je ne sais pas où il est passé, je l'ai eu très longtemps facilement accessible et puis il a miraculeusement disparu. Bref, je vais vous raconter cette histoire mais n'ai pas le dessin superbe qui illustrait cet article. Dommage car je n'ai pas pu retrouver non plus les vrais noms des protagonistes…  


L'histoire se déroule dans une petite ville de province en Picardie dans le département de la Somme me semble-t-il. Augustin Perrot est professeur de musique. Il enseigne le piano à domicile chez lui et chez ses élèves dotés d'un piano. Augustin a 54 ans, il est père d'une fille de 17 ans, Ariane est une très jolie jeune fille très convoitée. Son épouse est décédée quelques années plus tôt de cette grippe dite espagnole. Le pauvre homme qui aimait profondément son épouse a fortement déprimé après son décès et en 1924, il reprend à peine pied dans la vie après de multiples efforts simplement pour sa fille qu'il chérit et protège.

Il y a parmi les élèves d'Augustin des éléments très doués pour la musique, de véritables petits virtuoses et des éléments "alimentaires" auxquels Augustin ne consent des cours que parce que les parents imposent le piano à leurs enfants. Après la mort de sa femme, Augustin est resté taciturne, il a perdu cette joie de vivre qu'il avait auparavant quand la vie lui souriait. Augustin a aussi beaucoup grossi, la dépression l'a poussé à manger plus que de raison. Il souffre d'un souffle au cœur, qui avec le surpoids lui crée quelques malaises dont il refuse de parler comme pour conjurer le mauvais sort.

Augustin à chacun de ses cours pose sur le piano une montre de poche, une très belle montre en argent, très grosse et très lourde. La montre a le fond lisse et une inscription secrète à l'intérieur qui rappelle que c'est un cadeau de sa femme. Chaque élève rêve devant cette montre tandis que les montres bracelet divisent encore certains hommes qui les accusent de porter un coté féminin. Augustin tient beaucoup à cette montre et lorsqu'il l'oublie sur un piano, il n'hésite pas à retourner à pieds parfois sur plusieurs kilomètres pour la récupérer sans attendre. Plus d'un élève a parfois du la lui rapporter parce que distrait, leur professeur avait laissé la montre trainer et l'avait oubliée.

Ce samedi 15 novembre 1924, Augustin vient pour la première fois donner une leçon de piano chez les Cardieux, une famille de bourgeois qui a repris une entreprise de la région. Leur fille de 15 ans n'est pas très douée pour le piano mais suit des cours depuis l'âge de 4 ans. L'adolescente a un grand frère, Eric, qui courtise la fille d'Augustin. C'est lui qui a trouvé ce professeur et en a suggéré le nom à ses parents. Ariane lui a été présentée par un camarade de lycée et le jeune homme est immédiatement tombé amoureux. Augustin ne veut toutefois pas entendre parler d'une relation de sa fille avec un quelconque garçon. Il la trouve trop jeune et interdit donc tout contact. Il ne sait toutefois pas à quoi ressemble le jeune homme et ignore qu'il vient donner des cours de piano à sa petite sœur. Le jeune homme escompte en effet se faire connaître et bien voir pour séduire Augustin et l'inciter à infléchir sa position.

Le cours de piano a bien lieu ce 15 novembre et la jeune fille joue si mal qu'Augustin interrompt le cours et demande à parler à sa mère. Il donne des gammes à faire à la jeune fille le temps de la conversation. Son frère circule dans la maison et vient taquiner sa sœur. Quelques minutes plus tard, après qu'Augustin ait indiqué à la mère que les cours n'avaient pas grande utilité, il revient et reprend le cours. Le ton est monté avec la mère de l'enfant. Augustin est indisposé car son cœur semble s'emballer. Il fait malgré tout bonne figure et repart à la fin du cours à la hâte pour rentrer chez lui sans assurer le cours qu'il devait donner juste après.

Il décide de ne plus retourner dans cette maison et de cesser les cours à cette élève. En chemin, il est rattrapé par Eric auquel il indique qu'il ne retournera plus donner de cours. Il lui demande de le dire à sa mère. Dans une petite rue, le ton semble monter. Le jeune homme insiste pour que les cours continuent mais Augustin, en colère, refuse. Tout d'un coup, Augustin se sent très mal et perd l'équilibre. Le jeune homme s'avance pour le retenir. Augustin s'accroche à son cou et peine à se maintenir debout. Le jeune homme tente de le retenir comme il peut y compris par sa cravate. La sacoche d'Augustin tombe, le professeur passe ses mains autour du coup du jeune homme mais sa veste se déchire. Une vieille dame qui passe par là se met à appeler au secours, des commerçants sortent et voient Augustin au sol, à l'agonie tandis que paniqué le jeune homme pleure. Chacun réécrit l'histoire à sa manière et chacun s'accorde à conclure que ce jeune homme pratiquement inconnu dans la ville a agressé Augustin pour lui voler sa montre et l'a tué.

