Bonjour
La rencontre avec Hyppolite de Mosbilo fait partie de ces moments uniques. Agé de plus de 187 ans, Hyppolyte a trouvé refuge à Haipade, un vieux village typique perché dans les montagnes péruviennes. Entouré de Serge, un lama malade auquel il a appris à chanter et de Majax Terdame, son pangolin femelle magique, Hyppolyte n'a plus de contact qu'avec une seule personne humaine, Gina Patterson, ex-actrice de film pour adultes qui a perdu l'usage de la parole en 1952 après avoir sucé un esquimau qui avait dépassé la date de péremption. Gina s'exprime par gestes avec les deux moignons qui remplacent ses mains suite à de profondes brûlures lors d'un accident de tournage lors de son dernier film, "A pleines mains" où elle devait masser un Russe, ancien pompier de Tchernobyl.
A l'heure où nous avons pu rencontrer Hyppolyte, celui-ci préparait une soupe paysanne traditionnelle bretonne avec un sachet Maggie et un bol d'eau bouillante. Chaque jour, Hyppolite nourrit Gina et produit lui-même son complément alimentaire fait de protéines animales. Hyppolyte de Mosbilo, à 187 ans, a une particularité unique au monde. Il n'a jamais été malade. pas un rhume, pas une grippe, pas une rougeole ou une infection. Pas un virus n'a pu l'atteindre. Hyppolyte ne vieillit plus depuis l'âge de 30 ans. Ses cellules se renouvellent sans cesse et la Tortue géante qui lui sert de table de salon, c'est lui qui en a récupéré l'œuf originel sur une plage de Malibu en 1838 quand il avait 5 ans et qu'il jouait sous la surveillance d'Honoré de Balzac qui arrondissait ses fins de mois en gardant des enfants. Hyppolite connaissait bien Honoré réputé pour son amour des bambins.
Depuis quelques jours, La santé de Gina s'est dégradée, elle a la bouche pâteuse et refuse ce petit verre de ce Schnaps offert par un officier allemand que Gina tenait pour proche depuis qu'elle l'avait rencontré en 1944 dans un hôtel particulier parisien lors d'une soirée entre amis. Helmut était mort en bouche quelques années plus tôt dans un dernier jet non contrôlé.
Le professeur Raoul, un ami de l'autre, un marseillais lui aussi, docteur honoris causa, infectiologue et virologue avait fait tout ce chemin à dos de mule pour retrouver Hyppolyte dont le premier métier fut la virologie. Hyppolyte avait testé en 1919 un médicament pour guérir de la grippe espagnole venue d'Amérique. Il appelait cela la "Cloro la Coquine", une potion solide qui fut rebaptisée pour soigner le palu. Raoul face à Hyppolite remarqua que les deux hommes avaient la même coiffure. Hyppolyte s'en étonna mais Raoul expliqua qu'il était sponsorisé par Head and Shoulders, deux de ses amis dont la vie tenait à un cheveu depuis leur contamination au Coronavirus.
Le dialogue qui va suivre est le point de départ d'un long parcours qui va sauver le monde grâce à Hyppolite de Mosbilo.
-Cher professeur de Mosbilo, quel plaisir de vous voir. Vous n'avez pas changé depuis l'époque où j'étais étudiant et où je disséquais les cadavres et en lançais les testicules disséqués à travers la salle à des étudiantes qui les gobaient comme des œufs.
-Ah oui, je me souviens bien de cela ! C'était à l'époque où nous faisions des recherches sur le virus Ebola. Tous vos camarades de promotions y sont restés ! Sauf vous !
-Oui, je vous revois lors des obsèques de la promotion. Mais cette fois mes deux amis vont si mal qu'il me faudrait trouver un vaccin ou au moins un traitement. J'ai peur de les perdre.
-Quelle est la charge virale de Head ?
-128
-Et Shoulders ?
-136 !
-On sait comment il sont été contaminés ?
-Oui, ils ont têté Tesse Thait, l'infirmière Thaïlandaise qui gère leur confort dans le centre de recherche de Marseille Nord.
-Ah ! Evidemment. On sait maintenant que le virus se transmet par la têtée.
-Mais pourquoi ?
-A cause de la gougoutte, professeur ! Vous avez ramené un échantillon ?
-Oui, l'infirmière a bien voulu se faire tirer.
-Montrez-moi ça ! Quel âge a-t-elle ?
-63 ans !
-Comment ça, elle a encore du lait ?
-Oui, du lait concentré non sucré. Il est un peu rance mais Head & Schoulders avaient l'habitude d'une bonne rasade avant de piper sur les burettes du labo.
-Je vois.
-Vous êtes le dernier espoir, et depuis que j'ai annoncé à la face du monde que "Cloro la coquine" allait nous sortir de là, il me faudrait un résultat.
