ZEN Rang: Administrateur
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| Sujet: Sans imagination pas de luxe Mar 1 Nov - 13:32 | |
| 1 Novembre 2005 - Citation :
Tous les fabricants de montres souhaitent monter en gamme et trôner dans cet olympe qu'est le secteur du luxe. Mais, pour s'y faire une place et la garder, il ne faut jamais relâcher l'effort. Pour cela, une seule recette: l'imagination et la recherche doivent être au pouvoir. Quand bien même on n'invente plus rien dans la manière de décompter le temps, on ne cesse ainsi d'innover en termes de complications, de matériaux inédits et dans la facon de parer les montres de gemmes.
Car qui dit production de beautés horlogères dit aussi sertissage. Le mariage de l'horlogerie fine et des pierre précieuses constitue une voie royale pour la créativité. Chez Jaeger-LeCoultre, par exemple, se distinguer des concurrents est une véritable obsession. Ce genre de défi plaît à Alain Kirchhof, un homme aussi curieux qu'attachant. Curieux parce qu'il se refuse obstinément à emprunter les sentiers battus. Attachant car, même s'il est «entré en sertissage» en 1965, il a gardé toute sa passion, son enthousiasme et ses facultés d'émerveillement.
Sertissage. Emerveillement! Le mot n'est pas trop fort lorsque l'on caresse, d'abord du regard, puis du doigt, une Reverso décorée selon la technique du «serti neige». D'abord, elle brille autrement, ses reflets sont plus délicats, exactement comme ces tapis de neige ensoleillés qui font la beauté de cette vallée de Joux où est installé l'atelier de sertissage.
Ensuite, elle est d'une douceur surprenante à la caresse du doigt. Et quand bien même chaque pierre est taillée selon les règles de l'art, aucune n'offre la moindre aspérité. Pourquoi? Tout simplement parce qu'elles sont posées de manière totalement irrationnelle, comme un puzzle qui s'emboîte parfaitement et élimine toutes les possibilités d'accrocher doigt ou regard. Le résultat donne une sorte de profondeur au feu des pierres qui distingue cette technique de pose de toutes les autres.
Pour bien comprendre la différence, il faut savoir qu'en horlogerie, lorsque l'on sertit des montres, on pose les pierres dans un ordre bien précis et l'on suit des lignes décidées à l'avance lignes le long desquelles on insère des pierres. Comme les pierres sont taillées selon la tradition diamantaire, avec la partie la plus importante sur le haut, il reste forcément de petites parties de métal visible entre celles-ci. Le sertisseur réalise alors ce que l'on appelle un décor sur le métal précieux et sur les griffes qui tiennent les gemmes. Généralement, ce décor est formé de petites boules. Le résultat est souvent fort joli, mais, si on observe attentivement, forcément on apercoit les décors.
Tout au long de sa carrière, Alain Kirchhof a refusé de se contenter des solutions toutes faites. Ainsi, depuis longtemps, il souhaitait réaliser une montre sertie qui soit comme une pierre précieuse ou un ensemble de pierres précieuses qui donne l'heure. «Le problème, c'était de trouver une solution pour diminuer le diamètre des pierres. Tout le défi était là: pour donner cette apparence d'ensemble de pierres uniquement, les griffes qui les tiennent ne devaient pas être visibles.»
Après des mois de recherches, le sertisseur a réussi à obtenir des pierres de cinq dixièmes de millimètre, taillées sur 32 facettes dessus et 24 dessous! Avec de si petites gemmes, le «serti neige» devenait réalité. Cette technique demande une très grande habileté et un soin particulier car, si l'opérateur peut commencer son implantation de pierres là où il le veut, et qu'aucune règle ne lui est imposée sur le choix, à tel ou tel endroit, de la grosseur des pierres, il est tenu de connaître parfaitement les courbures, les surfaces et les bordures de la montre.
En d'autres termes, il ne s'agit pas de poser les grosses pierres au centre de la surface à sertir et de garnir avec des petites. Il faut au contraire un sens de l'harmonie, savoir jouer avec les tailles pour donner cet aspect agréable et différent. Les bords des surfaces serties sont particulièrement délicats à réaliser car il n'y a aucune recoupe, c'est-à-dire aucune bordure de métal pour arrêter les pierres. Le sertisseur est donc contraint de veiller à poser les diamants jusqu'à la bordure, sans pour autant qu'elle contrarie le mécanisme de retournement de la montre.
Mouvements. Il n'y a pas que dans le décor que les spécialistes du luxe horloger s'expriment, ils sont aussi très actifs en matière de mouvements, notamment dans le domaine de la recherche sur les nouveaux matériaux. Patek Philippe, par exemple, a ouvert une voie fort intéressante au printemps 2005. Le président de la marque, Philippe Stern, résume: «L'innovation que nous présentons est parfaitement dans l'esprit et la philosophie de notre marque. Nous l'avons développée conjointement avec l'Institut de microtechnique de l'Université de Neuchâtel (IMT). Elle démontre notre intérêt pour les nouvelles technologies et l'innovation est une condition de notre pérennité.
