bonjour à tous,je ne sais pas si cet article etait deja paru ici mais je trouve son raisonnement pas tout a fait faux.
Bon week à tous
"""""""Article publié par Grégory Pons """""""""""
Hier, l’or et le platine. Les nouveaux métaux précieux valent beaucoup plus chers que les lingots de grand-maman : Richard Mille – notez le nom, il va resservir – a trouvé son Alusic (alliage d’aluminium et de silicium) sur les satellites de télécommunication. Hublot travaille le magnésium, Montblanc le tantale, Audemars Piguet le carbone compressé et deLaCour le bon vieil airain des légendes homériques. Le titane s’est banalisé : revenez donc avec un boîtier en Silver Platinium, le seul métal au monde à être noir dans la masse, ou un cadran en météorite tombée de la planète Mars…
Pour les bracelets, l’alligator fait un peu pauvre. Pour épater la tablée, il vous faudra au moins du kevlar (le nylon des gilets pare-balles), de l’émeu (préférez les écailles du tibia), du cou de Porosus (le terrible crocodile marin d’Australie) ou le carbone d’une voile qui aura couru l’America’s Cup. L’aventure est au bout du poignet !
Si seulement ces montres ressemblaient à des montres, ce serait plus facile, mais designers et concepteurs ont ravagé notre vision du temps. Trois aiguilles sur un cadran circulaire vous habillent en réactionnaire. Une montre doit avoir une « forme », c’est-à-dire ne pas être banalement ronde : on les aime désormais en « tonneau » (Richard Mille, toujours lui), ovales, anguleuses et franchement baroques, en double cuvette (MB& F, ci-contre), en caisse enregistreuse (Jacob & Co) ou en tête de marteau (Urwerk).
Passé ce premier choc, vous tentez de lire l’heure. Ce serait trop facile de chercher les aiguilles. Quand elles y sont, elles se promènent partout sauf au centre de la montre. A l’occasion, elles reculent au lieu d’avancer. Ailleurs, elles sont remplacées par des chiffres, des disques ou par des rouleaux. Urwerk nous propose de lire l’heure avec des « cubes », portés par des « satellites » en translation le long de ce qui n’est plus un cadran…
Avec courage, vous insistez et vous découvrez alors que le royaume contemporain de l’infiniment précis est aussi celui de l’infiniment compliqué. Les fonctions ont été « explosées » et les mécaniques ne cachent plus leurs embiellages (Hautlence). Les architectures sont tubulaires et les structures fractales, quasi-biologiques (BRM). On loge parfois sur l’aiguille elle-même des mécaniques ultra-complexes qui ne pèsent que quelques dixièmes de gramme pour une cinquantaine de composants (Piaget).
C’est pour cette raison qu’on parle aujourd’hui de "concept watches". Techniquement obsolètes depuis l’invention des montres à quartz, les mouvements mécaniques résistent d’autant mieux qu’ils enferment, dans leurs rouages, une vision du monde rassurante parce que follement ingénieuse.
La perspective de loger plusieurs centaines de pièces en mouvement dans quelques centimètres cubes déclenche chez les maîtres-horlogers une sorte de transe extatique et, chez leurs clients, une fièvre quasi-érotique.
Les règles du jeu sont simples. Aller toujours plus loin dans la légèreté : une Richard Mille peut peser moins qu’une Swatch en plastique.
Cultiver la précision ultime : au poignet de vos lointains descendants, une Franck Muller Aeternitas donnera mécaniquement l’heure, le jour, la date, le mois et l’année jusqu’en l’an 2999 (au Moyen Age, il fallait une cathédrale pour loger un tel mouvement).
Rendre aux heures toute leur saveur, en réapprenant à les lire, en les faisant sonner et en jouant avec elles (la tendance est aux montres ludiques).
Les adulescents ont trouvé de nouveaux et coûteux « jouets de garçon ». Ce n’est plus de l’horlogerie, mais du Lego. On marie les matériaux dans d’audacieux « sandwiches » : or rose et caoutchouc, palladium et céramique, platine et silicium. L’or ne doit plus briller : il est satiné, sablé, dépoli ou microbillé. Les vis doivent rester apparentes et le mouvement battre à cœur ouvert. Les couleurs sont saisonnières et contrastées, de l’orange fluo à un noir si noir qu’il contamine cadran, chiffres et aiguilles jusqu’à l’invisibilité (Hublot).
Comme pour se venger de cette hyper-technicité, la même tendance consacre le retour de matières plus naturelles sur les cadrans : nacre, pierres dures, émaux, fossiles, bois précieux. Tout est permis, sauf de faire ce qu’on avait toujours fait.
La seule habitude que ces horlogers de pointe ont conservé du passé est celle de pratiquer des prix terrifiants, qui ne déroutent cependant pas les néo-milliardaires exotiques.
L’unité de compte pour la moindre concept watch est la centaine de milliers d’euros, avec plusieurs mois d’attente. Comptez un minimum de trente à quarante mille euros pour accéder au paradis des nouvelles icônes (Richard Mille, Hautlence, Urwerk).
C’est le coût d’une limousine. Certains vous diront que c’est le prix d’un vrai coup de coeur.
Grégory Pons
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