-Vous avez annoncé le fruit de mes recherches Oh mon dentier ? Où est-t-il passé ?
-Vous en portez un ?
-Non, c'est mon presse papier. J'avais en dessous une formule de traitement que j'ai griffonnée au cas où.
-Un traitement contre le Corona ?
-Oui, j'en ai trouvé un et croyez-moi professeur, j'aurais préféré en trouver un autre.
-Mais professeur de Mosbilo, quelle est la formule ?
-Celle-là, je puis vous dire qu'on va me la pomper.
-Mais en quoi consiste-t-elle ?
-J'ose à peine le dire. C'est en passant sous le microscope que j'ai compris. Tenez, venez voir ! Regardez par cette lunette … Que voyez-vous ?
-Je vois, je vois le … le virus ?
-Exact ! Gardez l'oeil sur l'oculaire. Je place cette goutte et maintenant que voyez-vous ?
-Oh c'est fabuleux ! Le virus disparait instantanément !
-Oui et à quoi vous fait penser cette goutte ?
-Non ! Mais c'est du …
-Oui !
-C'est le votre ?
-Non. Gina est trop mal en point, en manque de protéine, pour que je gaspille…
-Mais alors de qui ?
-De Serge ! Le lama malade. J'en ai eu l'idée lorsque j'ai vu Majax s'agiter sur lui alors qu'il ne demandait que cela. J'ai récupéré un peu d'elixir sous les écailles et voilà le résultat.
-Et vous ? vous n'avez aucun symptôme ?
-Non, j'ai reçu il y a un mois des Italiens de Lombardie mais rien, je suis immunisé. Je me suis testé et mes anticorps sont efficaces.
-Vous avez pensé à donner votre sang pour des études de laboratoire ?
-Non, je ne donne plus de sang. Je donne de l'urine par contre, oui ça j'en donne facilement.
-Mais pourquoi ne donnez-vous plus votre sang professeur de Mosbilo ?
-C'est une longue histoire. Je l'ai donné il y a longtemps, on m'avait dit que c'était pour un homme de couleur et vous connaissez ma position ?
-Non ?
-Celle du missionnaire, mon ami ! Oui, je suis dans cette position depuis bien longtemps.
-Et alors ?
-Alors, j'ai donné mon sang pour cet homme de couleur, un noir Albinos nain qui menaçait de disparaitre à force de se réduire.
-Quelle générosité !
-Oui mais j'ai vite vu que l'on m'avait trompé et l'homme en question était blanc. J'ai fait un scandale. Ce sud-Africain était pourtant bien un homme de couleur. Il était albinos blanc comme un navet. J'étais pour lui le rayon de soleil qu'il rêvait de voir un jour.
-Extraordinaire !
-Non, j'ai commis une faute. Une faute irrémédiable. J'ai exigé de le rencontrer à la lumière du jour car je redoutais que l'on m'ait arnaqué.
-Et j'imagine que la rencontre fut très éblouissante, émotionnelle !
-Il est mort une fois exposé à la lumière. Une tragédie ! J'ai décidé alors de ne plus donner mon sang. Emportez cette "Cloro la Coquine" et sauvez vos amis et le monde.
-Merci professeur !
-Soyez gentil avant de partir, faites moi une faveur. Nourrissez Gina pour moi. On dit qu'il ne faut pas boire toujours la même eau et j'ai peur qu'elle n'ait besoin d'une autre source.
-Bien volontiers professeur, mais quelle langue parle-t-elle ?
-Aucune ! Comme je vous l'ai dit, elle n'en a plus et n'exprime que douleurs et satisfactions dans un bruit de gorge profonde et unique. Vous savez, elle est la seule personne à laquelle je puis parler dans ce village quitté par ses occupants précipitamment. Je sais qu'elle ne répète rien.
-Et pourquoi sont-ils partis d'Haipade ?
-Ils ont surement choisi d'aller se placer sous d'autres hospices. Cela ne me regarde pas. Je suis resté pour ne pas abandonner mes recherches.
-Je suis étonné de votre apparence restée si jeune.
-Oui moi aussi pour tout vous dire cher professeur. J'ignore combien de temps cela durera encore mais je ne vais pas tendre la verge pour me faire battre. Je préfère rester à l'isolement. Ne parlez pas de moi et saluez mon ami Raoult mais ne lui dites pas où je suis. Je ne veux pas qu'il me rejoigne quand il aura besoin d'être isolé. Partez maintenant mon ami… Votre mule est en double file et nous avons parfois des contrôles inopinés.
-A 3500 mètres ?
-Non, mais il faut bien que je vous pousse dehors et l'auteur n'a trouvé que cela pour cesser ce délire.