«Toutefois, nous avons toujours un grand respect pour la technique traditionnelle horlogère et le maintien de notre savoir-faire. C'est dans cet esprit qu'est née cette nouveauté.» Des projets qui ont été réalisés par la cellule de haute horlogerie de Patek Philippe. Elle regroupe une cinquantaine de personnes qui travaillent en petites sections de cinq ou six personnes, dans des ateliers qui sont en dehors des contingences de la production.
Cette nouveauté, c'est la première roue d'ancre en silicium pour échappement à ancre suisse. Elle est légère, dure, amagnétique, hautement résistante à la corrosion, de forme plus parfaite et plus précise que n'importe quelle roue en acier et, surtout, elle ne nécessite aucune lubrification. La première mise en application de cette roue d'échappement en silicium avait été présentée dans le cadre d'un concept novateur nommé «Patek Philippe Advanced Research». Rappelons que le silicium est utilisé comme matériau de base dans la fabrication des transistors, des circuits intégrés et des micropuces de l'industrie des semi-conducteurs.
Le silicium monocristallin, celui dont il est question ici, est d'une couleur grise anthracite typiquement métallique. Il possède des propriétés physiques qui le prédestinent presque naturellement à une utilisation en micromécanique, particulièrement dans la branche horlogère. Il est très dur, plus que l'acier mais moins que le diamant. Les microstructures de silicium sont flexibles, malgré la dureté de la matière, exactement comme les fibres optiques.
La masse d'une roue en silicium, en raison de sa faible densité, est donc de deux tiers plus légère qu'une roue semblable en acier. Cette qualité physique est d'une importance majeure pour la roue d'échappement. Cette dernière, sur une montre-bracelet est, selon sa fréquence, arrêtée, puis accélérée (demi-oscillation), 6 ou 8 fois par seconde. Cela représente, par exemple, 28800 alternances par heure, 691200 alternances par jour, ou 252 millions d'alternances par année, pour un mouvement qui bat à une fréquence de 4 Hertz.
Dans une montre traditionnelle à échappement à ancre suisse, 65% de l'énergie du mouvement est absorbée par le mécanisme d'échappement. Cela signifie que la masse de la roue d'échappement a une influence déterminante sur le fonctionnement du mouvement. Plus la masse de la roue est faible, plus l'accélération est importante, ce qui permet d'obtenir une meilleure transmission de l'énergie au balancier.
Performances. Les surfaces de contact des dents (plan de repos et plan d'impulsion) d'une roue d'échappement en silicium ne nécessitent pas de lubrification. Il y a plus de 200 ans, Abraham-Louis Breguet se plaignait en disant: «Donnez-moi une huile parfaite et je vous donnerai un mouvement parfait.» Depuis, de grands progrès ont été réalisés dans le développement de nouvelles huiles. Les huiles organiques ont été remplacées par des huiles minérales, la tenue a été optimisée, la résistance améliorée, mais l'huile parfaite n'existe toujours pas.
Les tests menés dans différentes conditions ont démontré que, à l'utilisation de roues d'échappement en silicium, les surfaces de contact des dents, ainsi que celles des palettes en rubis, restent parfaitement polies. C'est grâce aux propriétés physiques du silicium qu'il est possible de faire fonctionner un mouvement doté d'une roue d'échappement en silicium sans lubrification, avec les mêmes performances qu'un mouvement traditionnel. Cela démontre clairement l'influence majeure que le silicium peut avoir dans l'amélioration des qualités fonctionnelles et de la fiabilité à long terme d'un mouvement mécanique.
La fabrication de roues d'échappement en acier se fait par découpage, puis fraisage, suivi par le traitement thermique, l'anglage et le polissage. Ce procédé de fabrication requiert au moins 30 opérations différentes. En comparaison, la réalisation d'une roue d'échappement en silicium ne demande qu'une seule opération, résultant en une pièce de forme parfaite, centrée et équilibrée, avec des surfaces parfaitement lisses. C'est donc un matériau d'avenir, économique et surtout à disposition de l'ensemble de l'industrie horlogère car, la marque genevoise l'ayant développé avec l'IMT, il n'y a pas d'exclusivité.
PME Magazine - Eric Othenin-Girard www.pme.ch _________________ Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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Shaikh Huggy al Rolex Permanent passionné
Nombre de messages : 2242 Localisation : devinez? Date d'inscription : 12/09/2005
| Sujet: Re: Sans imagination pas de luxe Mar 1 Nov - 13:57 | |
| Un seul mot, vive Jaeger LeCoultre. Chuba Fan de Gégère |
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