FAMeurs/euses, bien le bonjour !
Bien qu'assidu du forum en sous-marin, je poste assez rarement mais ayant fait un stage d’initiation en horlogerie cette semaine, j’ai pensé que ça pourrait être intéressant d’en faire un compte rendu.
Je préfère vous prévenir tout de suite, le poste risque d’être très (trop ?) long donc installez-vous confortablement et merci d’avance aux plus téméraires qui auront le courage de lire jusqu’au bout (j’ai découpé en plusieurs partie pour que vous puissiez facilement sauter les passages qui vous intéresseraient moins).
1 – Démarche et phase de recherche Avant de rentrer dans le vif du sujet, petit aparté sur la recherche qui m’a conduit à ce stage.
Cela faisait un moment que je souhaitais faire un stage d’initiation en horlogerie pour découvrir de façon concrète la partie pratique.
Etant en région parisienne, j’avais bien sûr vu les stages proposés par APH et Objectif Horlogerie (qui semblent très bien au demeurant aux vu des différents retours que j’ai pu voir sur ce forum ou ailleurs) mais qui se consacrent uniquement à la partie rhabillage (démontage/nettoyage/remontage/lubrification).
En continuant mes recherches, je tombe sur les formations proposées par TL Watchmaking (alias Tristan Ledard, dont vous aurez peut-être déjà entendu parler sur ce forum, sur lequel il est présent sous le pseudo
@Tristan-led). Il propose également le même type de formation de rhabillage mais également, et c’est là que ça m’a intéressé particulièrement, des formations « sur mesure », où c'est le "stagiaire" qui détermine ce qu'il souhaite faire. Et le garçon est particulièrement bien outillé (je parle bien sûr d’outillage horloger pour les esprits les plus mal placés
: tours Schaublin 102/70, pointeuse Hauser, et j’en passe), ce qui offre un panel de possibilités assez conséquent (même en confection/usinage).
Personnellement, au-delà du rhabillage, je souhaitais également découvrir notamment l’utilisation du tour et l’anglage donc cela tombait à pic.
Pour pratiquer cela, j’ai demandé si il était possible de faire le rhabillage du 6497 puis de retravailler le mouvement en découpant le pont de rouage en 3 ponts (pour avoir une architecture similaire à ce que j’ai sur mon Hamilton 921 par ex) et de les angler. Réponse afirmative, on part donc là-dessus !
2 – Jour 1 : Rhabillage du 6497Je vais passer assez vite sur cette partie car on est ici sur du « classique » et les parties suivantes seront déjà bien assez longues et plus intéressantes je pense.
La formation se fait sur un Seagull ST36 (clone du 6497).
On reprend tout d’abord les bases théoriques (ce qui va assez vite car j’avais déjà quelques connaissances de ce côté) : Fonctionnement du mouvement, nom/rôle des différentes pièces, nom et usage des outils utilisés,…
On attaque ensuite le démontage, avec Tristan qui me donne des astuces au fur et à mesure et me donne un coup de main si nécessaire.
On passe ensuite au nettoyage (fait de façon manuelle afin d’être en mesure de le refaire chez soi).
Puis vient la partie remontage/lubrification et passage au chrono-comparateur pour voir si l’on a convenablement travaillé J
3 – Jour 2-3 : Perçage pont/platine + Découpage/anglage des pontsEtant donné que l’on redécoupe le pont de rouage en 3 et que celui-ci ne possède que 2 vis, nous devons donc réaliser un 3
e trou (pour le pont qui deviendra le pont de roue des secondes).
Nous faisons cela sur la pointeuse Hauser (photo ci-dessous), dont Tristan m’explique le fonctionnement.
On fait un premier perçage « à travers tout » (pont + platine).
On fait ensuite un second perçage uniquement dans le pont d’une largeur et profondeur permettant d’accueillir la tête de vis.
On réalise ensuite le taraudage dans la platine (manuellement pour le coup, avec l’outil dédié).