Les témoignages sont tous convergents, les traces de strangulation sur le coup d'Augustin confirment que le jeune homme a bien agressé le professeur. Le médecin influencé par les témoignages confirme que son patient a bien été agressé. Le commissaire de police voit ici le premier meurtre de sa carrière. Le jeune homme emmené au poste de police pour y être interrogé est fouillé et la montre d'Augustin est retrouvée dans sa poche. Eric se justifie. Il a couru après Augustin pour lui restituer sa montre oubliée sur le piano mais sa sœur ne s'en souvient pas. Eric est placé en détention par un juge d'instruction pour coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort. Eric hurle son innocence et écrit une lettre à Ariane. Il y explique tout dans le détail, comment il a influencé ses parents pour choisir Augustin comme professeur, comment il a voulu le rattraper pour lui rendre sa montre et lui demander de ne pas laisser tomber les cours et il détaille le malaise de son père et comment il a tenté de le secourir. Le jeune homme est accablé.

Ariane donne la lettre au commissaire de police. L'avocat du jeune homme va spécialement rencontrer le commissaire et lui parle d'un concours de circonstances et d'une erreur judiciaire manifeste. Rien ne colle. Comment le jeune homme aurait-il pu le tuer sans coup violent ? La strangulation se résume à des traces d'une cravate trop serrée mais non, ça ne tient pas debout. La montre dans la poche du jeune homme ? Eric avait une montre bracelet et rien à faire de cette montre de poche que le professeur oubliait partout. Le commissaire est troublé. Il est d'autant plus troublé qu'il a un fils qui connait Eric et que son fils lui certifie qu'il ne croit pas une seconde à la culpabilité d'Eric. Du coup, le commissaire se rend chez le juge d'instruction et suggère de reprendre l'enquête.  

Un médecin légiste examine le corps d'Augustin. Ses conclusions sont nettes et sans appel "Le patient est décédé d'une rupture aortique accidentelle consécutive à une pathologie non soignée et préexistante". En d'autres termes, Augustin est mort d'une crise cardiaque sans aucun rapport avec Eric. La personne âgée qui a crié au secours n'est plus certaine de ce qu'elle a vu et se souvient que le jeune homme appelait au secours. Les autres témoins admettent que le jeune homme a tenté de pratiquer un massage cardiaque sur Augustin. De coupable de meurtre, Eric devient celui qui a tenté de le sauver. Le juge procède à un non lieu et relâche sans poursuites le jeune homme. Même le mobile du vol n'a pas de sens, la montre n'a pas assez de valeur au regard de la position sociale d'Eric.  

Ariane est recueillie par une de ses tantes. Elle croisera Eric plusieurs fois mais jamais leur relation n'ira plus loin. Il y a comme cela des relations impossibles. Ils feront leur vie chacun de leur coté mais leurs enfants respectifs se retrouveront dans la même classe quelques années plus tard et deviendront camarades. Nul ne sait ce qu'il est advenu de cette montre qui a bien failli devenir le mobile apparent d'un meurtre qui n'avait pas été commis.

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Cassis77
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Cassis77


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MessageSujet: Re: Une montre mobile d'un meurtre qui n'a pas eu lieu. Histoire des années 1920   Une montre mobile d'un meurtre qui n'a pas eu lieu. Histoire des années 1920 EmptyDim 12 Mai 2019, 10:32

Ca existait le massage cardiaque en 1920-30 ?
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ZEN
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MessageSujet: Re: Une montre mobile d'un meurtre qui n'a pas eu lieu. Histoire des années 1920   Une montre mobile d'un meurtre qui n'a pas eu lieu. Histoire des années 1920 EmptyDim 12 Mai 2019, 10:36

Oui et non, on pratiquait ce qu'on appelait le réchauffement du cœur c'est à dire qu'on frictionnait le torse dans la région du cœur. C'était semble-t-il une technique assez ancienne car je l'ai retrouvée dans un très vieux livre de médecine .

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