Patek Philippe 5524G la clivante...

Parfois, il faut savoir laisser le temps au temps. En matière d’horlogerie, comme pour toute chose qui veut s’imposer, rentrer dans l’inconscient collectif, il faut du temps, travailler l’image de marque et apporter une différence. 
Souvent, avant de devenir des icônes, les plus grands succès sont boudés, décriés car ils bousculent les codes établis. 
Inutiles de citer les exemples, ils sont légions.  (bref, mon introduction enfonce des portes ouvertes) 
 
En 2015 Patek présente une montre de 42mm, de type pilote (On ne va pas se mentir, Patek et l’aviation, il faut vraiment se gratter pour essayer de faire le lien… mais… 2 montres dans le musée Patek et … tadaaaa, voilà pourquoi Patek est légitime …).
 
Son look? Il y a pas de doute, c’est une pilote, elle en a les codes, elle en a la taille, la lisibilité, la fonction GMT est géniale et très simple à utiliser. Le cadran « Bleu verni » est légèrement structuré et, sur mon modèle, il apparait plus souvent noir que bleu.  Le boitier est simple seules les deux poussoirs vissés de gauche viennent souligner le côté « technique » de la montre. Cette sobriété de boite, de cadran lui apporte un côté extrêmement polyvalent, mais plutôt casual. Un simple changement de bracelet permet de révéler cette polyvalence. 
La preuve en image.










 
Parlons technique 2 minutes : le boitier et les indexes sont en or blanc 18K, le cadran en laiton verni bleu, les aiguilles en acier bleui, un beau bébé de 42 mm de diamètre pour une épaisseur de 10,8mm seulement. Il est motorisé par le calibre GMT  CH324 S C FUS maison qui offre 45 heures de R.D.M.  
Je pense qu’il n’est pas inutile de signaler que cette montre offre une étanchéité à 60m  qui est assez pour avoir le plaisir de trainer en bord de piscine sans trop de stress si vous avez l’audace de l’équiper d’un chouette Nato.  




 
Parlons de choix, de ce qui m’a amené à cet achat. Bien sûr nous allons à l’instant entrer dans le domaine de la subjectivité, du ressenti. C’est ici que l’on peut se quitter si ça ne vous intéresse pas. 
 
Comme beaucoup, je me suis mis sur l’interminable liste de la Nautilus. Conscient qu’elle n’arriverait pas d’aussi tôt, je me suis intéressé au catalogue Patek et c’est la superbe 5205G qui a été mon « premier coup de cœur » (achat) chez Patek, une montre élégante, moderne avec une complication extra… L’idéale pour les working days ou les soirées chez l’ambassadeur. 

Le virus était en moi, mon entrée (juillet 2020) dans la cours de la HH (des grands ?) n’en était qu’à ses débuts. Même si je renie en rien mon parcours horloger, il est clair que depuis 1996 et ma première Tag Heuer Kirium chrono Quartz, du chemin a été parcouru. 
 
Un coup d’accélérateur s’est produit deux mois plus tard. La 5205G m’a ouvert à « autre chose ». Les Rolex étaient, depuis 2016, devenues des « horizons indépassables ». Ma collection était passée de montres « iconiques » de chaque grandes marques : Panerai, Tag Heuer, Cartier, Omega, IWC, Zénith, Tudor, Rolex… à une collection presque mono-marque (à la couronne).   
Mes recherches sur Patek me fit tomber littéralement en extase devant la 5170p et après de nombreux appels, je trouvais le Graal absolu à Genève. (La dernière pièce disponible à la manufacture). 


Pour la financer ? une grande partie de ma collection dû y passer, Toutes les IWC, Tag, Cartier, Omega et quelques Rolex… Ce que je pensai impensable était arrivé… me séparer d’une grande partie de cette « accumulation » pour une seule pièce… 
 
Le ver est dans le fruit, car pour un collectionneur qui a construit patiemment sa collection,  c’est un crève-cœur de devoir choisir. Un crève-cœur de se séparer de ces objets qui vous ont fait vibrer… mais choisir c’est renoncer.
 
Une fois qu’on réfléchit à se séparer d’une pièce ou d’une autre, qu’on hésite, qu’on se demande pourquoi telle ou telle, la graine est dans la tête et, dans mon cas, y penser c’est déjà le faire. Penser à se séparer d’une pièce, c’est déjà l’accepter, et in fine c’est  déjà acter la fin de cet « amour ». 
Il y avait donc des pièces dans ma collection que je n’avais pas envisagé de vendre, il y a celles que j’avais vendu car c’était une évidence, puis celles qui étaient «  à vendre au cas où ». Pour elles, c’était déjà trop tard… 
 
Je voyais un superbe trio Patek : Trois bleues, trois métaux, trois styles… 5205, 5170 et la 5726 nautilus… Puis, je me rends chez mon AD, et la 5524G est en magasin avec la version 37mm 7234G. J’adore le cadran bleu un peu plus clair et le bracelet cuir bleu de la 7234g… mais définitivement ce 37mm est quand même petit sur mon poignet de 16,5mm. En fait non, c’est élégant mais pour cette montre, ce format est trop « sage », une pilote ce n’est pas petit… et la 5524G ne « jure » pas. On est chez Patek, et le grand reste beau. Un bracelet ça se change… Ce modèle est atypique chez Patek, il est « sportif », masculin, sa complication est utile, la lisibilité est au top et sa relative étanchéité lui permettrait d’être utilisée dans des contextes « vacances ». Il y a toutefois deux problèmes majeurs :  
46.900 euros c’est un prix (je ne les ai pas) et puis elle était déjà « attribuée ».





