En 1922, les marques horlogères américaines se partageaient le marché Nord Américain en ayant fait en sorte grâce à des mesures protectionnistes exceptionnelles que les marques étrangères et Suisses en particulier ne puissent être diffusées sur le marché Américain que sous réerve d'y avoir été emboitées dans des boites Amércaines ou Canadiennes.
Les commerçants américains pourtant présentaient quelques montres Suisses soient sous des marques locales soient sous la marque du fabricant du calibre.
Les plaquages or des montres de l'époque sont de qualité variables identifiables poar le nombre d'années garanties. Une garantie de 25 ans signifie un laminage épais de l'ordre de 80 microns. la montre n'est pas en or mais l'épaisseur de métail précieux assure une résistance à l'usure exceptionnelle.
Comment donc en 1922, alors que la culture Américaine ultra nationaliste pousse les "bons " citoyens à préférer des montres Américaines, un Américain peut-il porter son choix sur une montre Suisse ?
Dans le cas qui me préoccupe, c'est le père de "Leslie O Pouch" une jeune Américaine de 20 ans qui m'interpelle. En effet, je viens d'acheter cette montre, un chronomètre ZENITH de 18 lignes extra-plat et ce nom est gravé avec les détails précités pour donner à la montre, une partie de son histoire.
Ni Leslie, ni son père n'ont probablement imaginé qu'un jour la montre terminerait en France ( terminer est d'ailleurs inapproprié car elle passe ...) et aucun des deux ne pouvait suspecter que je voudrais savoir pourquoi leur choix ou le choix de donnateur se porterait sur un modèle Suisse.
Pour répondre à la question, je me suis penché sur l'esprit des américains de l'époque et sur l'image des produits Suisses issus de l'horlogerie aux Etats-Unis en 1922.
L'esprit tout d'abord est à la préférence horlogère Nationale et sans aucun doute choisir une montre Suisse est un acte conscient. Les montres Américaines sont excellentes . On ne peut pourtant déduire un acte "politique" de l'achat d'une montre Suisse. L'image des produits Suisses est bonne mais malgré des tentatives de publicité, le mode de distribution des montres Suisses reste confidentiel. C'est donc du coté du prix qu'il faut se pencher. dans les années 20, la productivité Suisse s'est considérablement améliorée. On est passé de 82 montres par ouvrier et par an en 1888 à plus de 320 pièces. Les prix ont ainsi pu être contenus et mais la crise aidant, les exportations de mouvement suisses sont en chute libre au début des années 20. De 13 729 870 montres en 1920, on descend en 1921 7 853 240 pièces soit une baisse de 43 %. Paradoxalement plus les ventes chutent et plus on augmente la productivité ... Sur le terrain des marchés, il faut brader pour vendre afin de compenser par des volumes ce qu'on ne peut plus espèrer sous la forme d'une marge confortable sur chaque modèle.
Les montres Américaines ne sont pas plongées dans les mêmes contraintes et ne peuvent baisser leurs prix sans vendre à perte. Elles subissent donc une forme de concurrence déloyale de marques Suisses qui déstockent à des prix plancher.
Comme les mouvements exportés aux USA sont conçus pour concurrencer les marques Américaines, le niveau de finition est élevé et l'empierrage complet et les précautions de réglages garantissent des chronomètres à prix défiant toute concurrence.
Monsieur O Pouch a donc fait son choix au regard du prix et a privilégié son porte feuille par rapport à la défense de l'économie nationale. Ma curiosité est satisfaite. Il me reste à tout savoir de Leslie qui porte un bien joli prénom