En préambule par suite du message de
#Jeyrob recherchant des informations sur une montre de Poche Breguet dans le post « Le club des heureux propriétaires de Breguet - tome II ».
Un certain nombre de Fameurs ont répondu à certaines de ses questions.
J’ai effectué également certaines recherches et Jérôme m’a autorisé à faire cet article, après des échanges.
Jeyrob est en possession de cette montre, transmise à la suite de diverses successions.
Il n’y avait peu de doute au vus des différentes photos, sur l’authenticité de cette montre, par son mouvement et sa boite de grande qualité.
Notre ami
#Raxevis Arcofin très féru de cette marque avait déjà retrouvé des modèles similaires des années 1900 en illustrant ses propos.
Comme
#Zen, je suis très attentif à faire le lien entre l’objet et l’histoires de ses propriétaires.
Joel rédigeait souvent des articles dans ce sens, amenant un supplément d’âme et d’intérêt sur ses garde-temps.
En premier lieu j’ai contacté M Emmanuel Breguet que je remercie encore pour sa prompte réponse sur l’authenticité de cette montre, grâce aux archives de sa maison qui nous décris le mouvement, son propriétaire, la date et confirme ses caractéristiques.
"La montre BREGUET N° 3448, figure dans nos livres sous la description suivante :
3448 : Chronographe, répétition à minutes, 19-lignes, à remontoir, boîte or rouge savonnette ½ bassine n° 72311,
pendant ovale, cadran émail à trotteuse, aiguilles or, cuvette or.
Echappement à ancre, balancier compensateur, trous et levées en rubis.
Vendu le 31 décembre 1898 à M. Lowengard (sic) pour le prix de 2500 Francs."
Puis je me suis intéressé a trouvé l’histoire de son premier propriétaire gravé sur la cuvette intérieur « Ed. Loewengard ».
Ici nous constatons que l’orthographe du nom est différente par le « E » sur le registre Breguet mais nous avons en plus l’initiale « Ed » du prénom.
Après de nombreuses recherches recoupement de documents, journaux, archives diverses il apparait que l’orthographe initial du nom est Löwengard avec Umlaut (deux points) sur le « O », puis à la suite de son arrivé en France vers l’âge de 20 ans, son nom a été rédigé de différentes manières Lœwengard, Lowengard et Loewengard.
Idem pour le prénom retrouvé qui est Eduard, Edouard ou Edward avec encore des subtilités de l’écriture germanique en sütterlinschrift.
Pour cet énoncé je reprendrais le nom le plus couramment trouvé et francisé de Edouard Loewengard et vous ferait grâce de toutes les explications études et documents à ma dispositions.
Edouard Léopold Loewengard est né le 18/11/1862 à Hambourg en Allemagne d’une famille juive originaire d’Autriche.
Il émigre jeune en France ou à 24 ans domicilié 4 place Perrache est déjà directeur de la manufacture lyonnaise de matières colorantes (37 boulevard du Nord).
Il se marie le 15/04/1905 à Lyon avec une Jeanne Marguerite Joséphine Victorine Durand née à Nancy le 18/05/1877, en l’épousant elle a perdu sa qualité de Française.
En 1906 il habite 1 Place Luvis De Chavannes à Lyon comme industriel
En avril 1908 également administrateur, ses affaires semble prospère et il se fait construire une grande maison avec l’aide de son frère ainé Alfred Léopold Loewengard (°22/08/1856 - + 26/01/1929) architecte à Hambourg très reconnu en Allemagne.
Hotel de style gothique en pierre de taille en bordure du parc de la tête d’Or, au 37 boulevard des Belges à Lyon.
Le 10/11/1908 il devient Consul d'Allemagne à Lyon, exequatur avec juridiction sur les départements du Rhône, Loire, Haute-Loire, Isère, Savoie, Haute Savoie, Ain, Jura, Saône-et-Loire, Allier, Puy-de-Dôme.
Dans de nombreux annuaires il apparait de 1904 à 1914 dans des cercles et associations mondaines dans la capitale des Gaules et à Paris.
En 1914 il apparait domicilié 57, Boulevard du Nord à Lyon.
Avec son épouse il participe à de nombreuses manifestations et invitations du gotha.
La première guerre mondiale déclarée, en 1914 les affaires de Edouard sont prospères, les usines des ressortissants allemands sont progressivement mais difficilement réquisitionnées pour l’effort de guerre français, dénoncé par la presse à la fin de celle-ci.
Le 07/11/1919 L’importante usine que possédait, à Lyon, le consortium allemand des matières colorantes et que gérait M. Lowengard, consul général d’Allemagne à Lyon, a été vendue aujourd’hui devant le tribunal civil pour 3.101.000 francs, outre les charges, à la société Française de produits chimiques et de matières colorantes de Saint-Clair-du-Rhône (Isère), seul enchérisseur.
Puis en 1921 la vente des biens privée de Lowengard selon la loi du 07/10/1919, dont son Hôtel particulier et du mobilier de l’Ex-agent allemand qui vivait en sybarite.
Habile procédurier Edouard intente une procédure pour éviter la liquidation, comme bien ennemi, de sa somptueuse villa, mais le 4 décembre 1923 celle-ci est mise en vente au prix d’un million de francs.
Après avoir été débouté de son appel, la maison est mise a pris 1.500.000 francs.
M Loewengard était un esprit cultivé et un bibliophile averti. Les amateurs y ont trouvé de nombreux ouvrages illustrés de gravures du XVIIIe siècle, notamment une édition des Fermiers généraux, des contes de la Fontaines, de ces livres rares forme environ 500 lots dont la vente exigera trois séances.
Deux catalogues de ses ventes existent, la premier : vente de gravures modernes et anciennes et tableaux.
Le deuxième : meubles anciens et modernes, objets de vitrine, faïence, bronzes, porcelaines, biscuits, ivoires, vase de chines, pendules, cartel, tapisseries anciennes et tapis Perses.
La montre de Breguet n’est malheureusement pas citée dans l’ensemble de cet inventaire.
Je n’ai trouvé aucunes photos de Edouard, mais par ses fonctions et sa nationalité de 1909 à 1926 son nom apparait dans les fonds de Moscou archives policières et militaires prises après la défaite de 1940, archives des services spéciaux prises après l'invasion de la zone libre.
Edouard Loewengard est décédé le 17/04/1926 à Paris dans le 7eme arrondissement 4, Avenue Octave Gréard à l’âge de 63 ans.
Il semble qu’après la première guerre celui-ci fut détaché comme consul en Suisse.
Comme l’indique l’acte de décès ou il était domicilié à Spiez dans le canton de Berne.
Son épouse est décédée à Genève le 03/01/1959 à Genève à l’âge de 81 ans, puis fut enterré à Paris au cimetière de Passy.
L’énigme subsiste sur cette montre Breguet qui est dans la main de son nouveau propriétaire transmis par un grand-oncle qui la peut être acheté ou acquis suite a la vente des biens Loewengard ?
Je laisse Jérôme poursuivre cette quête avec sa famille si sa curiosité pour l’histoire est comme la mienne.