 
D’un côté j’ai des montres qui sont déjà parties et de l’autre j’ai nouveau target… mais suis-je sur de moi ? 46.900 euros c’est un fameux prix et même si en valeur absolue la revente de mes Rolex m’offrirait le confort moral de la bonne affaire, allais-je oser cette montre qui divise. Mon épouse n’aime pas… mon frère adore… Je passe donc quelques nuits blanches, j’y pense, je scrute les annonces sur un site bien connu de ventes mondiales… Et catastrophe, je trouve une annonce  d’un particulier sur Berlin, la belle est à un prix défiant toute concurrence,  j’échange, je suis relativement rassuré et « j’ose »…  L’avantage des Ro-Ro, c’est qu’en 24h, c’est vendu… 800 km avalés sur autobahn en 5h30, arrêt pipi et plein compris. Dix heures du matin,  je suis en compagnie de la belle, je la retourne dans tous les sens, le coup de foudre est immédiat le temps de vérifier les papiers,  je conclus et retour dans l’autre sens… à 19h00 (Patek en main) et 1600km plus tard, de retour chez moi pour le repas du soir  et mater confortablement un film. (J’adore qu’un plan se déroule sans accrocs ). 



 
Nous sommes 4 mois plus tard, j’ai donc le recul nécessaire pour vous confirmer que je n’ai plus jamais repensé aux montres que j’ai vendu et que je pensais « irremplaçables » dans ma collection. C’est aussi  avec du recul que je peux dire que cette montre à une personnalité à part, qui accompagne avantageusement  ma « collection ». Si vous souhaitez une Patek qui sort des sentiers battus, si vous cherchez le côté « sport » qui n’est pas une Nautilus, ni une Aquanaut, si vous cherchez une complication utile alors, je vous conseille d’oser la 5524G.




 
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez car c’est surement une des Patek les plus clivante du catalogue. 

En tous cas elle a déjà traversé l'Atlantique... 



 

Félicitation pour cette acquisition, c'est vrai qu'elle est superbe! On s'éloigne des habitudes de la marque mais pour de bonne raison, c'est une réussite!

Merci pour cette revue

Je ne connais pas assez le catalogue PP pour juger de son aspect clivant ou non.
Cependant je la trouve bien évidemment magnifique ! Félicitations 

Ton cheminement est très sympa à lire Touyout.
Je connais peu le catalogue de Patek mais effectivement elle semble détonner du reste de la production.
Le prix pique un peu aussi

Merci beaucoup pour vos gentils commentaires 

J'aime beaucoup! (X3).

En 1: la montre évidemment et pourtant les "Type Pilote" c'est comme les plongeuses: c'est pas mon trip

En 2: L'aller et retour à Berlin.

En 3: l'histoire qui dit que finalement, là, tout de suite, à part les frais de route, la montre ne t'a rien coûté à part quelques séparations déchirantes.

En plus, elle a l'air de parfaitement s'adapter au climat avec ses nouveaux bracelets, ce qui ne gâte rien faut bien le reconnaître.

Merci pour cette revue intéressante, ces photos superbes, et cette belle montre. Cependant, je ne comprends pas ce qui justifie son prix très élevé. Je suis étonné d'une réserve de marche de seulement 45h, soit moins qu'un ETA7751...

J’ai possédé une 5205, conservée moins d’un an car un calendrier annuel en rotation c’est saoulant. J’avais acheté un watch winder mais la montre perdait 4 mn par semaine, et elle n’etait pas agreable a regler. Remplacée il y a cinq ans par une 5110P, le bonheur… Ici, je ne conserverai que la 5170P, un vrai graal! La Pilot me laisse de marbre: elle est effectivement clivante. A ce prix on trouve des aquanaut, et la mienne ne quitte pas mon poignet de mai à octobre…

Merci pour cette revue documentée et argumentée d'une montre qu'on voit effectivement assez peu.

J'ai peut être une approche trop classique pour Patek, et cette excursion dans un nouveau domaine me laisse froid. Mais l'important, c'est qu'elle te plaise.

Sur le fait de vendre pour ce type de projet des pièces qu'on considérait comme irremplaçable, j'ai partagé ton opinion, quand j('ai considérablement resserré ma collection pour l"achat d'une Journe puis d'une De Bethune.

Mais le constat près de 15 ans après est que certaines me manquaient vraiment, et j'ai commencé une campagne de ré-achat, par exemple une Minerva Pythagore.

Tout cela reste très personnel.

Passionnant , et magnifique montre dont j'ai été presque le seul à la considérer comme des plus intéressantes à sa sortie .... 
Et félicitations pour cette acquisition 
Il se trouve que je l'ai vue en vitrine chez Patek Vendôme où j'avais RDV ce matin ....
Profites en bien 

Superbe revue et superbe montre 

Merci pour ce bon moment