Place ensuite à la découpe des ponts.
Je commence par faire un tracé approximatif des formes de ponts que je souhaite avoir.
Place ensuite au découpage des ponts à la scie Bocfil (oui, je sais, ça ne vend pas du rêve à ce stade
)
On passe ensuite à la lime pour faire disparaitre les marques de découpes et donner aux ponts la forme désirée.
Vient ensuite l’anglage, manuel également.
On vis le pont sur une petite tige en laiton servant de support et en avant pour essayer de réaliser un anglage relativement propre et régulier.
On fait une première passe à la lime pour donner l’angle souhaité, puis ensuite avec une seconde lime au grain plus fin, puis au papier 3M avec un grin encore plus fin. Petit passe ensuite avec une machine type Dremel et un embout en silicone pour ensuite terminer à la gentiane et à la pâte diamantée
Pas simple, c’est clairement un métier qui ne s’improvise pas, je continuerai de m’entraîner !
Mais j’arrive tout de même à sortir quelque chose de plutôt chouette à l’œil du néophyte que je suis.
Une fois l’anglage terminé, on passe au « surfaçage » des ponts. Ce n’était pas prévu initialement mais lorsque Tristan m’avais montré les ponts de la montre qu’il est en train de réalisé, avec justement ce traitement spécifique sur la surface des ponts, j'ai trouvé le rendu vraiment top donc lorsqu’il m’a proposé qu’on le fasse sur les ponts de ma montre, j’ai bien sûr accepté bien volontiers !
Ci-dessous un premier rendu après un nettoyage grossier pour voir ce que ça donne :
Après nettoyage et enchassement des rubis:
Même traitement de surface réalisé pour le pont de barillet, le pont de balancier et le pont d’ancre pour avoir quelque chose d’homogène (ci-dessous une photo "téléphone" en cours de remontage)
4 – Jour 4 : Réalisation d’une vis au tour et remontage du mouvementPlace maintenant à l’utilisation du tour pour réalisation de la vis pour le nouveau pont.
Ci-dessous notre allié, un vaillant Schaublin 102 :
Tristan commence tout d’abord par m’expliquer le fonctionnement du tour ainsi que me présenter les différents accessoires et leur utilité.
On passe ensuite à la pratique avec la réalisation de notre vis. Malheureusement, dans le feu de l’action, j’ai oublié de prendre des photos sur le tour… Mais voici le résultat :
La vis fait environ 3mm de long avec une tête de 1,9mm de large et la partie filletée fait environ 2mm de long pour 1mm de large.
La fente est quant à elle réalisée à la lime à fendre (je vous prierai d’être indulgent sur le caractère décentrée de celle-ci, on n’avait pourtant pas encore pris la bière de fin de stage quand je l’ai réalisé donc je n’ai aucune excuse
). Cette visse finira positionnée sur le pont de barillet.
Après avoir bien renettoyé l’ensemble des pièces, on passe au remontage.
Comparaison entre le mouvement d’origine et le mouvement retravaillé (désolé pour la photo en « qualité téléphone », la batterie de l’appareil photo était vide, mais ça donne tout de même un ordre d’idée):
In fine, avec une photo prise à l’appareil photo en lumière naturelle, ça donne ça :
Plutôt sympathique pour un modeste Seagull ST36, non ?
5 - ConclusionJe suis extrêmement content de ce stage de quelques jours. J’y ai appris énormément de choses (dont de nombreuses que je n’évoque pas dans ce post car j’avais également un bon paquet de questions sur des sujets variés qui n’auraient pas d’intérêt à être présentés dans ce post) et ça m'a clairement donné l'envie (et les moyens) de persévérer et continuer de pratiquer (y'a un autre ST36 et une ou deux vintage qui attendent déjà leur tour à la maison
).
Merci encore à Tristan pour son implication, sa pédagogie et sa sympathie et merci également aux plus courageux qui auront lu le poste jusque-là.
Bonne fin de journée à toutes et tous!